Politique et économie, Interventions à l'UATL en 2017


Les relations entre la politique et l’économie, particulièrement en France, sont l’objet d’une représentation fantasmatique et d’une illusion largement répandue, à droite et encore plus à gauche : à savoir, celle que la pouvoir politique peut tout et, de ce fait, qu’il est comptable des résultats économiques entre termes de PIB, de croissance et de chômage etc...Or c’est oublier que l’économie dan les pays démocratiques sur le plan politique mais capitalistes sur le plan économique est commandée non par l’état, mais par les investisseurs, c’est à dire tout ceux qui détiennent les capitaux et sont propriétaires des entreprises pour en obtenir pour eux le maximum de profits. L’état, dans une économie capitaliste, n’a pas de pouvoir direct sur la direction et les décisions des entreprises, hors celles dont il est propriétaire total ou partiel et hors les entreprises monopolistiques de service public . Ces premières, du reste, quand elles restent soumises au marché concurrentiel, ne sont pas moins capitalistes que les autres, sauf à faire faillite ou à obliger les contribuables à payer pour les renflouer, sans être garanti de pouvoir les sauver. De plus l’état en démocratique est soumis à des impératifs politiques qui ne sont pas nécessairement compatibles avec les exigences d’une bonne gestion économique. Deux exemples : celui du groupe Vivarte et de l’EDF.

- Dans le premier cas, il s’agit d’une entreprise privée qui, face à des difficultés financières graves, liées à une baisse importante de son chiffre d’affaire, tente de se réorganiser en vendant des filiales et en licenciant une partie du personnel. Rien ne dit que l’état pourrait, s’il en était propriétaire, rendre cette entreprise rentable. Mais les syndicats semblent vouloir exiger de ce dernier une intervention qui puisse sauver les emplois menacés, ce qu’il n’a pas les moyens juridiques et économiques de faire. Tout au plus peut-il favoriser des conditions plus avantageuses pour le personnel touché par les licenciements, mais encore faut-il que l’entreprise ne soit mise pas en faillite, ce qui ne relève pas de sa décision, mais celle des actionnaires et de la justice commerciale.

- Dans les second cas , l’EDF, nous avons affaire à une entreprise commerciale formellement non monopolistique dans laquelle l’état dispose de 70 % du capital, donc du pouvoir réel de décision et à qui est accordée une mission de service public qui relève de la responsabilité politique. C’est pour un motif politique de sécurité publique et de substitution partielle des ressources d’énergie nucléaire par d’autre sources dites renouvelables et moins polluantes et non pas pour des motifs économiques que l’état a décidé d’arrêter la centrale de Fessenheim contre l’avis et l’intérêt particulier des employés, de la commune et de la région attenante. Un changement politique en un futur proche pourrait du reste remettre en cause cette décision.


Ces deux exemples nous obligent donc à nous poser la question de savoir si la politique doit l’emporter sur l’économie, comme c’était en gros le cas dans l’ancien régime monarchique de droit divin, lorsque Louis XIV n’hésitait pas, par exemple, en 1661, à faire enfermer et à bannir Fouquet, son super intendant, pour lèse-majesté, après l’avoir dépouillé de ses biens, ou lorsque la révolution Russe avait entièrement nationalisé, sans compensations, les biens de production et d’échanges, avec les conséquences que l’on sait.


Dans le monde capitaliste moderne globalisé la finance et donc l’économie échappe de plus en plus au pouvoir des états et donc à la politique. Est-ce-à-dire que l’économie prend définitivement le pas et doit le prendre sur la politique et/ou, à entendre l’essentiel des discours politiques, que l’économie devient directement politique, dès lors qu’il n’est plus question que de croissance économique et de réduction du chômage, même chez ceux qui veulent une autre économie plus écologique ou plus sociale ? Peut-on retrouver un rôle de la politique dans l’économie, y compris en soumettant celle-ci à des fins politiques de justice sociale ou de développement durable ? À quelle échelle, nationale et/ou internationale, dans quelles limites et à quelles conditions ?

Définitions:

Dans la conception classique de la philosophie politique, la politique est l’art d’exercer l’autorité suprême, organisée hiérarchiquement sous un commandement unique, dans la société toute entière, Cette autorité est l’état. Cette autorité centrale s’exerce grâce à une justice disposant d’un pouvoir incontestable de sanction, une police et une armée qui s’arroge et/ou à laquelle est attribuée, au moyen du droit, le monopole de l’usage de la violence légitime, selon la célèbres formule de Marx Weber.

Le droit que l’état a pour fonction de faire respecter par l’usage de la violence légitime,, est constitué de lois et de règles de comportement qui distingue strictement ce qui est permis et ce qui est défendu. Une distinction ici s’impose entre un État anti-libéral qui interdit tout ce qui n’est pas explicitement permis et un état libéral qui permet tout ce qui n’est pas explicitement interdit.

