L'illusion religieuse
Dieu et le mal
La religion et la mort
La foi, la religion et la
politique
Démocratie, religion et philosophie
Religion et
libération
Athéisme, religion et tolérance
Tolérance et
fanatisme
Religion et apostasie (nouveau)
L'illusion religieuse
Dieu est folie pour la raison
Respect des religions et lutte
contre le fanatisme.
Les droits de
l'homme et les dix commandements
La religion fait-elle le bonheur?
Religions et puissance des rituels
De l'athéisme pratique
Religion et
philosophie
Toute religion comporte toujours, à des degrés et selon des rapports hiérarchiques divers, 3
éléments :
1)
Une foi dans le sacré, c’est
à dire une croyance
indubitable et incontestable en un monde surnaturel
supérieur réel (le divin) et en une vie plus
satisfaisante que
celle que nous vivons ici-bas et/ou à l’existence d’un principe
disposant d’une puissance salvatrice sans limite auquel nous devons obéir sans condition pour
être
définitivement sauvé de la mort de la souffrance et de
l’humiliation. Si cette
foi dans un absolu n’est pas canalisée par un pouvoir symbolique
et ecclésial
collectif fort, elle risque de produire la folie individuelle, à
savoir le
fusion à un Dieu qui ordonne la pire violence pour sauver les
hommes malgré
eux, quand ce n’est pas l’autodestruction salvatrice.
2)
Un culte collectif
qui ordonne la soumission au sacré selon des rituels
codés réguliers et
répétitifs afin d’inscrire dans les corps et les esprits
la soumission aux
ordres et aux symboles du divin administrés par une
église puissante.
3)
Une église qui fixent les normes
comportementales sous
forme d’ interdits et d’obligations morales impératives en vue
du salut de
chacun et s’organise en machine de pouvoir idéologique collectif
prétendant
disposer d’une autorité transcendante (divine) absolue sur le
monde donc
nécessairement politique, voire
parfois
militaire.
Toute
la question est de savoir si le point 1 suffit à
définir ou non une religion.
Si oui alors on peut se passer de religion, mais
cela semble
réservé à qui n’a nul
besoin de
consolation imaginaire pour le réconforter face aux malheurs car
il ne se sent
pas humainement impuissant sinon à le combattre, au moins pour
l’assumer, quant
aux autres leur religion n’a rien d’une religion collective car elle
n’est
qu’une fantasmagorie privée sans incidence sur la vie
politique, ; mais
par contre elle reste dépourvue de repères
collectifs suffisants pour les
préserver de la folie individuelle. Si non alors se pose en
effet la question
de la laïcité et du rapport entre état et religion.
Et celle là seule relève de
la philosophie critique. Faut-il alors que tous les hommes deviennent
plus
philosophes, à savoir capables de penser par eux-mêmes
d’une manière critique
vis-à-vis de leur désir d’absolu pour s’en
défendre justement et gagner en
autonomie personnelle (sagesse)?
A
moins du supposer qu’il suffise de produire et de
consommer des objets symboliques que l’économie nous
présente et nous rend
accessibles et d’accepter le monde tel qu’il est (amor fati) pour
bien-vivre,
c’est à dire de renoncer à tout désir
éthique vis-à-vis des autres en lequel
nous puissions avoir confiance, il n’est pas d’autre alternative
possible
qu’entre religion et philosophie critique pour mieux vivre.
Ainsi si L'homme
moderne adulte n'a pas de meilleure
raison de croire en l'existence réelle de Dieu que l'enfant de
plus
de 7 ans en celle du Père Noèl -sauf à
désirer
rester un enfant toute sa vie- pour devenir plus autonome et plus
actif,
l'homme moderne doit, face à la mort et à la souffrance,
renoncer,
sinon à la foi personnelle en un Dieu poético-symbolique
reconnue comme fiction rassurante et consolante,
du
moins aux consolations religieuses collectives
préfabriquées illusoires dès lors qu'elles
s'affirment comme des vérités sacrées, qui le
mettent sous la domination d'une
église. Ce que les philosophes des Lumières appelaient la
"superstition" (voir Diderot, Voltaire et Condorcet).
Religion et métaphysique
Une religion est une croyance en un ou des
principes premiers transcendants l'expérience, qui, pour ceux
qui y croient, donnent sens à leur existence et au monde; une
croyance religieuse repose sur la tradition et la foi subjective; elle
s'exprime dans un langage métaphorique plus ou moins irrationnel
et donne lieu à un
rituel collectif institué et organisé; elle implique le
plus
souvent l'existence d'une église et des prêtres
exerçant
un pouvoir sur les idées et les consciences, souvent plus ou
moins
lié au pouvoir politique qui prétend fonder sa
légitimité sur elle, en vue du salut personnel et
collectif ici bas et après la mort. elle s'éprouve et ne
prouve pas sa prétendue valeur de Vérité. En cela
toute religion est métaphysique:
elle se réfère à une réalité qui
échappe, voire contredit l'expérience (miracle,
résurrection, immortalité de l'âme,
réincarnation etc..); mais toute métaphysique n'est pas
religieuse; lorsqu'elle n'implique aucun rituel et/ou culte collectif
et lorsqu'elle tente de se donner des raisons et des fondements
rationels, c'est à dire philosophiques; il conviendrait de
distinguer de plus la foi mystique personnelle et la croyance
religieuse collective et ritualisée, socialement transmise et
administrée.
Kant à démontré qu'il
est impossible de démonter que Dieu existe (ou qu'il n'existe
pas) et donc qu'aucune proposition métaphysique ne relève
d'une preuve rationnelle; leur fondement est, sinon religieux, du moins
mystique. Cela dit, il y a une grande différence entre des
propositions hypothétiques et pragmatiques dont la valeur
se mesure à leur effets dans l'expérience de la
production des connaissance et du bien-vivre et des propositions
métaphysiques et dogmatiques qui se prétendent vraies ou
bonnes en dehors de toute évaluation de leur conséquences
rationnelles possibles dans notre
réalité sociale et
intersubjective, qu'elles s'efforcent sans succès, dans une
société pluraliste et libérale moderne, de fonder
sur du sacré.
PHILOSOPHIE ET THEOLOGIE:
qui parle, Dieu ou l'homme?
Dans le discours philosophique Dieu ne peut être le sujet de
la proposition,
par exemple: Dieu dit "j'existe" ou: "je suis celui qui suis" ou: "je
vous
ordonne...". ou encore: "Dieu nous sauve" etc...
Ces propositions sont théologiques, dès lors qu'elles ont
une forme rationnelle, mais qu'elles sont mystiques dans leur contenu
(révélation injustifiable, voire ineffable).
Pour le philosophe Dieu est, tout au plus, l'objet de ses
propositions, par exemple:"Je pense que dieu existe pour telle ou telle
raison" ou: "je pense que l'on ne peut pas démontrer que Dieu
existe car..." ou encore: "on peut bien vivre sans croire en
l'existence de Dieu à condition de ...philosopher" etc... Ces
propositions sont philosophiques quand elles s'efforcent de
rationaliser leur forme, leur contenu. et leur argumentation et quand
elles font du penseur le sujet du discours qu'il tient. Pour le
philosophe Dieu n'est pas ventriloque; il ne parle pas par la bouche de
l'homme.
C'est dire que le discours philosophique est nécessairement
"a-thée", au sens où il lui est interdit de faire parler
Dieu pour valider ses propositions; le philosophe doit ne faire
intervenir que la raison et l'expérience universelle des hommes
pour justifier sa pensée.
Dès lors que Dieu n'inspire pas mon discours, ce que, il est
vrai, je ne regrette pas, mon enseignement philosophique est et restera
a-thée.
Sylvain Reboul, le 11/02/96.
UNE CRITIQUE PHILOSOPHIQUE
DE LA RELIGION EST-ELLE IDEOLOGIQUE?
Le terme d’idéologique appliqué à une critique
rationnelle de la religion dans ses fondements et ses
conséquences me semble
un contresens ; ou alors, à cet égard Epicure, Spinoza, ,
Marx, Nietzsche et Freud, autant de penseur qui ont refusé de
considérer la thé(léo)ologie religieuse comme le
fondement, chrétienne ou autre, comme une science de
l’être ou le vrai fondement de la
morale et de la politique, ne seraient pas philosophes (Spinoza, quant
à lui, invente une théologie rationaliste immanentisme
anti-téléologique, c’est à dire anti-religieuse,
et ses adversaires qui l’ont considéré comme un
athée, ne s’y sont pas trompé!).
Affirmer le contraire c’est considérer que l’importance
psychologique, culturelle et historique du fait religieux impose que
l’on en accepte le valeur de fondement en droit de l’acte de penser
juste, sans examen critique, et c’est là justement une attitude
idéologique.
Soyons clair sur la définition de terme idéologique :
Est idéologique à mon sens toute proposition qui se
présente sous la forme de l’évidence réaliste
indépendamment d’une mise en doute rationnelle et de tout
contrôle expérimental universalisable (les axiomes
mathématiques ne sont pas des évidences réalistes
mais des postulats formels). Est idéologique l’attitude qui
présente une croyance suprarationnelle comme une
vérité autosuffisante indiscutable voire sacrée.
Or à cet égard, il me semble que toute religion repose
par définition sur des croyances collectives, objet d’un culte
ritualisé, dont le fondement n’est pas seulement rationnellement
démontré, mais est indémontrable et irrationnel
par nature (cf la notion de mystère). Tant que la religion se
présente comme une croyance-fiction douteuse particulière
(bien que peut-être bénéfique) elle n’est pas une
illusion idéologique. ; elle le devient lorsqu’elle se
présente comme une vérité transcendante qui
échappe par nature au pouvoir de la critique rationnelle : Or il
n’y a pas de religion sans mystère, c’est à dire sans
propositions ou événements non seulement incompris mais
à jamais incompréhensibles d’une manière
rationnelle. (La trinité, la résurrection, l’eucharistie
(?), les miracles etc... ), lesquels mystères sont porteurs
d’exigences auxquelles les croyants doivent se soumettre sans condition
s’ils veulent être sauvés et faire que leur vie ait un
sens (cf. Pascal). Enfin et surtout la prétendue connaissance de
Dieu en tant qu’absolu fondateur (théologie) est
suprarationnelle et donc mystique en son principe de par la nature
même de son objet (cf. Pascal, Bergson etc..).
Dans ces conditions, il me semble que l’on renonce à la
philosophie dès lors que l’on prend au sérieux, hors tout
travail rationnel, le soi-disant contenu de vérité ou la
valeur morale transcendants de la religion. En cela la religion et la
théologie comme fondements de toutes les valeurs m’apparaissent
comme la suprême illusion idéologique contre laquelle la
réflexion philosophique à pour mission de nous
libérer (corps et esprit).
Ceci n’implique pas que la réflexion philosophique doive rejeter
les éléments et contenus retionalisables et critiques
transmis par le pensée religieuse, mais elle doit, pour les
reconnaître, les soumettre à ses propres critères
rationnels de la non-contradiction et de la pratique
expérimentale, y compris dans le domaine éthique. Et il y
a fort à parier qu’alors ils n’apparaissent plus comme ni
transcendants, ni inconditionnels !
