Si elle était possible, on ne pourrait pas la penser, car penser c'est toujours penser "sur" ou penser "à" , c'est à dire introduire la séparation irréductible entre le sujet qui pense et l'objet pensé, donc le risque de l'erreur et de l'illusion.
Si on pouvait la penser, elle serait indicible, car dire, c'est utiliser des mots trop généraux qui décompose la pensée intuitive immédiate et la fige, donc la trahit (voir Bergson).
Donc, l'idée de vérité
certaine, absolue et immédiate n'est rien d'autre que l'illusion
même. Seule a un sens une vérité relative prouvée par l'exspérience objective
Ceci dit on peut faire l’hypothèse de l’existence
d’une chose qui n’ a pas encore été prouvée mais il ne peut s’agire pas
d’une affirmation de vérité avant cette preuve. Donc tant que
l’existence de Dieu n’est pas prouvée l’affirmation de son existence ne
peut être une vérité. Or comme l’existence de Dieu n’est pas prouvable,
elle ne peut jamais être une vérité (elle est par définition hors du
champs de l’expérience objective possible), il est donc stérile de
prétendre que Dieu pourrait exister en l’absence de toute preuve
possible. En cela c’est tout un d’être agnostique
(ne pas savoir) et athée (ne pas y croire et donc n’en tenir aucun
compte dans nos arguments), c’est à dire se passer le l’existence de
Dieu pour connaître le monde et nous connaître.
Peut-on dire: "C'est vrai, j'en suis certain !"?
Qui veut convaincre croit pouvoir y
parvenir
par l’usage de la formule apparemment tautologique : « C’est
vrai,
j’en suis certain ! » En effet la vérité est une
proposition
dont la correspondance avec la réalité dont on
prétend
rendre compte (décrire et/ou expliquer) implique l’absence de
doute
; Descartes ne disait-il pas qu’il fallait considérer toute
proposition
douteuse comme fausse, dès lors qu’elle pouvait nous
séduire
ou nous influencer malgré nous ? La vérité
n’est-elle
donc pas certaine par définition ?
Or il convient d’admettre que l’absence de
doute, la certitude, est une donnée subjective et qu’elle peut
être
tout autant, sinon plus, être la marque de l’illusion que de la
vérité.
Qu’est-ce, en effet, que l’illusion, sinon la certitude que l’on
détient
la vérité sans pouvoir le prouver ? Cette insistance
(«
vrai, certain ») ne signale t-elle pas, d’ailleurs que celui qui
énonce cette proposition est conscient qu’il ne peut
entièrement
« convaincre » son interlocuteur et qu’il a besoin de le
«
persuader » psychologiquement (affectivement), à
défaut
de lui apporter les preuves objective qu’il n’a pas ? L’usage
répété
du pronom je ne signifie-t-il pas que cette prétendue
Vérité,
n’est qu’une conviction personnelle, une croyance forte du sujet et non
un savoir reconnu comme objectif ?
C’est pourquoi il convient de nous interroger
sur les rapports entre la vérité subjective, ou croyance
personnelle indubitable pour le sujet, que signifie ici la certitude
exprimée
et la vérité objective qui seule peut, semble-t-il,
satisfaire
à l’exigence de l’universalité objective, seule
véritablement
convaincante. Certitude et vérité sont-elles
identifiables,
comme semble l’affirmer, par un curieux pléonasme, la formule ;
ou, au contraire faut-il les distinguer, voire les opposer, pour penser
les critères, conditions et limites de la vérité ?
Quel crédit accorder à la certitude subjective dans la
production
et la transmission de la vérité ?
1) La certitude subjective contre la vérité objective
1-1 Croyance et savoir
Croire = admettre une idée sans raison
ou preuve suffisantes. (conviction subjective). Savoir = admettre une
idée
prouvée objectivement d'une manière suffisante
(connaissance
objective)
La croyance est personnelle : elle
relève
d’une expérience subjective donc des sensations et des
désirs
personnels, en cela elle ne peut valoir comme vérité
objective.
