Fanatisme et religion
Débat entre Pascal JacobPascal Jacob(en rouge),professeur de philosophie et Sylvain Reboul (en vert)

 

Sylvain Reboul:
L'obéissance à Dieu, Vérité/Valeur absolue, est, par définition, pour le croyant authentique, donc aveugle (voir le sacrifice demandé à Abraham),  un impérarif catégorique: il n'est d'autre crime que de désobéir à ses commandements car toute désobéissance est refus de reconnaître son  autorité suprême, fondement de toute autorité et de toute loi justes; ex: Adam, chassé du paradis, est condamné au travail, à la souffrance et à la mort; il a transmis à tous le péché originel qui n'est autre que la désobéissance à Dieu qu'il a commise. Or l'athée menace par son athéisme  (refus de l'autorité divine) la foi et l'obéissance aveugle à Dieu exigée du croyant; l'athéisme corrompt l'intégrité de la foi en cela qu'il la relativise en en faisant le fruit d'une décision personnelle donc arbitraire: Dieu n'est vrai que s'il l'est pour tous les hommes (catholicisme) et donc si la Vérité divine s'impose à tous contre l'incroyance qui n'est que la perpétuation du péché originel.

Il est donc dans la logique de la foi de considérer que l'athéisme est le plus grand mal et qu'il convient de l'éradiquer; mais il est dans la logique de l'athéisme de considérer que le croyant est aliéné; or, pour l'athée, la libération du croyant ne peut venir que de lui: toute répression du croyant est absurde; seuls la réflexion rationnelle (logique+expérience) et l'examen critique par lui-même des fondements de sa foi et de ses conséquences peut l'aider à se remettre en question.
Encore faut-il un contexte politique favorable à la libre pensée et, pour cela, que l'athéisme philosophique soit autorisé.

Seul l'athéisme peut, car il le doit au nom de son exigence d'autonomie, être tolérant (pas de vérité absolue); ce qui ne veut pas dire qu'il doit s'abstenir de philosopher publiquement sur la religion; car s'en serait fait de la liberté d'expression, mais il doit le faire  hors toute menace sur les personnes, par la seule force de ses arguments rationnels.

Reste le problème de la confusion entre la religion et la politique, qui est pour l'athée, et pour tout homme raisonnable, dangereuse en cela qu'elle autorise la violence contre tous ceux qui sont considérés comme mécréants et qu'elle tend à légaliser la répression de la libre-pensée, fondement régulateur de la démocratie. La loi doit interdire cette confusion dans le cadre de la liberté religieuse personnelle garantie. La tolérance sans liberté critique (donc sans la liberté d'être et se
conduire en athée) fait toujours le lit de l'intolérance qu'elle soit politique et/ou religieuse. L'athéisme est un garde-fou indispensable contre le fanatisme religieux qui au nom de l'Absolu est toujours tenté de
fusionner la politique et la religion. 



Pascal Jacob:

Votre message me semble assez violent, comme si vous aviez vous-même souffert d'une intolérance religieuse. Mais je n'ai pas l'ambition de vous psychanalyser !
Vous me semblez confondre d'abord "mal" et "crime". Si l'athéisme est un mal, aux yeux du croyant, cela ne fait pas de l'athée un criminel. En effet, le croyant ne peut juger si cette attitude relève d'une ignorance ou d'une mauvaise volonté ou de toute autre cause. Vous m'accorderez que l'athéisme, comme le théisme, est une option : soit je crois que Dieu existe, soit je
crois que Dieu n'existe pas : ne pas croire, c'est encore croire. Or on prend cette option sur la base d'un certain nombre d'indices, qui nous font voir l'une ou l'autre hypothèse comme plus vraisemblable.

Je conteste que seul l'athéisme puisse être tolérant. La tolérance n'est-elle pas au contraire une attitude proprement religieuse, dans la mesure ou je laisse exister cela même que je considère comme un mal ? Voyez les belles pages de saint Thomas d'Aquin, IIaIIae, quest 10 art 11. L'athéisme qui considère qu'il n'y a pas de vérité absolue (excepté l'inexistence de Dieu)
n'est pas plus que n'importe quelle religion à l'abri de l'intolérance (voyez l'Etat athée communiste et les goulag).
La raison m'en paraît simple : l'homme est naturellement intolérant, il n'aime pas que l'on pense différemment. C'est d'ailleurs ce qui fait le succès des forums sur internet : au fond, j'aime bien amener les autres à mon propre avis, non ? N'est-ce pas cela le premier mouvement d'intolérance ? 


