Bouddhisme et spinozisme

Les quatre principes bouddhistes sont

1 - tout est souffrance car tout passe (la vie, la santé, l’amour, le désir)

2 - l’origine de la souffrance est le désir, qui allume l’illusion

3 - la délivrance est dans l’abolition des appétits

4 - la voie pour y parvenir est la discipline du milieu juste: ni hédonisme, ni ascétisme, mais l’existence, ici et maintenant, selon la voie."

Objections :

1) Toute souffrance peut être utilisée comme la source d’un renouvellement en vue du bonheur. Selon moi, un bonheur sans l’expérience de la souffrance se dissipe dans l’ennui "mortel". Le bonheur est toujours relatif à une souffrance vécue. Le bonheur absolu est, par delà la vie relative, visée de la mort car elle seule est éternelle et inconditionnelle.  Spinoza me paraît ambigü en ce qu'il fait de nous un mode relatif de la substance (la nature ou dieu) et qu'il maintient l'idée d'une joie possible absolue dans l'amour intellectel de la nature (Dieu). Par contre un certain bonheur bouddhiste est aspiration à la mort dans la vie, ce qui est contraire à la position de Spinoza.

2) L’origine de la souffrance est la passion illusoire (faux désir qui croit possible et bienfaisant ce qui ne l’est pas), l’origine du bonheur est dans le désir actif maîtrisé et lucide de ce qui est possible (juste désir)

3) L’abolition des appétits c’est la mort: la vie est nécessairement désir de vivre dans la joie par tous les moyens que notre corps et notre pensée indissociablement nous offrent.

4) Le juste milieu réside dans la mise en oeuvre calculé de la puissance désirante d’agir en cette vie relative, c’est à dire en relation active (désirante) au monde et aux autres, à savoir vivante

Il faut donc opposer à la mort dans la vie, à savoir le désir de mourir, la vie dans le vie, à savoir le désir de bien (mieux) vivre.

Le sage disait Spinoza doit penser à la vie, non à la mort.


Spinoza et la liberté
Sur l'éthique de Spinoza
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