Le savoir est une production collective qui doit répondre
à
des critères universalisables que sont ceux de la logique (non
contradiction
et déductibilité des idées entre elles) de
l’expérience
scientifiques non-sensible (quantitative, instrumentale et donc
objective
et reproductible). Elles s’opposent donc terme à terme.
1-2 Croyance et illusion
L’illusion consiste à confondre
vérité
subjective, non prouvée, voire non prouvable (ex :
vérité
religieuse) et vérité objective (scientifique)
prouvée
ou tout au moins ayant résistée à l’épreuve
de la réfutation de la logique et de l’expérience (encore
faut-il qu’elle soit expérimentable, ce que ne sont pas les
propositions
métaphysiques). On a toujours le droit de croire, à
condition
que l'on évite l'illusion de croire que l'on sait; c'est
à
dire que l'on sache que l'on croit. Pour savoir, il vaut toujours mieux
savoir que l'on ne sait pas, que croire que l'on sait.
N’est pas dans l’illusion celui qui n’affirme
qu’une croyance ou conviction personnelle qu’il sait objectivement
douteuse
; est dans l’illusion celui qui est persuadé et veut persuader
les
autres qu’il s’agit d’une vérité pour lui et les autres.
1-3 Certitude et persuasion
Persuader c’est faire appel à la
confiance
de l’interlocuteur pour l’influencer sans qu’il puisse douter de la
sincérité
et de l’honnêteté du locuteur, sauf à s’en faire un
ennemi potentiel. Dire « C’est vrai, j’en suis certain ! »
c’est donc mettre l’autre au défit de contester ce que l’on dit
et/ou pense sans prendre le risque d’un conflit dommageable pour les
deux
personnes, c’est à dire de la qualité non-violente de
leur
relation. Dans certains cas, lorsque le locuteur se présente
comme
un expert, sa crédibilité est légitimée par
la société, voire labellisée par ses institutions
de production et de transmission du savoir, et l’affirmation de sa
conviction
personnelle peut sembler valoir comme une vérité
prouvée.
Or il n’en est objectivement rien : une croyance sociale officielle
peut-être
une illusion collective (ex : la théorie de l’immobilité
de la terre au centre du monde) et une vérité même
prouvée objectivement par l’expérience scientifique, peut
aller à l’encontre des expériences sensibles universelles
(ex : la terre tourne autour du soleil). Il n’y a donc d’autre
manière
de transmettre une vérité objective (correspondance entre
ce que l’on affirme et ce qui est) que de la prouver à ceux
à
qui on s’adresse, de les convaincre par les moyens de la logique et de
l’expérience. Et la formule devient non seulement inutile mais
suspecte,
car elle prétend assimiler persuader d’une manière
irrationnelle
par la foi personnelle intensément vécue (ex : religion)
et convaincre d’une manière rationnelle ; elle entretient la
confusion
entre la croyance et le savoir et donc joue de l’illusion que provoque
cette confusion pour contraindre l’interlocuteur à admettre un
point
de vue purement personnel comme ayant une valeur de
vérité
objective.
Conclusion :
Il
faut donc renoncer à faire usage proprement rhétorique de
cette formule et la dénoncer lorsqu’elle est employée car
elle source d’illusion.
Transition :
Mais faut-il écarter toute idée de certitude comme marque
de la vérité ; Descartes ne cherchait-il pas la certitude
par l’emploi du doute méthodique afin de parvenir à des
vérités
rationnelles indubitables et donc objectivement certaines ? Une
Vérité
incertaine est-elle encore une vérité ? Ne faut-il pas
distinguer
la certitude subjective et la certitude objective pour penser
l’exigence
de vérité (correspondance entre ce que l’on pense,
(pro)pose
et ce dont on parle (la réalité) ?
2) La certitude objective contre la vraisemblance objective
2-1 Certitude objective et certitude
subjective
Descartes et Spinoza considéraient
que toute proposition est soit vraie, soit fausse (principe logique du
tiers-exclu) ; au sens ou elle est identique et/ou isomorphe à
la
réalité qu’elle décrit ou non-identique/isomorphe.
