Sociabilité, justice et philosophie.
 
 

La vie sociale, n’est pas la vie privée et encore moins le vie intime ; elle met en jeu des fonctions et des rapports collectivement institués dans les 3 domaines suivants :
· Le domaine économique : rapports de productions et d’échanges de biens et de services
· Le domaine symbolique : langage, savoir et valeurs collectifs différenciés, voire opposés, ainsi que les institutions qui en assurent la production et la transmission.
· Le domaine politique : Le droit et la forme et le fonctionnement des pouvoirs centraux de l’état et des instruments hiérarchiques d’autorité par lesquels il ordonne et régule la vie collective (législatif, exécutif, judiciaire et idéologique) ; les partis politiques qui prétendent à l’exercice de l’autorité politique et les rapports entre les individus/citoyens et les groupes sociaux et l’état .
 
 2 problèmes philosophiques fondamentaux :
 
Þ L’insociable sociabilité des hommes : d’une part, ils poursuivent leurs fins et intérêts propres en vue de leur bonheur individuel, voire égoïste, dans un contexte de compétition plus ou moins généralisé (richesses, honneurs, pouvoirs) et d’autre part ils ont besoin les uns des autres pour parvenir à leurs fins dans un contexte de solidarité organisée. D’ou un risque permanent de violence destructrice et/ou dominatrice, entraînant un désir d’ordre répressif.
Þ L’idée que toute société se fait de la justice et de l’intérêt commun ou mutuel pour combattre le risque de violence qu’entraîne cette insociable sociabilité est traversée par une ambivalence conceptuelle entre l’exigence d’égalité (au moins dans une société qui ne peut plus justifier l’inégalité naturelle ou divine entre les individus, quelques soient leur sexe et leur conditions sociale), et la réalité renouvelée, voire la nécessité, d’une hiérarchie sociale et politique pour établir, gérer et reproduire un ordre social stable. Toute hiérarchie apparaît alors discutable, voire contestable ainsi que l’idée de justice et d’intérêt commun ou mutuel.

Or la philosophie prétend définir les conditions universelles idéales de la justice sociale et politique, (voir « La République » de Platon), mais aussi reconnaître les conditions générales réelles de la vie politique et sociales : elle est donc elle-même traversée par le conflit entre l’idéalisme transformateur de la société, voire de l’individu-citoyen, et le réalisme conservateur, voire réactionnaire de l’ordre social en général et de ses conditions économiques, sociales et politiques hiérarchiques; quitte à proposer leur rationalisation systématique et la justification de leur légitimité . La philosophie et la sociabilité entretiennent donc des rapports ambigus dont l’enjeu est l’idée de justice comme fondement de la légitimité de l’ordre social et politique, de sa préservation et/ou de sa transformation.
 

1)  La vie économique : travail et justice.

Le travail comme activité de production de biens et de services s’inscrivant dans un échange social public, marchand ou non-marchand.
1-1 Les problème du travail : Paradoxes apparents entre coopération et exploitation, aliénation et liberté.
1-2 Les types d’échange :
Le don, Le troc, la propriété, l’échange marchand, la monnaie et le travail comme marchandise : valeur d’usage et valeur d’échange, réciprocité et inégalité sociale. M-A-M’, A-M-A’.
1-3 Les rapports de production et d’échange :
=> Coopération égalitaire : Travail libérateur ? A chacun selon son travail.
=> Exploitation inégalitaire : Riches et pauvres et exploitation de l’homme par l’homme : Travail marchandise, travail aliénant ? A chacun selon ses revenus.
=> Travail, hommes et machines : Vers une société sans travail aliénant ? A chacun selon ses besoins et désirs.
 1-4 Les modèles philosophiques de la justice économique et sociale :
=> Le libéralisme concurrentiel et l’égalité des droits et des chances
=> Le socialisme révolutionnaire : la société sans classe et l’égalité économique et sociale
=> L’économie sociale de marché et l’équité.

Conclusion :
La justice économique sociale ne va pas de soi ; elle est l’enjeu d’un conflit entre ceux d’en haut et ceux d’en bas, entre l’efficacité et l’égalité, entre la liberté et la solidarité. Ces conflit traversent et mettent en cause l’idée de justice et de bien commun. La gestion de ces conflits relève du domaine politique.
 

2)  La Vie politique, le droit, l’état et les citoyens.
 

2-1 Définitions :
Le droit : règles prescrites et système de sanctions proportionnées visant à établir et à préserver l’ordre public, à réduire le risque de violence et à garantir les libertés et les droits des individus compatibles avec l’ordre public.

L’état, 2 sens :
=> Sens large : Société organisée soumise à une législation et à une autorité étatique communes sur un territoire donné => Sens restreint : Machine hiérarchique du pouvoir central (législatif, exécutif, judiciaire et idéologique) chargée de faire respecter le droit, de garantir l’ordre public et les droits légaux des individus-citoyens, ainsi que la survie, le développement et les conditions du bon fonctionnement et de la reproduction de la société toute entière.
 
 2-2 Problèmes philosophiques :
=> Le paradoxe apparent du droit : Le droit est contraire à la violence mais l’utilise pour s’imposer ; force légale/force illégale.
=> Le paradoxe de l’état : Il prétend être au service de tous mais il institue le pouvoir exclusif d’une minorité sur la majorité ; direction et domination
 
 2-3 Droit et violence
 Pascal, Hobbes, Rousseau : la violence, la liberté, le droit et l’usage de la force
 2-4 Le pouvoir de l’état et les citoyens
 Absolutisme, anarchisme et démocratie.
 2-5 Démocratie et justice.
=> Le paradoxe de la démocratie : le pouvoir des dirigés sur les dirigeants et le problème de la compétence politique
=> Démocratie directe et démocratie représentative.
=> Démocratie libérale et justice sociale.
 

3)  Philosophie et sociabilité : Justice et internationalisme.

Définitions :
La sociabilité : Lien de solidarité qui suppose comme condition le sentiment de faire partie d’une communauté particulière de langue et de valeurs.
La philosophie : Réflexion critique qui élève la pensée à la dimension de l’universel

Problème :
L’exigence philosophique n’est-elle pas en contradiction avec les conditions particularistes de la sociabilité ? En quoi la philosophie peut-elle, au nom de l’universel, contribuer au développement de la sociabilité sans la remettre en cause et la trahir ?

3-1 Nationalisme ethnique et nationalité citoyenne.
3-2 Citoyenneté et internationalisme
3-3 Justice, mondialisation et droit international.
3-4 La philosophie et la paix.

S. Reboul, le 22/10/99 



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