Sylvain Reboul:
L'obéissance à Dieu,
Vérité/Valeur
absolue, est, par définition, pour le croyant authentique, donc
aveugle (voir le sacrifice demandé à Abraham), un
impérarif
catégorique: il n'est d'autre crime que de
désobéir
à ses commandements car toute désobéissance est
refus
de reconnaître son autorité suprême, fondement
de toute autorité et de toute loi justes; ex: Adam,
chassé
du paradis, est condamné au travail, à la souffrance et
à
la mort; il a transmis à tous le péché originel
qui
n'est autre que la désobéissance à Dieu qu'il a
commise.
Or l'athée menace par son athéisme (refus de
l'autorité
divine) la foi et l'obéissance aveugle à Dieu
exigée
du croyant; l'athéisme corrompt l'intégrité de la
foi en cela qu'il la relativise en en faisant le fruit d'une
décision
personnelle donc arbitraire: Dieu n'est vrai que s'il l'est pour tous
les
hommes (catholicisme) et donc si la Vérité divine
s'impose
à tous contre l'incroyance qui n'est que la perpétuation
du péché originel.
Il est donc dans la logique de la foi de
considérer
que l'athéisme est le plus grand mal et qu'il convient de
l'éradiquer;
mais il est dans la logique de l'athéisme de considérer
que
le croyant est aliéné; or, pour l'athée, la
libération
du croyant ne peut venir que de lui: toute répression du croyant
est absurde; seuls la réflexion rationnelle
(logique+expérience)
et l'examen critique par lui-même des fondements de sa foi et de
ses conséquences peut l'aider à se remettre en question.
Encore faut-il un contexte politique favorable
à la libre pensée et, pour cela, que l'athéisme
philosophique
soit autorisé.
Seul l'athéisme peut, car il le doit au nom de son exigence d'autonomie, être tolérant (pas de vérité absolue); ce qui ne veut pas dire qu'il doit s'abstenir de philosopher publiquement sur la religion; car s'en serait fait de la liberté d'expression, mais il doit le faire hors toute menace sur les personnes, par la seule force de ses arguments rationnels.
Reste le problème de la confusion entre
la religion et la politique, qui est pour l'athée, et pour tout
homme raisonnable, dangereuse en cela qu'elle autorise la violence
contre
tous ceux qui sont considérés comme
mécréants
et qu'elle tend à légaliser la répression de la
libre-pensée,
fondement régulateur de la démocratie. La loi doit
interdire
cette confusion dans le cadre de la liberté religieuse
personnelle
garantie. La tolérance sans liberté critique (donc sans
la
liberté d'être et se
conduire en athée) fait toujours le lit
de l'intolérance qu'elle soit politique et/ou religieuse.
L'athéisme
est un garde-fou indispensable contre le fanatisme religieux qui au nom
de l'Absolu est toujours tenté de
fusionner la politique et la religion.
Votre message me semble assez violent, comme
si
vous aviez vous-même souffert d'une intolérance
religieuse.
Mais je n'ai pas l'ambition de vous psychanalyser !
Vous me semblez confondre d'abord "mal" et
"crime".
Si l'athéisme est un mal, aux yeux du croyant, cela ne fait pas
de l'athée un criminel. En effet, le croyant ne peut juger si
cette
attitude relève d'une ignorance ou d'une mauvaise volonté
ou de toute autre cause. Vous m'accorderez que l'athéisme, comme
le théisme, est une option : soit je crois que Dieu existe, soit
je
crois que Dieu n'existe pas : ne pas croire,
c'est encore croire. Or on prend cette option sur la base d'un certain
nombre d'indices, qui nous font voir l'une ou l'autre hypothèse
comme plus vraisemblable.
Je conteste que seul l'athéisme puisse
être tolérant. La tolérance n'est-elle pas au
contraire
une attitude proprement religieuse, dans la mesure ou je laisse exister
cela même que je considère comme un mal ? Voyez les belles
pages de saint Thomas d'Aquin, IIaIIae, quest 10 art 11.
L'athéisme
qui considère qu'il n'y a pas de vérité absolue
(excepté
l'inexistence de Dieu)
n'est pas plus que n'importe quelle religion
à l'abri de l'intolérance (voyez l'Etat athée
communiste
et les goulag).
