L'acte philosophique
consiste à soumettre nos croyances à l'épreuve de
la contradiction rationnelle pour
déconstruire ce qu'il
peut y avoir d'illusion en elle, c'est à dire de confusion entre
nos jugements de valeur et le
réel, en vue de
dégager la voie pour produire des connaissances vraisemblables
(ajustées à
la réalité dont nous
pouvons avoir
l'expérience universalisable) et des pratiques personnelles et
collectives efficaces.
En cela elle se doit, à mon sens,
d'être autocritique de ces propres illusions idéalistes,
c'est à dire
de la coyance que les idées fondent le réel (Aristote est
donc
, selon moi, plus philosophe que Platon!). La philosophie s'oppose donc
en
permanence à ses propre productions idéologiques afin
d'ouvrir
un dialogue fécond pour les sciences, l'éthique et la
politique.
La philosophie est nécessairement critique de toute
révélation
(évidence mystique) ou n'est qu'idéologie sermonante et
prédicante
plus ou moins rationalisée.
la philosophie se préoccupe donc du
non-vrai dans ce que nous pensons (croyons) pour déconstruire
l'illusion de vérité qui s'y attache: le rôle de la
philosophie est donc plus négatif (critique) que positif,
dès lors que toute affirmation en philosophie doit être
critiquée et a justement cette fonction principale de susciter
l'interrogation rationnelle.
Ceci dit de très
nombreux philosophes ont toujours prétendu que la philosophie se
devait de dire le vrai, voire le
vrai du vrai, la
vérité fondamentale. C'est même la
définition du projet métaphysique comme science des
premiers
principes ontologiques (voir
Descartes); ma position est différente: la vérité
appartient aux sciences
expérimentales, pas
à la philosophie; ce qui n'interdit pas à cette
dernière de
s'interroger sur la valeur (dans
l'ordre de la connaissance
comme de la pratique) des présupposés des sciences et des
pratiques humaines, voire
de contribuer à les
mettre à jour d'une manière rigoureuse, pour en tirer des
principes normatifs régulateurs
toujours discutables. En cela
la philosophie n'est ni la religion qui prétend déliver
"la"
vérité transcendante et
révélée
"du" sens de la vie, ni une science expérimentale. Elle est
l'exercice même de la raison critique, c'est à
dire sceptique (au sens du
scepticisme relatif et non absolu de Hume) sur les questions de
principes et "la valeur
des valeurs" (Nietzsche) qui
sont à l'oeuvre dans le connaissance et dans l'action..
Or la croyance ou l'opinion
prennent les valeurs ou des idéaux régulateurs
(devoir-être), toujours
discutables sur le plan
pragmatique, pour des faits (ce qui est réalité et/ou
peut l'être, donc sera) et prétend faire de
cette confusion une
vérité objective; en cela réside l'illusion
idéologique à laquelle
la philosophie n'échappe pas
(idéalisme); mais
celle-ci a, en elle même, les moyens critiques rationnels de la
combattre (ce qui n'est pas le cas
d'autres formes de
pensée acritiques et non-dialectiques). Ce jugement de valeur
échappe au sujet dès lors qu'il est
toujours le produit de
l'opinion collective normalisatrice et qu'il s'affirme comme une
vérité d'évidence
quasi-(sur)naturelle; donc
indiscutable: les valeurs dans leur présentation première
ont toujours pour rôle de lier
les individus et de les rendre
prévisibles aux autres dans un contexte socio-culturel
déterminé en se présentant
comme des faits de nature (ou
divins), comme donc des vérités objectives (ou
sacrées).
Je considère donc que la philosophie ouvre un débat fécond "POUR" les sciences, LORSQUE LES SCIENTIFIQUES, PLUS ENCORE QUE LES PHILOSOPHES, REFLECHISSENT SUR LES FONDEMENTS REGULATEURS ET NORMATIFS DE LEURS PRATIQUES et font de la philosophie critique de leur savoir; mais évidemment, lorsque les philosophes refusent l'examen rigoureux de cette pratique, au nom de leur préjugés moraux ou religieux, transcendantalistes, il font obstacle au progrès des connaissances; sauf qu'aujourd'hui leur pouvoir de nuisance est faible, au contraire de celui des églises, à la renaissance; et ce, grace, en partie, à la philosophie des lumières (et à Kant), ce dont je la félicite. Dans le domaine de la connaissance, il n'y a pas de vérité philosophique; il n'y a que des pro-positions rationnelles critiques (le doute) et régulatrices (les énoncés épistémologiques) "en vue" de produire des vérités scientifiques (hors philosophie).
Quant aux propositions
normatives éthiques et/ou politiques elle ne sont ni vraies ni
fausses: elle sont plus ou
moins "justes", au sens
"d'ajustée" au bien-vivre ensemble, autorisant des
stratégies désirantes et rationnelles plus
ou moins autonomes et
efficaces dans tel ou tel jeu social, dans des conditions (contraintes)
socio-culturelles
déterminées. Je
ne pense pas qu'il soit rationnel et raisonnable de prétendre
qu'il
y aurait une conception univoque
du bien et du mal valant dans
toutes les situations diverses et qui mettent en jeu des contraintes et
des règles du jeu
très
hétérogènes (Gagnant/gagnant; Donnant/donnant;
Gagnant/ perdant est..) commandées par des valeurs
dominantes qui seraient
contradictoires si on voulait les appliquer toutes à un seul
type de jeu. La philosophie,
dans son travail dialectique
et critique permanent ne peut que permettre de libérer la
pensée du fantasme de
l'unique
valeur/vérité et sens de la vie; qui sont la
suprême illusion d'essence religieuse. C'est du reste ce qu'elle a
produit historiquement: la fin
de l'emprise du religieux sur la connaissance, l'éthique (et
l'art) et surtout la
politique. Souvent à
son corps défendant, la pensée philosophique critique et
rationnelle de toute métaphysique
vraie possible, a mis en
déroute les éthiques de conviction dogmatiques, et
laissé place nette au pragmatisme
libéral moderne.
Ainsi, La philosophie quand elle se
regarde le nombril se noie dans un mirage comme Narcisse qui ne
comprend pas que l'amour de soi passe par l'amour de l'autre (aux deux
sens: l'amour pour l'autre
et l'amour de l'autre)! Canguilhem: "la philosophie ne peut bien se
nourrir
que de ce qui lui est étranger (traduisons: étranger au
pur
concept)" Sciences, arts, pratiques conventionnelles,
expériences et
passions communes etc...Sinon gare au délire! "La colombe
pourrait croire qu'elle volerait plus vite sans la résistance de
l'air extérieur" (traduisons: du réel qui la soutient)
Kant.
S'il est une constante de la condition humaine
(et non de sa "nature"), c'est le langage et la possibilité
qu'il ouvre de permettre à chacun de juger et de se juger (que
Hegel appelle
la conscience de soi) par la médiation des autres. Mais cette
universel, probablement inscrit dans notre code génétique
au même titre que l'aptitude au langage, ne dit rien de ce que la
culture dans sa diversité fait de lui en chacun de nous et
surtout de ce que chacun fait des ressources qu'il reçoit de la
culture. C'est dire que cet universel, que d'aucun apellerait "nature"
est indissociable de la culture qui l'affecte et donc qu'il n'y a pas
de première ni de seconde nature. Si la philosophie s'inscrit
dans une culture, celle-ci ne peut être qu'individualiste c'est
à dire critique par rapport à l'opinion commune ("penser
par soi-même"); ce qui ne veut pas dire nécessairement
contre la pensée et les valeurs communes qu'elle produit; cette
culture est la nôtre et vouloir en changer, selon une attitude
post-moderne à la mode, au profit d'une attitude
pré-moderne est proprement contradictoire au sens performatif du
terme. Modernes nous sommes, modernes nous restons, y compris et
surtout lorsque nous prétendons critiquer la modernité,
laquelle rend possible, dans notre culture, cette distance critique
dont nous nous servons ici même.
La théologie est une branche de la philosophie et, en cela, produit un effet contradictoire: elle prétend conforter le sacré par des arguments rationnels et l'abolit du même coup en faisant de la révélation objet d'un débat humain, trop humain. C'est ce qu'a bien vu le sunisme (au contraire du chisme) qui a clos tout débat et à voulu transformer la théologie en simple répétition de la parole divine en interdisant toute interprétation...L'athéisme ou l'agnoticisme, comme la laïcité modernes, sont aussi les fruits de la théologie chrétienne et des débats qui l'ont traversée que nulle autorité suffisante n'a pu clore, entre autre du fait de la séparation du spirituel et du temporel, des rois et des empereurs et des papes (Saint-Thomas contre Saint-Augustin, Abélard contre l'église, les jésuites contre les jansénistes et les protestants contre les catholiques etc..). Cela confirme plutôt ma thèse: la religion est objet de débat quand on sort du religieux (du sacré) pour faire de la philosophie (théologie) qui, à son corps défendant au début, a aboli le sacré. La théologie chrétienne a fait ainsi de la religion chréteienne une religion paradoxale: la religion de la sortie du religieux.. (voir Marcel Gauchet: "Le désenchantement du monde")
Une expérience de
foi vaut
comme témoignage subjectif; elle m'interesse, comme
expérience psychologique, même si je ne
la partage pas; car rien
de ce qui est humain ne peut m'être étranger, ni
étranger à la philosophie.
Mais j'ai le droit de
parler d'illusion,
lorsque certains prétendent en faire une
Vérité
fondatrice valant
nécessairement pour tous (y compris donc pour ceux qui n'ont pas
la foi et ne désirent pas
particulièrement
l'avoir); et c'est cela que je critique; ce qui est mon droit le plus
strict, au nom de la liberté
philosophique de penser, sans
dieu ni maitre à penser (voir Kant: "Qu'est-ce que les
lumières?").
La mariage entre la
philosophie et la religion, ou mieux, entre la raison et la foi a
toujours était difficile : elles ne
peuvent partager la même
conception de la vérité (révélation
indiscutable ou proposition à soumettre au doute
rationnel). Lors même
que ce mariage s'est fait (théologie), il a toujours
été un contrat de dupes: le dieu des philosophes
est forcément
désacralisé (rationalisé) et en prétendant
faire de Dieu un objet philosophique, la philosophie l'a descendu
de son piédestal
religieux pour en faire un objet de débat (ex: peut-on
démontrer son existence?). Donc la philosophie
même "religieuse" a
contribuée à l'essort de la pensée critique,
athéisme compris.
Ainsi, la question
métaphysique par excellence: "Pourquoi y a-t-il de l'Etre
plutôt que rien" n'a pas
de réponse
philosophique vraie possible;
la meilleure preuve est que Leibnitz et Heidegger ne sont pas du tout
d'accord sur la
réponse et que personne
ne peut les mettre d'accord: cette question n'engage, du reste, en
rien, à
croire à l'existence
d'un dieu créateur
transcendant! Croire que la Vérité est philosophiquement
possible dans ce domaine, c'est tomber
dans l'illusion
transcendantale dont parle Kant. La foi permet de croire
qu'elle a une réponse qui satisfait
le désir de
croire. Mais sa valeur ne va pas au-delà.
Si l'on appelle
vraies de
simples croyances subjectives arbitraires (les nôtres et non
celles des autres), alors il n'y a
aucune raison de faire de ces
"vérités" des fondements valant pour les autres, ni de la
morale , ni du droit, ni de la
politique. Ce choix est le
vôtre mais ne peut être le mien, car je n'ai pas la chance
(la grâce) d'avoir reçu la
révélation d'en
haut et je refuse tout dogme moral ou autre: ce choix n'a aucune valeur
philosophique; je le respecte
en tant que choix privé
mais le refuse en tant que fondateur d'un (éventuel) quelconque
accord rationnel entre nous.
De plus je trouverais
dangereux que vous puissiez vous référer à votre
Vérité pour m'imposer quoi que ce soit:
l'interdiction de l'avortement
ou des manipulations génétiques sur l'embryon humain par
exemple. Si vous voulez
me convaincre, essayez de me
montrer, par l'expérience raisonnée, que ces actes sont
dangereux en acte et/ou en
puissance, y compris pour ceux
(moi par exemple) qui n'ont pas la foi.
En cela, la croyance dans
la liberté
n'est pas une vérité mais une fiction tout autant que
celle
en Dieu; mais elle plus
utile dans la
société pluraliste qui est la nôtre, car elle
n'exige pas que l'on soit d'accord sur la Vérité pour
vivre
ensemble raisonnablement. Les
règles de vie ensemble ne doivent pas postuler une religion
commune
que j'ai (et
d'autres aussi) de bonne
raison de refuser; mais le simple usage de la raison et de
l'expérience pour réduire le
risque de violence (inscrite
dans la spontanéité de nos désir) physique,
politique et
morale; c'est ce que l'on
appelle dans notre
constitution, la laïcité. C'est ce que j'ai voulu dire
à propos de Vichy
qui voulait refonder la
politique sur des valeurs
religieuses traditionnelles indiscutables et du même coup abolir
la démocratie pluraliste.
Il y a deux versants de la
pensée: celui de la poésie (métaphore) et celui de
la raison (ou du concept); chacun a sa
légitimité; mais
cette distinction est elle même insuffisante, si l'on ajoute pas
qu'ils échangent sur fond de conflits
nécessaires leurs
ressources respectives.
De même, il y a deux
versants de la philosophie: le versant herméneutique qui prend
la croyance
poético-symolique de la
religion au sérieux pour en tirer des enseignements plus ou
moins arbitraires
mais parfois
féconds et le versant
critique qui tente en permanence à évaluer selon des
critères rationnels la pertinence de ses
enseignements et des effets
logiques et/ou contradictoires qu'ils produisent.
Ceci dit je prends pour, au
pire, une mystification et, au mieux, une naïveté, la
croyance qu'une interprétation,
fut-elle
phénoménologique, soit dépourvue de
présupposés idéologiques: le
langage est toujours chargé de
préjugés, ce qui
rend nécessaire la vigilence critique permanente à son
égard. La meilleure preuve en est notre
débat sur la question
du la croyance religieuse dans son rapport à la philosophie.
J'occupe, ici, simplement
le rôle
critique qui a toujours été au coeur de l'histoire de la
philosophie
dans son rapport aux croyances
et, en refusant la croyance métaphysique, je refuse le
dogmatisme inhérent
à toute
prétendue vision de
l'absolu, pour préserver l'autonomie de la pensée qui ne
va pas sans
scepticisme pragmatique.
Enfin je ne vois pas
comment, ni pourquoi, faire intervenir l' absolu pour traiter des
contradictions, toutes relatives,
qui tissent notre existence
(et je n'en exclus ni la souffrance, ni la mort; voir sur mon site).
L'absolu, même si on en
a une définition
purement négative (ainsi que la théologie du même
nom), ne me paraît pas de bon conseil pour
définir de
nécessaires compromis entre des exigences, valeurs,
intérêts et contraintes toujours contradictoires.
Le problème c'est
qu'une proposition métaphysique est par nature intestable
expérimentalement, sauf si elle a un
sens
mathématico-physique, ou biologique ou économique, c'est
à dire si elle met en jeu des paramètres qui
renvoient à des
observations quantifiables et à des mesures reproductibles; mais
je ne l'appellerais pas, alors,
métaphysique pour la
distinguer des propositions dont l'objet et le référent
objectif est
situé hors du champs de
l'expérience possible
et donc de la connaissance. Il y a illusion lorsque l'on déclare
vraie une proposition
invérifiable; donc
lorsque l'on méconnait les limites de validité et les
différences de statut entre nos différentes nos
propositions: proposition
réalistes (décrire et expliquer la réalité)
, normatives (définir des valeurs et des règles),
métaphysiques (poser
comme réalité ontologique, au delà de toute
réalité ontique, un valeur et/ou un être
réel, bien
souvent confondus, sans preuve
possible). Toute illusion est confusion des genres de propositions et
des champs du
savoir et de la pratique,
refus de considérer les limites de nos savoirs et de
reconnaître
la relativité de nos
certitudes; et derriere ces
confusions, il y a toujours l'expression d'un désir dont les
projections sont
considérées
comme vraies, c'est à
dire conformes à la réalité ou, pire encore, au
réel.
1) Personne ne voudrait
être condamné sur de simples présomptions, sans
preuves, ni indices convergents de preuves
matérielles et
témoignages indépendants? Pas moi, en tout cas, je vous
rappelle que cette exigence requise de
vérité, aussi
difficile soit-elle à réaliser, est indispensable pour
condamner quelqu'un, car tout accusé dont il n'est
pas fait la preuve de la
culpabilité doit être tenu pour innocent; Sinon autant
faire appel au jugement de Dieu
(épreuve de l'huile
bouillante) ou au préjugé (délit de faciès)
cela couterait moins de temps et d'argent!
2) Une illusion est une
opinion ou croyance dont on affirme le caractère de
vérité objective
sans preuve suffisante.
Une simple croyance n'est pas
une illusion tant que vous n'en faites qu'une opinion subjective (une
conviction
personnelle). Vous pouvez
dire: "je crois que Dieu existe", vous n'êtes pas dans
l'illusion; mais
si vous dites: "je
sais que Dieu existe", vous y
êtes en plein. La vérité est un prédicat du
jugement
qui ne concerne pas l'objet mais
l'idée: ne confondez
pas vérité et existence de l'objet: est vrai(semblable)
un jugement qui affirme l'existence d'un
objet, une
propriété de l'objet, ou loi déterminant une
classe d'objet semblables, qui correspondent à des
expériences
reproductible (sciences dures) ou confirmées par des indices ou
preuves convergents: ce n'est pas
parce que vous avez vu des
OVNI dans le ciel qu'il ne s'agit pas d'une illusion d'optique; ce
n'est pas
parce que
tous les hommes voient le
soleil tourner autour de la terre que cette croyance est vraie. En
sciences, dans les
conditions du laboratoire, une
expérience peut et doit être reproductible pour servir
d'épreuve de validation
(informez-vous auprès
de vos amis chercheurs)
3) L'idée de
vérité absolument certaine (inconditionnellement) est la
suprême illsion; les sciences ne peuvent
produire des
énoncés valides qu'en en faisant des hypothèses
toujours relatives à un champs théorique et
expériemental
déterminé, sauf certaines constantes (inertie,
énergie, vitesse de la lumière..); encore faut-il que ces
constantes soient
opératoires: qu'elles permettent de faire des prévisions
validables et validés par l'expérience.
4) Il n'y a donc pas de
condition suffisante ni de critères d'une vérité
"réaliste" absolument certaine et en chercher
ce serait traire un bouc dans
une passoire (Kant)
5) La recherche de la seule
vérité possible, la vérité relative, est au
prix de cette modestie et de cette lucidité . La
vérité se prouve
dans la pratique rationnelle: une vérité n'est jamais
logiquement suffisante et ne peut l'être; désolé
de vous décevoir; mais
si vous préférer une bonne Vérité certaine
et
rassurante, qui mèle et confond l'éthique et la
connaissance, le vrai et le
bien, adressez-vous, non à la philosophie critique mais à
la religion et à la foi, mais
cette démarche ne me
concerne plus car elle ne peut valoir que pour vous.
Cette certitude,
vis-à-vis de ma position, que vous me prétez n'est donc
pas la mienne, car mes
propositions
philosophiques ne sont pas,
contrairement à ce que vous semblez "croire", des
"vérités" mais
des "règles
normatives pour la
connaissance", qui ne valent qu'à la condition qu'elles soient
efficaces (pensez-vous que la
science n'est pas efficace
pour produire des connaissances opératoires et utiles?); en cela
elle
sont "justes" ou non
et non pas "vraies" ou
fausses; elles n'ont rien d'absolu car elles sont purement pragmatiques.
La position de Wittgenstein
ne me semble pas en contradiction avec la mienne, lorsqu'il parle de
"jeux" de langage: il y a
un jeu de langage de la
connaissance vraisemblable, il y a une autre jeu de langage: celui de
la métaphysique, qui dans le
domaine de la production des
connaissance universalisable, me paraît (Ainsi qu'à Kant
et qu'à
..Wittgenstsein) très
peu fécond. Mais il est
probable que ce jeu a d'autres fonctions: éthiques et/ou
eschatologiques, voire esthétiques
dont on pourrait discuter.
Mais il ne me semble pas rigoureux de tout confondre: la connaissance,
l'éthique et
l'esthétique; la
religion, la science et la philosophie.
Comprendre de quoi l'on
parle, comment, et en vue de quoi, me semble une règle critique
nécessaire de la
philosophie: opposer la
métaphysique à la science, sur le terrain de la
connaissance, me semble voué à l'échec.
L'échec de la
métaphysique s'entend. Quant au succès de celle-ci sur le
plan éthique, c'est une autre affaire.
