1) Est contrebalancé par une démocratie représentative très active dans laquelle s’élabore en permanence des compromis entre les régions, en particulier allémanique romande, italiénisante et romanche. Compromis parfois paralysant. Les problèmes sont souvent plus repoussés que traités
2) Par le pouvoir économique et en particulier bancaire qui joue un rôle pacificateur central dans les décisions, y compris politiques. Sans grand contrôle démocratique.
De plus ce rôle au regard des résultats des référendums en Suisse sont plus négatifs que positifs et souvent marqués par le conservatisme populiste le moins démocratique, la xénophobie et la clivage croissant entre la Suisse allémanique et la Suisse romande . On le voit justement à propos de la question européenne comme on l’a vu jusqu’à une époque récente à propos le droit de vote des femmes dans certains cantons allémaniques et des lois sur les immigrés.
De plus en Suisse on organise des référendums à répétition sur les mêmes sujets, en particulier sur l’adhésion à l’UE. On peut même dire qu’un référendum chasse l’autre! Ce que ceux qui ont voté non au référendum sur le TCE en France refusent énergiquement. Il est probable qu’un nouveau référendum reviendra sur le refus d’adhésion à l’UE (du reste sous la pression de certains milieux économiques qui y ont intérêt); imaginez qu’un référendum sur l’UE, à tout moment, remette en question une éventuelle adhésion décidée par un référendum précédent: Vous aurez droit au chaos assuré...
L’exemple Suisse est, me semble-t-il,
plutôt une confirmation de ma position: le démocratie
directe non
compensée par la logique de la représentation (ou de la
dictature
bancaire) est plutôt une cause d’impuissance et
d’incohérence
politiques et, au pire, sinon de violence (que les Suisses refuseraient
pour des raisons culturelles très profondes, au contraire des
français
toujours hantés par l’idée de révolution),
d’éclatement éventuelle (et
c’est sur certaines questions très sensible) de la
confédération. (Ex:
De nombreux étudiants allémaniques qui apprennent le
français, en
principe obligatoire, refuse des séjours linguistiques en Suisse
romande et préfèrent aller en France).
Le 11/03/06
Démocratie
et révolution.
Notre
démocratie est un
mixte; elle est présidentielle (monarchie élective) et
parlementaire,
mais avec le suffrage majoritaire elle est plus indirecte encore: elle
renforce le pouvoir exécutif aux dépens du pouvoir
législatif, même en
période de cohabitation (donc la possibilité , du reste,
est réduite
pas le quinquénat). Elle pratique le référendum,
mais à la discrétion
exclusive du président de la république. Elle est donc
très indirecte,
malgré ou à cause de l’élection de
président de la république au
suffrage universel et de la procédure du
référendum sous contrôle de ce
dernier.
On peut donc considérer que notre
démocratie
n’est pas totale ou authentique, mais nul n’a jamais pu l’instituer
comme telle dans sa pureté car elle est
précisément impossible, elle
supposerait en effet que tous soient toujours d’accord sur tout et
d’une manière permanente; sauf à déboucher sur une
anarchie totale
toute tentative de démocratie directe, sans représentants
autonomes et
institutions représentatives parlementaires, ne peut valoir que
dans de
très petites structures de type familial ou tribal (et encore,
au prix
d’un poids unificateur énorme des traditions plu ou moins
religieuses).
Rousseau disait qu’elle ne valait que pour des dieux parfaits et non
pour des hommes; elle déboucherait nécessairement avec
les hommes et
leurs passions contradictoires et toujours égoistes, telles
qu’elles
sont, sur l’incohérence politique permanente et à
très court terme sur
un chaos social nécessairement violent. C’est pourquoi l’option révolutionnaire qui est
toujours violente 1)
n’est souhaitable que pour faire cesser une violence encore plus grave,
dans un régime despotique qui interdit tout liberté
individuelle et
politique et que, dans système démocratique même
impur, ce qu’il est
toujours, l’option du changement électoral est seule capable de
promouvoir un peu plus de justice sociale et de participation citoyenne
à l’exercice de la responsabilité politique. 2)
n’est pas possible en cela qu’aucune force révolutionnaire
organisée de
masse n’est prête à renverser violemment la
démocratie et à user de la
violence révolutionnaire inévitable qu’elle implique
alors que le
changement et l’expression démocratiques restent possibles; sauf
dans
des criconstances extrêmement dramatiques qui lui interdiraient
de
fonctionner dans le minimum de sécurité. Et cela toujours
au profit de
fascisme (la sécurité contre la liberté, ce qui
est évidemment un
marché de dupes). Enfin la stabilité politique
implique toujours soit un régime peu ou prou
théocratique,
idéologiquement unificateur au regard d’une autorité
transcendante qui
s’impose à tous (ex: monarchie de droit divin, le dictature
totalitaire
du parti révolutionnaire disposant d’une
légitimité indiscutable au nom
d’un lendemain radieux qui n’en finit pas de chanter et de
déchanter au
présent) et qui s’oppose à toute autre religion, soit un
régime
pluraliste et libéral, le nôtre: la démocratie
parlementaire (indirecte
et/ou présidentialiste). C’est pourquoi j’estime
que la révolution est en France ni possible, ni souhaitable et
que si
certains veulent la faire, ils échoueront et/ou continueront
indéfiniment de la faire en parole, sinon dans leur chambre. Et
s’ils
font mine d’utiliser la violence, ils feront nécessairement le
jeu des
forces les plus réactionnaires, suivez mon regard ...
