La gifle: le professeur et le droit de correction


Débat entre  Paul Villach et Sylvain Reboul



Paul Villach
-Né en 1945, à Quintin (Côtes-d’Armor);

- Études de Lettres Classiques, d’Histoire et de Sciences Politiques (Paris);
- 34 années d’enseignement dans le Secondaire et dans le Supérieur, en France, en Tunisie, en Algérie;
- Président d’une association de défense des droits de la personne (LE REGARD, Réseau d’Entraide pour la Garantie, l’Approfondissement et le Respect des Droits”)

Auteur de plusieurs livres:
Sous le patronyme de Pierre-Yves CHEREUL
- aux éditions Terradou, Digne: "Cher collègue", 1989, un récit de la vie quotidienne dans l’Éducation nationale.

- aux éditions Chronique Sociale, Lyon:
* «Le Code de l’Information» (1989), un essai pourune théorie expérimentale de l’information;
Construire la Démocratie: le contrat démocratique» (1993), un essai sur les fondations de la Démocratie.

- aux éditions Lacour, Nîmes:
Sous le pseudonyme de Paul VILLACH
«Les infortunes du Savoir sous la cravache du Pouvoir» (2003), une analyse de l’Éducation nationale où le savoir est maltraité et le professeur asservi;
«Cagoule noire et carte blanche» (2005), un roman sur la qualité de l’information aujourd’hui disponible à partir d’un fait divers, une prise d’otages dans une école maternelle.
Sous le patronyme de Pierre-Yves CHEREUL
«Les médias, la manipulation des esprits, leurres et illusions» (2006), une application de "Le Code de l’information" à l’image;
"L’informateur irlandais, ou Saint Judas, apôtre et martyr", (2007) une tragédie en 4 actes sur la délation et l’information: vient de paraître;
"Un blâme académique flatteur", récit d’une trentaine d’années d’expérience à l’Éducation nationale, à paraître en novembre 2007.

- Coauteur d’un jeu de société avec Martine TOMATIS, «Le Son du Nénuphar», où l’on joue non pas avec les lettres mais avec les sons de la langue française, en extrayant des SONS tous les SENS possibles (propres et figurés): soit le chemin inverse du langage “texto” prisé des ados.


Lire l'article original de Monsieur Paul Villach sur Agoravox


Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Sylvain Reboul (IP:xxx.x95.55.245) le 1er février 2008 à  17H41
Il faut s’interroger dans cette affaire sur le rôle du chef d’établissement qui n’a semble-t-il pas fait grand chose pour éviter le dépôt d’une telle plainte, alors qu’il a les moyens de faire comprendre aux parents que cela n’est pas l’intérêt des parents et de l’enfant et qu’il existe des procédures internes de sanction éventuelle de l’enseignant. Il faut aussi s’interroger sur le rôle du procureur qui a accepté que cette affaire relève de la justice ordinaire préalablement à toute procédure interne, ce qui va à l’encontre des bonnes pratiques dans ce genre de circonstances .

Il y a là, manifestement, un dérapage instituionnel qui met en danger la fonction enseignante dans son ensemble.


Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Paul Villach (IP:xxx.x97.151.181) le 1er février 2008 à 19H29

Vous avez votre expérience face aux syndicats et face à l’administration. Moi, j’ai la mienne et elle est foncièrement différente.

Ancien militant, j’ai quitté le syndicat auquel j’appartenais quand j’ai vu qu’il prenait le parti de l’administration dans une affaire de violation des droits de la Personne qui s’est soldée par la condamnation judiciaire de la cheftaine d’établissement. Cela remonte à 20 ans !

Depuis, j’ai régulièrement observé que les droits de la Personne, ils s’en soucient comme d’une guigne ! J’ai pu, dans le cadre d’une association dédiée à cette défense des droits de la Personne, observer que l’administration et ses courtisans utilisaient toujours les mêmes méthodes sur tout le territoire.

Voyez, par exemple, ces rumeurs venimeuses sur ce prof qui toucherait à l’alcool. Le but: prévenir un mouvement d’opinion qui pourrait lui être favorable ! Dans une affaire évoquée dans un autre "post", j’ai rappelé la formule lâchée par un inspecteur d’académie contre un principal-stagiaire qu’on voulait chasser: "Les parents ne savent pas tout !" C’est misérable ! Ce principal stagiaire était innocent.

La moindre des choses qu’au moins un syndicat aurait pu faire, au lieu de jouer les procureurs-adjoints envers ce professeur, c’était de rappeler ces évidences qui structurent mon article. Car qui a jamais entendu parler

1- de protection de la collectivité publique due à fonctionnaire attaqué à l’occasion de ses fonctions,

2- et de droit de correction légitimé par une jurisprudence centenaire. ?