L'ordinateur et le
réseau Internet qui nous permettent de communiquer n'est pas le
simple résultat de notre accord
inter-subjectif et encore
moins un simple effet placebo, mais le résultat de recherches
scientifiques transformées en
objets techniques qui existent
et fonctionnent réellement dans le réel (hors de nous);
c'est dire que les
applications/actions
objectives que les sciences rendent possibles ne sont pas de même
type que les actions
magiques; elles
vérifient la pertinence opératoire de nos théorie,
c'est à dire leur prise sur le réel, leur capacité
à
produire des
vérités, des interprétations objectivement
efficaces; et non pas seulement subjectivement symboliques;
c'est à dire à
produire de la réalité, comme interprétation
vraisemblable du réel (relativement à des classes de
phénomènes
reproductibles ou universellement observables
déterminés). En tout cas, l'introduction de la mesure et
d'instruments réels
universellement étalonnés et invariants pour
appréhender les phénomènes observés en
laboratoire (dans des
conditions rigoureusement contrôlées) a changé
radicalement notre manière d'expérimenter.
C'est parce qu'une
théorie réaliste peut être appliquée
à et surtout produire des phénomènes réels
universellement
déterminables et
objectivement observables, donc non purement psychologiques qu'elle est
vraie(semblable).
Reste le problème de
l'effet placébo, bien réel, bien qu'il soit l'effet de
croyances subjectives; mais, vous savez
probablement que cette effet
peut être mesuré et réduit par des
expériences en
double aveugle, obligatoires lorsque
l'on veut mettre un
médicament en vente. En cela la psychanalyse ne peut pas
être une science mais un art du
symbolique (magique), ce qui
n'enlève rien à sa possible (?) efficacité
psychologique, encore faudrait-il pouvoir la
mesurer objectivement en
comparant ses résultats par des mesures précises et
fiables à d'autres pratiques
thérapeutiques
magico-symboliques ou scientifiques, ce que la pratique de la cure nous
interdit pratiquement de
faire actuellement.
2) Je suis en effet kantien
en cela que j'admet sa critique de l'illusion métaphysique et
que je
suis réaliste, en ce qui
concerne le statut du
réel; mais je ne le suis plus en cela que, pour moi, le
réel se manifeste dans la réalité connue
dès lors que nos
théories doivent se soumettre à l'épreuve de la
pratique objective de
l'expérimentation
scientifique
instrumentalisée et non pas seulement de l'observation sensible,
pour être validées. Disons que toute
connaissance
éprouvée de la réalité est une
modalité d'expression du réel qui ne s'y réduit
pas.
De la vérité: fiction, réalité, réel et illusion
Question: "Le réel ne serait-il pas cet entre-deux, cet espace de "croyance réaliste", d'illusion sans illusion et où la question de ce qui est imaginaire où non ne se pose pas, ce qui se pose c'est la possibilité de se maintenir "vraiment" vivant".
En cela vous maintenez la confusion entre le
réel et l'imaginaire en quoi réside l'illusion même
(ou confusion entre « vérité » subjective et
vérité objective). Ce que permet d'éviter, selon
moi, cette confusion entre illusion et vérité, ce qui est
le fonction principale de la philosophie critique et rationnelle est
une triple distinction :
1) entre fiction et illusion : le fiction est une
invention imaginaire qui se reconnaît comme telle et qui est
exprime les émotions et les désirs du sujet dans son
expérience subjective du monde et de la vie propre plus ou moins
partageables par les autres sur fond de métaphores et de
signifiants polysémiques (poésie). l’illusion est le
refus de reconnaître cette distinction ce qui s’appelle
proprement prendre ses désirs pour la réalité,
voire pire : pour le réel. Ex : Dieu est une fiction
partagée mais devient une illusion si on croit en son existence
réelle.
2) entre fiction et réalité : le réalité est ce que l’on peut universellement connaître par des interprétations rationnelles et expérimentalement validées (les connaissances objectives scientifiques) des phénomènes dont nous pouvons faire l’expérience universelle.
3) entre réalité et réel : est réel l’ensemble des phénomènes qui font échec, qui résistent à nos connaissances actuelles et qui nous obligent à inventer de nouvelles hypothèses imaginaires et rationnelles pour en rendre compte qu’il convient à les soumettre à l’épreuve de nouvelles expériences universalisables qu’elles permettent de construire.
Ce pourquoi la position Bouveresse me semble la plus juste et non la plus vraie, ce qui n’a pas de sens pour une thèse philosophique, la plus juste au sens : la plus ajustée à cet objectif qu’est la déconstruction de l’illusion pour rendre possible la connaissance et l’action efficace.
Rendre vraiment vivant ? si c’est accroître sa puissance de connaître et d’agir pour désirer mieux, je vous suis tout à fait, mais cela exige (voir Spinoza) le lucidité rationnelle maximale.
La vérité est le fait pour une
proposition (ou une théorie) d’être plus ou moins
validée par des expériences objectives reproductibles
comme réalité produite (ou manifestée) par le
processus même de la connaissance rationnelle
hypothético-expérimentale. Le réel est
au-delà le vérité acquise ; ce qui lui
résiste et pose l’exigence d’un progrès infini de la
connaissance qui ne peut s’effectuer qu’en transformant ce réel
en réalité(s) connue(s). Ainsi
la réalité de tel ou tel ensemble de
phénomènes ne concerne qu’un domaine limité du
réel qui continue nécessairement à se
dérober comme totalité.
Lorsque la fiction n’est plus distinguée
de la réalité est confondue avec la totalité ou le
fondement du tout réel ou de l’Etre (dans le cas de Dieu), ou
lorsque la question de cette distinction entre vérité
comme vraisemblance et l’illusion ne peut plus psychologiquement se
poser alors on peut parler d’illusion
délirante, voire hallucinatoire : ex : la paranoïa et/ou la
schizophrénie. Lire Freud à ce sujet qui n’hésite
pas
à parler de psychose à propos de la religion («
L’avenir
d’une illusion ») ; que celle-ci soit collective renforce
plutôt
sa dangerosité aveuglante, liberticide, voire violente ; car
elle
ne peut plus être mise en question, sinon à prendre les
risques
que vous dites.
Il conviendrait de distinguer "justesse" et "vérité". Est juste, selon moi, ce qui est efficace et donc bien ajusté à tel ou tel désir et le désir de savoir ne peut justement être satisfait que par la démarche patiente, critique et auto-critique des sciences; sur ce plan les sciences ont fait la preuve indiscutable de leur fécondité: elles produisent, au contraire des pseudo-savoirs, des connaissance vérifiables que nul ne peut contester sinon par la voie scientifique; quant à d'autres désirs, désir de sens, de bonheur, d'amour, de pouvoir etc, d'autres démarches et pratiques sont légitimes, à la condition de faire usage de savoirs scientifiques dans la mise en oeuvre de leur arguments et moyens et non pas de faux-savoirs (ex: le racisme) et d'être capables de tester les conséquences de ces pratiques sur le bien-vivre avec les autres et avec soi dans la perspactive de l'universalité des droits fondamentaux, comme le sul critère pratique dont nous disposions pour réduire la violence et accroître la coopération dans le monde intersubjectif.
C'est dire enfin qu'opposer les sciences et l'éthique est absurde, car elles ne s'intéressent pas au même objet (objectif): ce qui est ne peut se confondre avec ce qui "doit être"; or cette confusion entre être et devoir être est au coeur de toutes les dérives métaphysiques et religieuses et c'est parce que religion et métaphysique prétendent sans aucun fondement rationnel ou critère testable universalisables possibles être vraies (dire et/ou penser ce qui est) qu'elles contestent aux sciences le droit de revendiquer le monopole de la vérité, que seules, pourtant, elles peuvent établir sur des bases factuelles fiables, dans leur domaine qui est celui de la connaissance objective; quant à la "vérité philosophique" elle n'est qu'un avatar de cette confusion et de cette illusion d'essence religieuse: "la vérité du sens du monde et de la vie dans leur totalité comme vérité supérieure du tout de l'être et du devoir être magiquement réconciliés par la toute puissance du concept"; si une telle vérité, dans le domaine de l'éthique et de la politique, pouvait existait cela se saurait et, comme le disait déjà Kant, les philosophes se seraient déjà mis d'accord sur un certain nombre de propositions fondamentales; or un tel accord n'est ni possible, ni même souhaitable: l'éthique relève du débat intersubjectif sur les fins raisonnables de la vie des individus qui doivent pouvoir en décider d'une manière autonome et ce débat ne peut être soumis à une vérité objective scientifique unique car elle ne concerne que ce qui est et non ce qui doit être, quelque soit l'usage que l'on fait de ce que est, pour transformer la réalité connue en vue de ce que l'on désire; sinon nous serions dans dans le cadre illégitime de la confusion scientiste qui prétend, en sens inverse réduire, l'éthique aux sciences, position totalitaire, en effet. La philosophie doit être non pas vraie mais juste du seul point de vue de l'autonomie subjective (qui ne veut pas dire indépendance mais capacité de manoeuvre)
Conclusion: Du "tout" unifié de nos désirs il faut en faire son deuil; il convient de distinguer ceux-ci pour les lier correctement (avec justesse et mesure) en vue de la plus grande autonomie possible (ou puissance d'agir)
Le débat sur les procédures de preuves, entre scientifiques, est généralement moins contraignant que ce qu'en dit Popper: si une théorie expérimentale marche et permet, même si elle est partiellement démentie par certaines expériences, de prévoir une classe importante de phénomènes mieux qu'une autre, les scientifiques s'accordent sur sa validité en introduisant des biais dans les équations et/ou des hypothéses auxiliaires ad'hoc (ex de Lorenz) pour réduire les divergences entre résultats prévus et résultats mesurés. Jusqu'au jour où les divergences s'accumulent au point de rendre la théorie de moins en moins manipulable; alors de plus en plus de jeunes et de moins jeunes chercheurs aux dents longues sont à l'affut de théories nouvelles plus fécondes et plus élégantes (et donc plus excitantes) afin les soumettre aux épreuves expérimentales les plus sévères (on est plus sévère avec les nouvelles théories qu'avec les anciennes dont l'usage et l'efficacité est entré dans la routine jusque là suffisament et pratiquement valide par les exploitations techniques acquises) et si elle résiste pour l'essentiel, elle est après bien des débats, adoptée et ainsi de suite; au fond la vérité scientifique est plus pragmatique (elle marche plus ou moins) que philosophique (elle est la seule conforme à la réalité) et c'est ce pragmatisme qui "justement" permet l'accord malgrès les divergences initiales. Ce sont les philisophes qui exagère les oppositions en les absolutisant au nom d'un idéal de la vérité plus métaphysique et spéculatif (et idéaliste) que fécond. Chacun gère son désir de savoir à sa manière mais toute ces stratégies ne se valent pas. Mais le débat philosophique sur l'induction ou le rationalisme constructiviste est un faux débat: toute démarche qui permet de faire progresser les connaissances objectives est bonne à prendre, cela dépend des sciences et des circonstances et que les meilleurs quant aux résultats gagnent. Seules les théories inexpérimantables doivent être écartées, ce qui est le cas de toutes les théories métaphysiques et plus encore religieuses et/ou mystiques
Remarque: " les croyants ne se situent eux-mêmes plus dans un domaine illusion/ fiction. Ils ont une certitude, c’est leur vérité. "
C’est bien là où se profile l’illusion dans la confusion entre la vérité, toujours relative à un champs déterminé de l’expérience objective et la certitude d’un fondement que vous appelez point fixe et qui n’était pour Archimède qu’une fiction mathématique commode (hypothèse) pour le calcul et révisable si on pouvait trouver mieux. Mais la prétendue vérité divine ne permet aucun calcul pouvant être soumis à l’épreuve de l’expérience ; comme toute proposition métaphysique, elle est irréfutable au sens de Popper. Ainsi la vérité toujours en train de se faire est incertitude, car elle est ouverte à la critique de la logique et de l’expérience ou alors elle n’est qu’illusion dogmatique ;: le moins qu’on puisse dire c’est que l’ensemble des propositions religieuses ne sont ni très cohérentes entre elles (d’où les multiples interprétations déclarées hérétiques par l’église ex : la double nature du Christ en une personne, la relation entre liberté humaine et toute puissance divine, .la perfection du créateur et l’imperfection du monde via la question de l’origine du mal etc..), ni expérimentalement validables/réfutables ; En cela la position de Descartes reste philosophiquement dogmatique (et donc référencée à une foi religieuse), dès lors que la démonstration de l’existence réelle de Dieu est chez lui, comme Kant l’a montré, après Pascal, sophistique et circulaire ; elle consiste à démonter la vérité de l’existence réelle (hors de l’esprit) de Dieu par la raison et la vérité de la raison par Dieu). Dieu pour Descartes garantit, en dernier ressort la vérité réaliste absolue des principes et des opérations de la raison et partant de la science de Descartes: l’expérience ne peut, chez lui, contredire la raison mathématique conçue par lui comme univoque et non pas axiomatique ; les postulats mathématiques de la géométrie euclidiennes, et de l’algèbre classiques restent pour lui des vérités ontologiques et non pas seulement des matrices formelles plurielles, possibilités qui sont à essayer pour voir si et les quelles marchent (ou pas ; voir géométrie euclidienne ou non-euclidienne) dans telle ou telle classe de phénomènes.
Si vous faites de Dieu (lequel ? de quelle
religion ?) une vérité ; elle ne peut être que de
l’ordre subjectif, c’est à dire psychologique et éthique
: je crois en Dieu parce que je désire y croire :elle est
vérité du cœur (espérance ; voir ailleurs ma
contribution sur ce point) et non de la raison disait
Pascal, du désir et non du (de ce) monde ici-bas réel et
encore
largement inconnu) J’y crois parce que cela me fait du bien peut
seulement
dire le croyant; or que cela fasse du bien reste philosophiquement
discutable
: la drogue ne fait pas plus du bien au drogué que l’illusion en
fait
en général aux humains et nous savons qu’elles font aussi
beaucoup de mal et c’est pourquoi la philosophie rationnelle et
critique a été inventée.
Je vous suis très : votre réflexion
(pro)longe la mienne et l’enrichit
Le sentiment religieux est, entre autre et dans le meilleur des cas, comme le disait Kant, l’expression sensible du besoin de la raison, que je ne sépare pas du désir d’être et de puissance de l’homme comme vivant conscient de lui-même et de sa finitude, de rechercher l’inconditionné ou la condition des conditions, à savoir l’absolu, il est aussi à et par cela même, car l’absolu est par nature inconnaissable, voire ineffable, l’origine de l’illusion majeure de la connaissance, celle de vérité comme certitude absolue.
Or Les sciences ont déconstruit par leurs pratiques et leurs succès technologiques cette certitude pour faire de la vérité un processus de mise en correspondance relative de nos idées en tant qu’hypothèses conjecturelles avec les faits d’expérience en vue de les prévoir pour mieux les maîtriser. L’effet de cette contradiction entre ce désir de puissance illimitée et l’impuissance radicale à le satisfaire, sinon par le délire symbolique religieux plus ou moins ritualisé en magie collectivement orchestrée (et donc par ce fait rassurante) sous l’autorité imaginaire d’un Dieu tout puissant et de ses prêtres, est de faire de l’espoir et du désespoir dépressif un couple aussi indissociable que l’illusion et la désillusion : en cela le désespoir est l’illusion négative retournée en sentiment d’impuissance absolue face au malheur, à l’échec et la mort. Mais les sciences et les techniques, me semble-il, font de l’échec tout autre chose : celle d’un enseignement sur les limites de notre pouvoir actuel sur le monde et nous-même ; elles peuvent, si on les reconnaît dans leur esprit et leur démarche avoir l’effet éthique de nous aider à nous méfier de l’absolu et à relativiser au profit d’une attitude de prudence, face au déception qu’ imposent nécessairement le réel à notre désir de toute puissance. C’est pourquoi il convient, selon moi, de philosopher, à partir d’une attitude rationnelle et critique relativiste analogue à celle des sciences, de telle sorte que la déception ne se transforme pas en désespoir pour mettre en lisière de la vie éthique le désir d’absolu et/ou/en le déplacer(çant) sur un plan esthétique et fictionnel.
Universalité et historicité du savoir
Kant et la
production des connaissances scientifiques
Mécanisme, finalité et classification des sciences
expérimentales
Vérité, sciences et philosophie
Vérité, certitude et illusion
Vérité et vraisemblance
Vérité, sciences et philosophie
La croyance dans la
liberté est une fiction tout autant que celle en Dieu; mais elle
plus utile dans la société pluraliste qui
est la nôtre, car elle
n'exige pas que l'on soit d'accord sur la Vérité pour
vivre ensemble raisonnablement. Les règles de
vie ensemble ne doivent pas
postuler une religion commune que j'ai (et d'autres aussi) de bonne
raison de refuser; mais le
simple usage de la raison et
de l'expérience pour réduire le risque de violence
(inscrite
dans la spontanéité de nos désir)
physique, politique et morale;
c'est ce que l'on appelle dans notre constitution, la
laïcité. C'est ce que j'ai voulu dire à
propos de Vichy qui voulait
refonder la politique sur des valeurs religieuses traditionnelles
indiscutables et du même coup
abolir la démocratie
pluraliste.
Mais, là où
il y
a divergence, c'est sur la source de cette puissance: beaucoup la
situent dans une transcendance
"spiritualiste", dont je n'ai
aucune idée, ni même aucune expérience sensible et
moi
dans le désir; j'ai un avantage
objectif sur eux: le
désir d'être heureux - "l'amour de soi" -, chacun peut le
vivre (vous y compris)
dans l'amour
des autres,le désir du
pouvoir, le paraître, la consommation, voire la morale la plus
altruiste
(estime de soi et
dignité), et la fiction
de sa transcendance spirituelle en vue du salut post-mortem etc.. Je ne
dis pas que ces formes
sont équivalentes du
point du vue du bonheur; mais je dis que ce désir d'être
heureux
est plus universel que
n'importe quelle morale; et
d'ailleurs aucune morale ne résiste longtemps contre l'amour de
soi, indissociable de la
conscience de soi que d'autres
appellent l'âme; si ce n'est en l'incluant, sous une forme ou une
autre, à son
programme.
Les individus qui
n'éprouvent plus de désir et de plaisir et non plus une
conscience valorisante d'eux-mêmes, suite
à un accident
neurologique, ne sont plus capables de se décider (choisir) et
d'agir (aboulie). Leur liberté d'être
s'est envolée avec la
fiction de leur transcendance, laquelle est éthiquement utile
pour faire
que les droits de la
personne dans son (ses)
désir(s) propre(s) soient respectés dans nos
sociétés dites libérales
et individualistes (et
dans les faits capitalistes et
exploiteuse des désirs humains en vue du profit, voir le
débat antérieur sur ce thème).
Mais soyons lucides: ne
confondons pas une fiction utile avec une vérité, sinon
nous faisons plus
de l'idéologie
édifiante que de la
philosophie (critique).
L'indépendance est
antisociale car elle ne reconnait aucune règle ni aucune limite
à
l'a réalisation du
désir; l'autonomie est la capacité de faire valoir ses
fins propres dans
des relations de
réciprocités
positives (interdépendance contractuelle) dans un cadre
légal universel qui limite et donc garantit
l'autonomie de chacun. Tous
les malenlentendus viennent de cette confusion courante.
Le liberté n'est
réelle (ne peut s'inscrire en des projets d'action efficaces et
non-violents) que si le désir est
raisonné; c'est
à dire régulé par le droit libéral et la
capacité de chacun de se poser la question suivante: que se
passerait-il si tous faisaient
comme moi, y compris vis-à-vis de moi?;
La question de la liberté n'est pas une question théorique; mais une question pratique; démonstration:
1) On ne peut démontrer que nous
sommes libres au sens du libre-arbitre; c'est à dire que nos
décisions seraient telles que nous pourrions les prendre sans
être sous l'influence de monde extérieur et surtout de nos
désirs et inclinations (deux conditionnement
enchevétrés)
2) La liberté n'est donc pas un
état ni une essence; mais une croyance pratique et juridique; un
postulat régulateur des relations humaines dont la
finalité est de réduire le risque
de violence générée par la domination et
l'humiliation de l'homme par l'homme, d'une part et l'angoisse que
suscite notre impuissance pratique d'autre part.
3) La liberté pratique comme action de
libération (puissance) met toujours en jeu notre désir
d'être
heureux est de nous reconnaître positivement dans nos actions
vis-à-vis
des autres.
4) Elle suppose que nous sachions ce qui
détermine et justifie notre désir dans la perspective du
succès d'un projet réaliste. (conditions favorables;
conditions subjectives et objectives des échecs,
définition d'une stratégie d'action cohérente et
donc rationnelle, dans ses fins et ses moyens).