Le 11/03/06
Réponse
à un interlocuteur suisse
2) Je dis que le référendum d’initiative populaire, s’il était seul à faire la décision, poserait des problèmes politiques insurmontables. D’une part cette procédure aboutit très souvent à des réponses souvent négatives et à simplifer par amalgame des questions très différentes en imposant uns seule réponse par oui ou par non à des question et problèmes complexes et d’autre part elle ne permet pas plus qu’en France de dégager des majorités politiquement cohérentes et stables. Imaginez qu’un référendum ratifie l’intégration dans le zone euro et que deux ans après un autre refuse cette ratification? Vous iriez droit au chaos, du reste les banques, dont le pouvoir n’est pas marginal en Suisse, ne marcheraient pas.
Enfin je ne confonds pas le peuple et les citoyens: d’une part le peuple est supposé politiquement uni, ce qui est nécessairement faux en démocratie pluraliste, d’où le risque rhétorique permanent d’affirmer que le peuple sont ceux qui sont d’accord avec moi et que les ennemis du peuple sont les autres; d’autre part l’idée même de démocratie majoritaire divise nécessairement le peuple en majorité et opposition. Si peuple il y a il est toujours divisé et ce qu’une majorité peut faire, une autre peut le défaire. La démocratie indirecte (et donc toujours partisane) empèche à une majorité de s’imposer en dictature majoritaire et c’est tès bien comme cela.
Les citoyens suisses sont plus matures que les citoyens français, je l’ai dit, c’est à dire plus raisonnables et responsables dans leurs choix, mais cela ne tient pas au seul référendum et à la démocratie directe mais à la culture et à l’histoire des populations diverses qui vivent en Suisse, comme vous le dites vous-même, en une cohabitation qui n’est pas toujours aussi spontanément harmonieuse que vous semblez le dire (je regarde très souvent le télévision suisse et lis la presse suisse sur Internet.
Y a-t-il un peuple Suisse?
En tout cas c’est un peuple plurinational et c’est cette caractéristique qui me semble rendre les citoyens suisses plus raisonnables que d’autres et qui font qu’ils sont moins portés à réver de révolution au nom d’un peuple souverain supérieur, je l’ai dit et je ne comprends pas votre reproche d’insulte dès lors que je rend plutôt hommage dans mes propos, à cette démocratie mixte directe et indirecte, car parlementaire et confédérale, c’est à dire directe parce qu’aussi indirecte.
J’espère que ces précisions
dissiperont le malentendu....
Citoyenneté
et Droits de l'homme
L’idée de
citoyenneté n’a pas disparue elle
s’est transformée sous l’affirmation du primat des droits de
l’homme
sur les droits et des devoirs de l’homme politique.
Est
citoyen aujourd’hui qui dispose des moyens poltiques de faire valoir
ses droits fondamentaux; en cela nous ne sommes plus dans une
société
républicaine communautaire ou nationaliste; mais cela n’interdit
pas la
solidarité ou le refus des injustices; cela veut simplement dire
que la
justice est aux service non d’un ordre social intangible
sacralisé mais
de tous les hommes sans dicrimination. La
citoyenneté vivante aujourd’hui est individualiste donc
mondialement
solidaire. Nous sommes autant concernés par la CPE que par les
génécides nationalistes ou etniques dans le monde.
