Sexualité et religion (chrétienne).
 

Si l’on pense que la religion chrétienne historique est une religion favorable au plaisir et à l'amour érotiques libres et qu'elle n'a jamais réprimé et prétendu contrôler et exploiter la sexualité; il serait bon que l’on (re)lise Michel Foucault ("Histoire de la sexualité") et pourquoi pas Nietzsche; mais surtout les tonnes de textes cathos très officiels , y compris récents (« Le nouveau catéchisme »), qui condamnent comme des péchés (notion réaffirmée) les relations sexuelles en dehors du mariage, la contraception non-naturelle, y compris le préservatif  (au profit de la seule méthode Ogino), les pratiques déviantes déclarées "contre-nature" (et contraire à la loi divine): l'homosexualité, la masturbation, la sodomie etc.. La sexualité est n'admise  que dans l'amour conjugal sanctifié par le mariage religieux en vue de la reproduction.
Si l’on n'est pas de mauvaise "foi", je crois qu'une petite remise à niveau sur ce thème éclairerait les lanternes. Bataille, c’est le moins que l'on puisse dire, illustre avec art les effets de violence d'une sexualité malheureuse hantée pas le sacré et l'interdit du plaisir (le plaisir défendu). Si l'érotisme heureux c'est cela, en effet il faut revenir dare-dare à la morale répressive du désir: « Le pape et Bataille même combat ! », sachant que cette morale anti-sexuelle produit ce qu'elle combat: la tentation exacerbée de la violence pornographique.
Tout désir est-il sexuel? C'est une question de définition: le désir est, pour Freud, recherche d'un plaisir dans le relation au corps sensible désirant et pensant de soi et des autres, ce qui n'a rien à voir avec une conception physicaliste du corps , que l’on attribue à tort à Freud, alors qu’elle me paraît plutôt relever de la position qui sépare le corps et l'esprit, le sexe et l'amour: il laisse, au contraire, une place centrale au « symbolique », à l’imaginaire et à la représentation consciente de soi (de ses pulsions et désirs profonds) dans la relation corporelle de désir et de plaisir "heureux" (au contraire des plaisirs malheureux que sont la drogue et l'usage des prostitués par exemple) ; à cette précision prêt, oui, tout désir est sexuel, ce qui ne veut pas dire génital; mais chacun sait que c’est dans l’amour sexuel et génital (là il est en accord avec toute les morales religieuses mais il en tire des conséquences opposées) que chacun s’engage dans sa totalité éthique (corps et esprit) avec le plus d’intensité, ce qui fait que de la sexualité le lieu par excellence de l’authenticité subjective du sujet ou si l’on préfère, l’expérience de vérité subjective privilégiée.

Petites questions très provocantes : Pourquoi fallait-il que la mère du dieu, fils du Dieu-père, fusse vierge ? Ce fils de Dieu n’aurait pas été Dieu s’il avait été engendré sexuellement ? Le vierge aurait-elle pas été pécheresse, si elle l’avait conçu par la voie ordinaire ? Le vierge, lorsqu’elle a été visitée par l’esprit saint (la visitation), a-t-elle joui ? A t-elle engendré le christ dans la douleur ? S’il est dit : « Tu engendreras dans la douleur ! », pourquoi n’est-il pas dit : « Tu concevras dans le plaisir ! »
Conclusion : le plaisir est mauvais, la douleur est rédemptrice . Chacun sa morale et celle-ci n’est pas la mienne : les inventions de la virginité de Marie et d’Eve pécheresse (« la tentatrice ») sont les plus belles saloperies symboliques jamais faites aux femmes (et donc aux hommes), concernant leur sexualité et de leur droit au plaisir (« le diable est dans le ventre des femmes »).


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