5) La mort nous rappelle au réel; c'est
à dire à la nécessité de rechercher le
bonheur (reconnaissance active de soi qui passe l'estime voire l'amour
des autres comme condition de l'amour de soi) ici et maintenant, car
"à long terme
nous sommes tous morts" (Keynes)
6) C'est la mort de ceux qu'on aiment et non
la nôtre qui affecte le plus notre projet de bonheur et donc
notre puissance; mais par un revers dialectique cette mort toujours
possible des autres engage notre liberté et notre
responsabilité consciente d'être et de désirer leur
vie heureuse comme condition de notre propre puissance d'être et
d'agir
Spinoza et la
liberté
Nietzsche
et le libre-arbitre: Etude d'un texte tiré du "Crépuscule
des idoles".
Liberté
et désir
Autonomie et
Liberté
Liberté et éthique
La démocratie, le capitalisme et le libéralisme
1) Du point de vue de la démocratie idéale: pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple, nous ne sommes pas en démocratie; car cela supposerait que le peuple soit uni dans le seul souci de l'intérêt général et que celui-ci soit définissable sans conflit possible; bref que le peuple comme entité solidaire (un pour tous et tous pour un, voir le contrat social de Rousseau) existe préalablement à son instauration formelle et/ou que les individus acceptent de renoncer à leurs intérêts particuliers pour la fonder et se définir préalablement à son fonctionnement même comme peuple uni, dans l'abolition initiales de toutes les différences sociales héritées. Ainsi, paradoxalement, ces conditions ne peuvent être remplies que par le dépassement volontaire unanime des conflits politiques opposant les intérêts collectifs de ceux d'en hauts et de ceux d'en bas (dirigeants/dirigés; riches/pauvres, possédants/prolétaires; employeurs/employés, producteurs/ consommateurs etc..); ce qui de même coup ferait aussi disparaitre la nécessité des luttes politiques pour l'extension de la démocratie, c'est à dire l'accès du plus grand nombre aux décisions qui les concernent et la mise en oeuvre des conditions favorables à l'égalité des chances pour tous! La démocratie idéale ne pourrait valoir que dans l'égalité sociale intégrale et pour des hommes vertueux conduit par l'amour exclusif du bien commun (s'il peut exister); donc non pour des hommes, dit Rousseau, mais pour des Dieux; autant dire, qu'elle n'est qu'un idéal utopique, dont il faut bien se garder de croire qu'il soit réalisable, sauf à conduire à des échecs sanglants (terreur, totalitarisme); car tous devraient d'abord être convaincus de sacrifier leur intérêts propres à un supposé intérêt général dont la définition serait totalement indépendante des premiers; or, c'est bien connu, chacun ne peut voir l'intérêt général qu'à travers son expérience personnelle et collective particulière. Ou alors cet intérêt général est tellement abstrait qu'il devient vide de tout contenu légal et politique à propos de tout les sujets qui divisent nécessairement les hommes car ils mettent toujours en eouvre des valeurs personnelles et collectives objectivement opposées (liberté/sécurité; liberté/solidarité; individualisme/holisme; permanence/changement;..respect de la vie/liberté des femmes; etc..)
2) La démocratie réelle ne peut être qu'un compromis boiteux mettant en jeu des majorités instables aux intérêts différents dont l'alliance se fait et se défait au fil des luttes politiques du moment et des talents pour mobiliser des intérêts et valeurs toujours plus ou moins divergeants: on se rassemble contre, mais non pas pour; et ces rassemblemnts évoluent en fonction de l'évolution des contradictions entre les couches, les intérêts et les valeurs des acteurs/citoyens qui les (sup)portent.
3) Le grand avantage de la démocratie réelle c'est qu'elle maintient le jeu politique ouvert entre ces intérêts et valeurs divergeants et qu'elle permet aux citoyens de chasser les dirigeants qui ne leur convient plus à tel ou tel moment. Elle assure donc aux individus/citoyens un pouvoir de contrôle et de sanction, indispensable à l'adaptation souple de la politique concrète aux désirs évolutifs du plus grand nombre. Ells permet aussi de corriger les excès de pouvoir ou les tentatives trop extrémistes qui prétendraient résoudre définitivement les contradictions inhérentes à la vie sociale. Sa faiblesse réside dans son incohérence à long terme; car toute majorité peut défaire ce que la majorité antérieure a fait; mais, cette incohérence est elle-même tempérée par le souci des dirigeants élus à ne pas se couper de leurs électeurs, majoritaires ou (momentanément) minoritaires pour être réelus et par le fait que les luttes politiques ne cessent pas après les élections et que les citoyens et les organisations politico-syndicales qui prétendent les représenter peuvent se mobiliser, y compris dans la rue, contre telle ou telle décision qu'ils estiment injuste. Ainsi la démocratie réelle se définit d'abord par les droits de l'homme et du citoyen qui autorisent et garantissent l'expression plurielle des opinions et les droits de les faire valoir, contre les dirigeants du moment, par des actions de sensibilisation efficaces.
3) En celà il est le régime le mieux adapté aux sociétés individualistes et complexes à évolution rapide dont le fondement politique n'est plus transcendant (religieux et/ou traditionnel) aux donc sociétés qui ont fait du contrat libéral une condition de la légitimité des relations humaines du du changement la condition même de leur existence.
4) Dans un monde pluriel ouvert et interdépendant (informationnel, culturel, technique, économique, militaire, écologique); les sociétés communautaristes traditionnelles plus ou moins théocratique sont sources de violences et d'échecs sanglants. La démocratie est, non pas exportable, mais importable dans toutes les sociétés qui refusent la solution suicidaire du nationalisme ethnique et de l'épuration culturelle. Cette adaptation sera longue et sinueuse mais elle est inéluctable pour préserver les chances de la survie de l'espèce humaine dans les conditions de la guerre moderne, potentiellemnt autodestructrice de l'humanité et de l'internationalisation irréversible des conflits engendré par le fait irresistible de la mondialisation.
5) Ainsi le démocratie idéale
est une
fiction régulatrice utile qu'il ne faut pas transformer en
illusion catastrophique en prétendant en faire une
réalité ici et maintenant.
Si l'on pense que ce fait
est, en tant que tel, porteur de valeurs transcendantes sacrées
(intouchables), la réponse est
oui; mais cela implique comme
conditions et conséquences:
1) Qu'il y a un
sacré indiscutable
et donc que la philosophie est un danger public, qu'il convient
d'interdire
et de
réprimer, dès
lors qu'elle revendique le droit de penser par soi-même, lequel
implique le droit au libre examen
critique des idées, y
compris communautaires et par conséquent:
2) Que les individus
doivent être
interdits de liberté de penser, de choisir d'appartenir ou non
à
telle ou telle
communauté et qu'il ne
sont pas libres de construire leur identité personnelle comme
ils
l'entendent ou de participer
à la construction
mouvante de leur prétendue identité collective.
3) Que la
société doit reproduire sa culture sans changement et
donc se refermer sur elle-même sur tous les plans, y
compris scientifique et
technologique, car ce domaine est particulièrement ouvert aux
idées nouvelles et surtout fait
de l'esprit critique le
fondement même de la recherche du vrai(semblable)et de
l'efficacité pragmatique.
4) Que l'état doit
être sinon théocratique, du moins
téléologique, c'est à dire conforme dans ses
décisions et ses
structures à la
préservation d'un sens sacré; donc il doit être
fondé, non sur l'expression vivante et mouvante des
opinions et le débat
argumenté concernant les finalités (valorisées) et
les moyens à mettre en oeuvre pour les
atteindre, mais sur
l'autorité transcendante d'individus disposant du monopole du
vrai, du juste et du Bien.
Idéologie
communautaire (religion) d'état ou état
démocratique, c'est à dire société
diversifiée et pluraliste; tel est
donc le choix. Le mien est
libéral et plus conforme à la réalité, non
seulement de notre société moderne mais de la
situation du monde
d'aujour'hui, en voie d'ouverture et de globalisation
généralisée.
Faut-il pour autant refuser
le fait communautaire? Non mais il convient de le situer dans
l'infrapolitique, comme un
fait qui relève de la
vie privée et non de la vie publique, de même que le fait
religieux. Ses lois internes ne peuvent
valoir que si elles sont
conformes au droit libéral et démocratique commun qui
privilégient les droits des individus
(droits de l'homme) par
rapport au droit collectif (voir le droit des associations et la
question des sectes) qui reste
soumis en dernier ressort au
vote individuel, avec la reserve consitutionnelle que les votes
aggrégés ne doivent pas
entrer en contradiction avec
ses mêmes droits individuels. C'est aux individus de s'associer
dans un cadre
communautaire particulier qui
doit respecter leurs droits individuels fondamentaux;. À cette
condition, ces
communautés seront
alors non-plus holistes (communautaristes) mais individualistes et
contractuelles; elles auront
changé de nature; ce
que refuse, en général toute les formes de
communautarismes politiques. La vie politique ne
sera plus subordonnée
à un idéal communautaire identitaire, mais deviendra
autonome, car
les compromis ne sont
possibles qu'au prix du
désenchantement pragmatique de l'éthique de
responsabilité.
Je pense en effet que toute
prétention à détenir et à administer une
quelconque vérité absolue comme fondement de
la vie sociale est
nécessairement intolérante et exclusive: la
vérité absolue ne se discute pas et refuse de se
soumettre pas à la
critique rationnelle. Dans ces conditions, l'autre a
nécessairement tort;
et si cette prétendue
vérité porte sur
le sens de la vie et le bien soi-disant universel, l'autre est le mal
absolu dont il faut éradiquer toute
forme d'expression car elle
compromettrait la légitimité identitaire de la
communauté "spirituelle" (sauf à la tolérer
comme exemple du mal pour
"actualiser" la nécessaire lutte contre lui au nom du Bien,
celui-ci ne se soutenant que
par cette lutte). Vous semblez
avoir la nostalgie des société communautariste (voir par
ailleurs le débat sur ce
thème) fondée
sur le sacré (théocraties); c'est là une illusion
en un
double sens :
1) elle oublie les guerres de
religions interminables qui ont fait la preuve de l'incapacité
pour
les hommes de
s'accorder sans sortir de
l'absolu et de la logique dogmatique du sacré (ex: esplanade des
mosquées contre mont du
temple)
2) elle oublie que le monde
moderne en voie de globalisation ne peut se permettre sans catastrophe
sanglante
et
culturelle de refuser la
laïcité pluraliste non pas comme idéologie mais
comme règle politique de raison ,
indispensable pour passer des
compromis de pacification.
La société
mondiale moderne et pluraliste et les sociétés
particulières ouvertes qui la composent, ne peuvent être
prendre la forme de la
communauté universelle; à moins de soumettre et/ou de
convertir, de gré ou de force, tous
les individus à une
même idéologie de la transcendance; conversion dont le
succès tiendrait du miracle. Soyez
communautaire avec vos
proches, s'ils l'acceptent; mais ne cherchez pas à constituer
une fraternité universelle sur
le modèle familial ou
religieux, vous éviterez alors la déception. Vivre en
société, c'est bien vivre avec ceux que
l'on n'aime pas, selon des
règles de justice (réciprocité donnant/donnant);
le désir
d'amour universel n'est pas une
condition pour vivre ensemble
dans la justice et la paix. Si vous pensez le contraire, alors, bonjour
la violence!
laquelle, dans ses pires
formes, procéde toujours de l'amour déçu et de la
peur de la différence de l'autre en tant
qu'elle met en cause l'amour
(fierté) de soi.
Pour être
tolérant et respecter, voire apprécier, la puissance
créatrice du désir humain dans l'expression de ses
contradictions, il faut
dépasser l'interprétation exclusivement religieuse
à laquelle elle se
réfère parfois c'est
logiquement, la seule
manière de la saisir en ce qu'elle a d'universel.
1) Qu'on le veuille ou non,
nous vivons dans un monde où chacun doit se déterminer
(autonomie) dans ses projets
personnels: plus de morale
traditionnelle rigide, plus de religion hégémonique, plus
de grands discours en forme
de projet politique
collectifs, plus de sens de l'histoire; plus de rôles masculin et
féminin prédéfinis dans
l'évidence de la
différence invariante naturalisée ; plus de professions
et de fonctions sociales se reproduisant sans
changements notables de
générations en générations; plus de
hiérarchie inconstestées et incontestables.
2) Le pluralisme
hétérogène, voire contradictoire des valeurs et
des références normatives sur fond de liberté
individuelle
revendiquée, oblige chacun, soit à errer entre les
croyances à la mode qui,
aussitôt, se démodent, soit
à se laisser aller aux
désirs du moment sans autre perpective que le plaisir
instantané
qu'offre la consommation (ce
qui est déjà
mieux que le sacrifice moral de soi qu'exigeait les morales
traditionnelles et
religieuses; du point de
vue de l'autonomie, je
préfère les gens au super-marché qu'à la
messe). Le risque est de ne
plus être capable de
"se" et de "s'y"
reconnaître.
3) Donc pour qui cherche
à penser sa vie par soi-même, pour être plus
autonome (moins dépendant des autres et
des pouvoirs
économiques, socio-symboliques et politiques), la
nécessité et le plaisir de se poser des questions
qui portent sur les principes
fondamentaux de la pensée et de l'action devient
désirable;
non d'un désir passif mais
actif: celui accroitre sa
puissance d'être et d'agir (Spinoza) avec les autres et avec soi.
Ce plaisir
est proprement
celui de la philosophie et il
vaut bien quelques efforts de lectures, non pour exercer un pouvoir sur
les autres, mais
sur soi: la sagesse
réside dans le mieux vivre la relation à soi-même;
laquelle implique les échanges positifs,
libéraux et
créatifs avec les autres, ce qui est proprement le bonheur, en
des voies différentes, que nous
recherchons tous, avec raison.
Quant au rôle des professeurs de philosphie, il dépend de
leur capacité à provoquer
la réflexion en liant
les grands courants de la pensée élaborés par les
philosophes du passé avec l'expérience des
problèmes
contemporains; encore faut-il que les étudiants soient
convaincus que philosopher est la condition de
leur autonomie personnelle.
Je n'ai jamais dit que la
capitalisme soit sans déséquilibres et contradictions
internes (luttes sociales) et sans
susciter diverses
résistances politico-culturelles, voire éthiques; je
pense précisément le contraire: le capitalisme
est, par nature conflictuel et
en déséquilibre permanent; mais je dis que, de par les
institutions démocratiques dont
dépend sa
légitimité et sa capacité à tenir compte
des limites et des effets qu'il produit, il est plus robuste que
certains, sur ce forum
semblent le croire, d'autant qu'il joue sur l'expension de
l'idée d'autonomie individuelle qu'il
entretient et détourne
à son profit. Le problème est non d'abattre le
capitalisme
dont je ne vois pas qui pourrait
aujourd'hui être porteur
d'un tel projet révolutionnaire avec quelques chance de
succès et comment faire que ce
projet révolutionnaire
ne soit pas porteur, à son tour, d'un risque de guerre civile
dont
l'issue serait, à mon sens,
désastreuse pour la
démocratie elle-même. Le problème est de renforcer,
à l'échelon mondial, les conditions d'un
contrôle
démocratique et de se battre pour obtenir des modes de
régulations plus égalitaires et la mise en place et
en oeuvre de services
"vraiment" publics et gratuits (santé, école, formation
permanente etc..); de la réduction du
temps de travail
indispensables au développement des droits de l'homme, de
l'autonomie individuelle et de la
solidarité. Il
convient, pour cela, de retourner contre le faux libéralisme
capitaliste sauvage, la valeur centrale qu'il
renvendique à tort
à son profit exclusif, un libéralisme politico-culturel
démocratique. Le combat pour la justice et
l'encadrement du capitalisme
sera libéral et démocratique ou ne sera pas (c'est pour
cela que je suis contre la
démagogie anti-impots
qui sévit aujoiurd'hui dans tous les milieux politiques).
La position de Costoriadis,
aussi théoriquement intéressante sur le plan
éthique soit-elle, souffre d'une bonne part
d'idéalisme politique
utopique, car elle croit à tort à la possibilté
d'une révolution politico-culturelle radicale
démocratique
anti-capitaliste; qui me semble un monstre logique et contraire
à l'expérience historique du XXème
siècle.
En politique, disait
Lénine, il faut réver, mais sérieusement!
Les questions
démographiques, sauf à adopter le point de vue dogmatique
(a-historique) de Malthus, ne doivent pas
être dissociées
de considérations épistémologiques et
éthiques
simples:
1) Nous ne savons pas et ne
pouvons pas savoir où se trouvent et où se trouverons
dans l'avenir, les limites de la
satisfaction des besoins de
notre espèce, quelque soit le nombre des humains sur terre:
L'augmentation de la
productivité, agricole
et autre, est imprévisible à moyen terme.
2) Il est faux de se borner
à constater une baisse du taux de fécondité, dans
les pays développés, sans prendre en
considération
l'élévation de l'espérance de vie.
3) il est faux de
considérer l'explosion de la démographie dans les pays
pauvres, sans mettre cette
explosion au
compte de la misère,
assortie aux progrès de la médecine (réduction du
taux de le
mortalité): cet écart, qu'il faut
souhaiter temporaire, suffit
à expliquer et à indiquer des pistes de recherches de
solution: la
réduction des inégalité
économiques et sociales
dans le monde et la régulation des échanges permettant un
développement durable. À
moins d'admettre que le SIDA
où les guerres internes d'extermination soit une solution plus
efficace à défaut d'être
plus morale.
4) D'autre part, cette
explosion ne pourra pas ne pas produire un mouvement
général d'émigration vers les pays
plus développés
en vue d'un rééquilibrage que l'espèce à
connu
de nombreuse fois au cours de son histoire: ce qui
veut dire que la solution de
notre ami Succube, la coexistence des peuples et des cultures
séparés, aussi éthique
qu'elle paraisse, est
contraire au "devoir de l'hospitalité" et à
"l'intérêt bien compris" aussi bien des personnes
vivant dans des pays pauvres
que dans les pays riches: que les pauvres viennent chez nous est une
nécessité vitale
pour tous. Le refus des
étrangers est une imbécilité non seulement
"moralement "inhumaine" mais réellement
violente, car elle ne peut
qu'exacerber les frustations dans un monde où tout circule:
l'argent, les armes, les
marchandises, les
informations. Voudrait-on que la grande majorité des individus,
les plus pauvres, soient, dans un
tel contexte, assignés
à résidence à vie, alors même que les plus
riches
font du tourisme et s'installe où cela leur
chante et leur rapporte?
L'immigration zéro et le déni des droits des
étrangers en tant qu'hommes, dont la misère
nous concerne tous ,sont
contraires à quelque solidarité
désintéressée et/ou non que ce soit (si l'on
prétend vouloir
réduire le risque de la
terreur).
5) Enfin et surtout, il
convient ma semble-t-il de bien comprendre que la maîtrise du
taux de fécondité est
entièrement lié
à la question du droit des femmes à la contraception,
à
celle de la maitrise de leur corps et de leur
sexualité, donc
à celle du statut des femmes dans leur rapport aux hommes et
à leur place
plus ou moins reconnue
comme égale
à la leur dans la société; combattre
le machisme traditionnel qui reproduit, y compris dans la
conscience, voire
l'inconscient des femmes, leur soumission, voire leur esclavage de
fait, est une exigence morale et
démographique
fondamentale qui doit l'emporter sur le prétendu respect de
cultures qui la nient radicalement.
Les fondateurs de
libéralisme (Ricardo, Smith) étaient pour la libre
circulation des personnes, condition d'un
marché mondial du
travail équilibré profitant à tous; mon point de
vue est plus nuancé: les inégalités doivent
être
corrigées par le droit
international, car le capitalisme produit des
déséquilibres
et profite des déséquilibres qu'il
produit en un monde où
les inégalités (de fait, sinon de droit) produites et
reproduites (voire aggravées) rendent
radicalement impossible la
fiction "purement théorique" de la concurrence "pure et
parfaite". C'est
pourquoi il n'y a
pas de libéralisme
économique sans justice sociale, donc sans libéralisme
politique. Le libéralisme inégalitaire est
un monstre logique qui se mord
la queue, il est nécessairement générateur de
violences latentes et/ou ouvertes
anti-libérales.
Ceci dit je n'oppose pas
l'hospitalité et l'aide au développement, comme
voudraient le faire certains: les hommes
doivent être libres
d'aller là où ils estiment pouvoir survivre, en attendant
mieux (droit de l'homme); je suis en ce
domaine un individualite
anti-communautariste; mais j'ajoute immédiatement qu'il faut
leur accorder le droit de
vote là où ils
vivent; ce qui aurait l'avantage de leur faire "comprendre" la
démocratie pluraliste, où qu'ils aillent
par la suite. D'autre part,
cette pression de l'immigration obligera les pays riches à
prendre des
mesures en faveur
du développement
auto-centré des pays pauvres; je ne crois efficace , en
politique, que la générosité
intéressée.