Sylvain Reboul:
 

Dire que le mal est tolérable pour la religion, alors que le crime ne l'est pas, c'est refuser de voir que les religions n'ont toléré ce qu'elle considéraient comme le pire mal, le péché contre Dieu et ses commandements, qu'à la condition que le mal et ceux qui étaient désignés comme mécréants, hérétiques ou infidèles ne contestent pas son pouvoir absolu de définir le bien et se soumettent au rôle négatif que l'église leur attribuait généreusement. Dès lors que s'affirmait une contestation de ce pouvoir idéologique et politique de l'église, les porteurs du mal étaient immédiatement diabolisés, criminalisés et les mécréants transformés en victimes émissaires de la vraie foi: les croisades, les guerres de religions, l'inquisition et les chasses aux sorcières en témoignent, hier et aujourd'hui.

Quant aux pays soi-disant athées et socialistes ils n'ont jamais fait que remplacer une religion par une autre; et l'église par le parti. Comme le disait Marx lui-même la théorie socialiste ne prétant pas abolir la religion mais s'efforce de la réaliser sur terre, sous la forme de la société sans classe; un tel projet  suppose possible la réconciliation fraternelle de l'humanité dans la croyance en une vérité unique et absolue de la vie (vérité absolue sécularisée). Il s'agissait donc bien d'une religion au sens de la visée de l'union de tous autour d'une Vérité incontestable supérieure en vue  du salut de l'humanité et sous la conduite d'un parti-église détentrice du monopole de son interprétation légitime.

La seule forme authentique de l'athéisme c'est, dans la théorie, la philosophie rationnelle et critique qui refuse toute prétention de fonder la vie sur des absolus; et dans la pratique une éthique pragmatique (donc sceptique), régulatrice du désir dans la relation à soi et aux autres en vue de réduire le risque de violence, d'accroître l'autonomie et la solidarité précisément humaine en ce qu'elle fait du désir et de ses ambivalence et contradictions l'essence de l'homme.

Dans les faits la notion de tolérance a pris aujourd'hui une autre signification: fonder le pluralisme démocratique par lequel le mal (le malheur et la souffrance produite par l'homme) n'est plus l'apanage de l'autre, mais l'affaire de tous, dès lors que la tentation de la violence demeure en chacun. Et c'est tant mieux si un monde plus raisonnable, et partant moins violent, tel que le monde commercial et contractuel, succède à un monde enchanté ou domine la passion fusionnelle. L'affaire du moyen orient et bien d'autres sont là pour nous le rappeler tous les jours.

Cordialement, S.Reboul


Pascal Jacob:

Je vous remercie de votre message, mais il me semble que vous considérez comme identiques des réalités diverses : Vous dites "religion", de laquelle parlez-vous ? Est-elle en cause en tant que telle, ou n'est-ce pas plutôt l'homme qui est en cause ? Le christianisme qui tue n'est pas chrétien : peut-on en dire autant de l'islam ?
Connaissez vous cette belle pensée de Malraux ? "La réalité absolue a été pour vous Dieu, puis l'homme. Mais l'homme est mort, après Dieu, et vous cherchez avec angoisse celui à qui vous
pourriez confier son étrange héritage. (...) Pour détruire Dieu, et après l'avoir détruit, l'esprit européen a anéanti tout ce qui pouvait s'opposer à l'homme; parvenu au terme de ses efforts, comme Rancé devant le corps de sa maîtresse il ne trouve que la mort. Avec son image une fois atteinte, il découvre qu'il ne peut plus se passionner pour elle. Et il ne fit jamais d'aussi
inquiétante découverte."
Cordialement
PJ 


S.Reboul:

La citation de Malraux, prise au pied de la lettre, me parait excessive en cela qu'elle semble condamner radicalement les sociétés laïques et démocratiques et leur évolution, sans proposer autre chose que la nostalgie des sociétés théocratiques unifiées par une religion sacralisée; cette nostalgie  me semble, non seulement inféconde, mais dangereuse pour la paix civile et la tolérance qu'elle exige dans le monde ouvert et pluraliste qui est le nôtre. Je pense au contraire qu'un humanisme est possible et nécessaire sans la soumission à une Vérité transcendante qu'implique toute religion.

