Religion et apostasie.


L’islam n’est ni plus ni moins tolérant que les autres religions lorsque celles-ci sont ou ont été religions d’état et dont les commandements sont et ont été considérés par la population comme sacrées (intouchables et indiscutables). 

La question est donc : Peut-il exister une religion désacralisée, libérale, et sans ambitions politiques ? Si oui, en quel sens est-elle encore religieuse ?

Le problème dans certaines visions de la religion (et toutes sont concernées), c’est l’interdiction collective et institutionnelle pour qui a été élevé dans une religion d’en changer ou de ne plus la pratiquer ou de devenir athée. Si les religions chrétiennes ont offiellement abandonné le crime d'apostasie, d'athéisme ou d'hérésie , c'est contraintes et forcées par les progrès dede la liberté de penser et de la laïcité qu'elle a rendu possible, à savoir la séparation instituée de la religion et de la politique.

Le problème est le prétendu crime ou délit d’apostasie et/ou d'hérésie punissables par la collectivité et ses institutions politico-juridiques et/ou familiales.

Ce qu’il faut demander à tout croyant pour savoir s’il est tolérant, c' est de lui demander s'il refuse l’apostasie comme un crime et/ou un délit !

Mais, là encore, une religion sans crime ou délit (plus ou moins punissable) d’apostasie est-elle encore religieuse ?
Si la réponse est non, il convient de distinguer la foi personnelle pas forcément religieuse et une religion (parmi d'autres) institutionnelle, toujours politique..C’est en cela qu'une foi personnelle ne peut plus et ne doit plus se prétendre vérité pour les autres, c’est aussi en cela qu’elle n’est plus précisément religieuse (religio=être reliés par la croyance en une vérité sacrée transcendante ou surnaturelle qui doit s’imposer ou être imposée à tous) .

Or cette séparation théorique est pour le moins problématique en pratique: qui croit subjectivement au surnaturel a besoin de croire avec d'autres, d'autant plus que cette croyance échappe à toute preuve objective. Croire ce que d'autres croient c'est conforter socialement -donc en ce sens sortir de sa seule subjectivité personnelle- sa croyance d'où la nécessité des rituels collectifs et des églises administrant voire forgeant les croyances collectives pour en faire de prétendues vérités communes révélées et sacrées, affirmées comme des mystères échappant par nature au pouvoir critique de la raison. Donc foi personnelle et foi religieuse sont, la plupart du temps, indissociables en cela qu'elles s'inscrivent toutes deux dans la dimension d'un tradition et d'une obéissance impérative, voire forcée par la menace d'exclusion sociale et/ou de punition divine, à cette tradition transmise comme sacrée c'est à dire indiscutable, sauf à faire d'une croyance une hérésie plus ou moins criminalisée par rapport à la foi collective.

La valeur de tolérance admise aujourd'hui comme centrale par les églises chrétiennes, au contraire de la plupart des instituions islamiques, ne signifie qu'une chose, à savoir que le christianisme actuel, mise à part certaines sectes fondamentalistes, est "une religion de la sortie de la religion" (Marcel Gauchet),  autant dire une religion de moins en moins religieuse et de plus en plus raisonnée, ouverte à la critique rationnelle
des croyances qui laisse les individus libres de croire à leur convenance ou de ne pas croire en Dieu et aux mytères comme réellement existants. Les religions chrétiennes sont de plus en plus présentées comme des croyances symboliques subjectives plus ou moins partagée et non plus vérité pour tous. C'est ainsi que protestants et catholiques, aujourd'hui,  ne se distinguent plus par leurs croyances, mais par  leurs symboliques et leurs rituels traditionnels plus ou moins et de moins en moins suivis.

L'illusion religieuse
Retour à la page d'accueil