Qui a intérêt à cacher ces informations ? Et, pardonnez-moi, sur ces deux questions-là, il n’y a pas à tergiverser, comme vous le faites, sans préjuger de ce que dira la justice puisqu’elle est saisie.

Je souhaite ardemment que cette affaire ouvre les yeux de nombre de personnes et qu’elle leur montre pourquoi la délinquance scolaire s’est développée: l’administration est admirée ici dans ses oeuvres !

Nul doute qu’une telle publicité attire nombre de candidats vers la profession enseignante ! Qui veut devenir prof pour se faire injurier, être pousuivi en justice par les parents de son agresseur sans êtres défendu par son administration ? Paul Villach


E
En l’absence de loi, c’’est bien la circulaire de l’EN et le règlement intérieur qui font le droit et non pas la jurisprudence tout à fait évolutive sur ce point, du reste la plupart du temps mal interprétée: en aucun cas la jurisprudence n’a admis la gifle, qui n’est jamais mentionnée ; comme un acte pédagogique correcteur normal en droit, tout au plus comme un acte exceptionnel dû à des circonstances hors normes, ce qui est la preuve que cet acte est bien contestable en droit !

De plus je rappelle qu’un des principes fondamentaux du droit est que seules les forces de l’ordre ont le droit d’utiliser la force, sauf légitime défense ! Et en termes de hiérarchie des normes ce principe dépasse tous les autres.

Je ne conseille(rais) donc pas l’enseignant, moi qui a été avocat interne en CAPA , ainsi que son avocat, de prendre votre argument comme moyen central de défense (selon le mode dit "offensif" de Jacques Verges) ! Je parie qu’ils ne le feront pas, sauf à prendre un grand risque de perdre.

guc



> Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Sylvain Reboul (IP:xxx.x95.55.245) le 1er février 2008 à 18H20


La violence était d’abord du fait de l’élève, qui pour n’être pas physique n ’en était pas moins violente que la gifle en question . L’agression physique n’est violente que si elle humilie la victime, que si elle signifie ou induit une violence morale. La preuve ? l’agression physique dans un match de boxe n’est pas ressentie comme réellement violente dans la mesure où elle respecte l’intégrité morale de la personne. Par contre une insulte publique peut être plus violente dans son ressenti (et la violence est d’abord ressentie) qu’une gifle en tant que riposte corrective, même maladroite de la part d’une éducateur de plus en plus démuni quant aux possibilités de sanctionner que lui confère l’institution

Si ’on admet que la gifle de l’enseignant est condamnable, ce que je ne conteste pas, encore faut-il savoir pourquoi la question n’a pas été traitée par la voie interne ordinaire qui reste la seule, dans un tel cas, permettant que l’enseignement puisse opérer dans des conditions normales pour les enseignants et l’élève concerné.

Posez-vous la question de savoir comment les autres enseignants vont assurer leur mission vis-à-vis de cet élève, si cette plainte aboutit à une condamnation sur cet objet ; qui n’est pas l’alcoolisme supposé de l’enseignant. Et vous aurez la réponse dans la quest





> Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Paul Villach (IP:xxx.x97.151.181) le 1er février 2008 à 19H37


@ Sylvain Reboul

"Si ’on admet , dites-vous, que la gifle de l’enseignant est condamnable, ce que je ne conteste pas..."

Moi, je le conteste. C’est à la justice de trancher, puisqu’elle est saisie.

Dans l’attente, la présomption d’innocence joue en faveur du professeur: il a simplement exercé son droit coutumier de correction légitimé par une jurisprudence centenaire.

L’a-t-il outrepassé ? Nous ne sommes pas en mesure de le dire ! C’est à la justice de le dire.

En revanche, on n’entend toujours pas parler de la protection de la collectivité publique qui est due à tout fonctionnaire attaqué à l’occasion de ses fonctions.

Le professeur l’a-t-il demandée ? Sinon, qu’attend le recteur et toute sa hiérarchie inférieure - et même le ministre, puisqu’il s’est mêlé de l’affaire - pour pousser le professeur à faire une demande de protection ? Paul Villach



> Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Sylvain Reboul (IP:xxx.x95.55.245) le 2 février 2008 à 09H34


Précision. Acte condamnable veut dire: qui peut être considéré comme une faute au regard du droit positif ; ce qui est le précisément cas, car, comme vous le savez, toute agression physique est interdite dans un établissement scolaire. Cela m’ étonnerait du reste beaucoup que, sur le plan formel, cette gifle soit jugée aussi bien par les instances internes académiques que judiciaires externes comme une sanction correctrice légale, sinon légitime. Cela veut dire qu’elle reste une faute dont la sanction, comme toujours, dépend des circonstances atténuantes qui pourraient conduire à dispenser cette faute, en la circonstance, de toute sanction autre qu’un avertissement sans frais ?