La raison m'en paraît simple : l'homme
est naturellement intolérant, il n'aime pas que l'on pense
différemment.
C'est d'ailleurs ce qui fait le succès des forums sur internet :
au fond, j'aime bien amener les autres à mon propre avis, non ?
N'est-ce pas cela le premier mouvement d'intolérance ?
Sylvain Reboul:
Dire que le mal est tolérable pour la religion, alors que le crime ne l'est pas, c'est refuser de voir que les religions n'ont toléré ce qu'elle considéraient comme le pire mal, le péché contre Dieu et ses commandements, qu'à la condition que le mal et ceux qui étaient désignés comme mécréants, hérétiques ou infidèles ne contestent pas son pouvoir absolu de définir le bien et se soumettent au rôle négatif que l'église leur attribuait généreusement. Dès lors que s'affirmait une contestation de ce pouvoir idéologique et politique de l'église, les porteurs du mal étaient immédiatement diabolisés, criminalisés et les mécréants transformés en victimes émissaires de la vraie foi: les croisades, les guerres de religions, l'inquisition et les chasses aux sorcières en témoignent, hier et aujourd'hui.
Quant aux pays soi-disant athées et socialistes ils n'ont jamais fait que remplacer une religion par une autre; et l'église par le parti. Comme le disait Marx lui-même la théorie socialiste ne prétant pas abolir la religion mais s'efforce de la réaliser sur terre, sous la forme de la société sans classe; un tel projet suppose possible la réconciliation fraternelle de l'humanité dans la croyance en une vérité unique et absolue de la vie (vérité absolue sécularisée). Il s'agissait donc bien d'une religion au sens de la visée de l'union de tous autour d'une Vérité incontestable supérieure en vue du salut de l'humanité et sous la conduite d'un parti-église détentrice du monopole de son interprétation légitime.
La seule forme authentique de l'athéisme c'est, dans la théorie, la philosophie rationnelle et critique qui refuse toute prétention de fonder la vie sur des absolus; et dans la pratique une éthique pragmatique (donc sceptique), régulatrice du désir dans la relation à soi et aux autres en vue de réduire le risque de violence, d'accroître l'autonomie et la solidarité précisément humaine en ce qu'elle fait du désir et de ses ambivalence et contradictions l'essence de l'homme.
Dans les faits la notion de tolérance a pris aujourd'hui une autre signification: fonder le pluralisme démocratique par lequel le mal (le malheur et la souffrance produite par l'homme) n'est plus l'apanage de l'autre, mais l'affaire de tous, dès lors que la tentation de la violence demeure en chacun. Et c'est tant mieux si un monde plus raisonnable, et partant moins violent, tel que le monde commercial et contractuel, succède à un monde enchanté ou domine la passion fusionnelle. L'affaire du moyen orient et bien d'autres sont là pour nous le rappeler tous les jours.
Cordialement, S.Reboul
Pascal Jacob:
Je vous remercie de votre message, mais il me
semble que vous considérez comme identiques des
réalités
diverses : Vous dites "religion", de laquelle parlez-vous ? Est-elle en
cause en tant que telle, ou n'est-ce pas plutôt l'homme qui est
en
cause ? Le christianisme qui tue n'est pas chrétien : peut-on en
dire autant de l'islam ?
Connaissez vous cette belle pensée de
Malraux ? "La réalité absolue a été pour
vous
Dieu, puis l'homme. Mais l'homme est mort, après Dieu, et vous
cherchez
avec angoisse celui à qui vous
pourriez confier son étrange
héritage.
(...) Pour détruire Dieu, et après l'avoir
détruit,
l'esprit européen a anéanti tout ce qui pouvait s'opposer
à l'homme; parvenu au terme de ses efforts, comme Rancé
devant
le corps de sa maîtresse il ne trouve que la mort. Avec son image
une fois atteinte, il découvre qu'il ne peut plus se passionner
pour elle. Et il ne fit jamais d'aussi
inquiétante découverte."