La société est, sous cette autorité administrative et militaire rationnelle, civile ou civilisée (Hegel), dès lors le but de l’état ou sa fonction régalienne est de réduire le risque de violence généralisée qui la menace spontanément, défendre la société et son territoire (voire d’accroître ce dernier pour accroître sa puissance propre) contre les ennemis et menaces, extérieurs et intérieurs, afin d’assurer l’ordre public et la paix civile.

La société civile est l’ensemble des individus poursuivant leur intérêt privés, principalement économiques, dans le cadre du droit, sous l’autorité de l’état. Les individus sont reconnus dans l’état libéral comme ayant des droits fondamentaux à faire valoir, sous la forme de droit opposables vis-à-vis de tiers qui mettraient ces droits en danger, y compris vis-à-vis de l’état ( ce qui soulève la question de la justice indépendante ou autonome, dans l’état, par rapport au pouvoir exécutif).

Mais la compatibilité entre les intérêts privés de chacun reposant sur le droit à la propriété privé de biens de production et de service en vue de la satisfaction de ses seuls buts privés vis-à-vis de ceux des autres, ainsi que ceux-ci vis-à-vis de l’intérêt général, reposant sur l’exigence de disposer de de biens communs nécessaires à le vie de tous et à la reproduction de la société dans son ensemble (air, eau pollution, éducation, défense, santé publique, etc.) ne vont pas de soi. Ainsi une société dans le cadre du droit et sous l’autorité de l’état doit mettre en œuvre une justice favorable à tous en deux sens : c’est à dire aux intérêts mutuels privés de chacun et aux intérêts généraux de tous qu’il convient de distinguer. Rien en effet ne garantit que l’intérêt commun soit réductible à la somme harmonisée par le seul droit concernant la propriété privée.

Trois conceptions, s’opposent quant au rôle de l’état dans le domaine économique une conception étatiste intégrale , une conception étatiste limitée et une conception libérale, voire ultra-libérale.


1) Le modèle étatiste.

La conception étatiste intégrale que l’on appelle aussi planiste consiste à soumettre l’ensemble de la vie économique, non seulement au contrôle régulateur de l’état, mais à la puissance publique, donc au pouvoir monopolistique politique de l’état, en faisant de celui-ci le propriétaire de droit et/ou de fait des moyens de productions et d’échanges pour harmoniser sous une forme rationnelle unifiée les intérêts privés et public sous la détermination d’une plan obligatoire centralisé définit par la puissance publique et non par le marché. Mais une telle vision entraîne un danger grave car la liberté individuelle d’entreprendre et de consommer est radicalement compromise dans la mesure ou l’état ne dispose pas du pouvoir réel de contrôler l’ensemble de l’économie et surtout en l’absence de marché concurrentiel ne peut ni deviner, les besoins et les désirs, c’est à dire la demande, ni définir l’offre d’une manière efficace sauf à imposer l’ordonnancement de ces derniers à l’offre du plan, c’est à dire à l’état, en interdisant aux individus de faire valoir leurs besoins et désirs propres au mieux de leurs intérêts de consommateurs et de clients individuels. Ce qui tend à faire de l’état un état totalitaire qui prétend décider à la place des individus ce que sont et doivent être leurs désirs particuliers. Sans liberté d’entreprendre accordée aux clients, de vendre et d’acheter d’acheter, dans le cadre de la libre concurrence, aucune liberté personnelle de choix n’est accordée aux individus consommateurs. L’état décide de tout, c’est dire en fait de la vie économique privée constitutive de la société civile de chacun. De plus, en fusionnant le pouvoir politique et le pouvoir économique dans le cadre de monopoles d’état de production et d’échanges, une telle vision et un tel régime étatistes intégraux favorisent le conflit d’intérêt entre une couche dirigeante qui a tout le pouvoir et l’intérêt qui n’a plus de public que de nom et dont elle accapare le monopole de la définition. Une classe de capitaliste d’état, la nomenklatura, se constitue contre l’ensemble des intérêts individuels, elle peut alors peut utiliser son pouvoir à son profit exclusif, aux dépens des individus. Ce type de système est par, sa nature même, corrompu et corruptible, sauf à supposer que les dirigeants soient totalement vertueux, c’est à dire altruistes, et renoncent à faire un usage abusif du pouvoir qu’ils exercent sans partage, c’est à dire sans le contre-pouvoir institutionnel qu’accorde le marché concurrentiel aux consommateurs.

Mais ce système qui soumet la production et la consommation au plan selon un programme prévu de distribution des ressources, des produits et des services met aussi l’employabilité de chacun en coupe réglée et permet aussi d’assurer à chacun un emploi, sinon un travail productif, rémunéré et garanti. Cette absence d’autonomie dans le choix et les conditions de son emploi crée ainsi un effet de sécurité qui permet de supporter, au moins chez beaucoup, l’absence de liberté dans l’emploi et dans la consommation. Le prix à payer pour cet effet de sécurité est l’absence de créativité et de dynamisme de la vie économique et parfois même personnelle aux dépens du progrès général du niveau de vie, de la productivité du travail et de la technologie. Cela exige en contrepartie un protectionnisme étanche par rapport à la vie économique extérieure, c‘est à dire au monde extérieur fonctionnant sur le modèle libéral et capitaliste de l’économie de marché entraînant le marché noir et la faillite de ce système étatiste totalitaire ultra-corrompu.


