On
ne voit pas, en effet, en quoi le sexe serait un organe corporel
différent de la main qui masse ou qui coupe les cheveux ou qui
soigne...à moins de considérer que la
sexualité en général doit être
soumise à des normes ou interdits moraux particuliers, ce
qui avait peut-être encore un sens à une époque
où la contraception n'existait pas, mais n'en a plus
aujourd'hui. Les seuls motifs
de cette différence paraissent d’ordre religieux et donc ne
valent
que pour ceux qui y adhèrent et non pour tous. Le problème est
donc que le point de vue moral des adversaires de la prostitution n'est
pas nécessairement celui de tout le monde; chacun a le droit de
considérer que la prostituion est un service comme un autre et je ne
vois pas au nom de quelle morale valant pour tous on pourrait imposer
aux autres, clien(e)ts et prostitué(e)s consentant(e)s, la morale
particulière qui est celle de ses adversaires. Personnellement, je n'aime pas la boxe
que j’estime violente mais je n’en demande pas l’interdiction pour
autant, dès lors que les boxeurs (adultes et vaccinés) ne la voient pas
comme telle ou consentent à cette violence comme un plaisir lié à leur
sport.
Si c'est en effet le droit des adversaires de la prostitution de la
refuser pour eux-mêmes, ce ne l'est pas de l'interdire aux
autres.Ce qui fait que le
droit, par principe libéral et universaliste, ne peut interdire
la
prostitution (laquelle ne concerne pas que les femmes), ce qui est
effectivement le cas: le droit interdit le proxénétisme
et le racolage sur le voie publique, pas la prostitution. Il est
alors absurde de voir le droit condamner pour
proxénétisme quiconque vit avec un(e) prostitué(e)
ou loue un logement ou une chambre à un(e) prostitué(e )
etc..
Ainsi si nul ne n'oblige personne à se
prostituer ou à fréquenter les prostitué(e)s
on ne voit pas en quoi il faudrait interdire le prostitution,
comme service rémunéré à la personne,
à ceux qui y consentent . De plus le fausse interdiction
actuelle a pour seul résultat de transformer la prostitution en
esclavage et en entreprise mafieuse dont les pratiques sont contraires
aux droits des hommes et des femmes prostitués.
C'est un tel déni des droits des prostitué(e)s qui est
injustifiable alors qu'elle ont le droit d'exercer ce métier. Pour
sortir de cette contradiction, il
faut donc sortir de l’hypocrisie qui consistent à
condamner la prostitution et surtout les prostituées pour des
raisons
«moralistes» particulières et à la
«tolérer» l'exercice de leur métier, dans les
conditions
les plus intolérables pour elles et les plus dangereuses pour la
santé publique, du fait même de cette condamnation
injustifiable en
droit. Il faut donc légaliser la prostitution de telle
sorte que les prostituées jouissent du droit social de tous les
autres travailleurs. et que les exigences de santé publique
particulières à cette profession puissent s'appliquer
comme dans les autres.
Réponse à une objection: Quant à savoir ce qu’il en est de la jouissance féminine, deux remarques: Je
ne suis pas certain que les prostituées exercent cette profession en
vue d’en jouir sexuellement même si cela n’est pas exclu. mais cela est
vrai de la plupart des professions qui ne sont pas, ni sexuellement, ni
autrement, des parties de plaisir. D’autre part je ne pense pas qu’il y
est une grande différence entre la jouissance masculine et féminine
mais qu’il y a des différence entre les individus tous sexes confondus. Le
métier de la prostitution ne concerne pas que les femmes mais aussi les
hommes, c’est pourquoi je m’efforce d’écrire: prostitué(e) Je
n’ai aucune métaphysique qui essentialiserait la différence sexuelle et
du reste ma philosophie est anti-métaphysique en cela qu’elle refuse
d’enfermer la réalité dans des grilles conceptuelles qui vaudraient
pour tous sans examen rationnel et critique. Elle se soucie des
personnes plus que des entités conceptuelles plus ou moins forgées sur
fond de préjugés discutables sur la sexualité. Ce que le pense avoir
fait dans mon article. Je soutiens entièrement la
cause des mouvements qui militent pour la légalisation, en terme de
droit du travail, d’une profession qui ne peut pas être affirmée, en
elle-même, comme plus infamante que beaucoup d’autres.
Dans le précédent article, je n’ai fait que montrer qu’il y a une
contradiction entre le fait que l’on ne peut ni en droit, ni en fait,
interdire une profession et le fait de refuser tout droit social quant
à son exercice; cette contradiction conduit donc à stigmatiser les
prostitué(e)s et à accepter, avec quelques protestations bien-pensantes
parfaitement hypocrites, qu’ils (prostitué(e)s) l’exercent dans des
conditions qui, du fait de cette stigmatisation, sont parfois proches
de l’esclavage et dans un cadre criminogène dont ils sont les premières
victimes, mais aussi la santé publique via leurs clients.