Cordialement
PJ
S.Reboul:
La citation de Malraux, prise au pied de la lettre, me parait excessive en cela qu'elle semble condamner radicalement les sociétés laïques et démocratiques et leur évolution, sans proposer autre chose que la nostalgie des sociétés théocratiques unifiées par une religion sacralisée; cette nostalgie me semble, non seulement inféconde, mais dangereuse pour la paix civile et la tolérance qu'elle exige dans le monde ouvert et pluraliste qui est le nôtre. Je pense au contraire qu'un humanisme est possible et nécessaire sans la soumission à une Vérité transcendante qu'implique toute religion.
Vous ne pouvez négliger l'histoire du
christianisme
et des religions chrétiennes dans vos analyses sans prendre le
risque
de parler contre les faits; et les faits sont tétus: la
tolérance,
au sens moderne, a été au nom de la vérité
absolue confortée par le dogme l'infaillibilité
pontificale,
condamnée par les papes jusqu'au début de notre
siècle:
la tolérance moderne, l'esprit
critique et la laïcité ont
été,
dans des textes très clairs et très officiels et d'une
manière
récurante, considérés comme mettant en danger la
vérité
religieuse au profit de l'athéisme et donc
blasphèmatoires
et criminéls (ex: Pie IX). Et lorsque les religions et les
églises
ont joué un rôle politique déterminant, cela s'est
toujours accompagné de persécutions contre les
libres-penseurs
ce que sont, ou doivent être, par définition, les
philosophes
(au XVIII ème être philosophe signifiait, pour
l'église
catholique, être athée).
La situation a aujourd'hui changée,
l'église
catholique se réclame de la tolérance et il faut nous en
féliciter; mais on le doit non à la religion
elle-même
mais au progrès de la laïcité et de la
libre-pensée
dans la
société, grâce, entre autres,
1) à la philosophie
et à son combat pour le droit de penser par soi-même
(Kant: "Qu'est-ce que les lumières?"),
2) au développement
de la démocratie politique pluraliste
3) à la place dominante
de l'économie marchande, qui substitue Dieu à
l'argent comme finalité, le contrat
à
l'allégeance, comme condition des échanges etc..
Notre société n'est plus
croyante,
c'est à dire qu'elle ne reconnaît aucune religion comme
fondement
de l'ordre public et du pouvoir politique. elle est libérale sur
la plan idéologique et individualite dès lors qu'elle se
réfère aux droits de l'homme: la religion a bien
été
obligée, non sans mal et sursauts, de s'adapter pour survivre
à
cette évolution qui s'est, en partie, faite contre elle.
Cependant je vous accorde que le message originel
du christianisme (les évangiles) autorisait cette adaptation
(voir
Vatican2), lequel message peut-être aussi
interprété
comme celui "de la religion de la sortie de la religion";
une telle adaptation semble, en effet, plus
difficile
pour l'Islam et pour toutes les religions traditionalistes.
Ceci dit, en tant que croyance (ou foi)
personnelle
et/ou collective privée, le religion est tolérable,
à
condition qu'elle accepte le libre examen critique et public des
croyances,
qu'elle ne prétende plus faire la loi pour tous et
qu'elle renonce à exercer un rôle
politique dominant; tout autre attitude serait contraire au fondement
même
de la démocratie pluraliste. Cette tentation de jouer un
rôle
politique hégémonique existe toujours, ce contre quoi je
combats.
Enfin la religion doit accepter l'incroyance
comme une donnée définitive de la modernité.
Amicalement
S.Reboul
Il me semble que vous ne distinguez pas assez
des plans très différents :
1) les plans historique, philosophique, et
théologique
: Historiquement, les hommes d'église, et les hommes tout court,
ont toujours été intolérants, et les exceptions se
partagent équitablement entre les athées et les croyants.
Philosophiquement, la notion d'opinion n'est
pas la même qu'en théologie, et le théologien n'a
pas
vis à vis de l'opinion la même attitude que le philosophe
: il n'y a pas de "credendae" en philosophie.
2) Les diverses mutations du mot
"tolérance".
Il ne faut pas reprocher aux anciens d'ignorer une notion moderne. La
modernité
a certainement réinventé la barbarie, mais pas la
tolérance.
De même, les notions de "laïcité", de
"liberté de conscience", ne sont pas
univoques".
Enfin, on confond trop souvent "l'Eglise" avec "des
théologiens".
Je pourrai reprendre un peu plus tard ces sujets.