2) Modèle ultra-libéral.

Dans ces conditions, certains comme F. Hayek, qui récusent radicalement, cette forme de pensée et ce système économique totalitaires anti-libéraux et donc anti-individualiste et économiquement inefficace, promis à terme à la faillite et à l’ultra corruption, promeuvent une économie échappant entièrement à l’autorité de l’état dans le cadre du seul marché auto-régulateur des biens des services et du travail, car soumis au seul principe de la recherche pas chacun de son profit personnel dans les conditions de la concurrence libre et non-faussée. Toute la vie économique et toutes les relations civiles dans la société doivent, selon eux, devenir marchandes. Tout service et bien doit devenir marchandise : l’air que l’on respire, l’eau que l’on boit et que l’on utilise pour laver se laver et faire la cuisine, les soins médicaux, l’éducation etc... lesquels doivent être soumis au principe libéral toujours plus efficients du libre marché concurrentiel. L’intervention de l’état, au pire, doit se limiter aux fonctions régaliennes de sécurité vis-à-vis de des affaires extérieures et, à l’intérieur d’arbitrage dans les conflits concernant la réalisation des contrats privés entre les personnes physiques et morales, au mieux même ces fonctions pourraient devenir ou relever du domaine de l’économie privé des services .

La société civile n’a alors plus besoin d’une autorité transcendante unificatrice, d’un pouvoir régulateur autonome pour garantir l’intérêt commun, confondu avec la somme agrégée et optimisée des intérêts privés en terme d’utilité et de calcul rationnel des coûts/avantages de tel ou tel type de transaction contractuelle. Il n’est alors plus besoin de lois décidées en amont par l’état, car la justice privée décide, au cas par cas au début, du contenu même des règles de compensation des dommages liés au non-respect des contrats, au regard de la seule mutualisation optimisée des intérêt mutuels, quitte à ce que ces règles fassent progressivement jurisprudence et s’étendent pas assimilation aux cas semblables à toute la société. Ce n’est plus l’état qui fait la loi, c’est la société civile elle-même qui construit le droit au bénéfice de tous et de chacun. Dira-t-on que ce modèle ultra-libéral de société favorise les puissants aux dépens des moins favorisés, par exemple les détenteurs du capital privé aux dépens des salariés qu’il emploie et dont qu’il exploite à son profit ? Que sous prétexte des mêmes droits formels à la liberté (ex : accès à la propriété privée des moyens de production et d’échange) il promeut réellement la liberté du renard dans le poulailler libre, selon la formule de Marx ? Cette liberté serait-elle juste c’est à dire égalitaire, sinon en droit, mais en moyens de faire valoir ces droits dans le cadre de contrats léonins entre employeurs et employés? Les ultra- libéraux comme Hayek n’hésitent pas à remettre en question le principe mêm de la justice égqlitariste quent aux revenus (pouvoir d’achat) et aux rapports sociaux réels. La liberté, selon eux, exige que chacun dans la concurrence libre et non-faussée puisse faire valoir ses talents et son courage pour s’enrichir afin de conquérir des situations de pouvoir enviable et ainsi faire servir ses intérêts propres au progrès et au dynamisme de l’ensemble de la société, ne serait-ce que par le « ruissellement » des richesses des plus entreprenants à tous ceux, en dessous d’eux, qui travaillent pour eux ou à qui ils consentent à faire la charité..

Si certains n’y parviennent pas, c’est le fait du hasard, de leurs propres insuffisances, intellectuelles et caractérielles et de leurs choix erronés. La société libérale n’a pas à récompenser ou à compenser ces manques pas plus qu’elle n’a à compenser la laideur, la faiblesse biologique constitutive des individus. Il n’y pas plus de justice égalitaire sociale qu’il n’y a d’égalité biologique ou aléatoire entre les individus. La justice sociale n’existe pas, car elle n’a dans une socité libérale aucun sens, elle un mythe qui nourrit la jalousie des usn contre les autres. Le doit contractuel entre particuliers, personnes physiques et/ou morales doit l’emporter sur la loi générale qui ne peut être que le généralisation des contrats individuels sous la protection et la sanction de la loi libérale. La modèle ultra-libéral milite pour la fin des droits sociaux qui, selon eux détruisent les emplois sans bénéfice pour quiconque, sinon pour les tires-au flanc (je reviendrai sur ce point) . Tout au plus, concède Hayek, par souci de réduire le risque de révolte et de violence des moins favorisés aux dépens des plus favorisés  et par « humanité » préconise-t-il un revenu universel de survie pour ceux qui ne peuvent participer à la compétition économique et/ou n’ont pas les qualités requises pour en profiter.