Dans le premier cas la vérité se confond avec la
certitude
objective et se distingue de la certitude subjective en cela qu’elle
résiste
au doute et s’affirme tout au moins dans ses principes (proposition
première
dont tout les autres peuvent être démontrées par
déduction
logique tels que les postulats des mathématiques) comme des
évidences
indubitables de tout esprit humain. Encore faut-il démontrer que
ces évidences de la pensée rationnelle soient
constitutives
de toute réalité hors de nous et que cet accord entre nos
propositions rationnelles fondées sur des évidences
intellectuelles
(« la vérité est son propre critère »
disait Spinoza) soit l’essence même du réel tel qu’il est
en soi (et non seulement pour nous). Sauf à affirmer en axiome,
à l’instar de Spinoza, que la pensée et l’étendue
sont deux attributs qui expriment une même substance, ce qui
suppose
le problème toujours déjà résolu, la seule
démonstration possible est celle de Descartes, laquelle passe
par
la démonstration de la conditions de possibilité de cette
harmonie entre notre pensée et le réel : la
démonstration
de l’existence de Dieu, créateur du monde et de notre raison, en
tant qu’il est parfaitement bon et qui n’a pu logiquement nous tromper
en nous donnons la raison pour connaître le monde et les hommes
tels
qu’ils sont en eux-même.
La certitude objective rationnelle suppose
donc une vérité première rationnellement
démontrable
(preuve ontologique) ou évidente par elle-même : soit
l’unité
de la substance de Spinoza, soit l’existence de Dieu créateur
transcendant
de Descartes. La vérité est donc dans tous les cas
possibles
fondée sur une vérité métaphysique, c’est
à
dire la vérité rationnelle de l’existence réelle
(substance
unique ou dieu) d’un être qui transcende l’expérience
empirique
directe ou indirecte possible. Elle n’est donc opposable à
l’illusion
subjective irrationnelle (certitude subjective) qu’à ce titre.
Or, c’est la possibilité de cette
vérité
métaphysique comme connaissance fondatrice et
vérité
première qui va être remis en question par Kant et toute
la
pratique scientifique.
2-2 Vérité métaphysique et vérité scientifique
Kant est le premier a avoir
démontré
clairement que l’existence d’aucun objet, fut-il parfait, n’est
prouvable
et démontrable indépendamment d’une expérience
possible
: toute proposition métaphysique peut être
démontrée
comme logiquement possible ainsi que la proposition inverse (Dieu
créateur
du monde existe/Le monde est incréé ; l’homme est
libre/l’homme
est déterminé ; Il y a une survie après la mort/La
mort est anéantissement de toute vie possible etc..). Donc toute
proposition métaphysique est de l’ordre, non du savoir, mais de
la croyance (qui peut être moralement utile , mais c’est une
autre
question : la valeur de vérité n’est pas identique
à
la valeur du bien : celle-là concerne l’être et celle-ci
le
devoir être). Ainsi s’efface la distinction entre la certitude
objective
et la certitude subjective : Dieu est objet de foi, non de raison
(Pascal)
et ne peut fondé aucune vérité certaine
(indubitable)
objective.
Kant n’a fait que formaliser la proposition
de Newton : « en science on ne fait pas d’hypothèse
métaphysique
(non expérimentable) sur la nature des phénomènes
et leur réalité: Les vérités scientifiques
générales (lois théorie) n’ont qu’une valeur
hypothétiques
réfutables par l’expérience et révisable : elles
ne
sont que relatives à telle ou telle classe de
phénomènes
que l’on peut objectivement et universellement produire
expérimentalement
et contrôler (tester).
2-3 Vérité scientifique et
certitude.