Sylvain Reboul, le 15/02/99.
UN COMPROMIS ENTRE
PHILOSOPHIE ET RELIGION EST-IL POSSIBLE?
La religion se réfère soit à
l’expérience mystique
du sacré par nature indiscutable, la révélation
divine
comme fondement du sens de l’existence du monde et des hommes, soit
à
une tradition ritualisée elle-même indiscutable qui
rapporte
et transmet collectivement cette expérience par la
médiation d’une autorité institutionnelle
idéologique et/ou politique. Toute tentative de rationaliser la
pensée religieuse fait de son contenu et de
l’interprétation de sa forme l’objet d’un interminable et
indécidable débat qui tente, sans succès, à
en réduire la part de mystère sauf à la
reconnaître comme un argument d’autorité supérieur
pour clore le débat (cf Pascal).
La « Vérité » splendide de la foi est donc
par nature suprarationnelle ; elle ne peut se prêter à
l’examen critique de la raison raisonnante et à l’épreuve
des critères rationnels de la logique et de l’expérience
objectivable (rationnellement universalisable) sans que son contenu
proprement religieux s’en trouve corrompu dans son essence. Le
philosophe qui chercherait à argumenter au profit de cette
« Vérité » la désacraliserait
aussitôt, la profanerait, la transformerait en une opinion
profane en en faisant une idée humaine contestable parmi
d’autres peut-être rationnellement plus cohérente et plus
vérifiable ou plus juste, ce qui serait pour le moins difficile,
sinon impossible. C’est
très exactement ce qui
est arrivé à la « preuve ontologique » de
l’existence de Dieu de Descartes qui a été
réfutée tant
par Pascal que par Kant : le scepticisme et/ou l’agnosticisme, voire
l’athéisme devenaient alors, malgré Descartes,
rationnellement possible. La
religion devient alors une simple expérience humaine dont la
vérité objective est douteuse et la valeur pratique
discutable, voire une illusion dès lors qu’elle ne serait que le
résultat de nos désirs personnels et collectifs.
Prenons la question autrement : supposons qu’un compromis entre
religion et philosophie soit possible. A quelle condition le serait-il
?
A la condition que le philosophe accepte à un moment ou à
un autre d’interrompre l’examen critique pour se soumettre sans
condition à tel dogme ou obligation sacrés ; pour quelle
raison, le ferait-il ? pour aucune qui soit philosophiquement
légitime (rationnelle) mais pour d’autres motifs : convenances
sociales, croyances et expérience subjectives infantiles
ou/adultes personnelles ou collectives, bref des motifs
extérieurs à la philosophie. A l’instant même ou
le philosophe se soumet à une vérité transcendant
la
raison et l’expérience (métaphysique), il quitte le
terrain de la philosophie pour celui de l’opinion.
Si l’on invoque alors le fait que le phénomène religieux
est universel, ce qui est faux (le bouddhisme en tant que tel n’est pas
une religion mais une sagesse et l’athéisme militant, dans la
culture occidentale, a toujours existé), ce prétendu
universel de
fait ne peut pas, pour un philosophe, être
considéré
comme un universel en droit, dès lors qu’il est pluriel voir
contradictoire et qu’il ne peut être fondé en raison sur
l’expérience subjective et objective universelle et
homogène des hommes ; d’autre part ce phénomène
peut être d’autant plus illusoire
qu’il est universellement partagé (expression de certains
désirs
universels auxquels on accorde une valeur de vérité
réaliste
par exemple l’existence réelle et pas seulement imaginaire de
Dieu).
De plus ses conséquences, comme l’expérience le montre,
ne sont pas nécessairement positives : les guerres de religions
sont par nature insolubles car la « Vérité »
absolue, par définition, ne peut être plurielle. Si chacun
considère que sa foi est la seule vraie, celle de l’autre est
non seulement une erreur mais un péché, un mal qu’il
convient d’éradiquer afin d’éviter qu’il ne l’emporte sur
la vraie foi ; ce mal métaphysique met en cause la survie des
hommes, le sens même de leur existence
individuelle et collective. Ainsi les athées, pour cet
apôtre
de la tolérance interreligieuse qu’est Locke, sont des
êtres
nécessairement asociaux dont l’expression de leur
athéisme
doit être interdite par la violence s’il faut. Sur le plan
personnel
la religion, en soumettant les désirs le plus humains, (ex :le
désir
amoureux), à des interdits transcendants irrationnels provoquent
un
sentiment permanent de culpabilité (péché
originel)
qui rend les hommes impuissants et leur tristesse irréductible.
Cette
dernière est même valorisée (et perversement
valorisante)
sous la forme sacrificielle de la souffrance rédemptrice, de
l’abnégation salvatrice et de la soumission gratifiante à
Dieu et aux prêtres.
Ainsi tant du point de vue de la religion que du point de vue d’une
pensée philosophique conséquentes, tout compromis entre
pensée philosophique et pensée religieuse est une
compromission. L’agnosticisme, voire l’athéisme, comme le
scepticisme vis-à-vis de l’opinion en
général, sont consubstantiel à la pensée
philosophique
dont l’exigence première est non pas apologétique mais
critique.
Cela ne justifie en aucun cas la répression politique de la
religion
mais autorise l’expression d’une critique philosophique du
phénomène
religieux dès lors qu’elle participe de la lutte pacifique pour
l’autonomie
de la pensée. Cette critique, pour ce faire, doit faire la part
entre ce qui est rationnel dans les valeurs ou règles transmises
par telle ou telle religion et ce qui ne l’est pas, mais cette critique
désacralise la forme proprement religieuse de la religion et
relativise nécessairement ses exigences.
La philosophie a préparé le terrain d’une pensée
qui ne se réfère plus à Dieu, mais à la
logique et à l’expérience, pour établir la
vérité relative de la connaissance et la justesse
relative des principes d’action ; La théologie occidentale
dès lors qu’elle a tenté de rationaliser la pensée
religieuse a introduit le vers de la liberté de pensée
par soi-même dans le fruit de la tradition collective soumise
à l’autorité de Dieu et de ses prêtres .
L’expérience de notre histoire le confirme : sans la philosophie
la laïcité aurait été impensable, ainsi que
la démocratie pluraliste ; grâce à elle la
progrès des sciences et des arts est devenu possible ainsi que
le libéralisme économique et politique. Et c’est avec la
philosophie et non contre elle que nous pourrons aujourd’hui penser et
réguler les contradictions des sociétés modernes
en voie de mondialisation.
Sylvain Reboul, le23/03/99
Religion ou libération?
1) L'esprit est le corps en acte et la conscience
expérimentale du corps en relation réelle et symbolique
avec les autres et le monde: Toutes les déterminations
relationnelles et symboliques ne sont effectives que dans et
par les programmes, en partie auto-organisés, de
l'activité neuronale.
2) La religion produit des effets placebo psycho-somatiques bien
réels, c'est à dire matériels (physico-chimiques)
car elle est une pratique symbolique relationnelle sur les corps par le
truchement de signifiants des affects relationnels bien
orchestrés et de rituels symboliques collectifs, plus ou moins
individualisés, pré-programmés par
l'éducation.
3) Son efficacité se paie d'une dépendance
vis-à-vis de convictions absolues et sacrées et des
prètres qui les instrumentalisent pour instauter leur pouvoir
"transcendant" et incontestable sur les corps et les consciences.
4) La liberté est autonomie relative et elle s'accroit
dès lors que l'on connait mieux le fonctionnement du cerveau et
du corps mais elle diminue lorsque que l'on croit à des
interventions surnaturelles produisant la tristesse (humiliation et
culpabilité), l'impuissance (angoisse devant le désir et
la sexualité), la valorisation "morale" de la souffrance
"salvatrice" et la recherche de paradis post-mortem.
5) Nietzsche n'a, à ce sujet, qu'un tort: Il ne voit pas que
notre volonté de puissance,c'est à dire notre
désir d'agir y compris sur nous-mêmes, à pour
condition le développement des sciences et des techniques et de
la médecine
scientifiques dont on peut contrôler les effets d'une
manière rigoureuse, doublés de la mise en oeuvres de
rapports joyeux et sensuels, c'est à dire rationnels et
raisonnables aux autres, à leur
corps, leur conscience active et
leurs désir d'être; ce qui est le contraire de la relation
sado-masochiste de domination, à soi et aux autres, que
produisent la religion et la foi. Il ne fait que remplacer une
domination hypocrite par une autre plus lucide, sans pouvoir sortir de
la domination comme mode privilégié de la volonté
de puissance. En tout cas il faut avec raison dire que si la foi
déplace les montagnes, c'est comme pour les pyramides et les
cathédrales : au prix de l'esclavage.
S.Reboul, le29/11/99
Dieu et
la mal
Le théologien chrétien Lactance attribue au philosophe
Epicure le raisonnement suivant:
"Dieu ou veut ôter le mal et ne le peut pas, ou le peut et ne
le veut pas, ou ne le veut et ni ne le peut, ou le veut et le peut.
S'il le veut et ne le peut, il est alors impuissant; s'il le peut mais
ne le veut pas alors il est cruel et s'il ne le veut, ni ne le peut,
alors il est tout à la fois impuissant et cruel; ce qui, dans
tous ces
cas de figures, n'est pas compatible avec sa perfection.
S'il le veut et le peut: pourquoi, alors, le mal existe-il?
Pourquoi dieu ne le supprime-t-il pas?
3 réponses, selon moi (S.R) sont possibles:
1) Dieu a créé l'homme libre par amour donc coupable
du mal
pour sa damnation et en vue de son éventuel salut à
condition qu'en renonçant au plaisir et au bonheur ici-bas, et
en se soumettant aveuglément aux prêtres et au pouvoir
politique qui se réclament de son infinie et absolue puissance,
il se punisse de sa faute originelle (le péché).
2) Dieu est indifférent au bien et au mal qui n'ont de sens que
pour nous: sa création n'est ni bonne, ni mauvaise; mais, alors,
il n'est d'aucun usage moral et la religion est inutile.
3) Un tel Dieu n'existe que dans l'imagination irrationnelle de les
hommes pour s'aliéner à une vision humaine dominatrice de
la vie
et de son sens ultime, rendue, par cette croyance en lui, indiscutable
et
sacrée,
La
religion et la mort
Il est juste de dire que la question de la mort est universelle;
mais toute
religion, et surtout les religions monothéïstes, transforme
cette
question en celle de l'après-mort; en ce sens elles substituent
l'angoisse
de l'après-mort à la peur de la mort: toutes elles
parlent
de jugement dernier de Dieu qui peut nous condamner sans même
nous
entendre et faire droit à notre défense (voire qui nous a
déjà
damné dans la version hard de l'augustanisme). Qu'avons-nous
à
gagner (et à perdre) aujourd'hui à cette substitution?
Le problème de la mort est, à mon sens, celui, non de
l'après, mais du maintenant de la vie: comment s'accepter
mortel, dès lors que pour l'instant ce fait semble
indépassable? et surtout comment accepter la mort de ceux qui
nous sont proches?