Ainsi pour Hayek La liberté d’entreprendre dans le cadre de la concurrence, fondée sur le droit de la propriété privée des moyens de production et d’échange, est l’essence même du l’accroissement de la productivité du travail, et donc de l’économie toute entière, c’est à dire de le société civile, elle seule permet à toute la société de s’enrichir. La politique n’a d’autre rôle que de faciliter le libre marché contre tous les protectionnismes et les corporatismes qui ne manquent pas de prospérer pour préserver les intérêts particulier acquis, aux dépens de l’enrichissement général. La politique, c’est à dire l’état, doit la défendre l’économie compétitive capitaliste, la plus performante, y compris par la répression violente, de tous ceux qui prétendent, au nom de la justice sociale, la limiter ou la réguler de l’extérieur. Cette idée de justice sociale est dépourvue de sens. Elle n’est que l’expression de la jalousie des perdants vis-à-vis des gagnants. Une société civile ne gagne qu’en favorisant tous ceux qui par leur initiative, leur créativité et leur talent dans l’économie font progresser, par capillarité et par ruissellement, l’ensemble de la société. L’égalité formelle du droit à la propriété et à participer à la compétition qu’elle implique est le seule favorable à tous, comme dans les compétitions sportives. Le désir de l’égalité réelle, au contraire, s’y oppose et en s’y opposant génère la pauvreté et la misère, comme Bernard de Mandeville l’affirmait déjà au début de XVIIIème siècle. Hayek dit même que lorsque la tentation démocratique, par démagogie que nous dirions aujourd’hui populiste, peut conduire à la fin des libertés économiques, il vaut mieux la dictature politique et militaire pour les préserver que la démocratie politique !

Or, ce que ne dit pas ou occulte cette vision ultra-libérale et ultra-compétitive de la vie civile, c’est la question de savoir comment faire pour que ce ne soit pas toujours les mêmes, les riches, les plus favorisés qui cumulent les avantages en terme de pouvoir social, via la propriété des moyens de production et d’échange, pour s’opposer aux plus pauvres en profitant de leur faiblesse pour les exploiter et les dominer à leur avantage. Hayek semble croire que l’égalité formelle des droits suffit à générer l’égalité dans la compétition et la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme. Nous savons qu’il n’en est rien, mais que par le biais de l’héritage qu’il en veut pas abolir puisqu’il en fait une condition du dynamisme de ceux qui cherchent à s’enrichir, la compétition entre les individus est socialement pipée dans les domaines économique et social, voire culturel. Nous savons que l’égalité des chances n’est qu’une mystification dès lors que les plus favorisés par l’héritage peuvent profiter de leur avantage pour, non pas faire fonctionner l’économie au service de tous, mais pour leur profit exclusif. L’ultra-libéralisme conduit alors à la dictature sans partage des riches, propriétaires et autres investisseurs, comme on le voit aujourd’hui et dans une situation de moindre profitabilité dans l’économie créatrice de richesses réelles et d’explosion des rendements financiers spéculatifs pour compenser cette réduction (le taux de profit moyen, à moyen terme, baisse partout dans le monde) en créant et jouant sur des bulles destinées à imploser et dont le prix sera payé par les plus pauvres.

L’ultra-libéralisme génère l’accroissement exponentiel des inégalités sociales, comme le montre Thomas Piketty, sur le plan intérieur de chaque pays et dans le monde. Un tel écart exponentiel entre les plus riches et la majorité de la population disqualifie le discours ultra-libéral. Que 8 foyers gagnent avant impôts (les impôts auxquels les plus riches ont les moyens d’échapper) plus que 50 % de la population dans le monde (en France 28 familles contre 40 % de la population) du monde est inacceptable et ne peut que générer la violence la plus aveugle mettant en cause le libéralisme démocratique lui-même, au profit d’un anti-libéralisme de droite ou de gauche hyper-violent donc catastrophique pour l’espèce humaine toute entière du fait de l’existence des armes de destruction massives que tous pourront , à terme, utiliser. Enfin une telle vision de la liberté économique devient liberticide, sans régulation politique pour en assurer la viabilité quant au rapport avec notre environnement. Sauf à nier le réchauffement climatique dû à la course profitable illimitée aux ressources d’énergie carbonée, ce qui est aujourd’hui scientifiquement prouvé, nous courrons tous à la destruction de la biosphère et à l’extinction de la vie humaine.

Nous sommes conduits à refuser la croyance que la liberté économique, sans limites et régulation politique, suffise à garantir le progrès de l’humanité, car elle peut produire plus certainement encore sa disparition. Ce refus détermine le sens de l’idée sociale-démocrate et sociale-libérale.

3) Le modèle social-libéral.

Refusant tout à la fois le modèle étatique et le modèle ultra-libéral de la relation entre politique et économie, ou plutôt au fond de l’absence de relations entre la politique et l’économie l’un fusionnant les deux, l’autre disqualifiant toute intervention de la politique dans le vie économique, la conception social-démocrate veut concilier dynamisme économique et justice sociale. Elle reconnaît qu’il y a un conflit irréductible entre l’économie capitaliste dont le seul but spontané est le profit maximum et la justice, en terme la réduction des inégalités réelles, laquelle réduction est aussi une condition de la mise en pratique de l’égalité formelle en droit. Mais elle considère que cette tension est un facteur de dynamisme et de progrès social à certaine conditions politiques formulées par la notion d’économie sociale de marché. Quelles sont ces conditions ?

