Liberté d'expression et censure (Le cas Orelsan)
La liberté d’expression ne peut justifier l’appel à la violence verbale et physique, même symbolique, contre les femmes et les homosexuels à l’heure où une femme meurt tous les trois jours sous les coups d’un homme et où les homosexuels sont insultés, agressés et discriminés.
Un festival financé sur fonds publics n’ a pas à se faire le complice de tels appels publics à la violence et à ceux qui les profèrent, appels aussi contraires aux valeurs fondamentales de la république.
Toute liberté citoyenne suppose une condition : le renoncement à l’usage de la violence verbale ou physique dans la mesure où la première risque toujours de générer la seconde chez qui -et ils sont nombreux- qui en jouissent et sont pour beaucoup dans l’incapacité de faire la part du réel et du fantasme.
Il aurait donc été irresponsable de faire d’une manifestation publique s’adressant à tous les publics, via les médias, la complice de propos si contraires aux valeurs de la république et de celui qui les tient . Et ceux qui ont pris la responsabilité de cette censure justifiée au nom de la liberté citoyenne (contraire à la sauvagerie) restent dans le droit fil de la démocratie bien pensée.
Trop de liberté violente sous couvert de liberté absolue (absurde dès lors qu’il s’agit toujours de respecter celle d’autrui) tue la (les) liberté(s).
Pour mémoire les paroles des chan(ç)ons d'Orelsam:
Jugez vous-mêmes.
"Suce ma bite pour la Saint-Valentin : (…) (Mais ferme ta gueule) ou tu vas t'faire marie-trintigner / J'te l'dis gentiment, j'suis pas là pour faire de sentiments / J'suis là pour te mettre 21 centimètres / Tu seras ma petite chienne et je serai ton gentil maître (…) / J'bois, baise, jusqu'à c'que t'en sois mal en point (...) / Vis le sexe comme un conte de fées, depuis qu'j'ai mon BAFA / J'respecte les shneks avec un QI en déficit / Celles qui encaissent jusqu'à finir handicapées physiques (...) / Viens bébé on va tester mes nouvelles MST !"
Etoiles invisibles : "C'est pas en insultant les meufs dans mes r'frains que je deviendrais quelqu'un mais j'aime bien."
Sous influence : "J'rêve de péter les dents d'l'autre pétasse des Pussycat Dolls"
Changement : "Maintenant les meufs portent du Vuitton, des grosses lunettes dorées / Avant c'était qu'pour les vieilles putes blondes décolorées / Les gars s'habillent comme des meufs et les meufs comme des chiennes / Elles kiffent les mecs effeminés comme si elles étaient lesbiennes"
Différent : "J'finirai par acheter ma femme en Malaisie (...) / Renseigne toi sur les pansements et les poussettes / J'peux t'faire un enfant et te casser l'nez sur un coup de tête / Poulette pourquoi tu veux pas sortir avec moi ? / J'adore passer par les p'tits trous j'adore me sentir à l'étroit"
Courez courez : "Petite, essaie pas de me fréquenter / Ou tu va
perdre ton pucelage avant d'avoir perdu tes dents de lait (...) /
J'suis pour de vrai de vrai, j'dis c'que j'pense, j'pense c'que j'dis /
Tout ce que j'écris c'est du premier degré, hé ! (...) / Les féministes
me persécutent, me prennent pour Belzebuth / Comme si c'était d'ma
faute si les meufs c'est des putes / Elles ont qu'à arrêter de d'se
faire péter l'uc / Et m'dire merci parce que j'les éduque, j'leur
apprend des vrais trucs / Des fois j'sais plus si j'suis misogyne ou si
c'est ironique / j'serai peut-être fixé quand j'arrêterais d'écrire des
textes où j'frappe ma p'tite copine"
Pour mémoire, voici les
paroles de Sale pute, chanson qu’OrelSan ne chante plus sur scène, mais
dont le clip est toujours visible sur internet :
" J’te déteste j’veux que tu crèves lentement / Avant je t'aimais maintenant j'rêve de t’voir imprimée de mes empreintes digitales / On verra comment tu suces quand j'te déboîterais la mâchoire / T'es juste une truie tu mérites ta place à l’abattoir / On verra comment tu fais la belle avec une jambe cassée / J'veux te voir rendre l'âme j'veux te voir retourner brûler dans les flammes / Si j'te casse un bras considère qu'on s'est quittés en bons termes / J'vais te mettre en cloque (sale pute) / Et t'avorter à l’opinel / J'te collerai contre un radiateur en te chantant Tostaki."...
Que certains à l'UMP et ailleurs, le Ministre de la Culture en
tête, soutiennent le fait que la république et les pouvoirs
publics doivent, au nom de la liberté d'expression, financer ceux
qui propagent de telles paroles haineuses et pousse au crime, en dit
long sur la capacité de certains à faire de la politique le
lieu où tous les coups sont permis. Cette querelle sur la censure
justifiée de ce chanteur, qui l'a bien cherchée et qui tente d'en
profiter, est tout simplement ignoble.
La
violence sexiste et homophobe est définie comme criminelle en Europe;
elle ne doit pas être élevée, sous prétexte de l'art, en
exemple légitime auprès de la jeunesse.