Il me semble que la seule manière efficace d'éviter de
soumettre sa vie à l'obsession impuissante de
l'après-mort et au sentiment du péché
qu'elle engendre est de philosophiquement
savoir ce qu'elle est: la fin de la vie de l'organisme, corps et
esprit,
c'est à dire rien; sauf chez ceux qui survivent et garde le
souvenir
et préservent les oeuvres des ex-vivants. De plus il convient de
connaître scientifiquement ce qu'est biologiquement la mort, ses
causes
naturelles et accidentelles, pour la combattre; ce que fait la
médecine
depuis toujours et de mieux en mieux jusqu'à mettre tout mettre
en
oeuvre, par exemple,pour lever le caractère inéluctable
de
la mort naturelle et qui, déjà, s'efforce de prolonger la
vie indéfiniment. Quant à la souffrance provoquée
par
la mort, naturelle ou non, des autres, elle relève d'un
traitement
psychiatrique lorsque le sujet ne peut parvenir avec ses seules
ressources
psychologiques, voire philosophiques, à se raisonner.
Plus la question de la peur et de la souffrance face à la
mort devient
l'objet d'un possible traitement scientifique, technique et
psychologique
(travail du deuil) efficace, moins elle est vécue comme un
problème
religieux et métaphysique.
Seuls ceux qui ont intérêt à préserver les
anciennes croyances surnaturelles de l'après-mort pour
pérenniser leur pouvoir sur les consciences en recourant
à la crainte de Dieu afin d'imposer une morale de la soumission
aux prètres et au pouvoir politique qui se réclame
d'elles, s'efforcent de combattre comme sacrilèges les
progrès de la biologie et de la médecine pour faire de
la peur de la mort une question rationnelle.
Si la religion est une thérapie symbolique et sociale contre
la peur de la mort qui a eu historiquement, faute de mieux, une
indispensable efficacité, car elle a préservé
l'espèce d'une dépression auto-destructrice, ses effets
secondaires de dépendance peuvent et doivent, aujourd'hui
être combattus par une conception rationnelle de la vie (voir
"L'avenir d'une illusion" de Freud) qui prend la mesure des
développements des connaissances scientifiques et de leur
possible efficacité thérapeutique dans la lutte contre la
souffrance physique et psychique générée par la
mort et la peur légitime qu'elle provoque.
Agnoticisme et athéisme
Compte tenu de
l’improuvabilité de l’existence de Dieu, invoquer Dieu dans une
argumentation, que ce soit dans le domaine de la morale commune, de la
politique ou de la connaissance, n’a pas plus de sens pour un athée qui affirme que Dieu n'existe pas que
pour un agnostique qui se contente de dire qu'il ne sait pas si Dieu existe
Mais j’avoue en effet que
je perçois mal en quoi il serait nécessaire de faire une
différence
hors du plan strictement personnel : il n’est
pas incohérent de prier, pour un agnostique, en vertu du
principe "on ne
sait jamais, cela peut aider", alors que cela est évidemment
absurde
pour un athée. En cela je
ne confonds pas quelqu’un qui conserve des traces de la foi mais qui
doute en disant qu’il ne sait pas vraiment (agnostique), mais qui a
néanmoins besoin de croire (et non pas de savoir) en Dieu pour
ne pas
désespérer et celui qui n’éprouve aucun motif
subjectif personnel de
croire en Dieu ; mais c’est l’affaire de chacun et cela n'a pas grand
chose à voir avec une vérité
métaphysique.
En effet on peut faire une différence entre les deux
attitudes sur un plan de philosophie éthique personnelle
(à ne pas
confondre avec une morale commune): vaut-il mieux craindre Dieu que
penser qu’il n’y a pas de vie après la mort, à la
manière d’Epicure ?..
Angoisse du péché ou du jugement dernier ou peur de la
mort ? Cela se
discute en effet...Et l’on ne peut écarter l’athéisme sur
ce point en
tant que décision éthique sur fond d’une
expérience subjective
partagée: mis à part les intégristes qui visent la
martyr il y a peu de
croyants convaincus qui n’aient pas peur de la mort, voire qui ne
soient pas pris d’une certaine angoisse vis-à-vis d’un
au-delà
imaginaire auquel ils croient, sans en être certains.
Savoir
que nul n’a jamais pu et ne pourra jamais expérimenté ici-bas
l’existence d’une vie après la mort devrait suffire pour nous décider
que l’on n’a rien à gagner à croire au jugement dernier afin de nous
libérer de l’angoisse que celui-ci a toujours suscité...
Religion
ou philosophie
Le notion de foi ou plus encore de spiriualité est
pour le moins vague et ambigüe ; Il faut à mon
avis distinguer la croyance religieuse en un Dieu créateur
transcendant
qui aurait le pouvoir de nous sauver de la souffrance et de la mort,
d’une simple sagesse pragmatique de vie qui nous conduit à nous
faire
prendre un recul réflexif par rapport aux désirs
illusoires (passions)
pour mieux nous adapter aux monde tel qu’il est et à notre
condition de
mortel afin de nous libérer de la tristesse qui accompagne ou
suit les illusions passionnelles (Spinoza)"surnaturalistes" ;
lesquelles consistent non pas à croire en un autre monde mais
à
affirmer que cet autre monde est plus "réel" que celui dans
lequel nous
vivons ici et maintenant. Il est probable que toute attitude qui
réduit
la tristesse face à la mort et qui donne un sens positif
à la vie par
delà la conscience de la mort et l’expérience de la
souffrance est
positive, sauf que cette réduction dans le cas d’une foi
monothéiste
judéo-chrétienne, voire musulmane, s’accompagne d’un
sentiment
permanent de culpabilité face au jugement de Dieu (le
péché) et exige
peu ou prou un sacrifice de soi (de son désir propre de vivre
heureux
ici-bas) pour mériter le salut éternel...
Tout le
pari de la pensée d’Epicure ou de Spinoza est de nous inviter
à nous
rééduquer par la raison et la réflexion sur le
monde tel qu’il est et
tel que nous pouvons très progressivement le connaître
(connaissance
toujours relative) d’une manière immanente (sans
extériorité divine
et/ou sans avoir à imaginer un autre monde surnaturel) pour, en
rendant
nos désirs plus raisonnables et plus raisonnés,
accroître notre
puissance d’agir sur le monde et nous-mêmes afin de
réduire autant
qu’il est possible la tristesse générée par les
passions illusoires qui
nous présentent imaginairement ce que nous désirons comme
réel ou
réalisable, sans avoir à agir sur le monde naturel et
humain (nous
compris), dans l’attente impuissante d’un jugement transcendant et
d’une intervention extérieure (Dieu seul peut tout !).
Bref
rien ne dit que l’attitude, transcendantaliste et cultuelle, proprement
religieuse face à une puissance absolue et sacrée
imaginaire à laquelle
on doit se soumettre sans condition (la foi l’exige) l’emporte du point
de vue de la réduction de la souffrance et du sentiment
d’aliénation et
d’impuissance par rapport à celle de la maîtrise
philosophique et
raisonnée, mais toujours relative de soi par soi. Rien ne dit
que ces
thérapies symboliques ambigües (placebo) que sont les
religions
culpabilisantes et sacrificielles du désir de vivre heureux
ici-bas (le
sacré exige toujours un sacrifice du plaisir sensible)
réduise le
difficulté de vivre plus heureux en ce monde.
N’oublions
jamais que ce genre de religions monothéistes et à
prétention
absolument vraies sont aussi sources de haines inter-religieuses dont
nul ne peut dire qu’elles font le bonheur des individus qui y
succombent. Sauf à jouir de la violence (sado-masochisme) faite
aux
autres et en dernier ressort à soi-même.
S. Reboul, le 18/10/05
La foi,
la religion et la politique.
La foi est une expérience
imaginaire, une
effusion affective dans sa forme ; dans son contenu elle une fiction,
voire
un délire exprimant d’une manière érotique et
esthétique
(voire l’érotisme des grands mystiques) l’infini de désir
humain
transformé en désir d’infini débordant la finitude
de
la réelle condition humaine; en cela elle pousse à penser
et
à agir au delà de l’expérience présente et
à
la transformer ; mais, lorsqu’elle hypostasie cet au delà dans
l’illusion
de l’existence réelle d’un Dieu transcendant, elle aliène
le
désir en le soumettant au fantasme qu’il projette de l’infini
puissance
de ce Dieu. Celui ci est alors l’objet d’un culte collectif qui
nécessite
le pouvoir idéologique, voire politique, sur les consciences de
prêtres
et/ou d’une église garants de cette vérité
transcendante
prétendument salvatrice. Dieu est le seigneur et maître
absolu
auquel les croyants doivent obéir avec humilité en se
soumettant
selon des rituels stéréotypés collectif
d’allégeance
fusionnelle et identificatrice. Nous avons alors affaire à la
religion.
Par conséquent la
société religieuse est nécessairement
communautariste : elle soumet l’individu à la communauté
des croyants. Le choix, si tant est que l’on puisse aujourd’hui avoir
le choix, est donc, selon l’analyse de Max Weber, entre la
société traditionnelle religieuse (die Gemeinschaft) et
la société libérale et individualiste (die
Gesellschaft), y compris en ce qui concerne la foi. Du reste, on
constate dans nos sociétés modernes, y compris les
églises, un hyper-fractionnement des contenus dogmatiques des
grandes religions historique, implosion marquée par la
décomposition des croyances et le bricolage syncrétique
individuel de leur contenu symbolique, devenu entièrement
disponible (désacralisé). Dans ces conditions, tout
retour du religieux en politique serait une illusion catastrophique et
liberticide : elle ne pourrait s’affirmer qu’en violant les
libertés individuelles et les droits de l’homme. C’est pourquoi
une démocratie pluraliste (ce qui est un pléonasme) ne
peut être que laïque et donc politiquement a-thée ;
c’est à dire sans référence (sinon, parfois, comme
une très vague survivance symbolique conformiste) à Dieu
pour fonder la valeur des lois et la légitimité de
l’état et des gouvernants. La religion devient et doit alors
devenir une affaire privée collective infra-politique dont la
reconnaissance de l’exercice public de son culte suppose qu’elle
renonce , en tant que telle, à jouer un rôle politique (si
les croyants transforment leur position en position rationnelle, ils ne
font plus de leur croyance un argument politique) et qu’elle se
soumette aux droits de l’homme et aux lois libérales, humaines
et non religieuses .
Si la foi singulière, dans le
meilleur des cas, peut être un mode positif de gestion du
désir créateur ; les religions sont toujours des machines
de pouvoir qui gèrent le désir d’être afin de le
canaliser dans le sens de la domination idéologique et politique
des individus et de la réduction de leur autonomie .
