Le peuple fait-il la démocratie?



Le mot démocratie signifie étymologiquement le pouvoir du peuple sur le peuple. En cela il désigne un régime politique qui est fondé sur l’idée de souveraineté populaire et qui met en œuvre des procédures légales qui en permettent l’expression effective, tels que le vote au suffrage universel, la représentation indirecte des électeurs-citoyens dans les différentes assemblées législatives et le choix par les citoyens de ceux qui exercent le pouvoir de l’état (législatif et exécutif) etc... il semble donc que l’on ne puisse se passer de ce terme pour penser la démocratie. Or ce terme est à la fois ambigu et peut être source de manipulation politique dans le cadre du langage rhétorique utilisé par des hommes politiques que certains n’hésitent pas à qualifier de populistes ; d’où la question peut-il exister une démocratie sans peuple (au singulier) , mais non pas sans citoyens au pluriel ?


Remarquons d’abord que ce terme est utilisé dans le langage politique commun en deux sens différents, voire opposés :


- Le peuple est d’abord l’ensemble des citoyens appartenant à un état institutionnellement unifié et reconnu par les autres ; ce sens ne distingue pas entre les riches et les pauvres, ceux d’en haut et ceux d’en bas, l’élite et les sans grade ; il tend à se confondre parfois avec celui de la nation, sauf lorsqu’un état s’affirme comme plurinational où le mot peuple prend le sens de l’union entre deux nations vivant dans un même cadre étatique. Dans ces conditions c’est le pouvoir unificateur de l’état qui constitue le peuple ; c’est dire que sans lui, celui-ci n’existe pas ; il n’ y aurait alors disait, en effet, Hobbes au pire que multitude ou au mieux population(s).


- Le peuple désigne ensuite ceux d’en bas, en tant qu’ils s’opposent dans l’ensemble  juridique qu’est un pays constitué et reconnu, à ceux d’en haut, donc d’abord à l’état et ensuite à ceux qui disposent d’un pouvoir, économique, intellectuel etc.., reconnu comme illégitime, voire despotique. Le peuple est alors l’ensemble des dominés qui s’efforcent de combattre la domination qu’ils subissent. Cette notion est à l’évidence polémique et présuppose


1)
qu’il y a une domination dont est victime la majorité de la population et que cette domination induit une union de tous les dominés en vue de leur libération dans la cadre d’une lutte pour le pouvoir politique ou pour un changement révolutionnaire du régime politique et de l’ordre social hiérarchique existant. Le révolutionnaire se réclame du peuple, voire prétend incarner son intérêt commun contre ses oppresseurs.

2)
qu’il y a un intérêt commun de l’ensemble de ceux qui se sentent opprimés et que cet intérêt peut s’exprimer à travers un programme politique ou une vision positive de la société cohérents.

Mais, dans les deux sens, l’idée de peuple suppose que sans direction politique unificatrice et sans organisations politiques unifiées capable d’incarner la volonté commune des dirigés et/ou des dominés , l’unité du peuple s’efface au profit, là encore ,soit d’un ensemble hétéroclite d’individus-citoyens, soit d’un ensemble des individus d’un pays, toutes classes confondues, dont l’unité politique est rigoureusement impossible en démocratie pluraliste .


C’est pourquoi il est particulièrement absurde, en démocratie, pour un individu de se réclamer du peuple, s’il n’a pas été élu ; et même lorsqu’il l’a été, sa représentativité populaire reste douteuse, car il ne l’a été que par une partie des électeurs dont l’unité apparente peut changer à le faveur de circonstances ou de conflits nouveaux. Ainsi est-il est dans la nature de la démocratie de permettre l’alternance politique de telle sorte que la prétendue volonté commune des citoyens ne peut être représentée que dans le cadre d’une majorité nécessairement temporaire ; elle est par définition toujours instable et variable. Pour obtenir un telle majorité de circonstance les hommes politiques sont tentés de flatter le nationalisme ethnique et la xénophobie, de préparer la population a la guerre contre un ennemi intérieur ou extérieur présenté indistinctement et globalement (ou les deux, voir l’antisémitisme ou l’islamophobie) comme mortel (c’est ce qu’on appelle « le populisme » démagogique), bref d’organiser l’union sacrée contre les « étranges étrangers » ou à orchestrer la révolte révolutionnaire contre les dirigeants(ceux d’en haut), car en démocratie pluraliste la révolution n’a plus de sens sauf à vouloir l’abolir au nom d’une dictature (ex : du prolétariat ou démocratie, populaire, c’est à dire dictature unificatrice sur la population pour en faire un peuple uni stable). La révolution n’est, en droit libéral et démocratique, justifiée qu’en dictature ou sous un régime despotique qu’il convient de renverser pour le renverser par la démocratie.