Il ne faut pas confondre les situations et les problèmes: C’est
une chose de constater que, dans les conditions d’aujourd’hui, il est
imposssible d’exercer cette profession dans des conditions de dignité
sociale et de santé publique minimales; mais la légalisation et la non
discrimination de cette profession ferait que ceux et celles (et je le
redis: les prostitué(e)s ne sont pas seulement des femmes) qui désirent
l’exercer pourraient le faire sans être socialement discriminées ou
méprisées à commencer par le droit; c’est le même problème qu’avec
l’homosexualité: le société peut et doit évoluer sur ce point et le
droit peut et doit y contribuer. C’est autre chose
que de choisir la prostitution socialement et juridiquement réhabilitée
pour soi ou ses proches (et des adultes ne sont pas des enfants et
reciproquement: la pédophilie est condamnable car elle est toujours
violence faite à l’enfant, pas la prostitution entre adultes
consentants); car cela relève de la liberté individuelle. Chaque
famille peut donc choisir d’éduquer et d’orienter la formation de ses
enfants dans le sens de ses convictions; ce qui ne veut pas dire que
les enfant, devenus adultes, ne fassent pas des choix différents. La seule
chose qui paraît devoir être rigoureusement interdite c’est une
éventuelle formation professionnelle à la prostitution avant la
majorité; cela reviendrait à décriminaliser la pédophilie. Mais il y a
de nombreux métiers qui ne peuvent pas relever d’une formation "en
acte" avant la majorité (ex: la police et l’armée et toute profession
qui peut faire usage de la violence potentiellement létale). le 21/03/06
Christianisme et libéralisme: loi majoritaire et droits individuels Certains se reéfèrent à la croyance
chrétienne majoritaire pour condamner la prostitution en cela qu’elle
leur paraît particulièrement immorale. Cett position est
respectable. Or elle est respectée à partir du moment où
on ne les oblige pas à pratiquer la prostitution; ce qui est le cas,
en cas de légalisation: celle-ci ne n'oblige en rien ses adversaires tout en
n’interdisant pas à ceux qui ne partage pas leur croyance de le faire.
Encore faut-il que cette pratique ne les choque pas; donc il s’agit de
faire en sorte qu’elle se pratique dans un cadre discret et/ou non
visible par ceux qui sont contre cette pratique pour eux-mêmes Ceci
veut dire que nous ne sommes pas dans le cadre d’un choix majoritaire,
car à ce compte il faudrait interdire toute croyance et pratique
minoritaire qui choquerait la majorité (ex: la soi-disante
homosexualité), mais dans celui de la liberté individuelle de disposer
de son corps selon ses croyances dans la mesure où cette libre
disposition ne concerne pas d’autres personnes non consentantes. Conclusion:
la démocratie ne se réduit pas à la loi majoritaire dès lors que celle-ci
peut devenir tyrannique vis-à-vis des minorités (majorité et minorité
du reste sont variables et inconstantes) mais est, d’abord, un régime
qui respecte les libertés individuelles, donc les minorités dans la
mesure où celles-ci respectent les droits fondamentaux, y compris
sociaux, des individus. La loi majoritaire ne peut s’imposer à tous que
si les droits des individus sont respectés par elle. La pratique
monnayée de la sexualité relève donc non de la loi majoritaire, mais de
la seule liberté individuelle et doit donc être légalisée quant aux
conditions de son exercice économique pour des raisons de santé
publique et de droit social des personnes. On
touche ici au fondement même de la pensée libérale et de la démocratie
pluraliste: nul n’ a le droit d’imposer ou d’interdire au nom d’une
croyance, même majoritaire, tel ou tel type de comportement qui relève
de la seule liberté individuelle, y compris sur le plan économique, en
particulier dans le domaine intime, sexuel ou religieux, dans le mesure
où ce comportement n’oblige en rien ceux qui le refusent à le
pratiquer. Ce qui est interdit, c’est bien d’imposer aux autres qui ne
les partagent pas ses croyances et les pratiques qui en découlent. La
loi générale, n’est légitime que si elle promeut la liberté de chacun,
sans nuire à celle des autres.
Le fond chrétien (le personalisme) dont certains parlent est très récent : le respect de la personne et de ses droits fondamentaux est, pour les églises, le fruit d’une longue évolution générée par la lutte contre les églises et leur pouvoir théocratique, justement.
Mais passons..
1) Certains qui se disent chrétiens font , me semble-t-il, un amalgame rhétorique fallacieux entre le fait de donner ou de vendre (donc d’aliéner) sans espoir de retour pour son propriétaire un organe vital et le fait de le prêter ou de le louer temporairement et pour un certain usage dont le sujet de droit, loueur ou bailleur, reste propriétaire et dont il peut continuer de faire usage quand il le veut, telle ou telle partie de son corps, pour une activité rémunérée ou non et en tant qu’il le fait par choix non contraint. On dit bien "prêter main forte" ou "louer sa force de travail physique ou inbtellectuelle" et "ses bras ou son cerveau" voire "ses jambes"..... Pour moi les organes sexuels ne font pas exception et c’est en effet ce qui se passe dans la cadre de la prostitution légale ; ce qu’elle est, même en France, je le rappelle, mais hors tout droit social du travail et tout contrôle sanitaire..
Ce n’est pas la même chose que dans le cas de la location d’un utérus (mères porteuses) car les mères porteuse vendent un enfant qui ne sera plus le leur (aliénation) et que ce marchandage concerne non un service mais un sujet de droit transformé en simple objet de droit par cette transaction, et ce dès la naissance : l’enfant. La discussion du don d’enfant à un proche avec qui on reste en contact ainsi qu’avec l’enfant reste ouverte..
2) quant aux mineurs, leur
sexualité n’est pas par définition autonomisée et donc elle n’est pas
dans les conditions de se mesurer à celle des adultes et la soumettre
c’est les soumettre ; de plus ils ne sont pas majeurs donc responsables
des transactions dont ils pourraient faire l’objet. Surtout les enfants doivent être éduqués à
l’autonomie dans une société libérale ; ce qui serait contradictoire
avec une formation à la prostitution nécessairement forcée dans ces
conditions. Prostituer ou former les enfants ou mineurs à la
prostitution (ce qui revient au même ici) c’est les rendre esclaves,
c’est du reste pourquoi le travail des enfants et une formation
professionnelle trop précoce ont été interdits dans tous les états de droit
et que cette interdiction vaut aussi sur le plan international (voir
les textes de l’ONU à ce sujet)
Le 26/03/06