S.Reboul, le 22/05/2000
Pourquoi sur le plan rationnel (universel) faut-il renoncer
à faire usage de l'idée de l'existence de de Dieu? Pour
des motifs non pas théoriques (on ne peut démonter en
effet l'inexistence de Dieu, comme l'inexistence de quoi que ce soit du
reste; on peut montrer seulement que la notion de Dieu est floue et que
cette existence est problématique et donc non-fiable), mais pour
des raisons (ou motifs justifiés) pratiques:
1) On ne peut mettre les hommes d'accord sur ce point et donc vouloir
fonder une vie ensemble (les règles éthiques et de droit)
sur cette idée est toujours porteur de divergences d'autant plus
irréductibles et parfois violentes que l'idée de Dieu se
réclame
de l'absolu (ex: fanatisme et conversion forcée, voire croyance
politiquement obligatoire). Les guerres de religions ont disparues chez
lorsque l'on a renoncé
à faire de Dieu le fondement de la politique
(laïcité) et de l'éthique sociale (droit de l'homme
et non droit divin)
2) Une idée aussi problématique ne peut fonder quelques
connaissance univervelle objective que ce soit car on peut à
partir d'elle prétendre à tort démontrer ou
prouver tout et son contraire; elle est donc pratiquement inutile sur
le plan de la connaissance. Voire si on prétend la maintenir,
elle peut devenir un obstacle
au progrès du savoir (affaire galilée) en dogmatisant
certaines conceptions religieuses aux dépens de la recherche
rationnelle et
objective.
La foi en Dieu doit donc rester d'usage privé et ne vaut
que pour ceux qui y croient. À ceux-ci elle apparaît
subjectivement utile mais c'est à chacun d'en décider et
cette décision ne peut prétendre viser l'universel; elle
est donc sans valeur philosophique. L'athéisme n'est pas contre
la religion pour les croyants, il se contente de refuser aux croyants
de décider pour les autres de la vérité, de
l'éthique et de la politique: a-théisme ne veut pas dire
anti-religieux mais anti-théocratisme politico-soocial. le
préfixe "A" est, faut-il le rappeller, est un simple privatif.
Athéisme signifie que l'idée Dieu n'a pas à
intervenir pour règlementer nos affaires communes; sauf à
en exclure et/ou à soumettre
définitivement et a priori à la domination des croyants
et
de leur église ceux qui ne croient pas ou croient autrement.
Bref
la pluralisme idéologique est logiquement incompatibble avec le
théisme politico-social ou théologico-politique.
Le 24/01/03
On peut justifier philosophiquement
l’athéisme théorique sur le plan rationnel et politique
de la manière suivante:Nous constatons tous comme un fait historique:
1)
que l’idée de dieu est dans son contenu multiple et contradictoire (ex:
Jésus n’est dieu (christ et fils de Dieu) que pour les chrétiens, mais,
en tant que dieu, une idole pour les juifs et les musulmans). par
conséquent l’idée de dieu est vide de tout contenu déterminé
universalisable. elle est donc une idée philosophiquement vide, chacun
pouvant y mettre, comme dans un "auberge espagnole", ce qu’il a envie
d’y manger, sans être capable de justifier ou de prouver la vérité
objective pour les autres de ce qu’il y met.
2) que
l’idée de Dieu ne peut être, par conséquent, qu’une croyance subjective
hors du champs universalisable de la vérité ou de l’erreur, comme toute
proposition métaphysique, philosophique ou religieuse
3)
que, dans cette condition, l’idée que dieu existe objectivement (lequel
?), comme le prétendent tous les croyants, est une idée fausse et à ce
titre doit être rejetée par tout esprit rationnel cohérent entant que
vérité universelle.
4) que cela suffit à exclure,
pour fonder l’éthique et le droit, voire la politique, la référence à
dieu (et/ ou à un quelconque principe divin supérieur transcendant)
dans toute société laïque et pluraliste
En ce sens
toute société laïque (et donc démocratique) est nécessairement a-thée,
au sens de privée de fondement divin. La foi ne peut être qu’une
croyance privée individuelle ou collective et non pas politique. C’est
donc au croyant de savoir faire le distinction entre savoir et croire,
ce qu’il a précisément du mal à faire, du fait même de sa croyance
qu’il prend pour une vérité.
L’athéisme est donc
bien une nécessité philosophico-politique car toute philosophie, nous
le savons depuis Platon, engage toujours une politique...C’est en ce
sens que la défense philosophique de l’athéisme philosophico-politique
est une condition de la liberté politique et citoyenne: Il n’ y a pas
de citoyens aux yeux de dieu, mais des créatures assujetties à sa loi
transcendante.
Le 02/08/08
Athéisme,
religion et tolérance
L'obéissance à Dieu,
Vérité/Valeur absolue, est, par définition, pour
le croyant authentique, donc aveugle (voir le sacrifice demandé
à Abraham), un impérarif catégorique: il n'est
d'autre crime que de désobéir à ses commandements
car toute désobéissance est refus de reconnaître
son autorité suprême, fondement de toute autorité
et de toute loi justes; ex: Adam, chassé du paradis, est
condamné au travail, à la souffrance et à la mort;
il a transmis à tous le péché originel qui n'est
autre que la désobéissance à Dieu qu'il a commise.
Or l'athée menace par son athéisme (refus de
l'autorité divine) la foi et l'obéissance aveugle
à Dieu exigée du croyant; l'athéisme corrompt
l'intégrité de la foi en cela qu'il la relativise en
en faisant le fruit d'une décision personnelle donc arbitraire:
Dieu
n'est vrai que s'il l'est pour tous les hommes (catholicisme) et donc
si
la Vérité divine s'impose à tous contre
l'incroyance qui n'est que la perpétuation du
péché originel.
Il est donc dans la logique de la foi de
considérer que l'athéisme est le plus grand mal et qu'il
convient de l'éradiquer; mais il est dans la logique de
l'athéisme de considérer que le croyant est
aliéné; or, pour l'athée, la libération du
croyant ne peut venir que de lui-même: toute répression du
croyant est absurde; seuls la réflexion rationnelle
(logique+expérience) et l'examen critique par lui-même des
fondements de sa foi et de ses conséquences peuvent l'aider
à se remettre en question. Encore faut-il un contexte politique
favorable à la libre pensée et, pour cela, que
l'athéisme philosophique soit autorisé.
Seul l'athéisme peut, car il le doit
au nom de son exigence d'autonomie, être tolérant (pas de
vérité absolue); ce qui ne veut pas dire qu'il doit
s'abstenir de philosopher
publiquement sur la religion, car la liberté d'expression
serait alors radicalement compromise; mais il doit le faire hors
toute menace sur les personnes, par la seule force de ses arguments
rationnels.
Reste le problème de la confusion
entre la religion et la politique, qui est pour l'athée, et pour
tout homme raisonnable, dangereuse en cela qu'elle autorise la violence
contre tous
ceux qui sont considérés comme mécréants et
qu'elle tend à légaliser la répression de la
libre-pensée, fondement régulateur de la
démocratie. La loi doit interdire cette confusion dans le cadre
de la liberté religieuse personnelle garantie. La
tolérance sans liberté critique (donc sans la
liberté d'être et de se conduire en athée) fait
toujours le lit de l'intolérance qu'elle soit politique et/ou
religieuse. L'athéisme est un garde-fou indispensable contre le
fanatisme religieux qui, au nom
de l'Absolu, est toujours tenté de fusionner la politique et la
religion.
S.Reboul, le 31/10/00
Tolérance
et fanatisme
Dire que le mal est tolérable pour
la religion,
alors que le crime ne l'est pas, c'est refuser de voir que les
religions
n'ont toléré ce qu'elle considéraient comme le
pire
mal, le péché contre Dieu et ses commandements,
qu'à la condition que le mal et ceux qui étaient
désignés comme mécréants
hérétiques ou infidèles ne contestent pas son
pouvoir absolu de définir le bien et se soumettent au rôle
négatif que l'église leur attribuait
généreusement. Dès lors que s'affirmait une
contestation de ce pouvoir idéologique et politique de
l'église, les porteurs du mal était immédiatement
diabolisés, criminalisés et les mécréants
transformés en victimes émissaires de la vraie foi: les
croisades, les guerres de religions, l'inquisition et les chasses aux
sorcières en témoignent, hier et aujourd'hui.
Quant aux pays soi-disant athées et
socialistes ils n'ont jamais fait que remplacer une religion par une
autre; la seule forme authentique de l'athéisme c'est, dans la
théorie, la
philosophie rationnelle et critique qui refuse toute prétention
de
fonder la vie sur des absolus; et dans la pratique une éthique
pragmatique
(donc sceptique), régulatrice du désir dans la
relation
à soi et aux autres en vue de réduire le risque de
violence,
d'accroître l'autonomie et la solidarité
précisément
humaine en ce qu'elle fait du désir l'essence de l'homme.
Dans les faits la notion de tolérance a
pris aujourd'hui une autre signification: fonder le pluralisme
démocratique par lequel le mal (le malheur et la souffrance
produite par l’homme) n'est plus l'apanage de l'autre, mais l'affaire
de tous, dès lors que la tentation de la violence demeure en
chacun. Et c'est tant mieux si un monde plus raisonnable, et partant
moins violent, tel que le monde commercial et contractuel,
succède à un monde enchanté ou domine la passion
fusionnelle. L'affaire du moyen orient et bien d'autres sont
là pour nous le rappeler tous les jours.
S.Reboul, le 06/01/00
"Il vaut mieux que les gens arrivent à
exprimer sous forme de fiction ce qu'ils essayent de dire sous le
couvert de Dieu."
Tout à fait d'accord; mais le
problème demeure: le croyant ne désire pas que "son" Dieu
ne soit qu'une
fiction, il lui confère une réalité objective
indépendante de son imagination car c'est à ce titre
qu'il peut croire être protégé et/ou sauvé
après la mort et d'autre part un Dieu fictif, même
collectif, ne peut suffire à définir une autorité
morale absolue. Donc l'expression sous forme de fiction est
condamnée à devenir une illusion, c'est à dire
à confondre la fiction avec la réalité; autrement
dit
toute religion "populaire" est nécessairement une idolatrie
et/ou
une superstition car c'est la condition pour qu'elle fonctionne comme
assurance
vie psychologique et garde-fou moral. La position de Nietzsche
là
dessus est extrèmement juste. Et quand un croyant rencontre un
non-croyant,
celui-ci ne peut être pour lui qu'objet/sujet de scandale car
aucun
dialogue n'est possible avec le diable et nier la réalité
non-fictive de Dieu c'est être démoniaque: la non
-croyance
doit être extirpée coute que coute pour sauver
l'existence,
fondatrice d'espérance et de lien communautaire (ex: la
communion
et les rites), du même Dieu pour tous. Dieu n'existe pas sans le
diable
,et le diable c'est l'autre qui ne croit pas au même Dieu et,
pire,
l'athée.
Le
débat sur la question de savoir quelle
religion serait par nature plus violente est donc parfaitement vain :
la
question de la paix et de la violence traverse chaque religion et, dans
chacune d’elle, son histoire.
Reste qu’aucune
religion
n’est rationnelle quant à ses dogmes fondamentaux et cette
irrationalité constitutive peut toujours générer
une foi dans l’absolu
qui voit dans l’altérité un viol de cet absolu :
l’adverse du Bien
absolu ne peut être que la mal absolu vis-à-vis duquel
aucun compromis
n’est par définition possible et doit donc être
rigoureusement interdit
saus peine de trahison (ou apostasie).. Mieux : toute tentative de
connaître le sens de la loi divine et éventuellement d’en
discuter la
caractère absolu (inconditionnel) peut être perçu
comme un péché
d’orgueil qui est pour toute religion, à ce niveau,
fondamentalement le
seul péché mortel (la sortie de l’innocence par la
connaissance)
Il
y a une logique de l’irrationnel posé en absolu et cette logique
est
potentiellement violente, sauf à faire de cet absolu un motif de
récuser comme vérité toute interprétation
humaine donc relative de cet
absolu.. ; Ceci n’est pas en soi impossible, mais cela le devient pour
qui adhère à une religion comme à un dogmatique
sacrée (indiscutable) à
laquelle il faut se soumettre à la lettre et s’interdire
à son égard
toute interprétation personnelle et/ou toute relativisation
historique
sur fond de désir de connaître et de juger rationnellement.