Il est donc erroné de prétendre
que les vérité scientifiques puissent être
certaines
; leur validité est plus ou moins probables selon les tests
qu’elles
ont subies : il y a même une double impossibilité logique
de prétendre qu’un énoncé général en
science, une loi ou un principe d’explication, puisse valoir dans tous
les cas possibles : il est absurde d’expérimenter une
infinité
de cas et un principe faux peut logiquement engendrer des
conséquences
vraies ; or comme la plupart des principes ne sont pas tirés de
l’expérience et la débordent (jugement
synthétiques
a priori dit Kant), ils ne peuvent être ni absolument, ni
définitivement
être tenus pour vrais (correspondre à tous les
phénomènes
possibles)
Par contre un seul cas d’expérience
peut invalider la valeur de vérité générale
d’une théorie (réfutabilité) ; il n’y a donc de
certitude
objective en science que de la fausseté d’une théorie
générale
d’explication, non de sa vérité !
Conclusion :
Toute
certitude positive est non scientifique, c’est a dire
indémontrable
rationnellement ; elle ne peut être que de l’ordre de la
conviction
subjective (dogmatisme) qui, lorsqu’elle se prétend
objectivement
vraie est une illusion qui fait obstacle à la recherche de la
vérité
relative objective et expérimentale, la seule qui nous soit
rationnellement
accessible. La vérité métaphysique même
apparemment
rationnelle (voir Descartes) est une illusion transcendantale :
l’esprit
prétend tenir pour réel ce qu’il pense comme possible,
selon
ses propres concepts, qui, en dehors de l’expérience sont vides
de tout contenu de réalité. C’est pourquoi celui qui
affirme
: « C’est vrai, j’en suis certain ! », ne fait, sans
même
s’en rendre compte, qu’avouer qu’il ne sait pas vraiment ce qu’il
affirme.
Transition : Comment
penser alors la compatibilité de l’incertitude scientifique avec
l’exigence de vérité dont elle se réclame, N’y
at-il
pas là une contradiction ?
3) L'incertitude et le doute rationnel et critique comme condition de la vraisemblance, seule forme possible de la vérité objective
3-1 Vérité et
réalité
La vérité dans le champs de
la connaissance, si tant est que cette notion de vérité
soit
pertinente sans risque de confusion dans le champs éthique et
politique,
est la correspondance entre la pensée, exprimable en
propositions
logiquement et sémantiquement sensées, et la
réalité
dont on prétend rendre compte; en cela la vérité
est
objective ou n'est pas. Cette réalité peut être
inhérente
au sujet ou extérieure, elle n'en est pas moins objective
dès
lors qu'il n'est pas possible de confondre la pensée pensante et
l'objet pensé, fut-il la pensée elle-même. Tout le
problème est donc de définir les critères
pertinents
de cette correspondance de la pensée et de son objet; ces
critères
doivent répondre à une condition: il doivent être
nécessaires
et suffisants quant à la reconnaissance universelle de leur
efficacité
objective; or les seuls qui répondent à cette condition
sont
la cohérence logique du discours et l'expérimentation
rationnelle
objective et reproductible que ce discours permet de construire. En
l'absence
(souvent volontaire) de cette double validation
logico-expérimentale,
toute proposition est non seulement contestable, mais dépourvu
de
contenu de vérité et affirmer un tel contenu de
vérité
c'est produire de l'illusion.
3-2 Illusion et vérité
Or l'illusion se présente souvent
comme une vérité absolue; c'est à dire comme
certitude
indubitable, rationnellement et expérimentalement arbitraire,
sans
preuves (mise à l'épreuve) ni conditions, ni limites.