Bien cordialement,
Pascal Jacob
Sylvain Reboul:
Les distinctions que vous faites me semblent
difficiles
à établir clairement, car la théologie, dans la
tradition
chrétienne, est indissociable d'un projet philosophique
rationnel
d'explicitation interprétative de la Vérité
Révélée
et que cette explicitation est manifestement historique, dans ses
motifs
et ses visées; l'histoire des conciles est là pour le
montrer.
Certains opposent la théologie
instituée
à la foi personnelle, mais cette opposition va plutôt dans
le sens de la liberté entière de chacun à
rechercher
la Vérité transcendante dont nulle église ne peut
se prétendre unique propriétaire légitime. La foi
serait, soit une certitude dogmatiquement établie et alors elle
se confondrait avec le sentiment d'appartenance religieuse à une
église historiquement située, soit une recherche
permanente
d'un absolu qui ne se laisserait enfermer et exposer par aucun
dogme
établi, ce qui pourrait lui conférer, en effet, un
rôle
critique fécond, du point de vue de la tolérance.
Le monde moderne n'a pas inventé la barbarie mais l'a mise en oeuvre avec des moyens sans précédant; or, il s'est donné aussi le moyen intellectuel de la dénoncer et de la combattre par le droit et la politique démocratique, c'est à dire l'invention de l'idée des droits de l'homme et du citoyen libérés du droit divin...
Bonjour à vous,
Vous me semblez vraiment remonté contre
la religion ! Ne pourrions-nous pas cependant distinguer en premier
lieu
plus
précisément le sentiment religieux,
ouverture naturelle vers la transcendance, et les religions,
expressions
historiques de ce sentiment ?
Il me semble que ce sentiment ne peut être
gommé. Vous connaissez sans doute ce mot de Marx :
"L'État
démocratique, l'État véritable, n'a pas besoin de
la religion pour son achèvement politique. Il peut s'en passer
parce
qu'en lui le fondement de la religion est réalisé d'une
manière
profane." Il me semble qu'un état qui gommerait la religion ne
pourrait
qu'y substituer une autre.
Je ne crois pas que notre société
laïque soit devenue plus tolérante : voyez le mal qu'on se
donne pour supprimer les personnes handicapées, comment on
exclut
les gros, les moches, etc. L'intolérance a simplement
changé
d'objet. Je crois que nous sommes passé à la religion des
droits de l'homme, mais en niant la nature humaine. Les voilà
vides
de contenu, ou plutôt prêts à recevoir n'importe
lesquels.
Vous écrivez : "Je pense au contraire qu'un humanisme est possible et nécessaire sans la soumission à une Vérité transcendante qu'implique toute religion". Je crois qu'un tel humanisme est impossible : ce n'est pas la religion qui implique une vérité transcendante, mais la nature humaine. Les Droits de l'Homme se veulent bien transcendants à toute culture, mais ils n'ont pas les titres à revendiquer cette transcendance. Que serait un humanisme qui ne reconnaîtrait pas la dimension religieuse de l'homme ?
Vous écrivez : "la
théologie, dans la tradition chrétienne, est
indissociable
d'un projet philosophique rationnel d'explicitation
interprétative de la Vérité
Révélée et que cette explicitation est
manifestement
historique, dans ses motifs et ses visées; l'histoire des
conciles
est là pour le montrer". La
théologie
ne dépend pas, pour le christianisme, d'une philosophie
particulière
(cf. l'Encyclique Foi et Raison). Cette explicitation échappe en
son fond à l'historicité, parce que la
vérité
qu'elle vise est en elle-même (mais non forcément en ses
termes)
immuable.
"il s'est donné aussi le moyen
intellectuel
de la dénoncer et de la combattre par le droit et la politique
démocratique,
c'est à dire l'invention de l'idée des droits de l'homme
et du citoyen libérés du droit divin..."
La lecture de Tocqueville est
éclairante
à ce sujet (je vous mets en fichier joint un passage
significatif).
Il me semble que le fond du problème est que vous accusez la
religion
de maux dont seul l'homme est responsable. En ce sens, il faut comparer
les actes d'hommes se réclamant d'une religion donnée
avec
les prescriptions de celle-ci. Le constat ne sera pas le même
pour
l'islam ou le christianisme.