Vous ne pouvez négliger l'histoire du christianisme et des religions chrétiennes dans vos analyses sans prendre le risque de parler contre les faits; et les faits sont tétus: la tolérance, au sens moderne, a été au nom de la vérité absolue confortée par le dogme l'infaillibilité pontificale, condamnée par les papes jusqu'au début de notre siècle: la tolérance moderne, l'esprit
critique et la laïcité ont été, dans des textes très clairs et très officiels et d'une manière récurante, considérés comme mettant en danger la vérité religieuse au profit de l'athéisme et donc blasphèmatoires et criminéls (ex: Pie IX). Et lorsque les religions et les églises ont joué un rôle politique déterminant, cela s'est toujours accompagné de persécutions contre les libres-penseurs ce que sont, ou doivent être, par définition, les philosophes (au XVIII ème être philosophe signifiait, pour l'église catholique, être athée).

La situation a aujourd'hui changée, l'église catholique se réclame de la tolérance et il faut nous en féliciter; mais on le doit non à la religion elle-même mais au progrès de la laïcité et de la libre-pensée dans la
société, grâce, entre autres,
    1) à la philosophie et à son combat pour le droit de penser par soi-même
(Kant: "Qu'est-ce que les lumières?"),
    2) au développement de la démocratie politique pluraliste
    3) à la place dominante de l'économie marchande, qui substitue Dieu à
l'argent comme finalité, le contrat à l'allégeance, comme condition des échanges etc..

Notre société n'est plus croyante, c'est à dire qu'elle ne reconnaît aucune religion comme fondement de l'ordre public et du pouvoir politique. elle est libérale sur la plan idéologique et individualite dès lors qu'elle se réfère aux droits de l'homme: la religion a bien été obligée, non sans mal et sursauts, de s'adapter pour survivre à cette évolution qui s'est, en partie, faite contre elle.
Cependant je vous accorde que le message originel du christianisme (les évangiles) autorisait cette adaptation (voir Vatican2), lequel message peut-être aussi interprété comme celui "de la religion de la sortie de la religion";
une telle adaptation semble, en effet, plus difficile pour l'Islam et pour toutes les religions traditionalistes.

Ceci dit, en tant que croyance (ou foi) personnelle et/ou collective privée, le religion est tolérable, à condition qu'elle accepte le libre examen critique et public des croyances, qu'elle ne prétende plus faire la loi pour tous et
qu'elle renonce à exercer un rôle politique dominant; tout autre attitude serait contraire au fondement même de la démocratie pluraliste. Cette tentation de jouer un rôle politique hégémonique existe toujours, ce contre quoi je
combats.
Enfin la religion doit accepter l'incroyance comme une donnée définitive de la modernité.
Amicalement
 S.Reboul



Pascal Jacob:

Il me semble que vous ne distinguez pas assez des plans très différents :
1) les plans historique, philosophique, et théologique : Historiquement, les hommes d'église, et les hommes tout court, ont toujours été intolérants, et les exceptions se partagent équitablement entre les athées et les croyants.
Philosophiquement, la notion d'opinion n'est pas la même qu'en théologie, et le théologien n'a pas vis à vis de l'opinion la même attitude que le philosophe : il n'y a pas de "credendae" en philosophie.