Mais
pour s’élever à une telle vision de l’Absolu il est
impératif de sortir
des religions instituées en dogmatiques et en machines à
produire de la
soumission aveugle qui, au nom d’une paix intérieure, ne peut
qu’être
extrèmement violente vis-à-vis de l’extérieur.
Toute l’histoire de la
violence la plus extrème est en ce sens peu ou prou
supportée par
l’altérité religieuse au point que même des guerres
sans Dieu doivent
se donner une forme quasi religieuse de l’absolue vérité
pour perdurer
et se justifier indéfiniment .
Le 09/10/06
Religion et apostasie.
L’islam n’est ni plus ni moins tolérant que les autres
religions lorsque celles-ci sont ou ont été religions d’état et
dont les commandements sont et ont été considérés par la
population comme sacrées (intouchables et indiscutables).
La question est donc : Peut-il exister une religion
désacralisée, libérale, et sans ambitions politiques ? Si
oui, en quel sens est-elle encore religieuse ?
Le problème dans certaines visions de la religion (et toutes
sont
concernées), c’est l’interdiction collective et institutionnelle
pour qui a été élevé dans une religion d’en changer ou de ne
plus la pratiquer ou de devenir athée. Si
les religions chrétiennes ont offiellement abandonné le crime
d'apostasie, d'athéisme ou d'hérésie , c'est contraintes et
forcées par
les progrès dede la liberté de penser et de la laïcité qu'elle a rendu
possible, à savoir la séparation instituée de la religion et de la
politique.
Le problème est le prétendu crime ou délit d’apostasie
et/ou d'hérésie punissables par la collectivité et ses institutions
politico-juridiques et/ou familiales.
Ce qu’il faut demander à tout croyant pour savoir s’il est
tolérant, c' est de lui demander s'il refuse l’apostasie comme un
crime et/ou un délit !
Mais, là encore, une religion sans crime ou délit (plus ou moins
punissable) d’apostasie est-elle encore religieuse ?
Si la réponse est non, il convient de distinguer la foi
personnelle pas forcément religieuse et une religion (parmi
d'autres) institutionnelle, toujours politique..C’est en cela
qu'une foi personnelle ne peut plus et ne doit plus se prétendre
vérité pour les autres, c’est aussi en cela qu’elle n’est
plus précisément religieuse (religio=être reliés par la croyance
en une vérité sacrée transcendante ou surnaturelle qui doit
s’imposer ou être imposée à tous) .
Or
cette séparation théorique est pour le moins problématique en pratique:
qui croit subjectivement au surnaturel a besoin de croire avec
d'autres, d'autant plus que cette croyance échappe à toute preuve
objective. Croire ce que d'autres croient c'est conforter socialement
-donc en ce sens sortir de sa seule subjectivité personnelle- sa
croyance d'où la nécessité des rituels collectifs et des églises
administrant voire forgeant les croyances collectives pour en faire de
prétendues vérités communes révélées et sacrées, affirmées comme des
mystères échappant par nature au pouvoir critique de la raison.
Donc foi personnelle et foi religieuse sont, la plupart du temps,
indissociables en cela qu'elles s'inscrivent toutes deux dans la
dimension d'un tradition et d'une obéissance impérative, voire forcée
par la menace d'exclusion sociale et/ou de punition divine, à cette
tradition transmise comme sacrée c'est à dire indiscutable, sauf à
faire d'une croyance une hérésie plus ou moins criminalisée par rapport
à la foi collective.
La valeur de tolérance admise aujourd'hui
comme centrale par les églises chrétiennes, au contraire de la plupart
des instituions islamiques, ne signifie qu'une chose, à savoir que le
christianisme actuel, mise à part certaines sectes fondamentalistes,
est "une religion de la sortie de la religion" (Marcel Gauchet),
autant dire une religion de moins en moins religieuse et de plus en
plus raisonnée, ouverte à la critique rationnelle des croyances qui laisse les individus libres de croire à leur convenance ou de ne pas croire en Dieu et
aux mytères comme réellement existants. Les religions chrétiennes sont
de plus en plus présentées comme des croyances symboliques subjectives
plus ou moins partagée et non plus vérité pour tous. C'est ainsi que
protestants et catholiques, aujourd'hui, ne se distinguent plus par
leurs croyances, mais par leurs symboliques et leurs rituels
traditionnels plus ou moins et de moins en moins suivis.
le 28/08/09
"si le phénomène religieux existe effectivement dans
toutes les sociétés, c’est peut-être parce qu’il
exprime une caractéristique fondamentale de notre fonctionnement
cognitif"
D'accord; mais en disant cela on liquide
l'illusion qui fait de la croyance et de la pratique religieuses
l'expression d'une vérité transcendante. S'il y a une
universalité du religieux comme il y a une universalité
du besoin de croire dans un au delà du phénoménal
pour orienter une pratique du désir de changer les choses, ce
besoin doit toujours se donner des moyens de diffusion et des
institutions de pouvoirs concrets (des médias et des
églises) pour entretenir la flamme de la promesse dans telle ou
telle formation sociale et se créent alors des religions
communautaires forcément différentes dont la fonction est
justement de créer du lien social sur fond d'exclusivité
par le fait que l'absolu dont elles se
réclament ne peut s'affirmer comme particulier et relatif sans
se
couper de toute efficace persuasive. La religion des autres ne sera
jamais, dans le meilleur des cas, qu'une version inférieure de
la vraie religion et, dans le pire, l'expression même du malin ou
du diabolos qui divise. La vision syncrétique proposée
par certains ne peut que participer à et de cet
effondrement du transcendant dans le n'importe quoi du "chacun sa
tambouille symbolique" du consommateur de spiritualité à
la carte que rien d'autre, à travers l'échange entre les
subjectivités individuelles de rencontre, ne motive hors de la
gestion symbolique de son désir propre. Un religieux sans
religion, sinon de plus en plus évasive et de moins en moins
contraignante, au coup par coup et à la libre disposition de
chacun est donc l'expression même d'un scepticisme ravageur de
toute prétention à la
vérité divine qui structure toute religion instituant un
pouvoir
collectif sur les consciences et les comportements. Si
l'universalité du religieux est à ce prix et à
cette condition, libre alors à chacun d'y inscrire ou non
l'économie de son désir jusqu'à refuser tout
désir de transcendance et/ou de surhumanité. Le religieux
comme désir d'un ailleurs salvateur promis à tous
(post-mortem ou non) se pulvérise en micro-croyances et en
micro-rituels et la pratique communautaire de la religion entre alors
dans une crise irreversible et c'est bien ce que nous constatons: la
consommation commerciale est spirituelle et la spiritualité
devient commerce n'obéissant plus qu'à la loi de la
demande et de l'offre publicitaire.
S. Reboul, le 28/01/03
L'illusion
religieuse
L'illusion
idéologique commence lorsque l'on prend ses désirs pour
la vérité; précisons: lorsque l'on
considère qu'une
idée est vraie, c'est à dire correspond à une
réalité objective (hors de moi et de mon esprit) pour
la seule raison qu'elle
satisfait un désir (bon ou mauvais, ce n'est pas la question).
Freud ajoute même qu'une idée
peut être objectivement
vérifiée par l'expérience (pour l'instant) et en
même temps illusoire dès lors que le motif
d'y croire reste subjectif
("L'avenir d'une illusion").
Pourquoi? Parce que cette
confusion entre l'ordre du désir et l'ordre du réel,
entre le jugement de valeur et le
jugement de
réalité bloque toute possibilité d'interrogation
critique visant à réfuter nos hypothèses à
propos du
réel. En cela
l'illusion est le seule obstacle au mouvement infini de production du
vrai-semblable. Autant dire que,
pour les sciences (y compris
du psychisme), la vérité absolue est la suprème
illusion, car elle est irréfutable (voir
K.Popper); c'est à dire
sans critère, ni procédure possibles objectifs de
validation. Kant ne disait pas autre chose,
lorsqu'il faisait de la raison
expérimentée le seul juge possible de la
vérité relative, seule vérité possible; ce
qui a
pour conséquence que
la métaphysique comme science est une illusion transcendantale
(l'esprit qui prend ses
concepts transcendantaux pour
des réalités), car, sur ce terrain (Dieu, la
liberté humaine, l'immortalité de l'âme
etc..) la raison peut avancer
les hypothèses les plus contraires, sans pouvoir trancher entre
elles; sauf pour des
motifs moraux (postulats de
la moralité); ce qui peut être contesté, dès
lors que l'on refuse (voir sur mon site) l'idée
d'une morale universelle
purement rationnelle.
Ainsi ne faut-il pas confondre
la connaissance et la morale, l'être et le devoir-être, le
vrai et le bien, ce que l'on
désire et la
réalité. Ces confusions sont au centre de toute les
illusions idéologiques.
Quant à la question
de l'existence de Dieu, je serais d'accord avec Pascal: elle ne se
prouve
pas par la raison et
l'expérience objective;
elle est une question de foi subjective et rien d'autre
("Vérité du coeur et non de la raison");
elle répond au
désir de croire que notre vie n'est pas vouée à la
mort. Vous avez parfaitement le droit de croire en
"votre" Dieu (Les
représentations du divin sont multiples et contradictoires);
mais vous aurez tort d'en faire une
vérité objective
et universelle et encore plus de prétendre soumettre les
conduites des hommes à cette vérité (les
commandements sacrés
de Dieu), que vous n'avez aucun moyen de prouver et de faire
reconnaître par tous. c'est
d'ailleurs pourquoi
l'état et le droit modernes (pluraliste et démocratique)
ne peuvent être que laïcs.
La foi religieuse est
devenue, par la force de la critique rationnelle de la
vérité devenue vrai-semblance, une
affaire privée. Si vous
ne pouvez pas me prouver que Dieu est universellement vivant; alors il
est politiquement et
moralement mort, comme
fondement universel de la légitimité de telle politique
et de telle morale. Si Dieu est mort
tout n'est pas permis pour
autant car il reste la question essentielle: selon quelles
règles de droit et d'éthique du
bien-vivre ici et maintenant
avec ceux qui n'ont pas forcément la même morale ni la
même religion, ni la même
économie du
désir que moi et que je ne peux prétendre convertir (si
ce n'est par la violence), peut-on réduire le
risque de violence physique
et "morale" (je préfère psychique?
Que Dieu soit une fiction pour
vous vitale (voir Nietzsche), elle ne peut l'être pour moi,
à moins de me refaire le
coup du pari très
utilitariste de Pascal: priez et vous croirez car par le foi vous
gagnerait tout (la vie éternelle) et
vous ne perdrez rien (une vie
mortelle donc absurde). En effet je ne désire pas la vie
éternelle; car elle est au delà
du désir, elle n'est
même pas imaginable sauf à l'imaginer comme semblable
à
ce que j'aime, dans la relativité du
plaisir et de la douleur, dans
la relation toujours ambiguë aux autres et à ceux que
j'aime, ici et maintenant..
