La liberté de penser en danger:
À propos de l'article de R. Redeker et des menaces dont il est victime.


Le texte de R. Redeker est philosophiquement et historiquement nul, il est un pur délire dans le traitement inculte qu'il commet de la prétendue perversité intrinsèque de l’islam et ne peut qu’alimenter la haine anti-musulmane indifférenciée de ceux qui cultivent le ressentiment xénophobe et violent comme ressort de la vie politique.

Mais la menace criminelle que subit Redekar est totalement inacceptable; et nous devons tout faire pour la neutraliser.  Cela ne nous dispense pas de  répondre aux inepties provocatrices contenues dans les propos de l'auteur en question par des arguments plus conformes à la raison dialogique. Il n'est pas question de paraître approuver ses propos aussi fallacieux et outrés sous prétexte de défendre la liberté incondionnelles de pensée qui peut, en l'occurence, se transformer en apologie de la violence liberticide anti-musulmane. Défendre son (le) droit à s'exprimer sans être menacé de mort ne signifie pas défendre le contenu de son texte, mais celui-ci peut et doit, au nom de la liberté de penser, précisément, être l'objet d'une débat critique rationnel.

Tenir les deux bouts de la chaîne dans cette affaire est la seule manière de défendre la liberté de penser (qu’il faut distinguer de la liberté de pensée) avec justesse et donc avec le sens de la responsabilité  qui s'impose à toute exigence de liberté!
Si la liberté d’expression est aussi celle de dire que l’on hait telle ou telle religion, elle n’est pas nécessairement liberté de penser. Elle en est une des conditions nécessaires mais certainement pas suffisante. Protéger la vie  et rendre Redeker dans tous ses droits est une chose, adhéer au contenu de son article en est une autre.

texte publié le 03/09/06 à 18h30 sur Agoravox

Sylvain Reboul


"La liberté d’expression permet l’insulte envers les religions ou plus généralement envers les systèmes d’idées. Ce n’est pas pareil que les insultes aux personnes."

Cette distinction est valable pour nous qui ne sommes pas très religieux mais pas pour ceux qui non seulement le sont au point de s’identifier à et par leur religion, mais surtout pour ceux que l’ on identifie à leur religion sans même leur demander leur avis (c’est par là que commence aussi le communautariste plus ou moins exclusif).

Toutes les enquètes montrent que ceux que l’on appelle musulmans chez nous ne le sont pas beaucoup plus que ceux que l’on appelle catholiques, sauf à les caractériser comme tels pour les scotcher à une identité figée ou essentialisée en vue de les stigmatiser (ce que fait sans vergogne le prétendu philosophe Redeker.

D’où la nécessité pour éviter les crispations identitaires réciproques de refuser l’amalgame entre islamistes et musulmans, mais plus encore de déclarer musulman qui l’est d’origine, même et surtout si une certaine interprétation de cette religion interdit de ne plus être tel !

Ce sur quoi un libéral ne peut être d’accord...

Le 08/10/06



L'absolu contre la liberté

"Cet exemple nous interroge sur le sort de la sacro-sainte liberté d’expression dans un monde sans frontière,"

La seule réponse possible à cette question est qu’il n’y a rien de sacré et d’absolu, sauf dans l’imaginaire des religions, laïque comprise ; donc la liberté absolue ne peut exister nulle part et son fantasme ne peut conduire qu’à la violence verbale ou physique sans limite autre que le désastre et la mort certaine.

Ainsi comme l’ont toujours dit tous les philosophes sans exception, la seule authentique liberté est relative à des règles de vie avec les autres, à la prudence et à l’exigence de responsabilité.

Faire de la liberté un absolu c’est tout aussi absurde que de voir dans la soumission totale à l’absolu divin le salut éternel libérateur

Ainsi :

1) LA LIBERTE SANS LIMITE DANS UN MONDE RELATIF (aux autres) EST IMPOSSIBLE

2) SI ELLE ETAIT POSSIBLE ELLE SERAIT EN UN TEL MONDE nécessairement LIBERTICIDE (des autres)

Tout absolu, surtout en ce qui concerne la liberté, est nécessairement irrationnel et déraisonnable. Je ne connais aucune réfutation rationnelle possible de ce raisonnement.

On peut toujours revendiquer une position irrationnelle, mais alors elle ne peut être que hors débat démocratique et si elle devient dangereuse pour les autres (fanatisme religieux ou libertaire), il est alors nécessaire de la combattre poar d’autres moyens (justice).

Le 04/10/06


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