Le mot
"être"
n'a pas de sens hors une vision, voire d'une conception positive et/ou
critique du mot "être".
Et dire l'"être" c'est
déjà
l'interpréter et donc passer de l'ontologie qui, naïvement,
nous commande en effet, à celle de l'affirmation de la
connaissance
des phénomènes dans leur insurmontable diversité
comme
"puissance interprétative de la pensée" en tant que
source
d'actions possibles.
Nous ne pouvons alors que penser pour agir
(efficacement ou non, bien ou mal) et non pour prétendre
contradictoirement
que l'être du discours pourrait s'identifier à
l'être
tel qu'il est, dont nous ne pouvons savoir s'il est, tel ou autrement,
hors de la vision ou conception que l'on peut en produire, plus ou
moins
corroborée par les faits qui nous affectent et les actions dont
les phénomènes sont l'objet.
Peut-être notre pensée est-elle
inapte à penser l'être, si ce n'est négativement
(ex:
théologie négative). Et la montagne, la
métaphysique,
accouche alors d'un mot vidé de tout sens possible: l'être
d'une impossible ontologie.
Logiquement, Il convient de distinguer le verbe être, du verbe exister:
Etre: Le premier exprime une simple relation d'identité ou d'implication entre un sujet et un prédicat, ou mieux entre un objet (x) et telle ou telle fonction (fx). Cette relation n'implique en rien l'existence réelle de cet x; soit la proposition:"Dieu est parfait", cela ne signifie pas que dieu existe, mais que s'il existe, alors il a la fonction d'être parfait. Cette relation peut-être nécessaire et nous avons affaire à un jugement analytique (a priori): le prédicat peut se déduire logiquement du sujet (ex: un triangle est un figure à trois angles) ou non nécessaire, nous avons alors affaire à un jugement synthétique soit a priori (les axiomes mathématiques) soit a postériori (les lois empiriques)
Exister: Le second exprime toujours un jugement synthétique: Kant a montré que l'existence rélle d'un objet ne se démontre pas logiquement, elle se prouve expéritalement; or Kant et les logiciens montrent aussi qu'il est impossible de prouver expérimentalement que Dieu existe. Ainsi toute preuve rationnelle de l'existence de Dieu ( l'Etre suprème) est impossible. Quant à mon existence, elle est prouvée par ma position, ma pensée et mes actes, tous expérimentables, par moi et les autres. Mais cette position et ses actes sont attachés à des valeurs et au sentiment de sa propre valeur, plus ou moins reconnus par les autres et par soi; c'est pourquoi nous cherchons à être comme valeur et que nous pouvons avoir l'impression de n'être pas ce qu'on mérite d'être au nom de ces mêmes valeurs; mais il convient la aussi de distinguer existence et valeur...
Toutes ces confusions sont la sources de nos illusions idéologiques, y compris philosophiques
Il n'y a pas d'être en tant qu'être, lequel indéterminé et indéterminable serait néant; mais des êtres déterminés relation avec d'autres êtres déterminées, temporaires et mortels, dont on peut faire l'expérience parce qu'ilsxistent et dont l'existence objective s'éprouve dans la résistance qu'ils opposent, plus ou moins, à nos désirs en acte.
Pour mieux dire, il n'y a même pas d'êtres, mais il n'y a que des phénomènes et des interprétations de phénomènes plus ou moins éprouvées et prouvées, phénomènes produits et détruits par l'enchaînement sans finalité, infiniment embrouillé et aléatoire, des causes et des effets.
Parmi ces
phénomènes,
il y a des phénomènes vivants dont les finalités
apparentes
(auto-réparation et auto-reproduction) ne sont que les effets de
leurs structures génétique physico-chimiques qui
programment
leur
fonctionnement selon des boucles de
rétroactions
dans le cadre des échanges avec leur environnement. Parmi
les
phénomènes vivants, il y a le phénomène
humain
dont la spécificité apparente réside dans
la
conscience/méconnaissance de soi et du monde lié à
l'usage du langage symbolique, laquelle conscience, prise de panique
devant
la compléxité du monde et de soi et ce qui se donne
à
elle dans l'expérience de la durée, du temps, de
l'impermanence
des choses et de soi et la perspective de la mort, a inventé le
mot être auquel chacun peut donner la définition
fictivement
stable (Dieu, la Nature, l'Esprit..) et transcendante lui permettant de
conjurer l'angoisse du "n'être plus" et de le rassurer en
conférant
l'unité illusoire d'un sens (toujours indéfinissable) de
sa propre existence désirante et insensée.
L'illusion métaphysique
L'illusion religieuse
L'illusion naturaliste
L'illusion moraliste
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