La démocratie est donc pluraliste ou n’est pas ; en cela elle ne peut prétendre unir le peuple mais elle doit se contenter de représenter sur le théâtre des assemblées et des médias et sous une forme non-violente les conflits au sein de la population afin d’élaborer des compromis toujours momentanés entre des positions politiques nécessairement divergentes qui ne sont jamais garanties d’être durablement majoritaires ; en cela elle a toujours besoin d’élites capables de parler et de gouverner au nom des électeurs ; mais à moins de vouloir instaurer la dictature permanente d’une majorité introuvable (et donc qui ne peut être en fait que la dictature d’une minorité), la démocratie exclut nécessairement le renversement révolutionnaire de ces élites politiques, économiques et idéologiques, sauf à se supprimer elle-même.


Ceci veut dire qu’en toute rigueur une démocratie est un cercle carré : le peuple ne peut se gouverner lui-même, car il est en lui-même spontanément toujours divisé . L’idée démocratique n’a de sens qu’à être élective et représentative. La démocratie dite directe est donc une pure illusion qui ne peut conduire qu’au chaos, à la violence et à la dictature despotique d’une minorité inamovible sur une ensemble ultra-majoritaire de citoyens désunis. En ce sens elle n’est pas populaire sauf au sens apolitique d’ensemble de citoyens soumis à l’autorité d’un état , mais elle n’est pas sans citoyens politiquement divers, voire en conflit. Elle tente d’organiser ce conflit pour en faire un facteur d’évolution favorable mais celle-ci est toujours sous la menace de l’impuissance générée par une opposition politique disparate dès lors qu’elle s’entend sur le refus (le non) mais très rarement sur une l’alternative positive unifiée. (Voir le résultat du référendum sur le TCE)

Seule une unification religieuse sous l'autorité transcendante de Dieu et de ses représentants sur terre est susceptible de former un peuple dans une même foi (le peuple de Dieu); or si la république est laïque, il lui manque, pour forger cette unité, une autorité transcendante suffisante. On peut donc comprendre en quoi la notion de peuple est incompatibe avec la démocratie pluraliste et laïque. Vouloir instaurer la souveraineté populaire en puissance unifiée et unificatrice de la démocratie , c'est en fait refuser la laïcité dans sa conséquence inéluctable: Le peuple y est introuvable, seuls existent des électeurs qui font la décision et la défont.

La Suisse et la démocratie référendaire

Le cas de la Suisse est  intéressant: c’est une démocratie confédérale très décentralisée dans laquelle le référendum d’initiative populaire joue un rôle important; mais ce rôle

1) Est contrebalancé par une démocratie représentative très active dans laquelle s’élabore en permanence des compromis entre les régions, en particulier allémanique romande, italiénisante et romanche. Compromis parfois paralysant. Les problèmes sont souvent plus repoussés que traités

2) Par le pouvoir économique et en particulier bancaire qui joue un rôle pacificateur central dans les décisions, y compris politiques. Sans grand contrôle démocratique.

De plus ce rôle au regard des résultats des référendums en Suisse sont plus négatifs que positifs et souvent marqués par le conservatisme populiste le moins démocratique, la xénophobie et la clivage croissant entre la Suisse allémanique et la Suisse romande . On le voit justement à propos de la question européenne comme on l’a vu jusqu’à une époque récente à propos le droit de vote des femmes dans certains cantons allémaniques et des lois sur les immigrés.