Vous ne répondez pas
sur la question, pour moi essentielle, de l'égalité, en
fait et en droit des femmes, y compris
dans les pays pauvres, comme
la condition de la démocratie et de la sortie du
sous-développement économique; à
moins que , comme Succube,
vous préfériez poser comme un "impératif
éthique
sacré" le respect des cultures, y
compris celles qui
"légitiment" l'esclavage des femmes.
On confond souvent le
droit et le fait (les moeurs) quand on critique la
société démocratique libérale; mais
justement c'est
cette distinction, voire ce
conflit, qui fait que notre société est libérale,
au contraire des sociétés traditionnelles qui
affirment sans exceptions que
ce qui est et a été (dans les moeurs et les rapports
sociaux
ou entre sexes) doit être au nom
de dieu, de la nature ou de la
tradition et souvent des trois!
Que les problèmes
d'oppression et de conditionnement ne soient pas résolus dans
nos sociétés et que d'autres
apparaissent c'est
évident (le risque de l'oppression est permanent, car le
désir humain présente toujours le désir
narcissique de possession,
dont il faut apprendre à faire bon usage dans la relation au
désir d'autrui; ce qui est très
difficile), mais nous avons
les moyens juridiques et politiques de les poser publiquement et de
réduire leur
nuisance dans un sens plus
libéral; c'est pourquoi la liberté est toujours un
combat, une pratique de
libération et non pas un
état dans lequel il n'y
aurait plus rien à revendiquer; mais encore faut-il que ce
combat politique
et ce débat public soit
admis comme politiquement,
juridiquement et éthiquement légitime! Ce qui n'est
jamais le cas dans une société qui
reconnait l'autorité
exclusive de la tradition pour résoudre les conflits. C'est
cette différence qui fait la différence.
il me semble qu'il serait
irrationnel, voire dangereux pour la paix civile, de prétendre
étendre à
tous les valeurs,
même les plus
généreuses (altruistes-sacrificielles), alors que
celles-ci sont pas nature liées à des engagements
personnels qui ne peuvent
être vécus par tous dans toutes les situations et jeux
sociaux. Il convient à mon sens de
ne pas confondre la
sphère de la vie privée, même si elle y
interfère, avec celle de la vie publique; l'éthique qui
met en jeu des relations
inter-personnelles privilégiées fortes
"chaleureuses"(amitié, amour etc..) et celle du droit
qui concerne la vie publique
"froide" (vie économique et sociale) et politique (vie civique).
La question du
politique et de la vie
publique concerne la régulation des relations avec des gens que
nous n'aimons pas mais avec
qui nous sommes tenus de nouer
des rapports d'intérêts mutuels, voire de
solidarité minimale
pour que ces rapports
d'échange et de
coopération intéressés soient possibles. Une
société amicale, fondée sur le don et non le
commerce, n'est possible,
Aristote le disait déjà, que restreinte à un
nombre d'individus qui vivent ensemble, se
connaissent et
échangent quotidiennement. Bref, la société
moderne n'est ni une famille, ni une tribu, ni une
communauté de foi, bref
pas une société relativement fermée et holiste. On
ne peut généraliser les valeurs de
celles-ci, plus ou moins
fusionnelles, à l'autre (individualiste) sans prendre le risque
du totalitarisme
communautariste.
J'ajoute qu'une
société d'amis est une société qui
fonctionne sur le régime de la cooptation exclusive! Et tous les
exemples d'altruisme
donnés par Patrick sont des exemples de solidarité
exclusive et
sélective(mère/enfants,soldats du même camps unis
contre l'adversaire etc...) qui impliquent une contrainte
d'identitification forte des
individus entre eux comme condition de la conscience positive de soi;
c'est pourquoi du
reste, cet altruisme est
toujours "aussi" un égoisme collectif. Pensez-vous qu'il
s'agisse là d'un idéal rationnel,
souhaitable et possible, dans
les sociétés modernes? Voulez-vous revenir aux
sociétés monolythiques et
non-libérales closes
(ethno-religieuses) d'autrefois? Ou croyez-vous au miracle d'une
société fraternelle sans
frontières, c'est
à dire à l'amour universel triomphant de l'homme pour
l'homme et cela sans la croyance commune
dans la grace d'un Dieu unique
et d'une religion universelle? Il n'y a de miracle possible que de Dieu
et dans un
autre monde, et, franchement,
cela n'est pas mon affaire!
Mon propos dans
"gouvernance et
démocratie libérale" était de philosophie
politique et
non de philosophie
éthique de l'amour, de
la sexualité ou de l'amitié qui relèvent d'autres
régulations, d'autres démarches stratégiques,
et n'ont pas les mêmes
enjeux: ne mélangeons pas tous les jeux relationnels dans un
même chaudron et nous serons
plus lucides, moins
"réveurs" et plus efficaces! Pour agir avec quelque chance de
succès, il faut comprendre que la
compassion charitable sur le
plan personnel est nécessaire mais pas suffisante pour rendre
fort celui qui est faible,
mais que la justice, sur la
plan socio-politique, c'est mieux, car suffisant pour que chacun puisse
revendiquer son
autonomie dans la mise en
oeuvre de son droit au bonheur!
Le capitalisme n'est pas plus naturel et pas moins idéologique que n'importe quel autre jeu social; sauf à dire qu'il "naturalise" l'exploitation du travail humain en la présentant comme l'effet des intérêts rationnels (donc mutuels) des différents acteurs de la relation capital/travail. Cette présentation idéologique "naturaliste" permet au nom de la liberté individuelle, en droit égalitaire, d'occulter les inégalités réelles et les effets de domination que produit la capitalisme et dont il se nourrit pour accroître le profit capitaliste.
Ceci dit il se distingue de tout autre système économique et social dans la mesure où son fonctionnement ne suppose aucune morale transcendante a priori, sinon la reconnaissance du primat de l'intérêt individuel et des droits égaux qui fonde la relation de contrat et par conséquent n'impose rien aux individus dans leur relations mutuelles que le respect des termes des contrats. Cette imposition produit comme conséquence l'idée de responsabilité personnelle aux dépens de celle de responsabilité collective et de culpabilité à l'égard de l'égoïsme spontané; l'idée de péché originel n'est pas nécessaire; elle est même nuisible à la seule valeur d'honnêteté que reconnaît que le capitalisme comme fonctionnelle dans un cadre soumis à la concurrence favorable aux consommateurs, toute position sociale confondue. De plus il autorise le négociation entre les acteurs dont les intérêts s'affrontent ainsi que l'expression de valeurs différentes voire opposées, y compris dans le domaine esthétique: toute forme d'expression artistique peut devenir, en droit, un objet de commerce rentable, dès lors qu'elle rencontre une demande sur la libre marché. Cette "flexibilité" fonctionnelle ne supprime pas les inégalités réelles mais donne aux acteurs plus ou moins organisés la possibilité de lutter contre elles au nom de la liberté de tous dans un cadre démocratique qui rend possible (et non pas nécessaire) l'autorégulation politique du conflit entre l'égalité formelle et les inégalités réelles qui soutend l'évolution du capitalisme, depuis son origine. De mystification, les principes de la liberté individuelle peuvent devenir et deviennent en permanence des revendications contre les effets de domination et d'exploitation de capitalisme. C'est cette contradiction assumée dans un cadre qui autorise son expression régulatrice sous le contrôle des acteurs sociaux qui fait du capitalisme et de la démocratie politique les pires des systèmes, à l'exception de tous les autres. Sa souplesse adaptative est au coeur de sa rationalité pragmatique, à l'encontre de toutes les idéologies qui prétendraient supprimer les conflits pour mieux en exclure les acteurs en leur imposant une rationalité supérieure prédéfinie à la mode platonicienne ou religieuse (philosophe ou prètre roi).
Cette conflictualité explicite du capitalisme et son individualisme théorique a pour conséquence politique que la lutte des classes n'est pas supprimée et/ou dépassée mais qu'elle reste ouverte au jeu politique et qu'elle ne peut jamais s'enfermer, à long terme, dans des affrontements inter-communautaires qui remettraient en cause le caractère libéral des relations contractuelles. Le capitalisme n'est viable qu'à la condition d'être travaillé par les luttes sociales et ce travail ne peut porter des fruits que si ceux qui y participent, ne prétendent pas vouloir autre chose que leur part du gateau. Toute option révolutionnaire est donc stérile, voire purement catastrophique pour les droits et les libertés et par sa violence impuissante à inventer un système plus efficace, auto-destructrice. La lutte des classes (qu'il ne faut pas confondre avec des castes) entre le capital et le travail est inhérente au capitalisme et une des conditions de sa vitalité sociale.
L'histoire du post-capitalisme n'est pas
à faire, mais le capitalisme n'est pas le fin de l'histoire, car
il est historique par définition: il ne survit qu'en se
tranformant, qu'en se réformant dans le sens de l'accroissement
des droits et des libertés et de la
réduction des inégalités et le recul apparent
actuel exige seulement un surcroit de luttes sociales dans un cadre
mondial pour rendre possible et nécessaire de nouvelles
régulations
La question des règles d'un jeu social (ou jeu de société) est celle:
1) de leur "justesse" qui rend possible la
poursuite du jeu par tout partenaire dans l'espoir de gagner sans faire
usage de violence ou d'exclusion. Une menace et des sanctions
légales de la part d'une autorité d'arbitrage pour faire
respecter les règles du jeu et faire qu'il puisse se poursuivre
le plus longtemps possible sont indispensables.
2) de leur "justice" qui vise à ce
qu'aucun partenaire ne domine a priori les autres de telle sorte qu'il
serait nécessairement gagnant et ceux-ci indéfiniment
perdants
Autant dire qu'une entreprise capitaliste est incapable par elle-même d'être juste ni au premier sens, ni au second, car elle vise son profit et que celui-ci n'est jamais aussi bien garanti que une situation de monomole et la domination sur son marché; y compris du travail; sauf à être soumis à des règles du jeu social de nature politique qui le contraigne à se soumettre à des droits sociaux visant à rétablir une plus grande égalité des chances et des positions dans les négociations et les échanges.
Le capitalisme n'est dynamique, légitime et viable qu'encastré dans le politique par la démocratie.
Le refus du vote, comme procédure de décision démocratique, comme nécessairement biaisé dès lors que les citoyens ne sont pas compétents pour trancher des questions politiques et éthiques complexes et qu'ils met toujours en jeu des positions idéologiques contradictoires sans consensus possible au profit d'un tribunal des sages me semble discutable car
1) Il suppose la constitution d’un tribunal des sages dont l’autorité serait admise indiscutablement pour décider des termes du débat ; ce qui est impossible dès lors que l'idée de « Bien » commun » ne se situe pas au dessus des luttes d’intérêts politiques sociaux et économiques or ces conflits sont générés non par le vote partisan lui-même; mais par les luttes sociales dans lesquelles s’affrontent plusieurs conceptions et/ou interprétation de la justice et des oppositions de valeurs et/ou de leurs articulations (ex : liberté, solidarité, égalité etc.) que par ailleurs vous admettez au nom de la liberté individuelle de juger par soi-même.
2) Il suppose que les droits de l’homme suffisent, après débat, à faire une politique cohérente, comme si leur usage et application dans des conditions complexes ou le choix du moindre mal est toujours problématique n’était qu’un problème technique, alors que, l'expérience le montre tous les jours, leur application dans des conditions concrètes de régulation des conflits met toujours en jeu des interprétations, des valeurs et des intérêts personnels et collectifs contradictoires.
4) Ce faisant cette vision technocratique de la décision politique cherche à vider la politique de son caractère précisément politique qui consiste à prendre des décisions qui engagent tous les citoyens alors qu’elle ne peuvent nécessairement pas faire l’unanimité entre tous.
Reste, dans la prise de décision
à savoir comment trancher entre des positions contradictoires
justifiables en droit: si c’est le tirage au sort alors personne
ne peut s’y reconnaître et la légitimité de la
prise de décision entre projets et individus concurrents est
sans fondement politique lequel suppose en l’absence
de fondement transcendant une adhésion, même
critique,
non seulement individuelle mais aussi collective suffisante, de telle
sorte
que la minorité puisse se soumettre, tout en la critiquant,
à
la loi majoritaire, dans l’espoir de devenir à son tour
majoritaire la prochaine fois. Seul le vote, dans les conditions ou
l’unanimité est impossible, peut faire croire à cette
adhésion collective ; les citoyens par leur droit de vote (qui
fait aussi, à mon sens, partie des droits fondamentaux de
l’homme politique) en effet, peuvent sanctionner les mauvaise politique
et les mauvais responsables ; c’est là à mon sens la
définition non-idéale mais bien réelle
de la démocratie ; donner aux dirigés le pouvoir de
chasser
les dirigeants quand la majorité es dirigés ne les
reconnaît plus comme représentatif de la conception
ponctuellement dominante de la régulation des conflits
d’intérêts en vue de réduire le risque de violence
et d’accroître les conditions de la coopération
nécessaire entre tous pour produire et échanger des biens
et des services.
Ainsi il ne faut pas confondre la société avec une communauté d’individus d’accord sur l’instant entre eux sur les finalités et les valeurs fondatrices du bien-vivre ensemble (communauté ponctuelle d’amis) ; c’est sur la base de cette confusion que certains refusent la société réelle, pluraliste, divisée ; mais relativement pérenne, existante, au nom d’une société idéale qui se déferait instantanément dès lors que chacun pourrait décider qu’il n’est plus d’accord avec les autres sur l’idée du bien commun et donc de n’en faire plus parti. Souvent la recherche d'une démocratie idéale oscille entre un individualisme asocial, sinon insociable, et un holisme idéal qui s’épuiserait à chaque instant. C’est pourquoicette vision à tendance à refuser la loi démocratique qui veut que la minorité se soumette à la loi de la majorité à la condition que celle-là puisse manifester son désaccord en vue de s’organiser dans le but subjectif de devenir majoritaire la prochaine fois, qui me semble définir la seule attitude raisonnable pour qui ne reconnaît aucune autorité transcendante (surhumaine) et qui cherche un moyen efficace pour garantir un ordre public stable et moins violent ; il ne suffit pas, en effet, de se vouloir non-violent par calcul de raison si les autres ne font pas le même calcul; contre la violence des hommes déraisonnables aveuglés par leur passions haineuse et dominatrice, il n’est bien souvent pas d’autre moyen pour défendre sa vie et sa liberté que la violence. Comme disait Spinoza, à moins de supposer tous les hommes également raisonnables, donc philosophes, pour réduire la violence des passions négatives et destructrices (voire auto-destructrices) il faut se donner des institutions d’autorité et entre toutes les formes possibles de régulation politique (donc collective) pacifiantes la démocratie semble la moins illégitime, car la plus conforme au désir d’autonomie des individus normée par la loi commune révisable afin de réduire le risque de violence réciproque et d’accroître les chances d’une coopération durable entre des individus qui n’ont aucun motif à être spontanément et durablement d’accord entre eux sur leurs objectifs personnels et le définition de leurs intérêts mutuels. La politique consiste à gérer les conflits générés par la nécessaire coopération sociale pour les rendre moins violents non à les refuser par principe, car un tel refus reviendrait à rendre toute sociabilité sur terre, sinon au ciel, impossible. La communauté d’individus perpétuellement heureux de vivre les uns par les autres est proprement inhumaine car réellement liberticide et un tel rêve ne peut basculer que dans la déception et l’extrême violence qu’elle génère nécessairement. Votre position me semble au fond religieuse en cela qu’elle ressuscite l’idée chrétienne utopique d’un amour universel et salvateur dans la liberté comme condition du bien-vivre ensemble.
S’entendre sur les droits de l’homme dans l’abstraction d’une définition purement théorique ne suffit pas à garantir un accord sur les fins politiques dès lors que leur application pratique met en jeu des intérêts et des interprétations contradictoires de la justice et des équilibres problématiques dont vous parlez entre des exigences (liberté/égalité) qui se présentent, que vous le vouliez ou, comme contradictoires, car chacun voit midi sa porte dès lors qu’une société reste toujours structurée par des rapports de pouvoir réellement inégaux par delà les droits théoriquement égaux et que ces rapports inégaux génèrent nécessairement des perceptions pour le moins conflictuelles des valeurs formelles et de leur articulation qui concernent les mesures à prendre pour les mettre pratiquement en oeuvre et pour les faire appliquer et respecter (ex : le droit de licenciement, la fiscalité; les 35h, le SMIG etc.). La politique reste tributaire de ce que on peut appeler, après Marx, « la lutte des classes ».
Si l'on propose un société idéale sans lutte de classe dans laquelle aucune inégalité ni de droit, ni de fait, ne soit possible, alors oui, la position qui rechercherait l'unanimité pour prendre les décisions a sa cohérence ; mais je doute qu’une telle société mette la liberté individuelle au fondement des droits de l’homme, car elle devra tout contrôler et tout administrer , si tant est que cela soit possible, au nom de l’égalité, à commencer par l’économie mais aussi nécessairement l’idéologie car sans valeurs communes et d’objectifs consensuels, comme vous le dites, il n’y aurait pas, en retour, de société égalitaire possible. La démocratie ne signifie rien d’autre que ceci : au nom même des droits formels de l’homme on prend acte de la division des sociétés entre intérêts contradictoires et interprétations divergentes de la justice pour confier à l’élection le soin de trancher provisoirement et de placer le curseur entre liberté et égalité selon un équilibre toujours précaire y compris sur le plan des valeurs., lequel dépend toujours des luttes sociales en cours. La liberté est indissociable du conflit entre groupes et individus et le vote, comme la négociation, sont nécessaires à leur régulation moins violentes : c’est ce qu’on appelle le choix démocratique contre toute les formes de totalitarisme holiste ou d’individualisme anarchisant qui se nourrissent, comme l’histoire nous le montre, l’un l’autre.
Je serais personnellement d’accord avec un certain nombre de mesures à prendre en faveur de la réduction des inégalités et en matière justice sociale (voire sur mon site), à condition de préciser que je m’interdirais de penser qu’elles devraient être nécessairement partagées par tous et que ceux qui en jugeraient contrairement à « ma » logique politique et les présupposés axiomatiques éthiques (axiome de choix) qu’elle met en oeuvre, auraient nécessairement tort et devraient donc être exclus ou s’exclure d’eux-mêmes de la société. Je ne pense pas que tous les hommes puissent collaborer sans s’affronter peu ou prou sur le sens et le effets de cette collaboration pour les uns et les autres dans le cadre de rapports de forces qu’il est vain, illusoire et donc politiquement dangereux de nier. C’est l’insociable sociabilité (Kant) des hommes qu’il convient de prendre en compte pour penser un régime de pouvoir qui autorise la compétition nécessaire à toute dynamique sociale (sinon nous aurions affaire à une communauté immobile de bergers d’Arcadie disait Kant dans laquelle les individus seraient condamnés reproduire les comportements ancestraux et à ne rien inventer ni pouvoir penser ni agir d’une manière autonome, c’est à dire en humains) et la justice libérale (sécurité collective, droit individuels et égalité des chances) pour tous. Quand un désaccord entre des intérêts et des positions apparaît et que ce désaccord renvoie à des interprétations différentes de l’idée de justice (ex : à chacun selon son mérite et/ou à chacun selon son travail et cela suppose déjà une appréciation et des critères indéfiniment discutables et/ou chacun selon ses besoins (Marx), je ne vois pas comment trancher le débat auquel vous êtes si attaché sans passer au vote ; sauf à laisser l’arbitraire prendre la décision en lieu et place des personnes (citoyens) concernées. Je persiste : refuser le risque d’une prise de décision entre des positions contradictoires et croire qu’un simple raisonnement théorique mettra fin au conflit des interprétations en situation réelle, c’est plus ou moins escamoter la politique au profit d’une démarche technocratique qui prétendrait qu’il n’y a qu’une solution raisonnable possible à un problème social et qui du même coup exclurait au final la possibilité d’un désaccord persistant et ne trouverait comme mesure de pacification que l’exclusion des les empêcheurs de penser en rond, jugés définitivement irrationnels...Conséquence qui me paraît pour le moins peu cohérente avec votre position individualiste radicale : chacun aurait le droit de penser autrement à condition que ce soit comme tout le monde !
