Un espace unique pour l'argent, les marchandises et les informations s'installe et l'on voudrait que des hommes, parce que pauvres, soient interdits de séjour près de chez moi?
Si les riches peuvent circuler librement à la vitesse de leur
"jet" et à celle, electronique, de leurs échanges
financiers
virtualisés et numérisés; pour quelle raison
avouable
les pauvres devraient-ils croupir dans les déserts
oubliés
du capital et/ou se soumettre à sa loi en quelques cloaques
crasseux?
Combien de chiens de garde et de cellules volantes faudra-t-il, pour
enrayer,
sans aucune chance de succès, l'inéluctable, l'incessant
et nécessaire brassage des hommes?
Tous ceux qui parlent, jouent et rient, noirs, jaunes ou roses, que
je les comprenne sur le champs ou non, ont, tout comme moi, le droit
d'occuper
le même espace public, d'y travailler, de s'y promener, d'y
chanter
et d'y danser; c'est à moi de faire l'effort, comme eux,
d'apprendre
les langues étranges; et, lorsqu'ils me fatiguent, je
revendique
le droit de me retirer, seul ou avec qui j'aime, dans un domaine
privé.
L'Etat républicain? Qu'il s'occupe de ce qui le regarde, à savoir: les libertés publiques et la concorde. S'il ne le peut ou ne le veut, s'il pratique la discorde et l'expulsion, son autorité et sa légitimité, sinon sa puissance, ne sont plus respectables.
La Nation? C'est soit un sentiment personnel, soit la justification
de la pratique de l'épuration ethnique! mais cela ne peut plus
être
le fondement de l'état démocratique pluraliste.
Je peux préférer le bordeaux au coca, mais; aussi bien,
le couscous au pot-au-feu; ou l'inverse le lendemain; je peux parler
telle
langue ou telle autre, avec qui je veux et où je veux, changer
de
lieu, de rôle, de partenaire et de plaisir, parce que, en tant
qu'humain,
rien des autres hommes ne m'est, après expérience et
réflexion,
étranger. Je peux tout
comprendre, même le racisme, ce qui ne veux pas dire que je doive
tout accepter!...C'est la diversité des expériences
relationnelles
qui accroit mon désir de vivre: je prétends que l'on vit
plus joyeux et plus libre dans le 18éme que dans le 16ème
arrondissement de Paris.
La nation n'est pas une réalité extérieure
à
moi; si on prétend le contraire, de deux choses l'une: ou elle
est
une idée vide de toute détermination objective, un simple
idéal régulateur universaliste de la citoyenneté,
ou elle devient un fantasme dangereux.
- Dans le meilleur des cas elle renvoie au droit du sol: sont
français
tous ceux qui vivent et travaillent dans les limites du territoire
français;
mais l'on voit bien qu'il suffit de s'installer ailleurs, de pratiquer
une autre langue, etc... pour changer de nation à
volonté.
- Dans le pire des cas elle se confond avec la race
biologico-culturelle
et/ou religieuse prétendument objective et alors, dans un monde
économique et social où les groupes humains ne sont plus
ni séparés ni séparables, adieu
l'autonomie et bonjour la violence!
- Entre les deux, elle renvoie à un vague sentiment
d'appartenance
communautaire qui n'est et ne doit rester qu'une affaire privée.
La leçon à tirer de la montée violente des
revendications
et des séparatismes nationalistes est que si nous voulons
être
raisonnables et laïcs, soyons le jusqu'au bout: le sentiment
national
doit être, comme tout fantasme religieux, séparé
du politique. D'autant plus qu'il est plus ségrégatif
que certains autres. Le mieux, est donc, dans le débat public,
de
laisser, la mythologie nationale aux racistes de tous poils afin de la
combattre en tant que nécessairement
piégée par toutes les formes imaginables de l'exclusion,
voire de l'expulsion; la reprendre à notre compte serait
nécessairement
faire le jeu des ennemis de l'idée républicaine. Exigeons
clairement, par contre, le même
droit à la citoyenneté active et passive pour tous ceux
qui vivent, par choix ou par hasard, dans un même espace
juridique,
non pas national mais républicain.
Quant à moi, je suis et veux être aussi, en tant
qu'amoureux
de la philosophie, et, comme n'importe qui refuse de s'en exclure,
citoyen
du monde.
Français, encore un effort, si vous voulez être
révolutionnaires:
pour vraiment libérer la politique de la religion,
libérez-la
de l'idéologie nationale! Cela, comme tout l'indique, chez
nous
et hors de chez nous devient urgent.
Sylvain Reboul, le 08/10/99.
Faut-il refuser
le terme de nation?
la question
est de savoir si la notion de nation n’est pas pipée dès
lors qu’elle
oppose les nationaliste exclusifs et xénophobes de tous poils et
ceux
qui font de la nation l’ensemble des citoyens actuels ou futurs y
compris donc ceux qui sont les immigrés et qui par leur travail
et
leurs impôts contribuent à l’économie et à
la vie sociale.
La
question du droit de vote aux étrangers immigrés, comme
cela commence à
se pratiquer pour les étrangers européens dans l’UE (je
vote moi-même
pour les élections locales et européennes en Allemagne)
est décisive
car ce droit de vote me semble faire de la nation un usage
anti-nationaliste et permet par conséquent de distinguer les
nationalistes exclusifs d’avec les démocrates qui font passer la
citoyenneté avant, voire contre cette hypothétique et
perverse identité
nationale Pourquoi donc, pour ceux qui se réclament
de la citoyenneté universelle, continuer à faire encore
usage de ce
fantasme ou fiction politiques dont on sait qu’ils risquent pervertir
la démocratie citoyenne en son contraire: l’affirmation d’une
identité
ethnique imaginaire dominatrice et donc contraire aux droits de l’homme
et du citoyen. La nation est une notion
piégée par le
nationalisme et donc un piège pour les démocrates et
qu’il vaut mieux,
pour eux, parler de république comme ensemble des citoyens et/ou
de
pays légal, lesquels peuvent être cosmopolites et
multi-culturels, que
de nation. Citoyens français encore un effort si
vous voulez être démocrates et refuser le terme même
de nation en tant
que catégorie politique ; laissez le aux nationalistes
xénophobes pour
les combattre clairement.
Le 06/11/07