De plus en Suisse on organise des référendums à répétition sur les mêmes sujets, en particulier sur l’adhésion à l’UE. On peut même dire qu’un référendum chasse l’autre! Ce que ceux qui ont voté non au référendum sur le TCE en France refusent énergiquement. Il est probable qu’un nouveau référendum reviendra sur le refus d’adhésion à l’UE (du reste sous la pression de certains milieux économiques qui y ont intérêt); imaginez qu’un référendum sur l’UE, à tout moment, remette en question une éventuelle adhésion décidée par un référendum précédent: Vous aurez droit au chaos assuré...

L’exemple Suisse est, me semble-t-il, plutôt une confirmation de ma position: le démocratie directe non compensée par la logique de la représentation (ou de la dictature bancaire) est plutôt une cause d’impuissance et d’incohérence politiques et, au pire, sinon de violence (que les Suisses refuseraient pour des raisons culturelles très profondes, au contraire des français toujours hantés par l’idée de révolution), d’éclatement éventuelle (et c’est sur certaines questions très sensible) de la confédération. (Ex: De nombreux étudiants allémaniques qui apprennent le français, en principe obligatoire, refuse des séjours linguistiques en Suisse romande et préfèrent aller en France).

Le 11/03/06


Démocratie et révolution.

Notre démocratie est un mixte; elle est présidentielle (monarchie élective) et parlementaire, mais avec le suffrage majoritaire elle est plus indirecte encore: elle renforce le pouvoir exécutif aux dépens du pouvoir législatif, même en période de cohabitation (donc la possibilité , du reste, est réduite pas le quinquénat). Elle pratique le référendum, mais à la discrétion exclusive du président de la république. Elle est donc très indirecte, malgré ou à cause de l’élection de président de la république au suffrage universel et de la procédure du référendum sous contrôle de ce dernier.

On peut donc considérer que notre démocratie n’est pas totale ou authentique, mais nul n’a jamais pu l’instituer comme telle dans sa pureté car elle est précisément impossible, elle supposerait en effet que tous soient toujours d’accord sur tout et d’une manière permanente; sauf à déboucher sur une anarchie totale toute tentative de démocratie directe, sans représentants autonomes et institutions représentatives parlementaires, ne peut valoir que dans de très petites structures de type familial ou tribal (et encore, au prix d’un poids unificateur énorme des traditions plu ou moins religieuses). Rousseau disait qu’elle ne valait que pour des dieux parfaits et non pour des hommes; elle déboucherait nécessairement avec les hommes et leurs passions contradictoires et toujours égoistes, telles qu’elles sont, sur l’incohérence politique permanente et à très court terme sur un chaos social nécessairement violent.

C’est pourquoi l’option révolutionnaire qui est toujours violente

1) n’est souhaitable que pour faire cesser une violence encore plus grave, dans un régime despotique qui interdit tout liberté individuelle et politique et que, dans système démocratique même impur, ce qu’il est toujours, l’option du changement électoral est seule capable de promouvoir un peu plus de justice sociale et de participation citoyenne à l’exercice de la responsabilité politique.

2) n’est pas possible en cela qu’aucune force révolutionnaire organisée de masse n’est prête à renverser violemment la démocratie et à user de la violence révolutionnaire inévitable qu’elle implique alors que le changement et l’expression démocratiques restent possibles; sauf dans des criconstances extrêmement dramatiques qui lui interdiraient de fonctionner dans le minimum de sécurité. Et cela toujours au profit de fascisme (la sécurité contre la liberté, ce qui est évidemment un marché de dupes).

Enfin la stabilité politique implique toujours soit un régime peu ou prou théocratique, idéologiquement unificateur au regard d’une autorité transcendante qui s’impose à tous (ex: monarchie de droit divin, le dictature totalitaire du parti révolutionnaire disposant d’une légitimité indiscutable au nom d’un lendemain radieux qui n’en finit pas de chanter et de déchanter au présent) et qui s’oppose à toute autre religion, soit un régime pluraliste et libéral, le nôtre: la démocratie parlementaire (indirecte et/ou présidentialiste).