- Limiter par l’impôt le creusement de l’écart entre les revenus et redistribuer une part des richesses ainsi détournée de la finalité directement liée au circuit de la marchandise et du secteur marchand , le profit privé, en services publics gratuits non-marchands concernant la santé, l’éducation et la protection sociale.

- Limiter par l’impôt l’inégalité liée à l’héritage, non justifiée en terme de mérite personnel sur le plan économique

- Imposer aux relations de travail entre employeurs des règles concernant les salaires et les conditions de travail en faveur des employés et inscrire comme une obligation légale le droit à l’activité syndicale pour réduire l’inégalité dans le rapport des forces entre eux. C’est le droit de travail plus ou moins impératif

- Accorder une représentativité au travail, dans les décisions économiques, qui peut aller dans les formes du capitalisme dit « rhénan » ou de l’Europe du Nord jusqu’à admettre les représentant syndicaux des employés dans la direction des entreprises, pour d’une part instaurer une dialogue social favorable au climat collectif et coopératif nécessaire aux performances sur le long terme et d’autre part mettre en position de responsabilité les employés vis-à-vis de la vie et du développement de leur entreprise.

- Inciter l’économie grand public, aux dépend de l’économie du luxe (ex : TVA différenciée)

- Fixer des règles claires pour favoriser la transition énergétique et le développement durable, contre la propension capitaliste de privilégier le profit maximum à court terme aux dépens de la santé et des conditions de vie à long terme en particulier concernant les générations futures. L’écologie est politique, au sens qu’elle exige la prise en compte dans la vie économique des intérêts généraux de l’espèce humaine actuelle et surtout future dans son rapport avec l’environnement naturel, social et technique. Elle doit donc, par l’impôt et l’interdiction de pratiques profitables aux intérêts particuliers à court terme, orienter l’économie en un sens écologique à long terme, dès lors que ces pratioques économiques menacent nos conditions de vie et détruisent la diversité biologique. La souci du futur doit l’emporter sur celui du présent. Or les générations futures ne votent pas.. C’est le principal défi politique qui se pose à la vie économique à notre époque, avec celui de la réduction des inégalités.

- Agir afin d’assurer à tous l’accès au savoir pour ensuite pouvoir progresser dans le sens de l’égalité des chances ou de l’égale mise en œuvre des « capabilités » des humains », en particulier des plus défavorisés, dans le cadre d’un authentique droit gratuit à la formation permanente qualifiante.


Ces deux défis  que sont celui de la menace écologique et celui des inégalités sociales, sont en effet générés par le développement du capitalisme dérégulé comme mode d’existence hégémonique spontané de l’économie actuelle. Ils sont, par définition, essentiellement politiques dès lors qu’ils opposent les intérêts généraux futurs de l’humanité aux intérêts particuliers des couches sociales dominantes actuelles. Toute la question aujourd’hui est donc de savoir si la démocratie politique qui prend en compte et reflète d’abord les intérêts des votants d’aujourd’hui qui ne désirent pas spontanément sacrifier partiellement leurs désirs actuels, désirs excités par l’économie capitalistes, via une publicité débridée, pourrait devenir favorable à une politique écologique et sociale plus juste.


Mais il est clair que ce modèle exige une conscience démocratique citoyenne favorable aux luttes sociales collectives pour orienter la vie politique dans le sens de la définition et du respect de ces conditions de possibilité , en vue de la gestion favorable à tous de cette tension permanente et nécessaire entre la logique de l’économie capitaliste, libérale et de marché et la justice sociale en terme d’égalité universelle des droits et des chances et ces capabilités (Armatya Sen).

La politique, ici, a, non seulement à garantir, la liberté d’entreprendre, l’ordre public et la paix civile, mais aussi les libertés dans la justice sociale et donc le droit social qui en sont les conditions 


Capitalisme et démocratie

Définition du capitalisme

Le capitalisme est le système de production et d'échanges de biens marchands dans lequel celui qui dispose d'un capital de départ vise à maximiser son profit propre (privé) en faisant usage du travail ou des services de salariés qui vendent ou louent leur force de travail au profit de qui les emploie et les paie, à savoir de qui dispose par son propre fonds ou par emprunt d'un capital financier pour ce faire.

Le profit privé, la plus value ou bénéfice ou intérêt du capital investi, est le seul but du capitaliste, comme la maximalisation de son salaire, celui du salarié, (ce qui implique un conflit ouvert ou latent entre profit et salaire ). Ainsi le capitalisme transforme le capital investi est une relation sociale d'exploitation entre le capital et la travail en vue du profit du capitaliste. De ce fait, le capitalisme instaure le règne de l'égoïsme dans les relations économiques et des rapports sociaux de production et d'échange qui en découlent . En cela le capitalisme n'est pas et n'a pas à être ni altruiste, ni solidaire, ni soucieux de l’intérêt général de l’espèce humaine au sens d'altruiste. 