2) Les diverses mutations du mot "tolérance". Il ne faut pas reprocher aux anciens d'ignorer une notion moderne. La modernité a certainement réinventé la barbarie, mais pas la tolérance. De même, les notions de "laïcité", de
"liberté de conscience", ne sont pas univoques". Enfin, on confond trop souvent "l'Eglise" avec "des théologiens". Je pourrai reprendre un peu plus tard ces sujets.
Bien cordialement,
Pascal Jacob 


Sylvain Reboul:

Les distinctions que vous faites me semblent difficiles à établir clairement, car la théologie, dans la tradition chrétienne, est indissociable d'un projet philosophique rationnel d'explicitation interprétative de la Vérité Révélée et que cette explicitation est manifestement historique, dans ses motifs et ses visées; l'histoire des conciles est là pour le montrer.
Certains opposent la théologie instituée à la foi personnelle, mais cette opposition va plutôt dans le sens de la liberté entière de chacun à rechercher la Vérité transcendante dont nulle église ne peut se prétendre unique propriétaire légitime. La foi serait, soit une certitude dogmatiquement établie et alors elle se confondrait avec le sentiment d'appartenance religieuse à une église historiquement située, soit une recherche permanente d'un absolu qui ne se laisserait  enfermer et exposer par aucun dogme établi, ce qui pourrait lui conférer, en effet, un rôle critique fécond, du point de vue de la tolérance.

Le monde moderne n'a pas inventé la barbarie mais l'a mise en oeuvre avec des moyens sans précédant;  or, il s'est donné aussi le moyen intellectuel de la dénoncer et de la combattre par le droit et la politique démocratique, c'est à dire l'invention de l'idée des droits de l'homme et du citoyen libérés du droit divin...



Pascal Jacob:

Bonjour à vous,

Vous me semblez vraiment remonté contre la religion ! Ne pourrions-nous pas cependant distinguer en premier lieu plus
précisément le sentiment religieux, ouverture naturelle vers la transcendance, et les religions, expressions historiques de ce sentiment ?
Il me semble que ce sentiment ne peut être gommé. Vous connaissez sans doute ce mot de Marx : "L'État démocratique, l'État véritable, n'a pas besoin de la religion pour son achèvement politique. Il peut s'en passer parce qu'en lui le fondement de la religion est réalisé d'une manière profane." Il me semble qu'un état qui gommerait la religion ne pourrait qu'y substituer une autre.
Je ne crois pas que notre société laïque soit devenue plus tolérante : voyez le mal qu'on se donne pour supprimer les personnes handicapées, comment on exclut les gros, les moches, etc. L'intolérance a simplement changé d'objet. Je crois que nous sommes passé à la religion des droits de l'homme, mais en niant la nature humaine. Les voilà vides de contenu, ou plutôt prêts à recevoir n'importe lesquels.

Vous écrivez : "Je pense au contraire qu'un humanisme est possible et nécessaire sans la soumission à une Vérité transcendante qu'implique toute religion". Je crois qu'un tel humanisme est impossible : ce n'est pas la religion qui implique une vérité transcendante, mais la nature humaine. Les Droits de l'Homme se veulent bien transcendants à toute culture, mais ils n'ont pas les titres à revendiquer cette transcendance. Que serait un humanisme qui ne reconnaîtrait pas la dimension religieuse de l'homme ?

Vous écrivez : "la théologie, dans la tradition chrétienne, est indissociable d'un projet philosophique rationnel d'explicitation
interprétative de la Vérité Révélée et que cette explicitation est manifestement historique, dans ses motifs et ses visées; l'histoire des conciles est là pour le montrer". La théologie ne dépend pas, pour le christianisme, d'une philosophie particulière (cf. l'Encyclique Foi et Raison). Cette explicitation échappe en son fond à l'historicité, parce que la vérité qu'elle vise est en elle-même (mais non forcément en ses termes) immuable.

"il s'est donné aussi le moyen intellectuel de la dénoncer et de la combattre par le droit et la politique démocratique, c'est à dire l'invention de l'idée des droits de l'homme et du citoyen libérés du droit divin..."
 La lecture de Tocqueville est éclairante à ce sujet (je vous mets en fichier joint un passage significatif). Il me semble que le fond du problème est que vous accusez la religion de maux dont seul l'homme est responsable. En ce sens, il faut comparer les actes d'hommes se réclamant d'une religion donnée avec les prescriptions de celle-ci. Le constat ne sera pas le même pour l'islam ou le christianisme.
Si l'on s'en tient à la religion catholique, je ne suis pas certain que notre société se porte mieux depuis la séparation de l'Église et de l'État. L'intolérance laïcarde ne le cède en rien aux intégrismes les plus virulents. Je crois qu'on n'a libéré le citoyen du droit divin que pour l'enchaîner aux caprices de la majorité.
Cordialement,
Pascal Jacob