Les contradictions sont partout, dans
l’évolution des espèces vivantes, dans la
société comme en chacun de nous : vouloir les supprimer
c’est vouloir la mort et non la vie. car celle-ci est un conflit
permanent entre pulsion de vie (association) et pulsion de mort
(dissociation) disait Freud. En ce qui concerne
l’existence humaine vouloir une philosophie qui
résoudrait les contradictions qui l’affecte
nécessairement serait mortifère pour l’individu comme
pour la cité : la sagesse consiste à
faire le meilleurs usage possible (régulé, moins
auto-destructeur, et plus créateur) de ces contradictions. Les
philosophies et surtout les religions qui ont proposé le fin des
contradictions vitales ont toujours promis que la vraie vie sans
divisions, ni déchirements,
en un mot fusionnelle, ne pouvait être que post-mortem ; en cela
elles étaient plus lucides, sinon plus réalistes que
votre utopie « terrestre » d’une société
définitivement réconciliée sous l’autorité
indiscutable d’une raison commune qui se déclinerait en droits
de l’homme unanimement interprétés dans la mise au
silence et au pas, l’auto-répression ultime et consentie, des
intérêts et des passions en conflit.
Le paradis fusionnel n’est pas de ce monde et si tant est qu’il existe ailleurs, il serait mortellement vide et ennuyeux, sans désir propre, ni autonomie possible. Sans rien à y faire. En tout cas très peu pour moi...
Il n'y a pas de bien ou du justice en soi et encore moins de vérité en politique car tout est affaire de choix, de compromis et de dosage entre visions différentes de la justice plus ou moins déterminées par des valeurs politiques et des intérêts sociaux divergents. Les gouvernants, en démocratie et ceux qui prétendent gouverner à leur place doivent orienter, canaliser, amagalmer par des procédés rhétoriques efficaces expoitant des peurs ou des espérances confuses, les opinions plurielles pour faire des majorités d'opinion toujours instables et gagner sur leurs concurrents.
Toute tentative d'imposer une vérité en politique est dominatrice et ne peut fonctionner que par la terreur et/ou la démagogie; la démocratie ne fait pas la volonté générale qui ne peut être que fictive et, si on la croit vraie, illusoire, mais elle tempère par les libertés publiques, par la possibilité de l'alternance et ainsi que par l'autonomie relative des pouvoirs, le risque de la tyrannie, y compris majoritaire. Aristote a raison contre Platon: la politique ne peut viser que la convenable et non le vrai: elle est de l'ordre de la prudence et de l'ajustement de visées en conflit disparates et hétérogènes. Toute politique libérale est pluraliste dans ses sources et ses buts.Sexualité et religion chrétienne
Le péché (originel) est une invention des théologiens (voir Nietzsche) pour assurer le pouvoir de l'église sur la conscience des croyants, tout en leur promettant, en récompense (visée très égoiste) de leur obéissance , le paradis; le bonne question est de savoir quel bon usage faut-il faire de l'amour de soi et du désir d'être heureux dans la relation au désir d'autrui, sans prétendre à une, sainteté indifférente au désir de soi et au désir des autres: qui veut faire l'ange fait la bête! Le puritanisme (l'amour sans le sexe), engendre la pornographie (le sexe sans amour); le refus de son propre désir d'être heureux engendre le mépris de ce même désir chez les autres et, puisque ce désir demeure, envers et contre tout, le mépris des hommes en général et de la cité terrestre; la seule qui devrait nous préoccuper, si l'on aime les hommes, non tels que l'on voudrait qu'ils soient, mais tels qu'ils sont.
Or, depuis que l'art et la poésie
(même les les plus "archaïques") existent, les
représentations de la
sexualité et des organes sexuels s'affirment, directement ou
symboliquement, comme des éléments
privilégiés du désir humain; et plus prêt de
nous, dans la République de Platon,
celui-ci fait du désir érotique l'aiguillon de tous les
désirs (mauvais infini qui peut être converti en bon
infini), d'autre part nous savons que la sexualité humaine s'est
très tôt,
sinon toujours, affranchie du besoin de se reproduire (comme chez les
singes
Bonobos) pour prendre d'autres significations relationnelles et
sociales;
ce que savaient d'ailleurs pertinament les anciens grecs et les anciens
chinois.
Kant, qui ne parle pas de l'Art, si ce n'est incidemment de l'art
classique,
mais du sentiment désintéressé devant la
Beauté
de la nature, (et encore il ne parle pas des desseins
bucolo-érotiques
de Rembrandt) comme propédeutique de la moralité, et
Diderot
et Freud qui affirment l'un et l'autre que la sublimation (que Kant
distingue du Beau), loin de dépasser l'érotisme et le
désir sensuel (sexuel) élargit l'érotisme à
la représentation esthétique bouleversante de l'homme par
l'homme et à l'expérience humaine en
général, je choisis celle de Diderot (et de Fragonnard)
elle est plus excitante et, de plus, confirmée par la
condamnation universelle de l'art par les bien-pensants pour
pornographie et immoralité (Diderot, Sade, Beaudelaire, Flaubert
Courbet, Picasso, Bataille etc..).
L'art et la morale n'ont jamais fait bon ménage, sauf dans les
images
pieuses et les oeuvres nazis et staliniennes, mais il ne s'agissait pas
d'oeuvres d'art, justement. Prenons l'exemple du Saint-Jean Batiste de
Leonardo da Vinci exposé au Louvre? Il découvre sa
spendide épaule ronde, douce et caressante en indiquant la voie
du ciel de son index: une invite sans ambiguïté à le
suivre au 7ème ciel!
Autre preuve : toutes les
religions les plus anciennes ont toujours eu le souci primordial
d'établir
des interdits sexuels
précis et rigoureux (ne
serait-ce que l'interdit de l'inceste qui, s'il n'était pas
désirable, n'aurait pas besoin d'être interdit!).
Quant à la
misère qui déshumanise, elle ne peut valoir comme
significative du désir humain face à la peur de la mort,
qui
du reste est un formidable
excitant sexuel (le sexe et la mort ont toujours fait symboliquement
très
bon bon ménage). L'art
religieux, l'expérience
mystique sont très profondément sexuels (de Sainte
thérèse d'Avila, à Sainte-thérèse de
Lisieux) et
c'est trop facile à
démontrer et c'est bien ce qui a toujours effrayé les
églises qui n'ont eu qu'une hâte, c'est d'édulcorer
cette expérience (ex:
Saint François d'Assise) pour en retourner le sens en un sens
édifiant à des fins de pouvoir.
Cependant, la sexualité (surtout de la
femme) est, dans l'interprétation dominante du christianisme
historique
comme religion instituée, depuis Adam et Eve de l'ordre du
péché (originel). Et cela a été
affirmé, depuis Saint-Paul, qui n'était pas
spécialement féministe et en faveur du droit au plaisir
sexuel (voir ses diatribes phobiques contre la chair, assimilée
à la puissance de la mort) et pendant des siècles a
été interprété comme cela très
officiellement par les églises dites chrétiennes; que
l'on puisse proposer d'autres interprétations des mythes
chrétiens; c'est excact, mais le problème c'est qu'elles
n'ont eu, pour l'instant, aucun effet historique en faveur du droit au
plaisir, de la contraception, voire de l'avortement, essentiels pour
qui milite pour la libération des femmes.
Ainsi le droit à l'avortement libre et
gratuit est ( a été) un moindre mal en vue d'un plus
grand bien: la libération des femmes (et donc des hommes); voyez
comment j'interprète Leibnitz à ma façon: je passe
de Dieu à l'homme! Mais, comme je pense que dieu est une
projection de l'homme, je n'ai aucun scrupule à procéder
ainsi. Le moyen du bien, en matière d'autonomie sexuelle, c'est
la contraception (toujours condamnée par l'église
catholique au profit de la méthode dite naturelle, la
méthode Ogino et de l'abstinence); mais vous le savez aussi bien
que moi: on n'a
pas souvent le choix ici-bas entre le bien et le mal mais
quasi-toujours
entre deux maux et s'il est une obligation (ardente et raisonnable),
c'est
celle de choisir le moindre. Refuser de faire ce choix c'est être
irresponsable, comme l'est le pape en Afrique, lorsqu'il rentre en
croisade contre le préservatif au profit de l'abstinence, alors
que près de 20% de la population, dans certaines régions,
est déjà séro-positive, cela au nom d'une morale
sexuelle posée comme sacro-sainte. Examinons ce cas et nous
comprendons (je l'espère) que
l'éthique sexuelle de la responsabilité doit
impérativement chasser la
morale sexuelle fondée sur des croyances a priori qui sont
dangereuses, précisément, par leur caractère a
priorique et sacré, c'est à dire, intouchable et
indiscutable. Si la foi peut être, pour ceux qui l'ont, une
ouverture et une interrogation personnelle sur le
sens de leur responsabilité éthique dans le monde,
la
foi transformée en idéologie par une religion
fondée sur le l'autorité de croyances communes
sacralisées et stéréotypées et d'un
appareil hiérarchique de pouvoir absolu, est toujours nuisible
à l'exercice du sens des responsabilité. L'attitude
officielle de l'église catholique, sur cette question du SIDA,
est éthiquement criminelle et doit être
dénoncée comme telle, ainsi que
le principe fondateur qui rend ce type crime possible, le sacré
institutionalisé:
si l'on m'accorde ce point, alors je suis prêt à
admettre
que la foi personnelle que je n'ai jamais, en tant que telle,
critiquée,
peut être respectable; à condition qu'on ne la confonde
pas
et qu'elle ne se confonde pas elle-même avec la religion, comme
machine
de pouvoir sur les consciences. Est-ce trop demander?
Tous les mythes peuvent être retournés:
c'est même leur caractère ambivalent qui fait leur force
et leur prégnance
sur l'imaginaire; mais ce qui
compte au bout du compte, c'est l'usage qui en a été fait
par les machines de pouvoirs
qui se sont arrogé le
monopole de leur interprétation orthodoxe: les églises et
les prètres. Il convient surtout de ne
pas confondre le message du
Christ, qui n'a été le fondateur d'aucune église,
avec le christianisme. Le christ,
contrairement à ce
qu'affirme Monseigneur Lustiger, est un mythe infiniment disponible.
Quand on a compris cela,
on devient philosophe, c'est
à dire "libre penseur", libre de toute orthodoxie et de toute
obédience, comme Spinoza.
Freud, il dit
lui-même: il doit tout aux artistes! La psychanalyse comme
théorie est une chose
et comme
pratique une autre; que
certains, grace à elle s'attribuent des pouvoirs
quasi-religieux, (ex: Lacan) et instruisent un
culte tout aussi absurde et
liberticide (du point de vue de Freud lui-même) que les cultes
religieux, j'en
suis
entièrement d'accord;
mais, s'il vous plait, ne jetons pas le bébé avec l'eau
du bain...
L'ouverture à
l'autre est
bien la condition de la (re)construction toujours ouverte de soi; mais
cela
implique que l'on
ne veuille pas se fondre,
s'oublier dans l'autre mais se mesurer par le dialogue peu ou prou
conflictuel; car le
dépassement du conflit
est l'expression d'un désir pervers à ne plus
désirer
et à s'enfoncer dans la mort (le
non-désir), dans
l'autre: mais, par un retournement bien connu, la fusion est toujours
l'expression d'un désir mortel
de possession: si l'autre est
moi, je le domine enfin totalement! Le sympathie dont vous parler n'est
pas
dépassement de
l'altérité mais intériorisation de
l'altérité: chacun peut se vivre
"comme" un autre et comprendre
tous les autres, ce qui ne
veut pas dire se confondre en eux, à moins de refuser de se
comprendre soi-même comme
"toujours en train de se faire
et de se refaire": d'où l'exigence cartésienne du doute
volontaire comme condition de
l'autonomie..Que deviendait
celle-ci dans le recherche du dépassement de soi dans l'autre?
Le liberté se pose dans
le conflit; et son
dépassement n'est pas dans son abolition mais dans la prise de
conscience auto(dé)centrée de soi :
la reconnaissance(voir Hegel).
J'appelle religieuse toute tentative de recentrement fusionnel de soi
dans les autres
sous l'autorité
sacrée d'un signe/symbole transcendant divin; j'appelle
philosophique toute ouverture dialectique et
lucide du sujet hors et en
lui-même. C'est pour quoi la sexualité est pour moi si
riche d'enseignement: elle ne peut
être fusionelle, elle ne
peut être que dialogue sur du un fond pré-conceptuel
pulsionnel et affectif acquis, sauf à se
faire impuissant. Mais ce
fond, pour être "exploité" en vue de l'heureuse rencontre
de l'autre comme autre en soi (et
non autre soi-même) peut
et doit être représenté, dans l'art (qui est la
meilleure éducation sexuelle qui soit) et la
philosophie, comme effort de
conceptualisation nécessaire à toute communication
dialoguée (du reste l'art vaut
d'abord comme provocation de
la pensée philosophique, sino nous avons affaire à des
idoles
ou images pieuses).
Platon, qui s'y connaissait, savait pertinemment que, en l'absence d'une idée transcendante du Bien et du Beau en soi, ce qui est le cas de notre culture aujourd'hui, « l'hubris » humain est infini et que ce désir insatiable est de nature érotique et guerrière. Deux motivations dominent en effet le psychisme humain en tous les temps et sous toutes les latitudes, celle, autoérotique, du pouvoir, et celle homo ou hétéro érotique du désir sexuel qui génère les banquets orgiaques, et lorsque les deux s'en mêlent nous avons la guerre de Troie. De très nombreux mythes d'origine les plus diverses, attestent, sous une forme symbolique et légendaire, de l'importance fondamentale des désirs érotiques et guerriers dans les grands bouleversements des sociétés et des cultures. Il n'est donc pas étonnant que notre culture mette partout en avant le désir sexuel et celui du pouvoir jusqu'à l'affirmation de la violence plus ou moins esthétisée: elle ne croit plus au salut post-mortem et à la transcendance ou elle n'en fait qu'une vague consolation très accommodante pour l'ici et maintenant. Une manière d'assurance tout risque (« Sait-on jamais ? »), sans obligation, ni dogme, ni commandement. C'est ainsi, et personne ne peut changer le cours de l'athéisme plus ou moins explicite des sociétés contemporaines (ce que certain appellent, à tort, le matérialisme); et, sauf à croire au miracle auquel plus grand monde ne croit, il faudrait qu'on nous dise comment pourrait s’opérer un tel changement culturel.
L'art occidental, (comme la mythologie gréco-romaine dont se sont emparée les artistes , y compris chrétiens), a toujours mis en scène en les magnifiant « l'hubris » humain , la force des passions qu'il est quasi impossible d'éradiquer par des considérations morales sauf à prétendre éteindre la puissance créatrice des hommes; Platon qui voulait chasser les poètes et les peintres de la cité ainsi que les iconoclastes et les musulmans, qui interdisaient le représentation de dieu, de l'homme (de la femme surtout), voire de la nature le savaient bien: L'art sacré n'a jamais été sacré, il a toujours détourné le sens religieux officiel pour produire des effets érotiques plus ou moins avoués; et quand les représentations deviennent de pures illustrations d'un sens désérotisé, convenu et répétitif, il se vide de tout contenu et émotions esthétiques.
Dire que l'artiste indique le surnaturel
derrière le naturel et que l'on doit chercher le sens religieux
derrière l'apparence est une erreur: Quel sens surnaturel? Celui
que l'artiste prétend y avoir mis ou qu'on lui a commandé
de mettre? Mais l'artiste honnête sait très bien que
l’œuvre ne dit rien d'autre qu'elle-même et que sa fonction n'est
pas d'indiquer mais de produire des affects qui ont
le pouvoir de bouleverser l'imagination de chacun en suscitant
des
interprétations multiples et ambivalentes. Dire que devant une
oeuvre
d'art l'imbécile regarde le doigt (le tableau dans sa
sensualité toujours très érotique) comme
l'imbécile du proverbe chinois, au lieu de ce qu'il indique,
c'est ne rien comprendre à l'art,
car justement c'est l'imbécile qui pense que l’œuvre indique
autre
chose qu'elle-même et croit bêtement (et/ou à qui on
fait
croire) qu'il faut voir ailleurs! Du reste c'est être vraiment un
contre-sens
de penser que l'art illustre un sens moral et/ou religieux et politique
préétabli
. Si l'on m'indique le ciel et que je n'y vois rien d'autre que des
nuages
en formes se seins et de ventres, la puissance bienfaisante du soleil
et
malfaisante des tempêtes , dois-je chercher en vain ou regarder
celui
qui me dit de regarder en me demandant s'il n'a pas des visions ou s'il
ne
se fiche pas de moi comme dans ce jeu bien connu du farceur qui montre
du
doigt le ciel avec frayeur ou ravissement pour détourner les
passants
de leur désirs terrestres?
2) Que la tragédie
ait eu une fonction de catharsis, cela ne signifie pas qu'elle ait
visé à nous délivrer des désirs
érotiques mais de
l'aveuglement incontrôlable des passions,en vue de leur
transformation en désirs actifs et
inventifs,
régulés; ce qu'implique l'art érotique. (voir "le
verrou" de Fragonnard). C'est
là la thèse d'Aristote et de
Freud, qui, ni l'un ni
l'autre, n'étaient des croyants moralistes au sens
chrétien ou l'érotisme a affaire au péché
(ce
qui, du reste, est une
interprétration discutable et paradoxale, car spiritualiste, de
l'incarnation; mais le christ
était-il
chétien?). C'est, à mon avis le passage de la violence
passionnelle pornographique à l'érotisme dont il est
question en art; et en cela je
ne le réduis pas, au contraire; sauf à considérer
que refuser de voir le divin c'est
réduire le sens de
l'art pour prétendre faire de l'art une liturgie, un culte
stéréotypé. Une lecture athée,
libérée des
préjugés et des
croyances surnaturelles et donc non réductrice de l'art est
toujours
possible; sauf à réduire l'art à
illuster des significations
morales et religieuses; mais lesquelles? Toutes les grandes oeuvres
occidentales, même
sacrées, sont d'abord
des oeuvres où les hommes se projètent inventivement dans
leur
émotions et leur imaginaire,
pour mieux vivre avec
eux-mêmes. Dieu, comme "fiction moralisante" (Nietzsche), n'a pas
grand chose à voir avec
la provocation
esthétique.
3) L'art contemporain me
semble, sur ce point, lever tous les tabous et les faux semblants de
l'exploitation
bien-pensante de la
création esthétique: nous avons le droit de lire l'art en
général et de tous les temps, au travers
de la démystification
erotico-esthétique que provoque l'art moderne! On ne doit pas
vivre hors de son temps; ou
alors cela signifie que l'on
désire mourir..Désir érotique (création) ou
désir de mort (destruction); nul n'a d'autre
choix, sachant que l'un ne va
pas sans l'autre, mais qu'il me semble préférable que le
second soit mis au service du
premier (voir Egon Schiele).
1) Une certaine religiosité, sans rivages conceptuels clairs, peut rendre possible, par le refus de soumettre le désir d'évasion hors des désirs terrestres (érotique et/ou violent) et le désir du salut dans le non-désir, comme désir de mourir selon Nietzsche, à des contrôles rationnels; nous le voyons dans l'instrumentalisation qu'en font certaines sectes: l'attitude irrationaliste et irréaliste, par l'exaltation moralisante et salvatrice qu'elles provoquent, s'oppose à l'attitude critique et libérale qu'exige la réflexion philosophique. C'est pourquoi je suis pour un travail théologico-critique sur les significations et non "le" sens existenciel, lequel implique confusion, des différentes religions dans leurs oppositions.
2) La définition de l'érotisme que j'emprunte à Freud et à sa théorie du déplacement du désir et de la sublimation ne veut pas dire dépassement de désir mais promotion; preuve en est que certains contradicteurs me renvoyez à "la baise" (l'acte génital), mot que je n'emploie jamais par sa connotation pornographique et "donc" anti-érotique, comme forme unique d'expression des désirs érotiques. Libre à vous de refuser la psychanalyse, mais j'aimerais que ce refus ne soit pas fondé sur une interprétatiion réductrice des thèses centrales de Freud.
3) Enfin, la position qui affirme qu'une certaine philosophie rationaliste occidentale serait virile, voire machiste (anti féminisme) par rapport à la philosophie orientale plus équilibrée, me paraît globalement juste et mériterait, en effet, un débat approfondi; mais je doute que cela puisse justifier la confusion, que vous semblez faire, entre la pensée religieuse et mythique et les formes de sagesses qu'elles génèrent et la pensée philosophique qui opère par dissolution dialectique de tout attachement préétabli au sens.