Si le capitalisme n’est pas spontanément soucieux de l’intérêt général de l’espèce humaine il est absurde de demander qu’il le devienne par lui-même, c’est à la puissance publique de le contraindre à l’être en vue de la paix civile et du respect des conditions écologiques de la vie .

Le capitalisme contre la démocratie.

La démocratie par définition, est fondée sur l'idéal de l'égalité des citoyens (Tocqueville. Elle se doit d'être sur le plan économique et social le correcteur des inégalités que génère le capitalisme, sauf à disparaître dans une crise politique profonde en apparaissant ouvertement comme au service du capital au mépris de la majorité des citoyens. Elle doit par la redistribution, les services publics de base gratuits (éducation, santé, transports publics, information)) donner, dans le domaine économique et social, à tous les citoyens les moyens de vivre l'égalité des chances et des droits fondamentaux, dont le droit au travail et à la dignité qui sont indissociables du respect des droits de chacun dont celui du droit du et au travail. Celui-ci inclut le droit des salariés à faire usage du droit de grève pour obtenir celui de négocier sur les salaires, les conditions de travail et les licenciements, éventuels, en position plus égalitaire avec ceux qui les emploient . Ainsi, dans les pays du Nord de l'Europe, au moins dans les grandes entreprises, le droit des employés et salariés participer à la direction de leur entreprise capitaliste (cogestion) est affirmé, ce qui met en cause la logique fondamentale de du capitalisme en particulier financier qui tend à devenir dominant dans le monde. La règle d'or du capitalisme financier mondialisé est en effet celle de "la socialisation des pertes et de la privatisation des profits". Dès lors que les grandes banques et autres institutions financières lorsqu'elles n'échappent pas à tout pouvoir de sanction dans les paradis fiscaux peuvent exiger des états et donc de l'impôt et des citoyens d'être sauvées de la faillite, sauf à mettre toute l'économie par terre, elles disposent sur les états et les populations d'un pouvoir presque sans limites. Un tel pouvoir est, par nature, anti-démocratique et, sous le couvert mensonger de la liberté d'entreprendre, prend en otage la démocratie pour la vider et la détourner de se son sens au service de d'une dictature de fait des marchés, comme on dit improprement, alors qu'il s'agit de celle de ceux qui détiennent les capitaux contre ceux qu'ils emploient. En cela la démocratie est anti-capitaliste ou n'est qu'une illusion trompeuse qui ne se pare de son nom que pour mieux l'annihiler.

La démocratie est capitaliste ou n'est pas. 

Or toute l'expérience historique des ex-pays socialistes montrent que le refus de la propriété des biens de productions et d'échange et du marché comme régulateur, même très inégalitaire des relations entre l'offre et la demande, tend à être inefficace d'une part, et ,d'autre part et surtout, substitue à une injustice négociable par la démocratie une dictature de fait au profit, plus ou moins exclusif de ceux qui prétendent gérer au nom de l'état et de l'intérêt prétendu général dont ils s'attribuent le monopole de la représentation au nom du peuple supposé uni contre le capitalisme, sur l'ensemble des individus. Toute tentative de socialiser l'ensemble de l'économie et des relations de production et d'échange aboutit nécessairement à leur étatisation administrative et à la concentration du capital et du pouvoir de décision politique entre les mains du parti et de ceux qui administrent politiquement le capital soi-disant socialisé. Cette concentration a fait la preuve de son échec économique et politique et à travers elle, a substitué au capitalisme fractionné un capitalisme d'état encore plus liberticide et anti-démocratique, voire totalitaire et sanglant, que ce dernier, du fait même de cette concentration. Tout pouvoir corrompt et le pouvoir qui fusionne la politique et l'économie est sans limite et donc est encore plus corrupteur. Cela est vrai du capitalisme lorsque cette fusion opère par le jeu apparent de la démocratie formelle, mais encore plus lorsque la politique s'empare de l'économie sous la forme de la dictature d'un parti unique incontestable.

Vers un capitalisme limité et régulé par la démocratie.

Si la démocratie n'a pas être anti-capitaliste, c'est à dire à prétendre abolir le capitalisme et l'économie de marché, elle doit s'efforcer de séparer le pouvoir politique et le pouvoir économique comme elle doit traditionnellement séparer, ce qui est toujours compromis, les autres pouvoirs en particulier judiciaire et politique .Cette séparation est la condition d'une démocratie vivante et « alternante » et la tension entre les deux sphères du capitalisme et de la politique démocratique est au cœur de la possibilité des libertés et des droits individuels et collectifs des salariés. Or cette séparation et ces derniers droits sont aussi la condition nécessaire de la légitimité politique du capitalisme et donc de sa pérennité à long terme, car celui-ci a besoin de faire croire qu'il est au service de tous, au moins en apparence et, si possible, plus ou moins en réalité (c'est à la vie démocratique d'en décider concrètement). Un capitalisme démocratisé, à savoir civilisé et régulé par la politique, qui doit, pour ce faire, séparer les domaines de la politique et de l'économie peut seul être libéral , pluraliste et démocratique. La tension permanente entre le capitalisme et la démocratie est donc à la fois indépassable et indispensable à la vie politique. Cette tension est au cœur du débat entre la gauche et la droite sur fond de la lutte entre le capital et le travail, laquelle détermine la possibilité même de la vie démocratie, tant au parlement que dans l'espace public.