Ainsi, selon moi, la
fiction de
l'existence de Dieu n'est pas une illusion, dès lors que vous
n'en faites pas une vérité
objective pour vous et les
autres. Si cette fiction est, pour vous, c'est à dire du point
de vue de
l'économie de votre
propre désir, une
thérapie symbolique efficace contre l'angoisse existencielle,
c'est votre droit (subjectif), mais
vous ne pouvez en faire ni une
vérité, ni une éthique universalisables du
désir; car son efficacité reste contestable
(il convient d'en mesurer les
effets secondaires négatifs, y compris sur votre propre vie).
À moins de croire au
miracle de la conversion
universelle et de convaincre tous les hommes que ce miracle ne peut pas
ne pas se
produire.
Sylvain reboul, le 05/02/01
De l'absolu
comme illusion tragique
C’est précisément parce
que l’on vit dans
l’imaginaire que l’on se fait tuer pour des idées que l’on croit
absolument vraies et donc qui, pour celui qui y croit, méritent
que
l’on meurt pour elles.
Qui vit dans le réel ne peut
être que critique et relativement sceptique quant à la
prétendue vérité
absolue des croyances. Ce scepticisme relatif signifie le refus de tout
dogmatisme (et toute religion de l’absolu ne peut pas ne pas
l’être) au
profit du pragmatisme intelligent et responsable (ou prudenciel).
Aucune
idée juste n’autorise à exiger la mort de qui que ce
soit, fusse
soi-même. L’héroïsme sacrificiel est une
aliénation perverse de
l’imagination qui consiste à se soumettre (et à
prétendre soumettre les
autres) sans conditions à des idées transcendantes qui
s’imposeraient à
nous au prix de la mort du bonheur ou des plaisirs de vivre, donc de la
seule authentique valeur de la vie, sauf à renoncer au plaisir
de vivre
sur terre, voire à souffrir ci-bas, pour être
sauvé, béat, au ciel...
Le
tentation tragique au nom d’une idée est une tragique, car
mortelle,
illusion. elle consiste à croire trouver dans la mort, la valeur
suprême de la vie...
"Mourir pour des idées,
d’accord, , mais de mort lente... !" chantait Brassens, bien
après
Epicure et le philosophe-poète Lucrèce.
Le 20/07/07
Le
Christ a-t-il existé?
Le Christ ressuscité de la religion
dite chrétienne, qui est autre que le Jésus de Nazareth,
peut-il
exister tout à la fois ou tout aussi bien pour le croyant que
pour le
non-croyant ; comment en décider et qui peut le faire ?
Si
aucune réponse positive argumentée suffisante à
ces questions n’est
possible, alors la seule conclusion qui s’impose est celle-ci : le
Christ ressuscité n’existe que dans l’imagination des croyants
précisément chrétiens.
Autant dire que tout débat sur la question de
l’existence réelle du Christ ressuscité tourne en eau de
boudin..
Quant
à celle de Jésus, elle n’a plus qu’un
intérêt historique et immanent et
non pas transcendant ou métaphysique, sauf à
prétendre confondre les
deux, comme le font les gardiens du temple qui voudraient que tout
évênement sur la terre et parmi les hommes soit
commandé par le
divin..Ce qui leur est justement impossible de prouver.
Le 19/06/07
La question est donc de savoir en quoi une
intuition subjective peut-être admise comme un critère de
vraisemblance et/ou de valeur universalisable. S'il est clair qu'aucune
intuition subjective ne peut y prétendre, cela vaut encore plus
pour l'intuition de Dieu, car encore faut-il "entendre sa voie" et
admettre qu'elle nous est nécessaire. Or ces deux conditions
sont entièrement réversibles et relatives. Toute culture
n'a pas cette intuition, ni cette écoute de "la voie", ni le
désir de l'entendre pour soi (pour la faire sienne) et ce qu'il
peut y avoir d'universel dans chacune relève de ce que notre
désir croit y reconnaître d'universellement
désirable et non pas
d'un quelconque être transcendant que chacun, du reste fabrique
à sa mesure: Pas plus les grecs que les chinois n'intuitionnent
dans leur
culture respective l'idée d'un être "créateur" et
encore
moins d'un être sauveur des hommes originellement pécheurs
(le rédempteur). De plus le dieu chrétien n'est pas le
dieu
des juifs et des musulmans qui sur le plan central de l'incarnation s'y
opposent radicalement; les chrétiens, en tant que coyants en la
divinité
du Christ sont pour eux idolatres qui font d'un homme un Dieu, le seul
et
l'unique, double nature encastrée dans le mystère de la
trinité.
Et les effets éthiques (valeurs désirables) de
l'intuition
chrétienne sont autres, voire opposées etc, etc.
L'unité
des religions est un rêve par nature impossible; sauf un miracle,
en effet. Pour parler raisonnablement de la religion il faut partir non
d'une unité illusoire mais d'une réalité
universellement
constatable: leur irréductible diversité et donc leur
incapacité
à prétendre fonder quelque universel éthique que
ce
soit.
S. Reboul, le 28/01/03
"Lors de discussions à propos des
médecines
dites "parallèles", on m'objecte assez souvent que l'essentiel
est
que "ça marche"."
En effet peu importe si cela marche; sauf que cette médecine
placebo
peut faire une concurrence nuisible à d'autres dont les effets
sont
meilleurs et scientifiquement prouvés comme tels en double
aveugle.
Il ait des illusions
bénéfiques dès lors que la vérité
n'est pas scientifiquement connue;
En cela la religion a joué un rôle positif dans les
conditions
du non-savoir: elle a permis aux humains, dépouvus de tout
moyens
d'action objectivement efficaces de ne pas desespérer face
à
la souffrance et à la mort.
Mais elle a pour conséquence négative rédhibitoire
de
refuser la vérité scientifique et d'interdire de la
rechercher,
car elle se prend pour une vérité et non une simple
croyance subjective en attendant...Et ce d'autant plus qu'elle se donne
et se réclame (d')un fondement religieux absolu qu'elle
considère à tort
comme objectif (réllement existant hors de notre imagination):
Dieu
tout puissant.
S.R le 11/03/04
Dieu est folie
pour la raison
1) Dieu (le christ) est
"folie pour la raison dit Saint-Paul"; et pour cause: la
trinité, le mystère de la résurrection
etc.. ne sont pas
rationnellement compréhensibles et ne doivent pas
prétendre l'être, sinon vous en faites des thèses
philosoques discutables et non
plus des vérités révélées
sacrées (religieuses).
2) Ils ne suffit pas que
l'on démontre qu'une thèse est fausse pour qu'elle soit
une illusion; il suffit de croire qu'elle
est vraie pour des motifs
subjectifs, alors qu'elle n'est ni démontrable logiquement, ni
prouvable
expérimentalement. La
certitude est la marque de l'illusion, non de la vérité
rationnelle (critique) objective,
toujours hypothétique
et réfutable (voir K. Popper). Si vous me dites que l'existence
de Dieu est une fiction
crédible; je suis en
droit de vous demander au nom de quoi? Aucun philosophe, ni religieux
ne
prétend plus
aujourd'hui affirmer que cette
existence est rationnellemnt démontrable (du reste de quoi, de
quel Dieu parlons
nous?). Nous le savons, la
dernière tentative de Descartes repose sur des paralogismes
(S'agissait-il, du reste, de
preuve?). Si vous me dites que
vous croyez en Dieu parce que vous avez envie d'y croire; libre
à vous, mais je
peux vous opposer
l'invraissemblance de cette croyance: la survie et/ la
résurrection après la mort n'est pas très
expérimentalement
vraissemblable, ni très rationnelle l'idée d'un Dieu qui
a créé l'homme libre de commettre le
péché (le mal)
pour pouvoir le punir d'abord et le sauver ensuite et celà par
amour (ouf!) etc..
Démocratie,
religion et philosophie
On fait souvent le reproche à la
philosophie de critiquer la religion et donc de manquer au principe de
tolérence comme si la tolérence supposait l'abandon du
principe de la libre critique des idées et comme s'il
n'était pas dans les attributions de la philosophie occidentale
(et qu'on le veuille ou non, nous sommes des occidentaux et nous
n'avons pas a en avoir honte), depuis toujours, de refuser par principe
toute idéologie dogmatique extra-rationnelle au nom
de la raison et de l'expérience du bien-vivre avec soi et les
autres
en ce qu'elle a d'universalisable. Je prétends en effet que la
religion (que je distingue des convictions personnelles
non-rationnelles), en tant que machine de pouvoir idéologique
(églises, rituels, dogmes, pouvoir de menace symbolique, voire
réelle) prétendant définir le devoir-être
pour tous, et donc jouer es qualité un rôle politique, ,
est aujourd'hui en droit et en fait un obstacle à la
définition raisonnable des règles de justice collective
et
des règles de l'éthique personnelle.
En droit: rien n'autorise
les croyants et les prêtres d'une église à
décider du mode de vie des non-croyants, ce
qu'ils prétendent trop
souvent faire dans tous les domaines des grands problèmes de
moralité publique:
l'avortement, l'utilisation
de la génétique et des bio-technologiques, les relations
sexuelles, voire d'intérêt, la
représentation du corps
etc... Leur seul droit est de montrer en quoi les positions pour
lesquelles ils militent sont
rationnelles, c'est à
dire conforme aux conditions générales de la vie
démocratique (droits de l'homme), y compris
du point de vue des
non-croyants; dans ces conditions, alors ils n'interviennent plus en
tant que religieux, mais au
titre de citoyens ordinaires
raisonnables qui argumentent leur point de vue en dehors de tout
allégeance religieuse
particulière. Et ils
doivent accepter de voir leur croyances invalidées en tant
qu'argument
d'autorité sans fondement
rationnel universalisable et
renoncer au prétendu droit de faire de leur religion un argument
politique.
Dans les faits, notre
société n'est plus religieuse, au sens ou elle ne se
reconnaît dans aucune autorité transcendante
pour définir le droit
et les valeurs qu'elle se donne; la démocratie confie cette
tache aux citoyens croyants ou non.
Ceux-ci dans toutes les
questions de fond se déterminent de moins en moins , dans leur
immense majorité (et c'est
heureux, nous verrons pourquoi
plus loin), en fonction de l'autorité supposée d'une
église et de dogmes sacrés mais
en fonction de leurs
désirs et intérêts réciproques et de
l'expériences partagée des rapports (plus ou moins
violents, plus ou moins
libéraux, plus ou moins solidaires) entre les individus et
groupes d'intérêts au delà de toute
appartenance communautaire et
idéologique prédéfinie impérative.
Or la tentation reste forte
pour une minorité organisée, contre certains excès
attribués à tort ou a raison à
l'autonomie, de
rétablir une dogmatique transcendante des comportements pour les
rendre prévisibles et conformes
à des valeurs
présumées définitives laquelle dogmatique, loin de
faciliter le dialogue le rend à terme impossible et
nourrit la guerre des dieux
(Max Weber) qui compromet la possibilité même de la
démocratie qui loin d'être la
tyrannie de la majorité
disposant de la vérité et de la morale absolues
(sacrées) est le régime du compromis relatif
et rationnellement
fondé sur l'expérience empirique changeante et
raisonnée des relations entre les individus.