Sylvain Reboul:

La laïcité a, en tout cas , libéré les sociétés pluralistes modernes des guerres de religions interminables qui, pour ne prendre qu'un exemple, la guerre de trente ans, avaient  réduit la population des pays de langue germanique de plus de la moitié. Si vous refusez de reconnaitre la laïcité comme fondement de la république; je suis en droit de vous demander quelle religion d'état vous prétendez m'imposer, à moi qui ne croit pas et au nom de quelle vérité que je ne reconnaît pas: celle de la majorité? Mais alors vous retombez sous le coup de la critique que vous m'adressez: la majorité est versatile et arbitraire, même en matière de religion, surtout aujourd'hui où chacun a la droit de concocter sa panoplie de croyances personnelles et portatives les plus hétéroclites selon son humeur et les moments de sa vie. Sans églises détentrices d'un pouvoir de contrainte idéologico-politique transcendant, y compris par la force; il ne peut y avoir de majorité religieuse cohérente et stable: la preuve? même la majorité des catholiques pratiquants, sur les questions sensibles (contraception, avortement..), n'écoute Dieu ou le pape que d'une oreille; quand cela arrange et/ou ne heurte pas trop leur intérêts et/ou désirs très humains. La majorité des croyants affirment aujourd'hui qu'ils sont libres d'en prendre ou d'en laisser à leur convenance. Que prétendez-vous faire contre cette attitude?  Forcer les personnes à se soumettre ou les convaincre;  mais, dans ce cas,  avec quels arguments universalisable?

Le problème est que vous semblez penser qu'il existe une Vérité transcendante qui serait susceptible de s'imposer à tous sans médiation politico-humaine et traitement argumentatif humain pour forcer, persuader et/ou convaincre.  Dire que la (votre) vérité religieuse serait naturelle et en cela reconnaissable par tous est tout simplement contraire à l'expérience historique et religieuse. Affirmer que cette diversité religieuse est le fait des hommes et non de Dieu, ne règle en rien la question; car, comment reconnaître et faire reconnaître ce qui vient de l'un (sans parler des religions polythéistes) et des autres?
Vous verrez que les tabous  qui concernent les manipulations ou la suppression des embryons défectueux (pathogènes) vont, à leur tour tomber, dès lors que les sciences et les  techniques seront au point. Et vous verrez alors que des considérations religieuses ad'hoc, pour ceux qui ont encore besoin de croire, justifieront ces pratiques nouvelles de contrôle de la vie, comme c'est le cas pour des courants montants de la théologie catholique, en Allemagne où je vis, en ce qui concerne la contraception et l'avortement; et cela  au nom de la tolérance et de l'humanisme chrétiens justement!

Quant à Marx, votre citation, ne fait que confirmer que son projet était religieux: "le fondement religieux est réalisé par la démocratie". mais lequel? Celui du christianisme, mais alors surement pas catholique? celui de l'Islam, du boudhisme? Dans tout les cas c'est bien ce que je reproche à Marx, vouloir réaliser par la politique un fondement religieux quelconque; et c'est aussi cela qui rend possible le totalitarisme. Une vérité religieuse absolue ne peut être, si elle prétend s'imposer politiquement, que totalitaire. La politique n'est jamais qu'une affaire d'homme, qu'elle prétende s'inspirer d'une religion ou non; et le savoir conduit à la tolérance, c'est à dire à l'examen critique des motifs et des raisons de nos décisions, du point de vus des principes des droits universels et de ce que la majorité considère, à tel ou tel moment, comme le plus conforme   aux intérêts mutuels des individus. On peut regretter cette variabilité, cette relativité; mais elle est le prix à payer pour une démocratie pluraliste, libérale sceptique et pragmatique, sans guerre de religion. Que proposer de mieux, en matière de tolérance?



À suivre...

        L'illusion religieuse
       À propos de Lévinas: de la religiosité à la réciprocité
        La question du sens de la vie
        Dieu, l'Etre et la nature. Dialogue autour de Heidegger entre  Monsieur Jacques Laporte, Directeur de Missions dans un grand groupe de Conseil en Management et Services Informatiques, Jacques Bonniot et Sylvain Reboul
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