Si l'on s'en tient à la religion
catholique,
je ne suis pas certain que notre société se porte mieux
depuis
la séparation de l'Église et de l'État.
L'intolérance
laïcarde ne le cède en rien aux intégrismes les plus
virulents. Je crois qu'on n'a libéré le citoyen du droit
divin que pour l'enchaîner aux caprices de la majorité.
Cordialement,
Pascal Jacob
La laïcité a, en tout cas , libéré les sociétés pluralistes modernes des guerres de religions interminables qui, pour ne prendre qu'un exemple, la guerre de trente ans, avaient réduit la population des pays de langue germanique de plus de la moitié. Si vous refusez de reconnaitre la laïcité comme fondement de la république; je suis en droit de vous demander quelle religion d'état vous prétendez m'imposer, à moi qui ne croit pas et au nom de quelle vérité que je ne reconnaît pas: celle de la majorité? Mais alors vous retombez sous le coup de la critique que vous m'adressez: la majorité est versatile et arbitraire, même en matière de religion, surtout aujourd'hui où chacun a la droit de concocter sa panoplie de croyances personnelles et portatives les plus hétéroclites selon son humeur et les moments de sa vie. Sans églises détentrices d'un pouvoir de contrainte idéologico-politique transcendant, y compris par la force; il ne peut y avoir de majorité religieuse cohérente et stable: la preuve? même la majorité des catholiques pratiquants, sur les questions sensibles (contraception, avortement..), n'écoute Dieu ou le pape que d'une oreille; quand cela arrange et/ou ne heurte pas trop leur intérêts et/ou désirs très humains. La majorité des croyants affirment aujourd'hui qu'ils sont libres d'en prendre ou d'en laisser à leur convenance. Que prétendez-vous faire contre cette attitude? Forcer les personnes à se soumettre ou les convaincre; mais, dans ce cas, avec quels arguments universalisable?
Le problème est que vous semblez penser
qu'il existe une Vérité transcendante qui serait
susceptible
de s'imposer à tous sans médiation politico-humaine et
traitement
argumentatif humain pour forcer, persuader et/ou convaincre. Dire
que la (votre) vérité religieuse serait naturelle et en
cela
reconnaissable par tous est tout simplement contraire à
l'expérience
historique et religieuse. Affirmer que cette diversité
religieuse
est le fait des hommes et non de Dieu, ne règle en rien la
question;
car, comment reconnaître et faire reconnaître ce qui vient
de l'un (sans parler des religions polythéistes) et des autres?
Vous verrez que les tabous qui concernent
les manipulations ou la suppression des embryons défectueux
(pathogènes)
vont, à leur tour tomber, dès lors que les sciences et
les
techniques seront au point. Et vous verrez alors que des
considérations
religieuses ad'hoc, pour ceux qui ont encore besoin de croire,
justifieront
ces pratiques nouvelles de contrôle de la vie, comme c'est le cas
pour des courants montants de la théologie catholique, en
Allemagne
où je vis, en ce qui concerne la contraception et l'avortement;
et cela au nom de la tolérance et de l'humanisme
chrétiens
justement!
Quant à Marx, votre citation, ne fait que confirmer que son projet était religieux: "le fondement religieux est réalisé par la démocratie". mais lequel? Celui du christianisme, mais alors surement pas catholique? celui de l'Islam, du boudhisme? Dans tout les cas c'est bien ce que je reproche à Marx, vouloir réaliser par la politique un fondement religieux quelconque; et c'est aussi cela qui rend possible le totalitarisme. Une vérité religieuse absolue ne peut être, si elle prétend s'imposer politiquement, que totalitaire. La politique n'est jamais qu'une affaire d'homme, qu'elle prétende s'inspirer d'une religion ou non; et le savoir conduit à la tolérance, c'est à dire à l'examen critique des motifs et des raisons de nos décisions, du point de vus des principes des droits universels et de ce que la majorité considère, à tel ou tel moment, comme le plus conforme aux intérêts mutuels des individus. On peut regretter cette variabilité, cette relativité; mais elle est le prix à payer pour une démocratie pluraliste, libérale sceptique et pragmatique, sans guerre de religion. Que proposer de mieux, en matière de tolérance?