Si donc nous acceptons la
démocratie, il nous faut réduire la prétention des
religions à régir la vie politique au
profit de la pensée
dialectique ouverte au changement ; laquelle n'admet, par
définition, aucune
vérité d'évangile et
fait du bien-vivre en semble
le résultat d'une construction rationnelle toujours à
reprendre à nouveau frais dans des
contextes de pouvoirs
techno-scientifiques, économiques et sociaux et des
désirs qu'ils conditionnent (y compris le
désir aujourd'hui
dominant d'autonomie individuelle) qui évoluent sans-cesse et
dont nul ne peut croire sans
illusion , ni violence,
contrôler, ni renverser le cours, mais auquel chacun peut
contribuer en intervenant d'une
manière ouverte et non
dogmatique au débat public sur la définition des
règles de détermination et de réalisation
des désirs
légitimes de chacun. La critique du pouvoir de la religion comme
institution d'une dogmatique
transcendante des idées
et des comportements est donc indissociable de la promotion de la
démocratie libérale (et
l'idée d'une
démocratie non-libérale est insensée). C'est
pourquoi le France a eu parfaitement raison d'écarter la
formulation allemande dans le
Charte européenne voulant se référer aux valeurs
chrétiennes, au profit des valeurs
spirituelles de l'Europe : le
déisme, l'agnosticisme, voire l'athéisme philosophiques
et politiques sont tout autant
constitutifs de la culture
actuelle de l'Europe que le christianisme et il doivent compter comme
des sources
décisives de
l'idée démocratique : au XVIIIème siècle,
les droits de l'homme n'étaient pas, c'est le moins que l'on
puisse dire,
précisément revendiqués par les églises
chrétiennes ! Et la conversion de l'église catholique aux
droits
de l'homme est très
récente !…(Vatican 2)
La religion appartient au
domaine privé et la liberté de culte et d'expression
publique doit être garantie ainsi que la
liberté d'en critiquer
les effets idéologiques et comportementaux, ainsi que pour toute
liberté d'expression et
d'association privée
(dans les limites du droit libéral ordinaire, voir
l'interdiction
des sectes). Mais faire de la
religion une idéologie
politiquement déterminante pour décider du droit commun
et du fonctionnement de la vie
politique dans le domaine
public est contraire à la laïcité . Un parti
religieux n'a
donc pas sa place en démocratie,
mais la tentation est toujours
renaissante pour les églises, étant donné
l'idée de la vérité universelle qui les anime,
de se donner une
finalité politique et de se faire reconnaître comme acteur
politique à part égale avec les partis
politiques et les citoyens.
Entre théocratie et
démocratie le choix est rationnellement incontournable, sauf
à rendre le jeu démocratique
difficile, voire impossible,
car incohérent,; on voit bien certains effets pervers de cette
confusion entre politique et
religion aux USA à
propos du droit à l'avortement et dans une moindre mesure en
Allemagne
à propos de
l'expérimentation sur
l'embryon humain.
Quant à
l'idéologie commerciale, qui domine, en effet, les
démocraties occidentales, elle me semble bien moins
aliénante que
l'idéologie religieuse pour l'excellente raison qu'elle autorise
(et même implique logiquement) un
calcul rationnel des
intérêts réciproques et la possibilité de
choix diversifiés dans l'expression des désirs de
chacun et cela vaut même
aujourd'hui pour les désirs religieux qui s'expriment sur le
marché comme tous les autres
désirs ; alors que
l'idéologie religieuse traditionnelle soumet les individus
à une puissance surhumaine infinie
irrésistible dont le
pouvoir de punir peut faire que chacun soit condamné à la
damnation éternelle sans même avoir
le droit de se défendre
! et qu' elle exige de croire à des dogmes définitifs,
d'obéir à des impératifs incontestables
(sacrés) et de
reconnaître l'autorité absolue morale transcendante des
prêtre et de l'église sur les consciences.
Mieux vaut, selon cette
analyse comparative, que les individus fréquentent, en famille,
les hyper-marchés, le
dimanche, car ils peuvent y
projeter, plus librement leurs désirs, (y compris parfois leur
désir de solidarité, voire
les collectes
organisées en faveur des ONG)°que les églises.
La philosophie critique,
dont je me fais l'interprète, entretient-elle la haine des
religions, comme cela m'est
reproché ?
La philosophie est
l'expression raisonnée du refus radical de toute pensée
serve, or la religion traditionnelle close
est, comme l'affirme Bergson
dans " Les 2 sources de la morale et de la religion " un
mécanisme "
d'instinctualisation " de la
pensée éthique, en cela qu'elle prétend la
conditionner au point que celle-ci n'ait même
pas conscience de la
possibilité de se dérober à ses commandements
sacrés ou de les discuter. C'est donc plutôt la
haine de la liberté de
pensée qui est inscrite dans le fonctionnement de la religion,
comme toute l'histoire des
différentes religions
nous le prouve, qui provoque la critique philosophique de la religion.
Respect
des religions et lutte
contre le fanatisme.
Toutes les religions sont respectables dit-on, en
tant qu'elles expriment toutes des aspirations et des réflexions
humaines sur le sens et les exigences fondamentales
de la vie, dont la valeur est potentiellement universelle ; mais
nous savons aussi que, bien souvent, les
différentes
religions n'ont pas respecté les critiques en ou hors d'elle et
qu'elles ont combattu la libre pensée
rationnelle
au nom d'une vérité supérieure indiscutable et
sacrée,
la vérité
divine, dont elles se sont fait l'interprète
exclusif. Est-il possible de penser ce paradoxe et comment peut-on
réconcilier le respect des religions et la
liberté de penser critique ?
La religion, quelqu'elle soit, se présente
toujours comme une vérité révélée
aux
hommes par un Dieu au pouvoir
absolu et s'exprime à travers des textes
fondateurs sacrés dont le contenu est incontestable et
échappe
par nature à
la raison du commun des mortels ; seuls les
prêtres
et l'église sont plus ou moins habilités à
interpréter
l'usage qu'il
convient de faire de ces textes et de ces
commandements
et, dès lors qu'elle se veut fondatrice de l'humain, il est
logique qu'elle prétende fonder la politique
et la morale. Mais cette prétention exige à son tour que
les citoyens
soient croyants et que l'ordre du monde soit soumis
à l'autorité de Dieu et de ses représentants sur
terre.
Ainsi toute
religion est instituée en machine de pouvoir
spirituel et temporel supérieur à la décision des
hommes : la
théocratie n'est pas soluble dans la
démocratie.
Quand une religion se trouve menacée dans son autorité
sur
les
consciences et les institutions
politico-idéologiques
elle a tendance à réprimer et à faire
réprimer
par les pouvoirs
qui lui sont soumis et dont dépend la
légitimité,
toute opposition par la violence la plus extrême au nom de la
vérité absolue dont elle se
prétend
garante : les mécréants et autre infidèles
s'opposent
à Dieu et donc incarnent le
mal absolu (blasphèmes et sacrilèges);
ce qui justifie, au nom du Bien, leur destruction et/ou leur conversion
forcée et la lutte de ceux qui, par le combat
contre eux, trouvent la mort devient alors un sacrifice
héroïque
pour
laver le sacrilège (la guerre sainte) et
faire triompher la justice divine sut terre. Toute religion est donc
tentée
par
le fanatisme plus ou moins violent pour s'imposer
car elle ne peut par la discussion rationnelle seule, convaincre
d'une vérité par nature
suprarationnelle.
Mais le sentiment religieux ou la foi des
individus
et des ensembles humains expriment toujours des aspirations
éthiques et sociales plus ou moins
universelles
: non-violence, sécurité, bonheur, salut post-mortem,
soumission
à
un ordre juste, autonomie etc.. Or ces aspirations
ne sont pas nécessairement compatibles et cette
incompatibilité
vécue exige toujours réflexion,
compromis
et implique conflit et dialogue avec soi et les autres. Toute religion,
comme machine de pouvoir, doit donc s'adapter
à
l'évolution des sociétés pour en contrôler
le
cours afin de
préserver son pouvoir sur les consciences
; elle doit pour ce faire interpréter et ouvrir le contenu
sacré
qui la
fonde idéologiquement à la discussion
rationnelle à un effort de réinterprétation en son
sein. le fanatisme est pour
elle à terme un danger mortel. Si donc tout
fanatisme est religieux, y compris les fanatisme prétendument
athée
dès
lors qu'ils se réclament de dogmes salvateurs
irrationnels indiscutables, toute religion n'est pas toujours
fanatique,
mais elle a tendance à le devenir dans un
contexte où son autorité est compromise et/ou elle ne
peut
répondre aux
évolutions culturelles et économiques
des sociétés sur lesquelles elle prétend exercer
son
autorité spirituelle. Le
recul du fanatisme religieux signifie soit le recul
du religieux dans la vie politique et sociale et sa mise à
l'écart
dans la vie privée (situation actuelle) ,
soit sa capacité à prendre en main le changement qui
s'annonce
en se
réformant dans un sens favorable aux
aspirations
nouvelles qu'il met en oeuvre. Mais une religion de la liberté
de
pensée sans rivage transcendant, ni
contrôle
des consciences est logiquement absurde. Donc toute religion est
travaillée de l'intérieur entre
l'exigence
de soumission à l'autorité divine et cléricale et
la nécessité d'une évolution
libératrice. Refuser cette contradiction
est donc objectivement pour elle un signe de faiblesse mortelle ; elle
cherche alors, dans le pire des cas, à le
refouler dans l'extrême violence paranoïaque compensatrice
et
narcissiquement enivrante contre la
réalité
humaine et les aspirations des sociétés au changement et
des individus à
une plus grande autonomie. Du fanatisme
idéologique
on passe au fanatisme terroriste apocalyptique ; d'une
politique religieuse on passe à une religion
politique ; ou mieux au refus de toute politique, en tant que gestion
raisonnable des conflits, pour ne plus faire de
la terreur sans bornes, au nom de Dieu tout puissant, que le seul
moyen d'action possible. Dans ce cas les forces
de mort sacrificielles et héroïques des autres et de soi
l'emportent
sur les aspirations au mieux vivre ensemble dans
un bon usage des contradictions d'intérêts et de valeurs
qui
animent toutes les sociétés et tous
les individus. Un monde sans contradiction ne peut être qu'un
monde
mort et
vouloir un tel monde c'est semer et désirer
la mort de soi et des autres. La pulsion de mort s'impose alors
à
la
pulsion de vie. Ainsi une religion n'est respectable
que vivante et libératrice, c'est à dire au service de la
vie ; le
fanatisme de la mort est méprisable ;
l'intolérance
de l'intolérable, à savoir du fanatisme à la
rigidité
cadavérique
et criminelle, n'est donc qu'une manière
de respecter le sentiment religieux en ce qu'il peut avoir de vivant.