Ainsi la démocratie, soucieuse de l’intérêt général, comme l’exige ses principes fondateurs, à savoir la justice sociale et la préservation de l’environnement dans le futur, et les droits des hommes actuels et futurs, relèvent de l’autorité de la politique et non de l’économie (capitaliste fractionnée ou d’état, comme l’expérience historique l’a montré). La question de savoir comment le faire dans un monde capitaliste irréversiblement sans frontières est l'enjeu du débat politique dans lequel l'internationalisme doit prendre le pas sur le nationalisme, encore plus aujourd'hui que du temps de Marx. Ce n'est pas gagné, comme le montre le succès relatif du Front national en France, et de ses frères jumeaux en Europe., de Trump aux USA, du Brexit au RU qui tente de défaire l’accord de Paris sur l’environnement et de faire des USA et du capitalisme américain dérégulé les champions hyper-puissants du nationalisme égoïste inégalitaire et anti-écologique dans le monde. Ce qui nous menace n'est pas seulement le danger de prise de pouvoir par l'extrême droite dans nos démocraties, mais dans le fait qu'une partie grandissante de la population voit dans l'extrême droite et son mépris des droits humains fondamentaux une protection fantasmatique contre la crise qu'elle subit du fait du capitalisme mondial dérégulé prédateur et cynique qui n'est plus soumis au pouvoir politique régulateur dans sa mission de justice sociale et donc de préservation de la paix civile et des conditions de la vie.

Dans une telle situation nous savons que les thèmes de rejet et de mépris de l'autre : le racisme, (islamophobie et anti-sémitisme compris), la xénophobie, la nationalisme agressif, la misogynie, l'homophobie, offrent alors une exutoire immédiat à humiliation et à l'impuissance d'une partie importante de la population , excitée à la haine par les manipulateurs politiques de l'extrême droite. Or nous savons aussi qu'aucune solution nationaliste possible de cette situation n'existe, dès lors qu'il n'existe plus d'économie nationale et que tout retour en arrière nationaliste ne peut être que générer une hyper-violence négatrice des libertés individuelles fondamentales.

Toute la question est donc de savoir si une régulation politique au niveau mondiale -à commencer par l'action l'Union Européenne- du capitalisme pourra restaurer une redistribution des richesses pour parer à l'explosion des inégalités et au danger écologique annoncé. Sans justice mondiale, pas de paix civile et de paix internationale possibles. Ne pas le voir c'est évidemment liquider à terme la démocratie au profit du populisme, c'est à dire de la « démocrature » ou la procédure du vote démocratique permet à une majorité » des électeurs, sous l'influence du pouvoir charismatique de démagogues, de la pub qui pousse à la consommation anti-écologique et qui fait rêver d’une croissance infinie et sans règles, d'abolir les droits démocratiques fondamentaux  sous la forme d'une tyrannie de la majorité. Ce que j’appelle la démocrature.

La grande contradiction fondamentale de la politique, aujourd’hui, est donc la suivante : les inégalités sociales et économiques ainsi que la menace écologique poussent à l’immigration des plus menacés par les guerres, la répression violente de masse pratiquée par les états ou pseudo-états dictatoriaux, la négation des libertés fondamentales ainsi que la misère sont les conditions de la violence généralisée, voire du terrorisme, mondiaux. Si ces facteurs sont mondiaux, leur traitement démocratique (c’est à dire conforme aux principes de la démocratie) relèvent du niveau mondial et ne peuvent être efficacement traitées qu’à cette échelle, or la vie démocratique reste nationale et étatique, c’est à dire égoïste et pousse au nationalisme et au repli sur soi. Comment donc passer d’une démocratie nationale étatique à une démocratie mondiale ? Comment construire un état confédéral démocratique mondial ? Chez nous cette question passe nécessairement par la démocratisation de l’UE, dans le cadre de ce que Michel Agliétta appelle la double démocratie nationale et européenne sur le plan économique et des principes de la démocratie politique . Que propose-t-il ?

- Un budget européen autonome des états

- L’élection d’un parlement européen, élu sur des listes européennes, disposant du pouvoir législatif quant à l’usage de ce budget et à la politique européenne économique commune et solidaire, ce qui est indispensable pour gérer et garantir la confiance dans la monnaie commune, l’Euro et légitimer démocratiquement la politique de la BCE à son sujet.

- Une harmonisation fiscale et sociale européenne solidaire pour éviter le dumping fiscal et social .