4) Enfin, il m'apparaît significatif que vous refusiez, me semble-t-il, de vous confronter aux pensées les plus critiques de toute forme de religion et/ou de religiosité au profit d'une vision herméneutique de la prétendue vérité du sens (ne serait-ce que dans le non-sens boudhique) de l'existence humaine: les pensées sceptique, matérialiste et scientifique, s'opposent, à mon sens, à la pensée méditative . Pour ma part, je distingue méditation au sens oriental et philosophie; l'une problématise, conceptualise et argumente dans la confrontation, l'autre laisse advenir un état de satisfaction totale, de détente voire de non-désir qu'il appelle vérité. Pour une pensée débarassée de toute "vision" transcendante du sens de la vie, il n'y a d'autres significations dans le vie et le monde que par le désirs et ses figures; tout sens transcendant naturel ou divin est alors illusion du désir qui se projette hors de lui-même, croyant trouver dans ses projections une vérité supérieure autorisant son dépassement et le salut :l'ataraxie, la béatitude ou la fin de toute contradiction, ce que j'appelle, en effet, le départ pour Sirius (ou si vous préférez le paradis post-mortem ou la grande dissolution dans le macrocosme de la nature).
Conclusion: L'essence de la
philosophie est de provoquer l'ébranlement des croyances
pré ou irrationnelles et de
critiquer, sans fausse pudeur,
leurs effets possibles; et Socrate, Kant et Nietzsche, chacun à
sa manière, n'ont
jamais fait autre chose.
Tout art est polymorphe
dans ses
significations idéelles; tout à fait d'accord, mais tout
art
est sensuel et à ce titre
mat en jeu le principe de
plaisir, y compris comme pro-vocation non pas religieuse (rituel) mais
de l'expérience de
foi qu'elle
récèle, or celle-ci est toujours érotique dans son
vécu comme nous l'indiquent tous les grands mystiques
(ne serait-ce
qu'auto-érotique, ce que l'art comme provocation ne peut jamais
être entièrement, justement). Quant à
Kafka, l'expérience de
l'impuissance érotique qu'il vivait à s'affirmer, sous la
pression de l'hypocrisie sociale et
moralisante
généralisée, dans son désir, me parait au
centre de son oeuvre, pour en faire... un objet érotique
paradoxal, en partie du reste
destructeur). Il n'est pas indifférent de savoir que Musil,
Kafka
et Freud participaient
d'un contexte culturel proche.
Il n'y a là rien de
réducteur, sauf à confondre l'érotisme avec la
pornographie sexuelle
et religieuse (l' imagerie
pieuse) figée, psycho
pathologique, commerciale ou et/ou édifiante (les trois
indissociables); ce que
je ne fais
jamais. Y a-t-il un au
delà du principe de plaisir? Freud répond à cette
question par la
pulsion de mort; ce que
faisait aussi Nietzsche
à propos des religions et philosophies orientales (critique de
Schopenauer) et du
christianisme, voire du
socratisme. Le joie du corps et de l'esprit, indissociables,
était pour Spinoza le fin de la
philosophie dont il disait
qu'elle était et devait être une méditation de la
vie de l'homme dont le désir est l'essence,
non de la mort. C'est la
raison de mon insistance. Perverse? Sans doute pour tous ceux qui se
parfument à la
moraline (Nietzsche).
N'oublions pas le force
critique du cynisme en philosophie!
La conscience
spontanée est méconnaissance des causes réelles de
nos désirs et de nos motivations profondes; ne
faisons pas totalement
l'impasse sur la Rochefoucault, Spinoza, Nietzsche et Freud, etc..La
conscience réfléchie et lucide
se méfie par principe
de la pureté apparente de nos intentions, non pour les purifier,
mais pour en faire le meilleur usage,
quelque soit leur
prétendu égoisme.
Même Kant savait
qu'on l'on
ne pouvait savoir si notre acte était moral ou non; donc
contentons nous, au lieu de nous
torturer l'esprit avec la
pureté incertaine de nos intentions, de juger l'arbre à
ses fruits: qu'importe que le chat soit blanc ou
noir, pourvu qu'il attrape
bien les souris.
De plus une intention
tournée vers le plaisir qui fait plaisir celui que l'on
désire et dont on désire le désir et le plaisir me
semble
préférable, du point de vue d'une éthique de la
responsabilité, qu'une intention soumise au devoir qui interdit
de
chercher son plaisir dans la
plaisir de l'autre et, par conséquent, le plaisir de l'autre.
Peut-on croire que l'on peut avoir du
plaisir avec qui sacrifie son
plaisir par devoir? Et que l'on peut aimer qui (se) sacrifie son
aspiration
au bonheur pour
nous? L'amour authentique se
moque de la morale moralisante. C'est à cette condition que l'on
peut "faire l'amour" et que
cela marche! Il n'y a pas
besoin d'être sexologue pour le savoir; il suffit d'un peu de
pratique et
de réflexion sur les
conditions de cette pratique.
Quant aux rapports avec ceux
que l'on n'aime pas, il ne s'agit pas de morale ou
d'éthique,
mais de droit; c'est à dire de
justice et de combat pour la
justice.
Conclusion: Sur le plan de
l'éthique amoureuse et des jeux sociaux, mieux vaut être
un homme vivant insatisfait mais
heureux, qu'un mort satisfait!
La notion d'égoisme me parait
ambiguë:
Elle désigne:
- soit l'attitude qui consiste à penser
son désir (de reconnaissance) dans l'exclusion du désir
des autres et en cela l'égoisme est un leurre.
- soit la revendication du droit au bonheur par chacun dans la mise en
oeuvre de son désir d'être et d'agir par et pour
soi-même (être à soi-même sa propre fin); ce
qui n'exclut en rien la reconnaissance du désir des autres mais
l'inclut au contraire. Elle se manifeste sous la forme de la
revendication à l'autonomie de
l'individu et non sous celle de la toute puissance sur les autres.
L'idée de communauté (comme l'idée de conscience de classe, comme sujet de l'histoire, à laquelle vous faites allusion pour, aujourd'hui, l'écarter) me semble vouloir évacuer la deuxième au nom de la critique justifiiée de la première et risque par là de remettre au goût du jour une vision sacrificielle de l'altruisme et une subordination obligatoire et contraignante (anti-libérale et anti-contractuelle) des individus au groupe sacralisé. En un mot totalitaire. Un certain "communisme réel", heureusement en déroute, en etait un bon exemple. (Ex: "servir le peupl"e ou "extirper le moi prétendument "bourgeois" etc..)
Peur matérialiste? pas exactement ou, du moins, seulement en apparence; mais plutôt peur du manque à être que provoque l'incapacité économique à consommer les idoles partageables que sont les objets-marchandises. Cette peur est en effet peur du vide: celui de ne pas être reconnu et donc de ne pas se reconnaître, par défaut de médiation symbolique crédible: ces symboles à haute valeur ajoutée que sont tous les objets-fétiches de la consommation; il s'agit donc d'une angoisse sans objet car le seul objet qui manque est soi-même comme sujet/objet d'une relation auto-productrice et autonome de soi au désir toujours insaisissable de l'autre.
Cette frustation angoissante est en effet structurelle et le besoin sécuritaire ne peut la combler, sinon par cette dérive catastrophique vers la pulsion de mort qui définit l'extrème-droite laquelle ne peut être une soupape de sureté ou servir de piqure de rappel en faveur du désir du vivre qu'à la condition d'être tenue éloignée du pouvoir. La vie suppose que l'on substitue le dialogue (et la satisfaction insatisfaite et donc toujours ouverte) à la haine et l'érotisme (jeu dialogué du désir) à la pornographie (rituel féticiste et dominateur); seulement voilà, pour dialoguer il faut être deux et par nature l'extrème-droite refuse le dialogue.
Spinoza refuse ces oppositions nature/morale, désir/raison, déterminisme/autonomie...
1) La raison ne peut se
déterminer en rien si ce n'est par l'effet d'un désir
plus ou moins raisonné et conscient de ce
qui le détermine, d'une
manière éventurellement conflicturelle, en vue de "ce qui
nous est vraiment utile"; qui
s'affirme dans
l'expérience de la joie.(c'est confirmé par les
neuro-sciences: qui est indifférent ne peut rien
décider, et encore
moins agir)
2) Le désir est en
effet l'essence de l'homme en tant qu'appétit devenu conscient
de ce qui peut le satisfaire
réellement: la joie que
nous éprouvons quand nous ressentons l'accroissement notre
propre perfection
et de notre
puissance d'être et
d'agir.
3) l'autonomie ne
réside pas dans l'indépendance (contre-nature) de notre
raison par rapport à notre désir
(conatus), mais dans la
connaissance vraie de ce qui détermine notre désir
d'être et l'accroissement de notre
puissance d'action, en vue
d'en faire un usage efficace. L'autonomie désirante s'oppose
à
la passion déraisonnable
et méconnaissante de ce
qui le détermine dans l'impuissance; les passions sont donc
à la fois l'effet de
l'impuissance originelle due
à la méconnaissance (c'est pourquoi Spinoza dit avec
insistance qu'elle est naturelle)
et la cause de cette
impuissance; pour sortir de cercle vicieux de la passion il convient
donc de connaître ce qui la
voue à l'échec:
on n'est "libre" que par la connaissance de la nécessité
de
notre désir afin d'en faire un usage
objectivement utile; le
succès en est le seul critère possible.
La morale
"idéaliste" rend
l'éthique indésirable et le désir immoral et donc
coupable;
il en résulte l'impossibilité
de transformer nos passions en
désir actifs (efficaces) et la culpabilité permanente
vis-à-vis de notre désir qui ne
peut que réduire notre
capacité à agir, donc nous condamner à
l'impuissance.
Pour nous soumettre à un pouvoir
surnaturel qui nous domine par
la menace permanente (jugement dernier) et la promesse du paradis.
C'est pourquoi
Kant est contraint pas cette
oppostion entre le raison et le désir de faire de
l'immortalité de l'âme et de l'existence
de Dieu des postulats
nécessaires de "sa" conception de la morale!
Mais, je ne nie pas
l'altruisme, que je considére inhérent au désir du
désir, mais je ne fais pas
de son appel un
dépassement du désir, mais son accomplissement dans un
jeu déterminé qui est celui de l'amour.
C'est en cela que, d'ailleurs,
vous me considérez commez chrétien;
2) Or ce que je refuse dans
le christianisme c'est le croyance en l'amour universel qui se confond
avec
celle de
l'unicité ethique de
tout les jeux relationnels; je pense qu'Adam Smith a raison: on
n'attend pas
de son boucher qu'il
nous aime, ni qu'il soit
altruiste, pour être bien servi, mais qu'il aît
intérêt à bien nous servir pour conserver notre
fidèlité, dans
un jeu concurrentiel ouvert.
3) Par conséquent,
je pense
que l'éthique de l'amour est insuffisante et même
contre-performante pour fonder
l'ensemble des rapports
humains car des rapports de compétition sont inévitables
dès lors que tous les hommes
n'ont pas les mêmes
intérêts sociaux, voire les mêmes valeurs et qu'ils
ne s'aiment par forcément: par contre une
éthiqe de la
compétition me paraît indispensable, dans une
société individualiste et pluraliste symboliquement sans
rituels uniformes des
comportements.
il faut apprendre à
vivre sans violence avec des gens que l'on aime pas, voire que l'on
considére comme des
adversaires, voire des
ennemis; c'est, à mon avis, une des leçon de la
modernité libérale. Aimer même ses
ennemis, ne se comprend que si
l'on renonce au monde ici-bas et si , en effet, on renonce à
soi. Ce
qui, du reste, ne
peut pas trop inquiéter
les violents et les dominants.
Le problème est bien celui du statut, des limites et du rôle de la rationalité dans son rapport à l'éthique:
1) Il n'y pas de
rationalisation possible de l'absolu: car la raison est par nature
relative; elle ne permet d'établir
que des relations
logico-expérimentales; mais pas la validité d'un
fondement inconditionné de ce qui est et
doit-être; en cela
Pascal et Bergson ont raison: l'absolu dépasse les pouvoirs de
la raison; et qui veut "penser"
l'absolu doit abandonner la
démarche rationnelle au profit de la foi. Kant, à mon
sens, a logiquement
tort de
prétentre que l'absolu
peut être pensé par la raison sans être
connaissable;
c'est pourquoi il pose, à tort, la
croyance en Dieu comme une
exigence de la raison, alors qu'elle présuppose
l'expérience de la
révélation et de la
grâce divine; laquelle
est nécessairement subjective (vérité du coeur et
non de la raison insiste Pascal) et donc
non-universalisable et
non-philosophique.
2) L'éthique
raisonnable est la seule qui puisse permettre de définir des
règles relatives en vue de relations
pacifiées, entre des
hommes dont les intérèts, les désirs et les
valeurs et les
croyances sont hétérogènes, voire en
conflit. Se situer du point de
vue de l'absolu pour fonder l'éthique, et qui plus est, le
droit, c'est
faire semblant de
croire que tous les hommes
dans le monde pourraient être animés de la même foi!
Ce que l'expérience dément tous
les jours.
3) Etre raisonnable c'est
être réaliste: chercher le dialogue et le compromis sur
fond des expériences de désir, de
souffrance et de joie des uns
et des autres.
4) Mais en effet, il me
semble que toute position ontologique et/ou éthique
transcendante nos désirs terrestres, met
a priori en péril les
conditions d'un tel dialogue. La guerre des dieux est la
conséquence logique
d'une vision
dogmatique (absolue) de la vie.
Le narcissisme est de tout
les temps mais il prend les formes éthiques dominantes du
moment: Autrefois
l'aliénation
narcissique "religieuse" était liée à la valeur
que les individus s'accordaient sous le regard de Dieu,
des prètres et de la
communauté des croyants.
Aujourd'hui le narcissisme
est "affranchi" de normes impératives prétendument
universelles dérivant de la
croyance en un dieu unique
juge suprème et en ses commandements, : toutes les religions
promettent le salut et la
religion chrétienne le
salut "personnel", mais aujourd'hui le sentiment religieux est devenu
sans
affiliation
socialement et symboliquement
contraignante; l'hédonisme (le bonheur ici et maintenant, le
court
terme plus que le
long terme et le post-mortem)
prédomine, donc les individus sont conduits à bricoler
leur
narcissisme (amour de
soi) en dehors d'une
communauté unifiée et unifiante traditionnelle stable; le
contexte de la mode, de
l'impermanence des techniques
(des rapports à la "nature", à son corps et aux autres),
des
rôles, de la pluralité des
valeurs de
références, des styles de vie et des normes
conventionnelles obligent chacun à bricoler l'image
valorisante de soi dans la
pluralité des jeux sociaux, de la hiérarchie des valeurs
et des normes qu'ils mettent en
jeu, dans lequel il est
"pris", selon des éléments
hétérogènes qu'il combine dans le cadre de
stratégies variables.
Dans ces conditions, la
"solidarité" n'est plus prescrite comme un devoir transcendant
le sujet personnel et dépend
du contexte de jeu et des
situations et surtout est laissée au sentiment vécu
d'identification
à la souffrance des
autres comme pouvant
être la sienne, sinon aujourd'hui du moins demain; ce sur quoi
d'ailleurs les médias
(qui ont
remplacé
idéologiquement les églises) insistent toujours: "vous
même ou un proche pourriez être victime et donc
avoir besoin de l'aide des
autres"; donc l'aide est un devoir pour les autres et soi-même.
Ce sentiment vécu ne peut
avoir cours jusqu'au bout dans
le jeu de la compétition, par ailleurs utile et, lorsque
l'indifférence prend le pas sur
l'identification dans des
contextes où les individus se sentent impuissants à
valoriser leur image dans un jeu qui
leur échappe et/ou ils
sont perdants à tous les coups, l'égoïsme exclusif
prend
le pas: "ce n'ai pas mon problème,
j'en ai rien à foutre
et/ou j'ai déjà donné". Ce pourquoi "le devoir
d'assistance à personne en danger" sous la
menace d'une sanction
pénale et non plus de la sanction divine, qui n'est plus
universellement crédible, est institué
comme un devoir du citoyen
(c'est donc qu'il ne va pas de soi).
Pour être
généreux, il faut soit aimer Dieu (et l'espérance
de salut personnel qu'il apporte,
donc s'aimer aussi
soi-même en tant que
créature divine), soit s'aimer soi-même et aimer les
autres à travers soi, comme le savait
Rousseau qui faisait de
l'amour de soi et de la pitié naturelle vis-à-vis de ses
semblables deux sentiments naturels
indissociablement noués.
Le terme catégorique signifie inconditionnel; Or selon moi ce
terme est ambigu:
1) Soit il signifie que cet impératif s'impose à mon
action sans avoir à en mesurer les conséquences
réelles qui peuvent être catastrophiques (éthique
de conviction) et là je le rejette car je reste pragmatique
(éthique de responsabilité).
2) Soit, il signifie qu'il doit nécessairement être pris
comme référence dans un contexte démocratique pour
que ce
contexte et ses règles du jeu soient institués et
fonctionnent;
sans pour autant que je puisse toujours appliquer aveuglément
tel
ou tel impératif, dés lors que ce contexte particulier le
rendrait contre-performant, au regard des conditions de la survie de la
démocratie elle-même et de ses valeurs fondamentales:
ainsi je suis d'accord
pour que l'on interdise l'expression du racisme au nom de la
défense
de la liberté d'expression elle-même.
Pour ce qui concerne la question de savoir si la démocratie
mérite d'être défendue; il s'agit d'un choix
pragmatique qui concerne la question de la violence en politique et
dans les relations humaines en général et de sa
réduction. Là liberté (par exemple d'action et
d'expression) n'est pas un absolu car elle suppose des conditions
régulatrice limitatives qui la rende raisonnable, c'est
à dire universalisable en la garantissant à tous; ce que
le
racisme justement refuse.
Une éthique de la responsabilté est obligée
d'introduire de la pondération dans l'usage qu'elle fait de ses
impératifs; qui, du reste, peuvent être parfois
difficilement compatibles; ex liberté
et égalité et/ou liberté et assistance etc... et
dans
un tel conflit il s'agit toujours d'évaluer le moindre mal;
plutôt
que d'appliquer mécaniquement (catégoriquement) un
principe
élévé à l'absolu d'un bien en soi, auquel
je
ne crois guère...
L'amour.
Voir De l'amour humain; simplement humain?
Nos désirs ne sont murés sur soi et des fantasmes figés, qui nient la présence du désir de l'autre que par le malheur vécu dans l'impuissance que génère l'interdit, la dénégation et le refoulement; c'est à dire, le silence honteux: "on ne (se) parle pas de ces choses là!"; c'est d'ailleurs la parole déculpabilisante (le pardon ou le refus de moraliser) qui fait l'efficacité de la confession et/ou...de la psychanalyse et/ou...; la plasticité du désir est d'origine en l'homme et se distingue du besoin biologique par la mise en jeu du narcissisme (conscience valorisée de soi) et par le fait que tout désir est ambivalent (éros et thanatos) donc originairement instable, et se cherche des modèles à l'extérieur, dans la pratique et la conscience des autres, (voir Hegel et René Girard et la mimétique conflictuelle du désir) et Freud qui affirme, par boutade, que l'enfant est un pervers "polymorphe"; (ce qui, justement n'en fait pas un "réel" pervers).
Mais l'amour est justement
ce qui rend possible le dialogue constructif et fragile (mais
l'échec peut, du même coup,
le rendre haineux et
destructeur); donc, ce qui peut rendre l'égoïsme (aussi)
altruiste et donc changer l'économie
libdinale et la forme
d'expression murée des désirs du sujet en un sens
relativement heureux (bouleversant)
et
valorisant. Freud: "qui est
amoureux et relativement satisfait n'a pas besoin de psychanalyse" et
j'ajouterais de
leçon de morale
altruiste sur l'amour. L'amour se moque de la morale, mais pas de
règles pragmatique du jeu...
Chez Freud la pulsion de
déliaison et la pulsion de mort sont une seule et même
chose. Le vie organise (lie; noue;
tisse, échange) mais
elle est aussi indissociable de la pulsion contraire, celle de la
destruction, du "dénouement",
dans la "création
destructrice", qui implique aussi et toujours la mort, la violence et
la domination réelle et/ou
symbolique. Vie et mort sont
indissociables comme Eros et Thanatos; toute la question est de savoir
à quelles
conditions est-il possible de
(re)lier (contrôler, canaliser et non pas éradiquer, ce
qui
serait mortel) la pulsion de
mort (déliaison) sous
la domination de la pulsion de vie (liaison); bref de mettre la mort au
service de la créativité
de la vie. Mais
peut-être suis-je trop dialecticien et trop réaliste pour
concevoir une vie pure,
sans mort, une
positivité sans
négativité, une sociabilité sans
insociabilité, une ordre social sans violence
fondatrice (voir Totem
et tabou de Freud; mais aussi
Machiavel, Pascal et Hegel), bref un pur amour angélique et
éternel,
une sociabilité
de l'amour universel, une
société de saints désexualisés et
partageux...Et enfin l'idéal de la béatitude dont je
rappelle que les grand
mystiques nous disent tous qu'elle est inséparable de
l'innocente bétise (simplicité d'esprit)
originelle d'Adam (avec Eve
ça se complique, car la dualité ammène la
tentation de l'intelligence et donc la sortie
de l'innocence et le refus de
Dieu, comme fondement de la violence: le péché). Soyez
simples
d'esprit et vous
serez non-violents et sans
égoïsme (voir aussi L'Idiot de Dotoievsky).