C’est pourquoi j’estime que la révolution est en France ni possible, ni souhaitable et que si certains veulent la faire, ils échoueront et/ou continueront indéfiniment de la faire en parole, sinon dans leur chambre. Et s’ils font mine d’utiliser la violence, ils feront nécessairement le jeu des forces les plus réactionnaires, suivez mon regard ...
Le 11/03/06


Réponse à un interlocuteur suisse

Je pense que vous m’avez mal lu:

1) Je dis que la Suisse est une démocratie indirecte et que la démocratie directe ne peut fonctionner que dans un cadre parlementaire confédéral; je n’ai jamais dit qu’elle était fasciste, puisque, selon moi, pour l’essentiel elle n’est pas une démocratie directe.

2) Je dis que le référendum d’initiative populaire, s’il était seul à faire la décision, poserait des problèmes politiques insurmontables. D’une part cette procédure aboutit très souvent à des réponses souvent négatives et à simplifer par amalgame des questions très différentes en imposant uns seule réponse par oui ou par non à des question et problèmes complexes et d’autre part elle ne permet pas plus qu’en France de dégager des majorités politiquement cohérentes et stables. Imaginez qu’un référendum ratifie l’intégration dans le zone euro et que deux ans après un autre refuse cette ratification? Vous iriez droit au chaos, du reste les banques, dont le pouvoir n’est pas marginal en Suisse, ne marcheraient pas.

Enfin je ne confonds pas le peuple et les citoyens: d’une part le peuple est supposé politiquement uni, ce qui est nécessairement faux en démocratie pluraliste, d’où le risque rhétorique permanent d’affirmer que le peuple sont ceux qui sont d’accord avec moi et que les ennemis du peuple sont les autres; d’autre part l’idée même de démocratie majoritaire divise nécessairement le peuple en majorité et opposition. Si peuple il y a il est toujours divisé et ce qu’une majorité peut faire, une autre peut le défaire. La démocratie indirecte (et donc toujours partisane) empèche à une majorité de s’imposer en dictature majoritaire et c’est tès bien comme cela.

Les citoyens suisses sont plus matures que les citoyens français, je l’ai dit, c’est à dire plus raisonnables et responsables dans leurs choix, mais cela ne tient pas au seul référendum et à la démocratie directe mais à la culture et à l’histoire des populations diverses qui vivent en Suisse, comme vous le dites vous-même, en une cohabitation qui n’est pas toujours aussi spontanément harmonieuse que vous semblez le dire (je regarde très souvent le télévision suisse et lis la presse suisse sur Internet.

Y a-t-il un peuple Suisse?

En tout cas c’est un peuple plurinational et c’est cette caractéristique qui me semble rendre les citoyens suisses plus raisonnables que d’autres et qui font qu’ils sont moins portés à réver de révolution au nom d’un peuple souverain supérieur, je l’ai dit et je ne comprends pas votre reproche d’insulte dès lors que je rend plutôt hommage dans mes propos, à cette démocratie mixte directe et indirecte, car parlementaire et confédérale, c’est à dire directe parce qu’aussi indirecte.

J’espère que ces précisions dissiperont le malentendu....


Citoyenneté et Droits de l'homme

L’idée de citoyenneté n’a pas disparue elle s’est transformée sous l’affirmation du primat des droits de l’homme sur les droits et des devoirs de l’homme politique.

Est citoyen aujourd’hui qui dispose des moyens poltiques de faire valoir ses droits fondamentaux; en cela nous ne sommes plus dans une société républicaine communautaire ou nationaliste; mais cela n’interdit pas la solidarité ou le refus des injustices; cela veut simplement dire que la justice est aux service non d’un ordre social intangible sacralisé mais de tous les hommes sans dicrimination.

La citoyenneté vivante aujourd’hui est individualiste donc mondialement solidaire. Nous sommes autant concernés par la CPE que par les génécides nationalistes ou etniques dans le monde. L’individualisme éthique est au fondement de l’idée de droit de l’homme et le narcissisme, que vous semblez détester par préjugé, n’est pas du tout anti-social, car il inclut sous la forme de la citoyenneté la relation positive aux autres e à leurs droits. Qui n’est pas narcissique dès lors qu’il revendique le respect des droits de l’homme pour soi et les autres?

