À propos du discours du pape sur les rapports entre la foi, la raison et la violence



1) Les débats théologiques sur les rapports entre foi et violence et foi et raison ont traversé, comme le pape le souligne, les religions chrétiennes et particulièrement la catholique, sans que l’on puisse dire que, sur un plan historique,l a thèse de la non-violence pour promouvoir la vraie foi l’ait emporté avant le le XXème siècle (et encore sa deuxième moitié pour ne pas dire Vatican2)

2) Ce débat aurait donc, à mon sens, mérité autant une aurocritique de l’église catholique qu’une reférence pour le moins unilatérale à un texte trop daté et unilatéralement anti-musulman pour valoir de propédeutique à un réel débat.

3) Dans un tel débat il aurait mieux valu poser quelques questions aux musulmans concernant les délits de blasphème et d’apostasie, ainsi que la liberté d’expression en général et celle les athées en particulier; liberté d’expression qu’il ne faut pas confondre avec celle d’insulter, (ex: les caricatures peuvent être admises comme des insultes , au contraire du discours du pape dont l’argumentation bien que discutable peut faire l’objet d’une réfutation raisonnée)

Conclusion: le discours du pape est pour le moins maladroit en cela qu’il argumente sans chercher à interroger ceux que sa référence semble condamner et sans s’interroger lui-même sur les pratiques violentes que l’église catholique a pendant de longs siècles, très officiellement, légitimé au nom de la vraie foi et même d’une raison poltico-religieuse, disons, instrumentale, pour ne pas dire cynique: bruler les hérétiques et torturer à mort en place publique les blasphémateurs, en tant acte d’amour pour sauver l’âme des suppliciés, il fallait le faire! Et l’église catholique l’a fait. La raison ne protège en rien contre la violence et n’est pas au service de la foi, dès lors qu’elle est en droit de contester son contenu et les pratiques qu’elle génère plus ou moins radicalement.

Ceci dit la foi elle-même peut devenir violente dès lors qu’elle s’emploie à convertir au nom d’une vérité transcendante sacrée unique, exclusive et faussement affirmée comme universelle. Seule une démarche sceptique et raisonnée vis-à-vis des croyances qui se prétendent vérités absolue de l’absolu peut réduire le risque de violence.

La raison n’est non-violente que si elle s’affirme comme auto-critique de toutes les croyances qui prétendent à une vérité révélée incontestable.
le 19/09/06


Foi et raison

Je rappelle que les dogmes les plus fondamentaux des religions sont des mystères qui, en tant que tels, sont pour le moins extra-rationnels, voire lui sont contraires en cela qu’il sont sinon contradictoires, au moins sans fondement rationnels (incompréhensibles pour la raison) comme le savait Pascal (vérité" du coeur, vérité de raison...)

Ex: la trinité, la résurrection, la double nature du Christ, l’Eucharystie, l’infaillibilité pontificale; sans parler des miracles "ordinaires".

La religion dans son contenu fondamental exige de croire sans savoir (donc sur le plan rationnel aveuglément) , du reste le premier péché est celui de la connaissance par soi-même. Croire en Dieu est toujours donc se soumettre à sa prétendue vérité splendide et à ses commandements, en dehors de toute exigence rationnelle de preuve .

La religion est mystique ou elle n’est pas et il n’ y a aucune bonne raison pour que la raison se soumettre à une vérité qu’elle ne peut même pas comprendre: il n’ y a pas de limite à son libre examen que la raison se doive d’accepter. L’athéisme est aussi ratrionnellement légitime, et c’est un euphémisme, que la croyance dans le divinité réelle du Christ ou que le pain est réellement la présence du corps du Christ , le vin son sang, par transsubstanciation.

Ceci dit il y a des interprétations et des usages plus ou moins raisonnables (et non pas rationnels), des mystères religieux ... à condition de ne pas en faire des dogmes symboliquement indisponibles; à condition de ne pas en faire des vérités mais des croyances dont le sens est ouvert donc polysémiques.

Je rappelle enfin et j’insiste que ne dispose d'un droit rationnel de m’interdire de faire la critique de la religion, à condition de ne pas insulter les croyants ce que je ne fais pas, car comme disait Socrate, la critique fait du bien à celui qui adhére à des croyances qu’il ne comprend pas; c’est une manière de le respecter en respectant son intelligence. Libre ensuite à lui d’en faire ce que bon lui semble. Ne serait-ce que pour mettre sa foi à l’épreuve...
le 19/09/06


Dialogue et tolérance

Socrate n’a jamais interdit quiconque de parole: récuser des opinions, en faisant que ceux qui les soutiennent prennent conscience des paradoxes qui les affectent, ce n’est pas manquer de tolérance, c’est appeler chacun à la réflexion pour se libérer de l’erreur et de l’illusion...C’est une marque de respect. C’est le dogmatique irréflechi qui se manque de respect en se refusant l’épreuve du dialogue. La tolérance exige le libre débat argumenté sinon elle fait le jeu de l’intolérance la plus obtuse et potentiellement la plus violente: Lorsque l’on ne peut plus convaincre par la raison, alors que l’on se réclame d’une vérité absolue faussement universelle, on est tenté de vaincre par la force...

En cela toute religion porte le risque de violence dès lors qu’elle s’affirme sur le plan politique et qui plus est sous la forme de la religion d’état, entant vérité globale sur le sens de l’existence individuelle et collective que l’on pose comme comme indissociable.

C’est pourquoi il faut faire des distinctions entre une religion dépolitisée ou inidvidualisée et une religion politique, comme machine de pouvoir politique et idéologique, et ne pas se tromper de question et de débat: Ce n’est pas telle ou telle religion qui est plus ou moins responsable de la violence mais le fait qu’elle soit ou non fondatrice d’un système politique théocratique donc de sa légitimité. Toutes les religions ont connu cette forme et sont parfois encore tentées par elle. Pourquoi ?

Pour une raison très simple: elles exigent toutes la soumission collective à une autorité supérieure aux autorités et idéaux proprement politiques dans le mesure même où elles affiment détenir une prétendue vérité révélée universelle, sans aucun fondement rationnel suffisant pour faire qu’un accord minimal soit possible autour de valeurs communes ; au contraire de ce l’on le constate chez nous, mis à part des minorités réactionnires intégristes, à propos des droits de l’homme qui ne sont plus soumis au droit divin (démocratie), mais découle de leur puissance rationnelle d’universalisation ou de réciprocité des libertés (Kant) (et non universalité emprique).

Toute la question est donc de dépolitiser toutes les religions, si cela est possible, et cela ne peut l’être que si les religions abandonnent toutes leur caractère sacré de vérité absolue universelle pour accepter de n’être plus que des croyances parmi d’autres. Cela vaut autant pour le pape que pour quelque iman que ce soit. La querelle ouverte pas Benoit XVI est donc l’excpression en miroir de la même illusion théocratique: Je suis la vérité (la justice universelle) qui n’utilise la violence que pour le bien et vous êtes le mal qui fait de la violence une pure destruction de la vérité et de la justice.

Le 02/11/06


L’illusion religieuse

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