Si l'on se situe dans la logique de baccalauréat actuel, comme examen public de masse corrigé en double aveugle et concernant tous les publics, la position de nos collègues de l'Acireph est l'expression même du bon sens: il ne peut et ne doit pas y avoir d'examen démocratique sans programme déterminé à partir duquel les candidats doivent et peuvent mobiliser des connaissances précises preélaborées dans leur cours ou préparation à l'examen. Un tel type d'examen n' a pas pour finalité de sélectionner des génies capables d'improviser des solutions originales à des problèmes qui ne leur ont jamais été posés auparavent; mais vaut pour tout bon élève ayant travaillé les questions sur lesquelles il sera interrogé. Ou alors il faut le dire clairement: l'enseignement de la philosophie doit être réservé à une élite pensante prédéterminée par son milieu familial et son expérience scolaire antérieure à faire montre d'une originalité de pensée instantanée, laquelle suppose(rait) une prise de risque aveugle le jour d'un examen parfaitement contraire à la nature même de cet examen, de ses conditions techniques et psycho-sociales et de son enjeu.
Mais si l'on veut faire de la philosophie un enseignement pour tous à l'interrogation critique personnelle sur les fondements de la pensée et de l'action, sans programme déterminé précis, puisque illimité en droit, il convient alors de changer les règles du jeu en changeant les conditions de l'évaluation pour y intégrer le parcours personnel de l'élève dans le cadre d'une soutenance de dossier et d'une interrogation sur les questions qu'il a abordées et approfondies dans le cadre d'une vaste problématique programmatique.
L'évaluation en philosophie se rapprocherait de celle en usage aujourd'hui en Education physique et sportive; ce qui compte tenu de son rôle essentiellement éducatif -former la penser critique de chaque futur citoyen sur les questions de principes- n'aurait rien d'absurde.
Sylvain Reboul, le 19/06/02