Il y a d'autres bonnes raisons, pour refuser être aimé sans conditions, ni espoir retour:
1) Il est impossible de
satisfaire la demande d'amour de qui vous aime et que vous n'aimez pas:
si vous faites
semblant, vous seriez cause de
déception et de souffrance; mieux vaut dire franchement que vous
refusez cette
demande à laquelle vous
ne pouvez et donc ne devez pas répondre dans
l'intérêt (au sens large) de celui qui vous
aime, sans retour:;, le
respect que vous lui devez vous impose de ne pas répondre
à son amour.
2) L'amour non
réciproque, dont on est l'objet, avantage toujours celui qui
aime aux dépens de
celui qui n'aime pas
(ou qui aime "moins"). Qui
aime est toujours dépendant de la personne aimée et qui
n'aime
pas car celle-ci peut
exercer un chantage efficace
sans craindre d'être "désaimé en retour ("si tu
n'obéit pas je fous le camps") et donc
détient un irresistible
pouvoir de séduction (pouvoir de manipuler du désir de
l'autre à sa guise). L'amour non
réciproque
inégalitaire est donc nécessairement source de domination.
Donc c'est
l'égalité des forces dans la réciprocité de
l'amour qui rend possible le respect de chacun en une relation
d'amour mutuel libérale.
L'amour inconditionnel pour
qui aime est la plus mauvaise stratégie amoureuse qui soit: il
se met
en position de
faiblesse, de n'être ni
respectable, ni aimable. Relire un des plus grands stratèges en
matière
d'amour: Marivaux.
On peut réver d'un
amour absolu; mais ce rêve tournera nécessairement au
cauchemard.Il y a d'autres bonnes raisons, qui ne sont pas exclusives
de celles que vous dites, pour refuser être aimé sans
conditions, ni espoir retour:
1) Il est impossible de
satisfaire la demande d'amour de qui vous aime et que vous n'aimez pas:
si vous faites
semblant, vous seriez cause de
déception et de souffrance; mieux vaut dire franchement que vous
refusez cette
demande à laquelle vous
ne pouvez et donc ne devez pas répondre dans
l'intérêt (au sens large) de celui qui vous
aime, sans retour:;, le
respect que vous lui devez vous impose de ne pas répondre
à son amour.
2) L'amour non
réciproque, dont on est l'objet, avantage toujours celui qui
aime aux dépens de
celui qui n'aime pas
(ou qui aime "moins"). Qui
aime est toujours dépendant de la personne aimée et qui
n'aime
pas car celle-ci peut
exercer un chantage efficace
sans craindre d'être "désaimé en retour ("si tu
n'obéit pas je fous le camps") et donc
détient un irresistible
pouvoir de séduction (pouvoir de manipuler du désir de
l'autre à sa guise). L'amour non
réciproque
inégalitaire est donc nécessairement source de domination.
Donc c'est
l'égalité des forces dans la réciprocité de
l'amour qui rend possible le respect de chacun en une relation
d'amour mutuel libérale.
L'amour inconditionnel pour
qui aime est la plus mauvaise stratégie amoureuse qui soit: il
se met
en position de
faiblesse, de n'être ni
respectable, ni aimable. Relire un des plus grands stratèges en
matière
d'amour: Marivaux.
On peut réver d'un
amour absolu; mais ce rêve tournera nécessairement au
cauchemard.
Le sentiment religieux,
que je ne confonds pas avec les religions insituées, est
présent
dans toute condamnation
morale du monde tel qu'il est,
au profit d'un arrière monde qui serait plus réel et
forcément meilleur et qui
fonderait notre refus global
et, par là totalement stérile, du monde réel: on
ne peut transformer le monde réel qu'en
exploitant les contradictions
du monde réel telles qu'elles sont vécues par la grande
majorité des hommes qui ne
sont pas tous conduits, comme
vous le dites vous-mêmes, par le désir de s'en
évader
et/ou de faire la révolution
radicale que vous semblez
désirer, mais d'y vivre mieux avec les idées dominantes
qui sont les leurs
et, parmi
celles-ci, chez nous,
l'idée d'autonomie déconnectée de toute promesse
messianique en un salut sur terre ou dans le
ciel...
C'est pourquoi, je ne peux
raisonnablement penser la justice que dans un cadre athée, ou ,
si vous préférez laïque
(a privatif: en l'absence de
référents théologiques) car si, en effet, les
croyances religieuses des hommes sont
diverses, voire
opposées, la souffrance réelle face à l'oppression
et la violence est le problème de tous (voir le pb
du moyen-orient). je
considère, par conséquent, qu'il vaut mieux penser la
politique sans illusion transcendantes
et/ou transcendantales pour
transformer modestement ce qui peut l'être avec les hommes tels
qu'ils sont et
je n'ai
aucun titre à
mépriser la consommation (qui est aussi une forme de
spiritualité: les objets sont des symboles de
valeurs, voire des
"fait-tiches), pas plus que le foot-ball qui mobilise, chez nous plus
que les religions mêmes,
alors que le sport-spectacle
ne m'intéresse personnellement que médiocrement (sauf
comme phénomène à analyser)
Ce que je refuse donc c'est
de faire du religieux un fondement de la politique; car, soit on parle
du sentiment
religieux privé et donc
infra-politique, soit on parle de la religion-institution qui se veut
constitutive des normes
sociales; et là je dis
non: De quel droit une vérité
révélée
à d'autres que moi (exemple, le sacro-saint respect de la
vie qui interdirait pour tous
l'avortement et/ou le clonage thérapeutique) pourrait-elle
valoir
pour moi et d'autres
(et ils sont de plus en plus
nombreux) qui n'ont rien à "voir" et encore moins à faire
avec cette
révélation?
Penser, disait Hegel, il
est vrai
dans la perspective du savoir absolu en acte dans l'histoire des hommes
(ce
n'est
pas ma vision de l'histoire),
c'est penser ce qui est, avant même de prétendre penser ce
qui doit être (et là Hegel se
sépare, avec raison de
Kant moraliste; mais pas de Kant réaliste et penseur de
l'histoire).
Penser ce qui est pour
tenter de dégager les
conditions d'une possible et souhaitable évolution, non par
rapport à
des conviction venues
d'en haut, mais par rapport
aux souffrances et aux désirs des hommes tels qu'ils s'expriment
dans
ce qu'ils ont de
plus universels, à la
conditions que ces désirs ne prétendent pas au nom d'un
absolu spirituel et/ou d'une
spiritualité
prétendue supérieure, voire divine, (comme si les hommes
étaient sans esprit, ni conscience, dès lors
qu'ils ne croient pas à
un monde transcendant), faire la loi.
Entre le loi humaine et la
loi divine, la démocratie choisit logiquement et donc
résolument la première
Il faut distinguer les situations qui génèrent la peur de celles qui
génèrent l’angoisse : les premières confrontent les individus à un
danger reconnu ou connaissable contre lequel ils peuvent croire se
prémunir par des mesures appropriées sinon immédiatement, du moins dans
l’avenir ; La peur met en jeu le principe actif de prévention. Les
secondes sont accompagnées d’un sentiment d’impuissance et de
déréliction face à un danger inconnu, voire inconnaissable. L’angoisse
met en jeu le principe inactif de précaution (ne rien faire qui
pourrait susciter des conséquences tragiques inconnues et/ou la colère
des dieux).
Le sentiment d’angoisse provoque un besoin de sécurité qui s’exprime
par le recours imaginaire compensateur à des puissances divines ou
humaines supérieures salvatrices et par l’identification mythique à un
groupe fusionnel protecteur contre tout ce qui peut être vécu comme
étranger (étrange étranger). C’est dire que l’angoisse est le vecteur
de la soumission politique nationaliste et religieuse communautariste
(souvent indissociées)le plus efficace qui soit. Ainsi comme l’angoisse
est toujours plus ou moins présente, dès lors qu’elle est entretenue
sous forme d’angoisse collective provoque nécessairement un
renforcement des puissances compensatrices politiques et/ou religieuses
en favorisant l’union sacrée derrière des chefs incontestables car
sacralisés :c’est à dire à qui on doit inconditionnellement se
sacrifier pour être sauvé.
Le 28/10/05
Intolérance,
religion et politique
L'intolérance est un
comportement inhérent au refus ou à
la peur des autres en tant qu'ils paraissent différents dans
leur mode
de vie et de pensée car cette différence met en cause la
valeur que
chacun s'attribue ou désire s'attribuer spontanément
(narcissisme
primaire de la conscience de soi).
Mais
la religion ajoute à cette intolérance le certitude d'une
vérité
absolue révélée dans un contexte collectif auquel
chaque croyant
s'identifie pour être reconnu et admis: Le bien absolu
(religieux) est
incontestable d'autant plus qu'il est admis par le groupe lequel nous
sécurise en nous offrant un vision du monde et de la vie
solidaire
confirmée par l'approbation des autres semblables à soi
(communion,
pratiques rituelles, conduites alimentaires, sexuelles et symboliques
orchestrées par un pouvoir admis comme divin et donc
supérieur et
infaillible etc...). Quiconque contredit ou diverge (avec) cette vision
est donc un ennemi mortel, incarnation du mal absolu versus le bien
absolu.
L'intolérance religieuse est non seulement une conduite primaire mais elle devient secondaire (renforcée) car culturellement justifiée, voire sanctifiée, par la religion du groupe dès lors que celle-ci cherche à convertir, c'est à dire à supprimer la différence dans les autres, ou à détruire la différence en détruisant les différents (mécréants, infidèles, hérétiques etc..) pour affirmer un pouvoir théologico-politique (et toutes les églises sont des machines de pouvoir idéologiques sur les conscience, la sexualité, les relations sociales, le pouvoir politique et cela dès l'enfance) sur les croyants, d'autant plus que chaque église ou religion (et selon moi il n'y a pas de religion collective sans église et/ou administration pour gérer le pouvoir du sacré) se réclame d'une vérité universelle objective (Dieu existe réellement) valant pour tous y compris les non-croyants; vérité qu'elle ne peut évidemment pas prouver sur le plan rationnel; cette dernière s'affirme donc comme un mystère (incompréhesible par la raison et l'expérience communes) relevant d'un vision mystique nécessairement subjective qui ne peut triompher que par la menace (punition divine), la conversion forcée, le chantage affectif etc..voire la répression et la guerre.
Le tolérance collective, comme valeur sociétale, a donc historiquemet procédé d'un affaiblissement du pouvoir des églises et d'un septicisme grandissant du au développement des sciences et des techniques rationnelles et à la fin des sociétés hiérarchique et théocratriques traditionnelles. Il est vrai que temporairement cette rupture s'est accompagnée d'une intolérance contre l'intolérance religieuse (retour de baton) et même que les révolutionnaire ont cherché afin d'imposer les idées nouvelles, à inventer une religion politique (être suprème, déesse raison etc) pour briser l'attachement dans les esprits à l'ancienne religion théo-monarchique. Toute les intolérances ne sont pas religieuses mais toute intolérance collective l'est au sens ou elle prétend imposer une vérité transcendante et indiscutable aux individus, fut-elle présentée comme scientifique ou immanente. Et les religions politiques, même officielement athées, ne font pas exception: elles inventent en permanence des idoles divinisées, des rituels symboliques obligatoires et des cultes; bref du sacré et sacrilège. Elles gèrent l'axe du bien contre l'axe du mal.
Il
faut être sceptique, c'est à dire refuser toute
vérité absolue, pour
être tolérant. Mais l'intolérance terroriste en
tant que telle n'est
pas tolérable; dès lors qu'elle prétend
définir une vérité indiscutable
pour tous et y soumettre sans condition la vie sociale par la violence
physique ou psychologique, il faut, au nom des libertés, la
combattre
par la loi et la police, sans concession. Du reste les fanatiques
refusent par principe tout dialogue, toute concession et tout
compromis..La tolérance implique donc que l'intolérance
religieuse soit
politiquement vaincue, voire éradiquée par
l'éducation à l'autonomie
rationnelle de penser du plus grand nombre (d'où le combat pour
l'école
laïque). L'intoléance de l'intolérance collective
terroriste et
violente (religieuse au sens littéral du mot) est la condition
de la
tolérance sociétale. On peut mettre des
intolérants individuels (et
chacun l'est toujours plus ou moins) à la raison en les
(ré)éduquant ;
l' intolérance conjoncturelle révolutionnaire due aux
conflits contre
les pouvoirs théocratiques et despotiques peut être
dépassée par le
progrès des Lumières et de la démocratie
pluraliste; mais l'intolérance
religieuse est indépassable car comme la volonté divine
qu'elle affirme
incarner, elle se veut absolument justifiée et ne prendre fin
que par
son hégémonie irresistible, indéfinie (des
siècles et des siècles),
divine et prétendument salvatrice) sur tous les hommes et la
création.
Le 23/12/04
Il se pourrait que le sujet
soit une fiction "ontologiquement" vide mais "éthiquement" utile
à l'autostimulation
narcissique, voire à
l'autosuggestion de nos "re"présentations plus ou moins
conscientes, concurrentes
et
contradictoires afin de nous
(re)construire sans cesse, en une toujours problématique
cohérence pour légitimer nos
projets et tenter d'en
contrôler le déroulement ; ce que la présence des
autres, par la médiation du langage qui nous
oblige à imputer nos
pensées et intentions à ce point de gravité
fictionnel qu'est le sujet prétendument conscient de
lui-même et donc
relativement autonome , nous presse de faire.
C'est aux sciences
neuro-cognitives de nous en dire plus là dessus; ne serait-ce
que pour nous faire prendre
conscience (!) que nous
n'avons pas (encore) les moyens d'en savoir davantage...Mais pour en
savoir plus il
convient d'abord de refuser
l'illusion du sujet spectateur et autoproducteur de lui-même,
transcendant ses
représentations, comme
un demiurge aux commande d'un poste de contrôle de centrale
nucléaire.
Descartes dans "Les méditations métaphysiques" opère un renversement et/ou coup de force du sujet logique au sujet ontologique; Mais ce renversement est arbitraire comme l'a mis en évidence Kant (cf: "Critique de la raison pure":"paralogisme des raisonnements dialectiques"). Or cet arbitraire me semble contestable dès lors qu'il se présente sous la forme logique de la nécessité dans tous les arguments dits "ontologiques"(y compris chez Descartes). Si ce renversement n'est pas nécessaire il est de l'ordre de la foi et non de la raison, et de même que l'on juge l'arbre à ses fruits, sa signification et sa valeur se mesurent à ses effets pratiques. Mais il est vain de penser que la connaissance scientifique n'a rien à nous dire sur le sujet et sur le rapport entre le cerveau et la pensée car:
1) Elle le dira qu'on le veuille ou non et ce
qu'elle dira aura des effets pratiques sur la représentation que
construisent les "sujets" d'eux-mêmes et sur les processus
d'autosuggestion dont je parle, voire sur les thérapies et les
conditionnements qu'elle génèrera nécessairement
2) C'est à elle et non à nous (les
"philosophes") de dire qu'elles seront les limites dans le champs de la
connaissance qu'elle ne peut surmonter.
La philosophie n'a pas le pouvoir d'interdire aux sciences d'investir son "pré-carré métaphysique" qu'elles s'efforcent de déconstruire depuis toujours et il faut s'en faire une raison; mais elle a le devoir de comprendre d'une manière critique les enjeux des pratiques efficaces et des illusions nouvelles qu'elle met en oeuvre et en scène.
Le mot de "lien" me paraît
religieux et par trop "affectif" (pathologique dirait Kant) dans
l'expression à la mode "de lien social "qu'il faudrait
"reconstruire" selon certains sociologues et/ou politologues
"sociaux-chrétiens" pour bien vivre ensemble, en tant qu'il
serait la condition nécessaire d'une solidarité forte et
chaleureuse. Or un tel "lien" opèrerait malgré les termes
qu'il lie et ne présupposerait pas nécessairement
l'engagement volontaire et contractuel des individus (re)liés,
donc un tel lien ne serait pas révisable et contestable et il
serait d'autant plus
fort et chaleureux qu'il s'exprimerait sous la domination du sentiment
d'identification valorisé et valorisant, aux dépens des
étrangers; ce que montre le sentiment national(iste) par
exemple. Ainsi quand on parle de crise de l'état national,
on considère que les
rapports politiques ne doivent plus être pensé en terme
d'identification nationale mais de association volontaire d'individus
lié par un contrat social, car cette identification :
1) Est forcément exclusive
(préférence nationale) ce qui est dangereux dans des
sociétés, laïques (voir athées sur laplan
politique), pluralistes et soucieuse des droits de l'homme
2) Elle ne peut plus fonctionner politiquement
dans des sociétés qui refusent la guerre pour s'affirmer
et qui
délèguent une part de plus en plus importante de leur
souveraineté
à des institutions transnationales (ex: Europe) afin justement
d'éviter la guerre, sinon les conflits.
Il y a des circonstances où il faut lutter contre ce type de lien spontané et non-volontaire dans la mesure ou celui-ci nous incite à commettre des injustices vis-à-vis d'étrangers. Et refuser le droit de vote à des citoyens de nationalité étrangère qui vivent dans un pays déterminé c'est commettre une injustice politique car c'est violer le principe de l'égalité des droits en faisant de ces concitoyens de simples citoyens passifs dépourvus de la citoyenneté politique active.
Donc méfiance: lien social et sentiment
communautaire, national ou autre, pour en faire le fondement de la vie
politique, c'est
se préparer à commettre l'injustice et à mettre en
cause les libertés individuelles.
La question de la justice des règles d'un jeu social (ou jeu de société) est celle:
1) de leur "justesse" qui rend possible la
poursuite du jeu par tout partenaire dans l'espoir de gagner sans faire
usage de
violence ou d'exclusion. Une menace et des
sanctions légales de la part d'une autorité d'arbitrage
pour faire respecter les
règles du jeu et faire qu'il puisse se
poursuivre le plus longtemps possible sont indispensables.
2) de leur "justice" qui vise à ce
qu'aucun partenaire ne domine a priori les autres de telle sorte qu'il
serait nécessairement
gagnant et ceux-ci indéfiniment perdants
Autant dire qu'un entreprise capitaliste est
incapable par elle-même d'être juste ni au premier sens, ni
au second, car elle
vise son profit et que celui-ci n'est jamais
aussi bien garanti que une situation de monopole et la domination sur
son marché;
y compris du travail; sauf à être
soumis à des règles du jeu social de nature politique qui
le contraigne à se soumettre à des
droits sociaux visant à rétablir
une plus grande égalité des chances et des positions dans
les
négociations et les échanges.
Le capitalisme n'est dynamique, légitime et viable qu'encastré dans le politique par la démocratie.
Pulsion de pureté = pulsion de répétition mortifère (l'identité réaffirmée dans l'identification collective par l'exclusion et la destruction de l'autre) = pulsion de mort. Que la pulsion de mort soit communicative plus que le pulsion de vie, rien n'est plus facile à comprendre: par définition elle exclut le dialogique, c'est à dire la confrontation à la différence, voire à la contradiction en soi-même par la médiation de l'autre qui nous invite au changement et donc à l'autonomie et à la créativité pour tisser ensemble ce qui est dissemblable en chacun de nous; elle refuse le travail auto-critique sur soi; ce qui s'appelle se construire dans et par la médiation du conflit intériorisé au désir des autres comme constitutif de jeu de notre propre désir. Ce qui reste de fort dans la position de Hegel et en même temps son point de fuite: il n'est pas de savoir absolu possible, dépassant (aufheben) la contradiction tout en la conservant à l'état de trace résolue.
Le désir du désir de l'autre
Le problème chez Freud c'est que le désir ne peut être que désir d'objet et que la psychanalyse n'analyse pas ce qu'il en est (ou peut en être) du désir de sujet (désir de désir de l'autre), qui, selon Hegel, est le propre de l'humain comme structure de la conscience de soi se construisant par la médiation de la conscience de l'autre. Au fond chez Freud pas plus que chez Lacan, on ne fait l'amour à deux. Cette altérité est escamotée comme échec et n'est pas reconnue comme source créatrice d'imaginaire. Au fond la psychanalyse vise à faire de l'échec amoureux un indépassable qu'il faut accepter comme tel, pour, à la manière stoïcienne, réduire la souffrance que provoque la distorsion entre désir et réalité (du désir de l'autre) non par le haut : ouvrir la fantasmagorie solitair, mais par le bas: renoncer à la relation comme dialogue en le déclarant impossible ou stérile car impuissant à opérer la fusion fantasmatique; or c'est cette ce fantasme de fusion qui rend la rencontre impossible! et fait de l'amour une passion pathologique nécessairement perverse dont l'expression extrème est l'extase mystique qui hypostase le désir du désir d'un autre fantasmé élevé à l'absolu (Dieu ou l'autre divinisé comme chez Lévinas) comme pur reflet de lui-même dans lequel toute autonomie du sujet s'abolit sans retour.