C'est ainsi que nos sociétés
contemporaines
n'ont pu s'arracher à cette tentation folle du délire
fanatique
et
(auto)destructeur (les guerres de religions,
l'inquisition
et autres "croisades") qu'en renonçant plus ou moins au lien de
subordination entre religion et politique et en
instaurant les conditions d'une démocratie pluraliste
fondée
sur les
droits de l'homme à penser par lui-même
(voir Kant : " Qu'est-ce que les lumières) et donc sur la
tolérance,
laquelle implique la libre critique rationnelle
(fondée sur la logique et l'expérience universalisable)
de
toutes les
opinions, y compris religieuses. C'est en quoi nos
sociétés libérales et démocratiques (vote
secret
majoritaire et
libertés religieuses et politiques etc..)
sont une menace mortelle pour toute les religions traditionnelles qui
refusent
toute interrogation sur elles-même, en elles
même et hors d'elle même ; privilégiant la
sécurité
d'un pouvoir
immuable hiérarchisé à la
souplesse
auto adaptative aux conditions et aspirations nouvelles des hommes (et
surtout
des femmes) à la liberté et à
l'égalité des droits.
Mais, en ce sens, la lutte contre le fanatisme
politico-religieux
n'est pas une marque de supériorité de notre culture
et encore moins de notre civilisation comme le
prétend
Monsieur Berlusconi,, car elle traverse toutes les cultures
et les religions à des degrés divers
selon les contextes historiques et culturels et les rapports de forces
du moment
: une culture n'est jamais
figée ni close sur elle-même et c'est par son mouvement
réflexif
sur elle-même qu'elle
participe du travail de la raison critique et du
développement de la civilisation universelle. De ce point de vue
les
hyper fanatique terroristes sont des criminels dont
les crimes, dès lors qu'ils participe d'une idéologie
politico-idéologique organisée,
doivent
être considérés comme des crimes contre la
civilisation
et l'humanité et
traités comme tels.
Nous n'avons donc pas plus de gants à
prendre
contre les Ben Laden, ses affidés manipulés et autres
Taliban(s)
que contre les nazis pendant la dernière
guerre. Il faut les vaincre militairement et le plus tôt sera le
mieux, car nous
sommes dans la situation d'un monde ouvert et
perméable
dans lequel n'importe quels fous fanatiques peuvent faire
usage d'armes de destruction massive et mettre en
danger l'humanité toute entière. Notre premier but
raisonnable
doit donc être d'éradiquer sans
faiblesse
idéologique et politique le terrorisme en le coupant de son
terreau
que
sont ses ressources militaires, ses ressources
humaines
(le désespoir de ceux qui se sentent humiliés par les
injustices qu'ils subissent et sont tentés
par la vengeance de masse), ses revenus financiers et ses dogmes
idéologiques sur lesquels il fonde son
influence
en instrumentalisant les sentiments religieux traditionnels et les
sentiments d'injustice et d'humiliation vécus
par les populations les plus déshéritées, laquelle
instrumentalisation
est mortelle pour toutes les cultures, religieuses
ou non, musulmane ou non.
Les droits de
l'homme et les dix commandements
Petite remarque historique:
présenter les
dix commandements comme l’origine (divine?) des droits de l’homme,
comme lme font certains est
pour le moins discutable. Les droits de l’homme dans les dix
commandements sont liés non au libertés individuelles et
politiques,
mais à l’obéissance au seul dieu de la religion
monothéiste (juive)
qu’affirment le premier et le deuxième commandements, en des
termes
passablement terrorisants
Tu n’auras pas d’autres dieux en dehors de moi.
Tu
ne te feras pas d’image taillée, ni aucune figure de ce qui est
en haut
dans le ciel, ni de ce qui est en bas sur la terre, ni de ce qui est
dans les eaux sous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant elles
et tu ne les serviras pas; car moi, je suis Yahweh, ton Dieu, un Dieu
Jaloux qui punit 1’iniquité des pères sur les enfants,
sur la troisième
et sur la quatrième génération pour ceux qui me
haïsse,
mais faisant miséricorde jusqu’à mille
générations à ceux qui m’aiment et gardent mes
commandements.
En ce qui concerne les derniers;
(Honore
ton père et ta mère afin que tes jours durent longtemps
dans le pays.
Tu ne tueras point.Tu ne commettras point d’adultère.Tu ne
voleras pas.
Tu ne déposeras pas comme témoin mensonger contre ton
prochain. Tu ne
convoiteras pas la maison de ton prochain. Tu ne convoiteras pas la
femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf,
ni son âne, ni rien de ce qui appartient à ton prochain),
ce sont des
règles humaines de bon sens pour réduire le risque de
violence dans la
cité et ils étaient déjà connus avant et
hors les religions
monothéistes, chez les chinois et les anciens babyloniens etc..
La
seule originalité des dix commandements réside donc dans
la
soumission inconditionnelle au seul Dieu véritable, à
l’exclusion des
autres. C’est pourquoi on peut argumenter dans un sens inverse du
vôtre: les dix commandements rendent légitime
l’intolérance; laquelle
interprétation a dominé pendant des siècles les 3
religions
monothéistes et c’est suite aux guerres de religions
(chrétiennes) que
les philosophes ont inventé des droits de l’homme
laïcisés c’est à dire
sans référence religieuse qui sont aux fondements de
notre société
démocratique.
Le 28/01/06
La religion fait-elle le bonheur?
Certains scintifiques prétendent avoir démontré
que la religion rendent les humains plus heureux et plus pacifiques.
Or cette prétendue démonstration de la nécessité de croire en dieu se retourne comme un gant.
1) En ne donnant que des arguments utilitaires à la foi, elle
disqualifie celle-ci de tout contenu de vérité proprement religieux ou
transcendant, pour n’en faire qu’une croyance humaine parmi d’autres
qui plus est procédant de l’évolution biologique. Elle n’est donc rien
d’autre qu’une illusion biologiquement et psychologiquement utile au
croyant, comme le sont toutes les illusions.
2) Pour n’en faire qu’une croyance bonne pour le croyant, elle ne
mesure en aucun cas l’effet qu’elle peut avoir sur l’incroyant et ne
conduit en rien celui-ci à l’adopter en tant que vérité
transcendante révélée.
3) Elle évite de se poser la question des conflits plus ou moins
violents entre les croyants qui tous se réclament d’une vérité
transcendante contre celle des autres et l’incroyance. Elle occulte la
question du fanatisme qui n’est rien d’autre que l’expression
radicalisée d’une vérité absolue qui refuse de se considérer comme une
simple croyance humaine parmi d’autres.)
4) Enfin prétendre que la religion rend heureux ne signifie
en rien qu'elle ne soit pas une illusion qui agit dans le croyant comme
une drogue plus ou moins douce: si l'on interroge le drogué il
prétendra que sa drogue le fait planer et le rend plus sociable,
si ce n'était que celle-ci lui est socialement interdite. Le
bonheur est affaire de subjectivité et la paix civile de police
des comportements et, comme le disait Napoléon, rien de tel que
la religion pour faire la police dans les esprits.
Cette position fait donc des sciences biologiques et humaines le
juge toujours discutable et faillible de la pertinence utilitariste de
la religion, sans aucun caractère impératif dogmatique. Elle démystifie
donc la religion; elle est en cela précisément athée, au sens où la
religion n’est plus affaire de révélation divine mais n’est qu’un objet
discutable et non pas sacré de sciences et de cultures
humaines comparées.
De l'athéisme pratique
Certains
voudraient nous faire croire que nous ne pouvons pas nous passer de
poser une première cause du monde pour que notre vie ait une sens et
que l'athéisme serait elle-même une position irrationnelle. Critique de
cette fausse symétrrie.
1) je ne vois pas en quoi il nous faudrait une cause première, alors même qu’unemultiplicité de causes aléatoires ferait tout aussi bien l’affaire et même mieux à en juger par ce qu’on peut comprendre de tout évènement.
2) si
cause première et donc absolue il y a, en quoi pourrions nous la
connaitre en tant que nous sommes des effets nécessairement relatifs,
sauf à se prendre soi-même pour cette cause et donc pour Dieu et/ou
croire que cette cause première nous aurait été révélée par Dieu
lui-même sous le forme d’un mystère irrationnel dont la
validité objective resterait à démonter ?
3)
si cette cause première a été révélée à quelqu’un , étant donné la
pluralité contradictoires des revendications pour occuper cette place,
nous n’avons aucun moyen de savoir à qui elle l’a été et qui et/ou quoi
elle est .
Conclusion : Dans
ces conditions, sauf à décider arbitrairement qui et/ou quoi elle/il
est, il vaut meux décider, si l’on veut éviter des conflits
insurmontables sur l’’absolu ("guerre des dieux"), ne pas tenir compte
de dieu pour mieux vivre avec les autres, et par conséquent avec
soi. C’est exactement cela l’athéisme (a privatif) pratique :
ne surtout pas se référer à un dieu quelconque pour vivre d’une manière
pacifique et sensée les inévitables conflits de la vie. C'est à chacun
avec ses moyens de réflexion propres et ses désirs en
relation avec ceux des autres de produire des significations un peu
plus cohérentes à ses vies.
"Dieu est le seul être qui n’a pas besoin d’exister pour produire les plus grands malheurs du monde" (Diderot)
Le 21/07/2010
Toute religion est menacée de se croire investie de la véité révélée, exclusive, absolue et sacrée, donc
valant pour tous sans conditions; et indémontrable donc devant
s'imposer à tous par tous les moyens, y compris la violence, pour
triompher du mal absolu: ne pas y croire ou croire en d'autres dieux est le mal absolu. Ainsi
La guerre des dieux est consubstantielle à la passion religieuse, car
celle-ci est sans limite, ni borne. Dieu est le plus grand et il est le
tout de l'existence dans l'imaginaire des collectifs humains, c'est
pourquoi il n'a pas besoin d'exister pour provoquer les plus grands
malheurs du monde...Le bouddhisme n'est pas à l'abri, dès lors qu'il
devient institution politique et machine de pouvoir, donc religion
populaire...La laïcité a permis une sortie de la religion chrétienne et
réciproquement et, par là, il est devenu, difficilement, une religion
de la sortie de la religion, mais cela reste précaire, car le désir
d'absolu reste latent, du fait même de l'infinité du désir humain. 11/06//2017
Religions et puissance des rituels
Les
religions ne sont pas d’abord affaire de croyances idéales et
encore moins de vérités intellectuelles, mais de rituels
physico-symboliques propres à ancrer dans les corps et les habitudes
comportementales, dès la plus tendre enfance, des émotions
soumises à une discipline imposée par une institution.
Rituels
d’humilité, rituels d’obéissance, rituels de fusion collective
sentimentale en vue du salut personnel, rituels de codification
des comportements éthiques (alliances familiales et
sociales) sous une incontestable autorité (sacrée), rituels de
conjuration de la mort et et de la souffrance, rituels de consolation
psychique etc..
Autant
dire que ce n’est pas par les seules idées que l’on luttera contre
l’aliénation religieuse, mais par l’abandon progressif de ces rituels
ou leur désacralisation en cérémonies purement conformistes, sans autre
valeur que celle de se réjouir d’être semblables contre les autres...
Le 30/05/201
L'illusion religieuse
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