Nature et
fondement de la morale.
Selon la nature, l'homme en général ou un individu en
particulier ne sont ni supérieurs, ni
inférieurs à d'autres hommes ou aux autres animaux; car
la nature ne juge en rien (et
donc ne sélectionne en rien) selon des valeurs morales,
métaphysiques ou esthétiques, L'homme a survécu
dans son environnement, comme tout autre espéce, en tant qu'il
est capable de se reproduire en telles ou telles conditions et que,
jusqu'à présent, la sélection naturelle l'a
épargné grace à la technique et au
développement culturel de ses capacités cognitives. Si
l'homme peut être jugé naturellement supérieur
à l'animal, c'est au nom de la valeur
que l'on attribue à la conscience en tant qu'entité
surnaturelle
(divine?) ou sursociale ce qui n'est en rien prouvé, car cela
n'est pas prouvable. Ce qui par contre est prouvé c'est qu'un
homme au cerveau déficient ou sans éducation a peu
de chance de s'en sortir socialement et de devenir pleinement humain,
c'est à dire autonome, sauf un miracle...bien
entendu.
Selon l'éthique, par contre , un homme ou un animal peuvent
être jugés supérieurs à d'autres vivants
selon la conformité des ses comportements avec l'éthique
dominante d'un groupe humain ou les capacités vitales ou
humainement utiles d'espèces animales déterminées
(avec un risque permanent de confusion entre les les capacités
biologiques et les normes éthiques). Or une éthique
dominante, dans les faits, n'est pas universelle: la diversité
des cultures en témoigne. Cela signifie-t-il que toute
moralité en droit universelle soit impossible et que le choix
moral soit nécessairement arbitraire?
Il est juste de dire qu'une morale est une construction sociale qui
s'incrit dans le
droit (coutumier et/ou positif)et que, par cette juridisation de son
contenu qui lui octroit sa force contraigante (police, institution
juduciaire), elle s'impose toujours comme nécessairement
dominante et transcendantale en tant qu'idéal régulateur
(et non pas forcément transcendante ou divine et sacrée,
c'est à dire
supérieure aux actions et motivations des hommes) ,
voire hégémonique (ce qui ne veut pas dire exclusive).
Elle se présente ainsi toujours comme le fondement des
règles de vie de tous et des relations mutuelles
entre les individus d'un groupe, mais cela ne signifie pas que cette
construction soit arbitraire sur un plan pragmatique au regard de sa
fonction: assurer la paix civile et les conditions formelles et
matérielles d'une coopétration confiante entre tous dans
des conditions historiques, sociales et économiques, voire
technologiques déterminées. La morale du respect de la
personne humaine et de
son autonomie prévaut dans notre société sur toute
autre morale traditionnelle ou religieuse qui distriburait les
rôles
et les statuts hiérarchiques en fonction de règles
transcendantes
jusqu'à, par exemple, autoriser, voire légitimer
l'escalavage
ou l'asservissement des femmes. Choisir les droits universels et donc
égalitaires de l'homme c'est
choisir
la démocratie et cela est justifiable en droit dans une
société complexe, évolutive, pluraliste et
individualiste donc non-religieuse
comme la nôtre afin de réduire le risque de violence et
développer des relations libérales et contractuelles donc
consenties de coopération. Sans
morale dominante pas de société possible et sans morale
du respect de l'homme par l'homme et/ou de la femme par l'homme pas de
démocratie et de paix civile possible chez nous. C'est un fait
que la vie sociale démontre tous les jours. Dernier indice de ce
fait:
la revendication du mariage homosexuel dont la justification
réside précisément dans la morale libérale
qui tarde plus ou moins à s'exprimer dans le droit , lequel
reste toujours plus ou moins marqué par la tradition. Ce qui
distingue notre morale de celle des sociétés
traditionnelles, c'est justement qu'elle refuse de justifier le
présent par le passé au nom de la liberté
individuelle comme fondement de la vie sociale contractualisée
.
Critique
de la raison
morale suivi de "Raison et désir"
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