Par conséquent, le vote utile fait la part entre le souhaitable et le possible et/ou entre un mal et un moindre mal, dès lors que nous avons très rarement le choix entre ce qui est considéré comme un bien auto-suffisant et le mal et que de ce bien pourrait découler un mal encore plus grand.
Comme disait Aristote il ne faut pas choisir le bien, mais le convenable; à savoir la meilleure synthèse possible entre le souhaitable (la justice universelle) et le réellement possible.
Le vote utile n’est donc pas un vote qu’on appelle à tort opportuniste (ce qui est selon moi plutôt un compliment) mais il est pragmatique, dès lors qu’il n’oublie jamais le nécessaire souci de l’efficacité. C’est à cette condition qu’il peut être considéré comme responsable.
C’est
pourquoi, par exemple, les conséquences du vote de ceux qui ont voté
non au TCE pourraient faire qu’ils se rendent compte que leur vote n’a
pas eu les conséquences heureuses qu’ils en espéraient et donc
pourraient les inciter à corriger, dans un deuxième vote, leur erreur:
Le droit à l’erreur est en effet un droit pragmatique fondamental en
politique comme dans tous les domaines du savoir et la pratique; il
fait partie du droit de chacun à la liberté de progresser, dès lors que
la prise de conscience de l’erreur est la condition nécessaire de tout
progrès
En cela un vote ne fait pas qu'exprimer un voeux ou un souhait: Un voeux est l’expression
d’un désir qui peut être impossible et n’implique pas nécessairement de
passage à l’acte, un vote est un acte politique qui ne se contente pas
d’espérer mais qui décide entre plusieurs options celle qui est la plus
conforme au désir et un vote utile est un acte qui se veut et se croit
réaliste ou en tout cas nécessaire du point de vue de la réalisation
d’un désir (à tort ou à raison). Mais
dans le cadre des actions intentionnelles la cause est finale (à
distinguer de la cause mécanique) en cela que l’acte dépend
nécessairement de l’intention d’agir en vue d’une certaine fin, mais
les effets de l’acte dépendent de l’action des autres et des
circonstances que l’on ne peut parfaitement connaître à l’avance; d’où
la possibilité de l’échec, d’autant plus que le désir intentionnel tend
à méconnaît la réalité agie qui lui semble par trop contraignante. Le
vote par "conviction" au contraire du vote utile est trop souvent un
vote qui prend le désir pour la réalité (illusion); c’est donc un vote
qui opère dans l’illusion et génère l’échec plus ou moins
catastrophique dont il faut se sortir en renonçant aux illusions
premières (ex: l’illusion du plan B) Il
faut donc choisir entre l’acte romantique qui échoue
nécessairement et l’acte utile qui a quelques chances de
réussir.. Par conséquent un jugement sur l’utilité d’un acte peut être plus ou moins objectif: Il peut s’agir, Faire des erreurs dans
la connaissance est nécessaire pour progresser à condition d’en prendre
conscience, persévérer dans l’erreur pour maintenir une certaine image
illusoire valorisante de soi et de ses actes est une erreur éthique au
sens de Spinoza (et non pas une faute morale), car elle interdit de
progresser vers plus d’autonomie réelle et de puissance d’agir. Un
vote utile authentique est donc un vote pour gagner, un vote inutile
est un vote pour perdre ou ne rien gagner objectivement afin de
maintenir une intime conviction subjective, malgré qu'elle soit
défaite par ses conséquences réelles..Le gain
subjectif (illusoire) de l'acte inutile opére sur fond de perte
objective.
soit
de juger objectivement des effets d’un acte ou d’un vote sur ses
conséquences réelles (conséquentiatisme),
soit
de juger un acte sur l’idée subjective que la personne a d’elle même en
refusant de reconnaître l’échec objectif de celui-ci, dès lors qu’elle
refuse de voir que son intention première a été objectivement déçue
dans ses conséquences réelles..En cela la réussite de l’action est
malgré l’échec dans la maintien de l’illusion à laquelle la personne a
identifié sa propre valeur.
Cette
différence entre jugement objectif et appréciation subjective d’un acte
et/ou d’un vote permet de comprendre la valeur de l’exigence
auto-critique pour penser avec justesse et efficacité.
Le 27/04/06