"L autre ne peut être d aucun secours si le sujet lui-même ne se médiatise pas vis-àvis de soi seul"
Oui et non:
non: toute médiatisation de soi à soi met en jeu la
présence au moins "imaginaire" d'autrui (je comme un autre) et
cette médiatisation se construit (se bricole) sur fond des
jugements des autres bien réels de notre expérience
présente et passée et des structures sociales et
symboliques (dé)valorisées et (dé)valorisantes qui
conditionnent cette expérience.
oui: cette médiatisation ne peut fonctionner dans le sens d'un accroissement de l'autonomie du sujet que si celui-ci est capable (et donc dispose des moyens intellectuels et cognitifs acquis) d'analyser d'une manière critique cette expérience et celle des autres y compris et surtout quand elle le concerne de très près.
Dons il n'est pas juste, selon moi, de faire une priorité de
la relation de soi à soi vis-à-vis de la relation aux
autres, car c'est cette structure plus ou moins
démocratique et réfléchie de cette relation aux
autres qui rend plus ou moins possible la conquète de
l'autonomie: le liberté s'éduque et l'éducation
est
un problème politique. Comme quoi, sans pour autant les
confondre, on ne peut séparer l'éthique de la politique.
Cela pourrait signifier que la relation du désir au désir
de l'autre ne va pas de soi dans une société qui, dans la
forme dominante du marché qui l'anime, confond désir
d'objet avec le désir de l'autre comme sujet: voir la pub qui,
en permanence,
met en scène et en images cette confusion pour vendre les objets
comme fétiches du désir de l'autre. Le fétichisme
de
la marchandise comme modèle du désir amoureux est en
échec
et pour le coup suscite cette réaction régressive de
défense, mis sérieuse, mis ironique (cynique), dont vous
parlez: qui consiste à affirmer par bravade: "elle est bonne
à consommer!" pour
ne pas avoir à affronter la déception amoureuse toujours
latente
du manque d'amour et tricher avec son propre désir si
problématique du désir de l'autre pour ne pas avoir
à le subir dans risque de l'échec personnel, car le plus
humiliant qui soit, qui est la
menace permanente de toute relation amoureuse.
Les autres passent mais parfois nous "marquent", nous
bouleversent, en mettant hors jeu la routine de notre
expérience antérieure; en cela ils nous permettent de
renaître. Le je est donc l'expérience de notre puissance
d'être, c'est à dire de désir et de
calcul stratégique pour obtenir la reconnaissance de soi;
puissance d'être qui se renouvelle et bricole sur fond de
réel; dans la
tension singulière entre réalité (ce que nous
pouvoir comprendre du réel et du désir des autres) et de
fantasme où
chacun se met en scène, en dernier ressort, pour
lui-même. En cela ni votre position, ni la mienne, ne me semblent
très chrétiennes.
Refusons donc l'amour fusion, le sacrifice, l'abnégation, le
sentiment du péché face au désir etc.. qui restent
le fond de
l'éthique chrétienne du salut. (même si l'âme
est
incarnée, la chair est définitivement mauvaise car
désirante
et égoïste, corrompue et corruptrice!)
Le soi ne se vit que dans la relation aux autres; relation de
domination, d'honneur, de séduction, de dignité ou
d'amour, toujours plus ou moins mélées; car qui ne pense
qu'à soi sans médiation de la conscience des autres, ne
serait-ce qu'en l'imaginant, ne trouve rien en lui de valorisant, c'est
à dire d'heureux. c'est ce qu'on appelle la solitude morale qui
conduit à la dépression suicidaire: l'égoïste
"exclusif" est suicidaire ou parano (ce qui revient au même): il
ne peut être que malheureux à en crever et il est d'autant
plus jaloux des autres, ce qui l'enferme dans un cercle infernal. Le
soi est une construction relationnelle; qui s'occupe d'enfants et
d'adultes en difficultés sociales et psychologiques vous le
dira. Si le bonheur est amour de soi (justifié ou non) et si cet
amour de soi est universel (toute société fonctionne sur
un code de valorisation des individus); on peut raisonnablement
supposer qu'il existe une substrat biologique à la conscience de
soi qui en est la source. Même le christianisme le plus
sacrificiel (en apparence) insiste sur la relation à soi: "aime
ton prochain comme toi même"
Au diable les moralistes-Tartuffe et les Diafoirus de la psychiatrie; déjà, du temps de du Grand Louis, Molière les mettaient dans le même sac: ceux qui exercent une puissance méprisable prétendant à un pouvoir moral et intellectuel incontestable sur le vie et la mort sur fond de formules culpabilisantes et de pseudo-connaissance charabia. Ils ne s'y sont pas trompés (voir la cabale des dévots au sujet de l'immoralité de Molière)
Décidément entre la poésie et l'humour baroques
d'un Lacan, exploitant et détournant avec un grand talent
d'esbrouffe
des sciences dures pour faire autorité dans un jeu
truqué de la vérité afin de faire s'esbaudir les
crédules et
de conforter sa stratégie très consciente de pouvoir dans
les
institutions psychiatriques et les sciences cognitives et
neuro-biologiques, un Descartes n'aurait pas hésité; pas
plus que son double en
comédie: Molière. Certains jouent aux vierges
effarouchées et au faux naïfs, en escamotaqnt qu'il y a
aussi un enjeu politique à la philosophie et que les puissants
et autres gourous s'exposent toujours au ridicule; de plus il
n'est pas d'autre tactique possible pour dégoufler les
fascinantes baudruches et autres faux prophètes.
Déjà Socrate.. et Diogène le cynique, vous
connaissez? "Je cherche un homme!..."
La philosophie n'est pas une conversation mondaine pas plus que le jeu
de la vérité..
La raison, comme faculté de mettre de la cohérence dans nos représentation et entre celles-ci et la réalité connue et/ou connaissable, voire possible et souhaitable, à laquelle on ne peut pas ne pas faire référence, est un instrument qui peut servir les causes les plus contraires (voir la métaphysique) sauf celle de la pure violence physique et verbale dans les échanges idéologiques qui la concernent dans sa recherche de la justesse (croyances raisonnables dans leurs effets sur la vie), sinon de la vérité auquelle je ne crois guère en philo (domaine des sciences). Les problèmes qu'elles formulent parce qu'ils s'attachent aux principes et aux fondements de nos croyances et aux contradictions qui les affectent ne sont jamais neutres, ni politiquement ni éthiquement, et la manière de les formuler engage déjà le type de réponse qu'on peut en produire. C'est dire qu'elle peut tout justifier sauf le refus de penser et de prendre conscience de ce qui nous fait croire et agir. C'est déjà pas mal et exiger plus c'est croire à une mission divine de la philosophie et se référer à une révélation transcendant la raison ce qui ne pourrait que la détourner de sa fonction critique ou la transformer en son contraire: le sermon moralisateur et salvateur. (Voir Pascal à ce sujet)
La question du pourquoi et du comment: de l'illusion métaphysique
La question « pourquoi ? » est ambiguë : elle recèle deux sens trop souvent confondus : celle de la cause opérante (ou effectuante) et celle du but intentionnel. Le deuxième sens ne vaut que pour des êtres conscients et actifs qui manifestent des besoins et des désirs visant des fins (plaisir et/ou évitement de la douleur), selon des opérations mentales (conscientes ou non) simulant les actions mises en oeuvres pour les atteindre dans le cadre pragmatique de la relation moyen/fin ; laquelle ne fait qu’exploiter en vue des fins poursuivies les relations de cause à effet réalistes et/ou imaginaires (voir par ailleurs) qui concerne le premier sens du pourquoi. Supposer un pourquoi du monde comme « totalité de ce qui existe » et de la vie comme « totalité cohérente de nos désirs », voire comme désir unique, c’est donc supposer un sens unique spirituel (ou mental) au monde et à la vie et pour le moins un être créateur et/ou transformateur du monde en vue de fins perçues comme bonnes (au moins pour lui si ce n’est pour chacun d’entre nous, voir la théodicée de Leibniz) donateur de ce sens unique (révélation) .
Mais cette supposition ne peut être, en l’absence de preuve objective, qu’une croyance en un dieu « quelconque » transcendant qui a toutes les chances de n’être si l’on en juge par les comportements des croyants (à commencer par la prière) que l’instrument imaginaire et réconfortant de ceux-ci croyant, instrument symbolique collectivement inventé, invoqué et orchestré (à plusieurs on se réconforte mieux) pour faire échec au désespoir vécu comme impuissance radicale de notre désir de bien-vivre (de ne pas mourir ni souffrir). Si l’on voit dans la question du pourquoi du monde et de la vie (ou du monde de la vie) l’origine du sentiment religieux, on peut alors aisément reconnaître (et il s’exprime comme tel en clair dans la plupart des religions) qu’il n’est que l’envers compensateur de notre sentiment d’impuissance face à un monde et dans une vie qui justement n’ont pas de sens, c’est à dire dans lesquels les phénomènes et les évènements ne sont que le résultats d’une part de hasard et de la nécessité mécanique aveugles (dépourvus de finalité mentales et/ou instrumentales) et d’autre part. des actions des vivants poursuivant leur fins propres dans les limites de leur puissance.
Or admettre que le monde et la vie n’ont pas de sens (unique) c’est sortir du tout ou rien de l’oscillation cyclothymique voir maniaco-dépressive entre l’espoir et désespoir qui par le détour du religieux nous maintient dans l’illusion de l’impuissance radicale en nous détournant des seules capacités techniques que nous avons d’agir sur le monde en vue de satisfaire notre désir d’être. Le rouet espoir/désespoir .est donc à défaire avec l’idée d’un Dieu tout puissant donateur de sens et de finalité; une telle cyclothymie religieuse ne peut que redoubler, en nous y enfermant davantage encore, notre impuissance technique actuelle en nous détournant du désir d’en sortir par nos propres moyens, aussi limités soient-ils en nous en remettant à Dieu.
Mais alors, autant croire raisonnablement au hasard sur lequel on peut toujours tenter d’agir avec quelque succès (c’est le rôle de la technique de réduire le hasard autant que faire ce peut) , hasard auquel on ne peut imputer aucune intention et qui par conséquent, nous incite à abandonner la question du pourquoi au profit celle du « comment c’est comme ça » afin d’agir plus efficacement sur le monde et nos conditions de vie et, surtout, sur le plan éthique, la croyance au hasard aveugle ne génère aucun sentiment culpabilité qui ferait paraître le souffrance comme la nécessaire et fatale punition divine de nos péchés et nous met en demeure d’agir par et pour nous-même, nous met en position de sortir de la passivité qui génère le rouet espoir/désespoir.
L'ambiguïté de la valeur du travail.
Le terme de travail est précisément ambivalent:
1) soit il renvoie à la contrainte naturelle et sociale de produire les moyens de vivre, voire de gagner sa vie en perdant l'autonomie du désir (qui n'est pas indépendance) ou sa mise en condition en vue de finalités profitables à ceux qui disposent des moyens de production et d'échanges et en cela Marx n'est pas dépassé: le capitalisme, aujourd'hui comme hier, est bien un système performant et rationalisé d'exploitation de la force de travail qui inscrit la travail dans le cadre de sa domination par le capital.
2) soit il désigne l'activité humaine en général qui visent à transformer le monde naturel, social et symbolique; activité créatrice de valeur d'usage et d'échange dont tous peuvent croire qu'elle est susceptible de réduire la domination et leur procurer un accroissement appréciable de leur puissance d'agir et d'être dans l'affirmation de la reconnaissance de leur capacité créatrice et de leur initiative (qui définit la visée du désir).
Cette ambiguïté favorise la confusion idéologique, religieuse ou laïque, qui fait du travail une aliénation salutaire ou une "punition salvatrice", c'est à dire un devoir ou un sacrifice valorisant. Laquelle confusion rend possible la légitimation de l'expoloitation elle-même dès lors qu'elle valorise la soumission à ceux qui en profitent au nom de la rationalité économique et de l'extension du seul pouvoir de consommer et de dominer les autres aux dépends du désir d'autonomie.
Cette confusion est donc d'essence anti-libérale, bien qu'elle prétende le contraire.
Mais et c'est là qu'une nouvelle contradiction apparaît aujourd'hui entre les rapports de production et les forces productives: celles-ci sont de moins en moins "dominables" car elles deviennent de plus en plus intellectuelles et relationelles; l'iniative comme moteur de l'innovation devient la source première de la plus-value et elle exige de plus en plus l'autonomie et l'investissement personnel des "travailleurs". D'où la tentative idéologique de renforcer la captation de cet investissement au service du capital par le déploiement sans limite de l'idéologie la la consommation et donc des revenus comme source privilégiée de la reconnaissance personnelle. Ce qui oblige à inscrire le travail dans la finalité du loisir (voir le succès de la RTT chez les cadres et l'importance du problème des retraites); ce qui fait paraître totalement stériles, sinon redicules, les appels du MEDEF à travailler toujours plus et plus longtemps. Sauf à revenir à une conception morale et religieuse de la valeur en soi du travail, mais "la vieille Europe" n'est pas à cet égard l'Amérique du Nord...
La conscience de soi et le désir de reconnaissance sont universels (comme le sentiment du mérite, voire de l'honneur et de la honte) , seuls changent ses modalités d'expression symbolique et de valorisation dans le cadre d'environnement culturels et sociaux (donc relationnels) différents. Un indice parmi d'autres? tous les textes de toutes les cultures nous sont, après quelques efforts de traduction-transduction, compréhensibles aux regard des motivations profondes qu'ils mettent en oeuvre. Vous savez, les anciens mythes nous parlent toujours...La modernité n'a fait que décaper et de retravailler dans le sens de l'autonomie personnelle et du souci de soi progressivement dégagé des identifications collectives fortes et des adhérences religieuses traditionnelles, ces motivations subjectives universelles. Mais cela ne va pas s'en remettre en question la problématique de l'identité du sujet en l'ouvrant à la construction de soi par soi dans un contexte lui-même évolutif. Le sujet devient à lui-même un problème dont le solution n'est pas disponible, d'où la nécessité vécue de se représenter aux autres pour être et être distingué en devenir. Nous oscillons toujours entre le désir de se distinguer, voire de provoquer la différence singulière, et celui de nous fondre dans le collectif....
Que des "positions" différentes tentent de liquider ou de nier la conscience de soi pour écarter les contradictions qui l'affectent ne prouvent certainement pas ce que vous dites, à savoir que les individus qui y adhèrent ou s'en réclament n'en ont aucune expérience , au contraire: l'illusion ou de dénégation est l'attitude la plus universellement répendue pour échapper à la souffrance que cette expérience génère : tactique bien connue dite de l'autruche; l'art et la littérature universels sont plus fiables en cela que les philosophies ou prétendue sagesses construites pour réduire les tensions et les conflits du sujet (et du social) en escamotant la réalité vécue derrière des fantasmes positifs (harmonie) ou exagérément négatifs (tragédie).
Je peux comprendre , à l'intérieur de ma propre culture, et vous aussi, les comportements valorisés dans le monde traditionnel: il suffit de les traduire en un contexte différent (transduction): le nôtre, et vous verrez apparaître des correspondances qui semblent aujourd'hui vous échapper entre les motivations ambivalentes que les humains mettent en scène symbolique et rhétorique de manière, en effet, différente (puissance, honneur, amour, prestige, sécurité, autonomie, fusion communautaire) lesquelles mettent toujours en jeu l'ambivalence entre la conscience de soi comme objet de valorisation (même dénié, donc réalisé dans le sacrifice de soi et/ou la négation du soi comme séparé par exemple) et le besoin de sociabilité plus ou moins fusionnel (l'insociable sociabilité de Kant). L'homme est universel et dire que les traditions comme mode de gestion individuelle et collective stabilisé (par le religieux et la dépendance hiérarchique) de ces contradictions du vécu universel ont été plus ou moins détruites, c'est dire qu'elles l'ont été d'abord chez nous avant de l'être chez eux : le monde change et les frontières culturelles (et non pas toutes les différences) s'effacent inexorablement depuis l'origine de l'humanité; l'histoire change les formes de l'universel humain mais ne l'abolit pas où alors montrez moi des humains irréductiblement incapables de se comprendre et de communiquer: se comprendre ne signifie s'aimer car, au fond, on ne deteste jamais tant dans l'autre qu'une part de soi-même que l'on comprend trop bien et que l'on refuse; c'est à dire que l'on refoule et projette sur l'autre...pour éviter d'abandonner des illusions confortables sur soi; le problème est que ce mode de gestion traditionnel des contradictions du vécu suppose des conditions et un monde en voie de disparition, comme vous le dites vous-même, et qu'il est vain, voire dangereux (violences inter-ethniques) de vouloir le faire renaître; l'autorité des traditions est pulverisée, par la mondialisartion des échanges économiques et culturels, par les sciences et les techniques, le pluralisme des valeurs, quant ce n'est pas par l'économie marchande nécessairement individualiste. Là encore la force régit les rapports entre les cultures et ce rapport de force en faveur de l'individualisme liberal est patent dans toutes les sociétés qui cherchent à survivre dans un monde concurrentiel; ce qui ne veut pas dire que la modernité soit sans contradictions, mais que l'on ne pourra les traiter en ressuscitant les cultures, supposées immuables et sans correspondances compréhensibles, du passé.
"Par ailleurs, si le "je" dépend d'une structure collective,
c'est cette structure qui le produit"
Pas forcément car il ne pas confondre condition
nécessaire et consition suffisante:
Il ne suffit pas d'apprendre à parler à un enfant pour
qu'il parle, encore faut-il qu'il en ait les capacités
neuro-cognitives et l'usage personnel. D'autre part sur le "je": s'il
est vrai que la conscience de soi est universelle (on la détecte
très tôt chez l'enfant)
la conscience de l'autonomie et surtout l'aptitude à la
réflexion
critique toujours possible dans toute culture (le "je pense"
cartésien),
y compris traditionnelle, sinon ni Bouddha, ni le Chist n'auraient
été
possibles, si tant est qu'ils aient existé, est plus
favorisée
dans la nôtre par l'éducation de moins en moins dogmatique
et
l'éclatement des sources idéologiques d'information et
des
valeurs qu'elles mettent en oeuvre qui s'est accompagné de la
perte
du sens traditionnel du sacré (tabou, indiscutable).
Réfléchir c'est penser par soi-même et donc
s'affirmer comme un je qui pense, éventuellement contre la
pensée dominante. Tous les hommes
en sont capables dès lors qu'ils sont dans des conditions
libérales et culturelles favorables et qu'ils en voient la
nécessité (contradictions vécues fortes entre
soi-même et le monde et en
soi même) et en ont le courage ainsi que le désir.
On ne peut dire que le sujet est le produit passif de sa culture dès lors qu'il participe à sa production et à son évolution, voire à sa tranformation critique plus ou moins radicale. (Re)Lire le très grand texte de Kant: "Qu'est-ce que les lumières?" Sinon l'évolution culturelle et le rôle des individus dans l'histoire de la culture et des savoirs nous seraient imcompréhensibles. La réflexion n'est collective que si elle met en jeu l'initiative dialoguée des individus, sujets responsables de leurs propos et discours (y compris vous), pas tous nécessairement d'accord entre eux, et que chacun se rend capable de dialoguer raisonnablement avec lui-même. N'est-il pas absurde de concevoir une foule qui pense, en tant que foule?
Le force de la modernité, à mon sens, est d'avoir développé cette capacité rationnelle critique et auto-critique nécessairement individuelle de la conscience de soi, toujours présente dans toute culture mais trop souvent réprimée pour des motifs de contrôle et de domination, contre l'emprise du collectif et de la pensée toute faite des mythologies sacralisées; ce qu'on peut, après les grecs, appeler le logos "dialectique". Je rappelle enfin que notre site s'intitule l'Agora, ce qui n'est pas, me semble-t-il sans incidence sur le thème de notre discussion et son style.
Philosophie et croyances
République, démocratie et droits de l'homme
République, nation et laïcité
De la
fiction démocratique à la réalité
Le
vocabulaire du libéralisme philosophique et politique
Capitalisme et désir
10
propositions philosophiques libérales
Plaisir et
bonheur
Puissance
du désir et réciprocité
De l'amour
humain; simplement humain