Pas de projet commun dites-vous? Et alors, quelle communauté devrais-je servir pour croire y trouver une identité personnelle? Une communauté religieuse holiste (communauté=communion) en est seule capable, mais, nous le savons, au prix des libertés.

Etre philosophe c’est toujours soumettre la politique à l’exigence d’universalité qui seule peut donner sens rationnel à l’idée de justice. Votre position me paraît nostalgiquement régressive et pour tout dire liberticide, car négatrice du primat des droits de l’homme (et de la femme) sur la vie politique. Etre citoyen aujourd’hui c’est aussi lutter pour la reconnaissance du droit des étrangers et revendiquer le droit de vote pour les étrangers vivants en France, au nom des droits de tous les hommes.

Qui a peur de la liberté "individuelle" est condamné à se donner, voire à imposer, une nouvelle religion théologico-politique nationaliste, contre les autres..
Le 15/03/06


Une politique sans peuple est-elle possible?

Le problème que pose sa pluralité d’acception est que si cette idée de peuple est un idéal éminemment discutable en ses diverses, voire contradictoires, significations , il est vécu comme nécessaire à la vie publique afin de forger une solidarité de destin indiscutable dans la conscience d’une population diverse (multiple) aux intérêts opposés.

Il convient donc de se demander si ne s’exprime pas au travers de cette notion, malgré et/ou plutôt à cause sa confusion apparente, une idée métaphysique en tant que fondement de la politique: celle-ci suppose, en effet, une unité introuvable pour exiger de chacun qu’il se soumette à ce qui est désigné par les autorités qui s’en réclament comme l’intérêt général.

Sans peuple, pas d’intérêt général, et, sans intérêt général, pas de vie politique possible, ni pouvoir central ordonnateur, semble-t-il.

Poser une notion de peuple comme fondement du vivre ensemble serait donc la part de religieux ou de transcendance unifiante (peuple d’un même Dieu pour tous ceux qui croient en lui) irréductible que pose toute collectivité politique pour justifier ce qu’elle exige de chacun en vue de la pérennité d’un ordre social pacifique, sinon cohérent.

Mais c’est aussi, face aux résistances et oppositions voire aux menaces que génère la multiplicité des populations concrètes, poser la notion symétrique et indissociable d’ennemi du peuple intérieur et/ou extérieur et du coup faire le lit de l’exclusion, de la guerre civile ou extérieure, voire du massacre purificateur et sacrificiel que génère l’idée de pureté ethnique.

On peut alors se demander si la démystification de cette idée en tant qu’elle serait de l’ordre d’une illusion (ou idéal inaccessible qui est prise pour une réalité existante et donc une vérité) dangereuse ne serait pas la fin de la politique comme communauté de destin. Peut-on, alors penser la multiplicité les électeurs comme source d’une politique individuelle et conflictuelle sans pour autant verser dans le chaos infra-politique et la guerre de tous contre tous ?

Il me semble que oui, mais au prix d’un abandon de taille: celui de la politique qui vise à forger un peuple héroïque dans lequel chacun se valorise en s’identifiant aux autres. La politique sans peuple, mais non pas sans électeurs en démocratie , se contenterait de gérer pacifiquement , c’est à dire avec le moins d’injustice possible au regard des droits de chacun et des moyens de les exercer, les conflits entre les individus et les populations.

C’est, me semble-t-il, ce qui est au coeur de l’évolution de nos démocraties en voie d’ouverture à la mondialisation ; ce qui ne va pas sans résistance violente venant des pôles théocratiques ou social-nationalistes de la pensée religieuse populiste.

Comment alors pacifier ce qui est un conflit par nature violent dès lors qu’il fait de la violence la seule manière de s’opposer par la terreur à d’un individualisme pluraliste démocratique paradoxal qui substiturait à l’idée de peuple celui d’électorat à jamais désuni et versatile ?

C’est le problème qui nous est posé aujourd’hui face à la violence terroriste à prétention tout à la fois révolutionnaire et réactionnaire.

Le 21/02/07


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L’illusion politique

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