La démocratie n’est, pour le moment, pas à la hauteur de la globalisation irréversible dans les domaines financier, économique, écologique et idéologique. En tant que citoyens, il faut tout faire pour favoriser les forces politiques et les mouvements sociaux qui se présentent comme favorables à la mondialisation démocratique et qui luttent contre la tentation du repli nationaliste, porteur de guerre et du risque annoncé de la destruction de la vie et de l’espèce humaine. Mais ne nous faisons pas d’illusions, ces forces ne l’emporteront durablement que si les populations du monde ont fait l’expérience des catastrophes . Ce que Hegel appelait le travail du négatif, comme étant la condition nécessaire, mais pas suffisante, pour progresser.

Quelle différence y a-t-il entre la sociale démocratie et le social libéralisme ? S’agit-il de l’évolution du même modèle ou d’un nouveau modèle ?


Le débat est ouvert pour savoir si la sociale-démocratie et le social-libéralisme sont identiques ou fondamentalement différents voire opposés. En effet, ce débat traverse, aujourd’hui, les partis qui se réclament de la gauche réformiste. Certains, dans ces partis, n’hésitent pas à voir dans ceux qui se disent sociaux-libéraux des thuriféraires du capitalisme ultra-libéral sous le masque trompeur d’un libéralisme social ou sociétal qui ferait des droits des individus, dans leurs irréductibles différences, le ressort du progrès en oubliant les droits collectifs et sociaux et en leur sacrifiant les droits des salariés au nom de la liberté individuelle. Ce reproche semble en effet justifié dès lors que en effet le social-libéralisme refuse de considérer que les droits sociaux représentés et défendus par les syndicats de salariés soient intouchables et qu’il admet que l‘évolution de nos sociétés, des conditions, des statuts de l’emploi et du travail, du fait des nouvelles technologies et de la montée d’une économie post-industrielle au profit des services autonomes ou relationnels impose une révision plus ou moins déchirantes des droits collectifs au profit des droits des individus.

Mais un tel reproche en revient à refuser l’évolution de nos économies développées vers des formes de production et d’échanges dans lesquelles les statuts professionnels des personnes comptent moins que l’évolution de leurs capacités d’adaptation rapide aux formes renouvelées du travail . Notre société est devenue mobile, certains disent même liquide, car les savoirs-faire et les faire-savoirs exigent de plus en plus de compétences nouvelles à acquérir tout au long de la vie professionnelle tout en disqualifiant rapidement les savoirs et savoirs faire antérieurs traditionnels. Les robots et autres algorithmes remplaçant progressivement les taches de simple exécutions, y compris celles qui ne sont qu’intellectuelles, notre économie a de moins en moins besoin d’une main-d’œuvre soumise à une hiérarchie dirigeant le ,processus de production par directives impératives et de plus en plus besoin d’individus capables d’initiative intelligente, de gestion et d’organisation souples et réactives des relations humaines, de formation et d’auto-formation permanente . C’est la fin programmée, au moins dans nos pays développés, des armées industrielles tayloriennes.

Il est alors logique d’affirmer que cette économie dite post-industrielle, y compris dans l’industrie, doit mettre les services et les droits sociaux au service non des corporations collectives existantes afin de croire illusoirement préserver des emplois désormais caducs, mais doit privilégier les droits des individus à la mobilité professionnelle. Il est alors logique que le droit au travail et le droit du travail s’adapte à ce nouveau contexte en transformant la garantie de CDI inamovibles et rigides en un système de flexécurité dans lequel les individus conservent leurs droits en changeant d’entreprise, de profession et de statuts. Il est en cela absurde d’exiger que les emplois, sinon les droits acquis, soient préservés par l’état, voire ce qui transparaît dans le programme d’un certain candidat jusqu’à vouloir taxer les robots et les logiciels pour conserver les formes dépassées du travail humain (pourquoi pas alors les tracteurs?). Il est absurde que l’on encourage, surtout chez les jeunes qui auront tôt fait d’en faire une base de trafics clandestins plus lucratifs pour avoir accès aux produits de consommation, la démission devant les transformations du travail sous la forme d’un revenu universel garanti, sans contre-partie de travail ni emploi, ou que l’on préconise une réduction drastique du temps de travail dont on voit mal comment elle pourrait être financée sans une rupture radicale et violente, voire catastrophique, avec le capitalisme lui-même.

Ainsi le social-libéralisme prône de nouveaux droits de la personne et fait, à la différence de la sociale-démocratie traditionnelle, de la revendication collective et de la redistribution par l’impôt un moyen de réguler le capitalisme dans le sens de la réduction des inégalités réelles des droits individuels et de promouvoir l’intérêt commun qui se trouve aujourd’hui résider principalement dans la lutte contre la pollution et le désastre écologique annoncé sous la forme de réchauffement du climat. Les autorités politiques nationales et surtout internationales se doivent de traiter les questions écologiques comme des questions de justice sociale et de survie biologique contre les intérêts à court terme du capitalisme mondialisé.


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