C'est
très exactement le cas de ce que Kant appelle la
métaphysique
dogmatique (illusion transcendantale) dès lors qu'elle
prétend
dire le vrai en ce qui concerne l'existence de Dieu, le libre-arbitre,
l'immortalité de l'âme etc.., autant d'objets qui, par
nature,
échappent à toute expérience objective possible;
ce
qui n'est pas le cas des propositions mathématiques qui
concernent
les formes mêmes de l'expérience. L'illusion est pour Kant
une erreur non perçue, voire que l'on ne désire pas
percevoir, car elle relève d'un besoin de la raison. Cette
illusion
provient d'une confusion entre des valeurs
hétérogènes
que sont: la vérité, le bien, le beau, etc.., ainsi
qu'entre leurs conditions de possibilité et leurs limites;
dans le domaine de la connaissance ce que l'on peut traduire par
"illusion
transcendantale", relève bien d'un besoin de la raison; or, ce
besoin
est,"à mon sens", indissociable du besoin (désir)
sécuritaire
de certitude; comme nous l'indique explicitement Descartes. La
certitude
est donc inhérente à l'illusion dès lors qu'elle
ne
relève d'aucune démonstration ou preuve possible; elle
est
toujours l'expression d'un désir (ne serait-ce, dit Kant, qu'un
besoin de la raison) qui prends ses objets pour réels afin de se
satisfaire dans l'imaginaire dont les projections sont
élevés
au rang de réalité suprême (suprêmement
satisfaisante).
3-3 Incertitude et vérité
Par contre il convient de définir des
degrés de la certitude et de l'incertitude objective
expérimentale
en distinguant les vérités factuelles et pratiques et les
vérités générales et théoriques; si
les premières peuvent être certaines c'est relativement
à
des protocoles expérimentaux scientifiques ou des pratiques
efficaces
reproductibles; les secondes sont toujours incertaines, mais sont
valides
qu'autant qu'elles autorisent des prévisions et des
anticipations
audacieuses réfutables mais non-encore réfutés par
l'expérience; leur degrés de certitude est donc
historiquement
variable.
prévisions et des anticipations
audacieuses
réfutables mais non-encore réfutés par
l'expérience;
leur degrés de certitude est donc historiquement variable.
Ainsi, si l'on admet une proposition
générale
comme postulat (par définition indémontrable) portant sur
la réalité objective, elle ne peut valoir que comme d'une
hypothèse qui reste à valider dans ses
conséquences
expérimentales (preuves indirectes) encore faut-il qu'elle soit
testable (donc expérimentalement réfutable, cf:
K.Popper);
si elle l'est, alors son degrés de (l'in)certitude objective (la
certitude subjective portant sur un objet hors de toute
expérience
scientifique et/ou pratique, est pure illusion). La certitude objective
est donc toujours relative à un type d'interprétation
théorique
et à un champs de l'expérience (classe de
phénomènes)
déterminé et si elle se croit absolue, elle doit
être
considérée comme une illusion.
Conclusion :
C'est pourquoi, le problème que posent les propositions métaphysiques (qui débordent le champs de l'expérience) est qu'elles sont par nature intestables expérimentalement, sauf si elle ont un sens mathématico-physiques, ou biologique ou économique, c'est à dire si elle mettent en jeu des paramètres qui renvoient à des observations quantifiables et à des mesures reproductibles; mais je ne l'appellerais pas, alors, métaphysique afin de les distinguer des propositions dont l'objet et le référent objectif est situé hors du champs de l'expérience possible et donc de la connaissance. Il y a illusion lorsque l'on déclare vraie une proposition invérifiable; donc lorsque l'on méconnaît les limites de validité et les différences de statut entre nos différentes nos propositions: proposition réalistes (décrire et expliquer la réalité) , normatives (définir des valeurs et des règles) métaphysiques (poser comme réalité ontologique, au delà de toute réalité ontique, un valeur et/ou un être réel, bien souvent confondus, sans preuve possible). Toute illusion idéologique est confusion des genres distincts de propositions (descriptives, explicatives, normatives) et des champs du savoir et de la pratique, elle met en jeu le refus de considérer les limites de nos savoirs et de reconnaître la relativité de nos certitudes; et derrière ces confusions, il y a toujours l'expression d'un désir dont les projections sont considérées comme vraies, c'est à dire conformes à la réalité ou, pire encore, au réel. Or la certitude est par définition anti-critique (dogmatique). Ainsi L’idée de certitude indubitable est donc la matrice de l’illusion idéologique : on n’a jamais raison de dire, si l’on veut éviter le risque de l’illusion et celui de parler en illusioniste, pour produire et transmettre du savoir: « C’est vrai, j’en suis certain »