L’individualisme
éthique est au fondement de l’idée de droit de l’homme et
le
narcissisme, que vous semblez détester par
préjugé, n’est pas du tout
anti-social, car il inclut sous la forme de la citoyenneté la
relation
positive aux autres e à leurs droits. Qui n’est pas narcissique
dès
lors qu’il revendique le respect des droits de l’homme pour soi et les
autres? Pas de
projet commun dites-vous? Et alors,
quelle communauté devrais-je servir pour croire y trouver une
identité
personnelle? Une communauté religieuse holiste
(communauté=communion)
en est seule capable, mais, nous le savons, au prix des libertés. Etre
philosophe c’est toujours soumettre la politique à l’exigence
d’universalité qui seule peut donner sens rationnel à
l’idée de
justice. Votre position me paraît nostalgiquement
régressive et pour
tout dire liberticide, car négatrice du primat des droits de
l’homme
(et de la femme) sur la vie politique. Etre citoyen aujourd’hui c’est
aussi lutter pour la reconnaissance du droit des étrangers et
revendiquer le droit de vote pour les étrangers vivants en
France, au
nom des droits de tous les hommes. Qui a
peur de la liberté "individuelle" est condamné à
se donner, voire à
imposer, une nouvelle religion théologico-politique
nationaliste,
contre les autres..
Le 15/03/06
Une
politique sans peuple est-elle possible? Le problème que pose sa
pluralité d’acception est que si cette idée de peuple est
un idéal
éminemment discutable en ses diverses, voire contradictoires,
significations , il est vécu comme nécessaire à la
vie publique afin de
forger une solidarité de destin indiscutable dans la conscience
d’une
population diverse (multiple) aux intérêts opposés. Il
convient donc de se demander si ne s’exprime pas au travers de cette
notion, malgré et/ou plutôt à cause sa confusion
apparente, une idée
métaphysique en tant que fondement de la politique: celle-ci
suppose,
en effet, une unité introuvable pour exiger de chacun qu’il se
soumette
à ce qui est désigné par les autorités qui
s’en réclament comme
l’intérêt général. Sans peuple, pas d’intérêt
général, et, sans intérêt
général, pas de vie politique possible, ni
pouvoir central ordonnateur, semble-t-il. Poser une
notion de peuple comme fondement du vivre ensemble serait donc la part
de religieux ou de transcendance unifiante (peuple d’un même Dieu
pour
tous ceux qui croient en lui) irréductible que pose toute
collectivité
politique pour justifier ce qu’elle exige de chacun en vue de la
pérennité d’un ordre social pacifique, sinon
cohérent. Mais
c’est aussi, face aux résistances et oppositions voire aux
menaces que
génère la multiplicité des populations
concrètes, poser la notion
symétrique et indissociable d’ennemi du peuple intérieur
et/ou
extérieur et du coup faire le lit de l’exclusion, de la guerre
civile
ou extérieure, voire du massacre purificateur et sacrificiel que
génère
l’idée de pureté ethnique. On peut alors se demander
si la démystification de cette idée en tant qu’elle
serait de l’ordre
d’une illusion (ou idéal inaccessible qui est prise pour une
réalité
existante et donc une vérité) dangereuse ne serait pas la
fin de la
politique comme communauté de destin. Peut-on, alors penser la
multiplicité les électeurs comme source d’une politique
individuelle et
conflictuelle sans pour autant verser dans le chaos infra-politique et
la guerre de tous contre tous ? Il me semble que
oui, mais au prix d’un abandon de taille: celui de la politique qui
vise à forger un peuple héroïque dans lequel chacun
se valorise en
s’identifiant aux autres. La politique sans peuple, mais non pas sans
électeurs en démocratie , se contenterait de gérer
pacifiquement ,
c’est à dire avec le moins d’injustice possible au regard des
droits de
chacun et des moyens de les exercer, les conflits entre les individus
et les populations. C’est, me semble-t-il, ce qui
est au coeur de l’évolution de nos démocraties en voie
d’ouverture à la
mondialisation ; ce qui ne va pas sans résistance violente
venant des
pôles théocratiques ou social-nationalistes de la
pensée religieuse
populiste. Comment alors pacifier ce qui est un
conflit par nature violent dès lors qu’il fait de la violence la
seule
manière de s’opposer par la terreur à d’un individualisme
pluraliste
démocratique paradoxal qui substiturait à l’idée
de peuple celui
d’électorat à jamais désuni et versatile ? C’est le
problème qui nous est posé aujourd’hui face à la
violence terroriste à
prétention tout à la fois révolutionnaire et
réactionnaire. Le 21/02/07
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