Je m’étonne que vous soyez si assuré qu’il y aurait un droit à la gifle correctrice accordé aux enseignants ou éducateurs dans un quelconque règlement intérieur de nos établissements scolaires. En droit il ne faut pas confondre le droit et un fait, même habituel.









> Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Sylvain Reboul (IP:xxx.x95.55.245) le 1er février 2008 à 18H30


Il y a des procédures de sanction interne efficaces et vous le savez bien. Mettre d’emblée cette affaire, somme toute sans conséquence pour la santé de l’élève, sur la place publique, c’est déconsidérer publiquement les enseignants qui peuvent se sentir tous menacés par des procédures externes qui ne rendent aucun service à l’élève, sauf lui faire à croire à tort qu’il peut faire condamner un prof qu’il a insulté, sans en être victime en tant qu’élève.







> Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Paul Villach (IP:xxx.x97.151.181) le 1er février 2008 à 19H29


Vous avez votre expérience face aux syndicats et face à l’administration. Moi, j’ai la mienne et elle est foncièrement différente.

Ancien militant, j’ai quitté le syndicat auquel j’appartenais quand j’ai vu qu’il prenait le parti de l’administration dans une affaire de violation des droits de la Personne qui s’est soldée par la condamnation judiciaire de la cheftaine d’établissement. Cela remonte à 20 ans !

Depuis, j’ai régulièrement observé que les droits de la Personne, ils s’en soucient comme d’une guigne ! J’ai pu, dans le cadre d’une association dédiée à cette défense des droits de la Personne, observer que l’administration et ses courtisans utilisaient toujours les mêmes méthodes sur tout le territoire.

Voyez, par exemple, ces rumeurs venimeuses sur ce prof qui toucherait à l’alcool. Le but: prévenir un mouvement d’opinion qui pourrait lui être favorable ! Dans une affaire évoquée dans un autre "post", j’ai rappelé la formule lâchée par un inspecteur d’académie contre un principal-stagiaire qu’on voulait chasser: "Les parents ne savent pas tout !" C’est misérable ! Ce principal stagiaire était innocent.

La moindre des choses qu’au moins un syndicat aurait pu faire, au lieu de jouer les procureurs-adjoints envers ce professeur, c’était de rappeler ces évidences qui structurent mon article. Car qui a jamais entendu parler

1- de protection de la collectivité publique due à fonctionnaire attaqué à l’occasion de ses fonctions,

2- et de droit de correction légitimé par une jurisprudence centenaire. ?

Qui a intérêt à cacher ces informations ? Et, pardonnez-moi, sur ces deux questions-là, il n’y a pas à tergiverser, comme vous le faites, sans préjuger de ce que dira la justice puisqu’elle est saisie.

Je souhaite ardemment que cette affaire ouvre les yeux de nombre de personnes et qu’elle leur montre pourquoi la délinquance scolaire s’est développée: l’administration est admirée ici dans ses oeuvres !

Nul doute qu’une telle publicité attire nombre de candidats vers la profession enseignante ! Qui veut devenir prof pour se faire injurier, être pousuivi en justice par les parents de son agresseur sans êtres défendu par son administration ? Paul Villach




> Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Sylvain Reboul (IP:xxx.x95.55.245) le 2 février 2008 à 14H20


J’ai le regret de vous informer que ce droit de correction dont vous parlez n’inclut en rien le droit à une correction physique dans un établissement où toute violence physique est strictement interdite par le règlement intérieur voté par le conseil d’administration et les règles de la fonction publique (seules les forces de l’ordre dans un état de droit peuvent faire usage de la force publique et encore sous contrôle judiciaire) . Et je sais, au regard de 38 ans de carrière, que les enseignants disposent de moyens autrement efficaces de punition et de menace .

Aucun chef d’établissement ou recteur ne vous accorderait ce doit à la gifle et avec raison: en faire un droit serait prendre le risque de transformer le rapport éducatif en pur rapport de force ou de non-droit. Plaider en ce sens pour défendre cet enseignant serait tout à fait contre-performant et je doute que son avocat ou lui-même revendiquent ce prétendu droit au titre de la défense, sauf à aggraver le cas de cet enseignant.

Un droit coutumier, du reste si peu coutumier que je n’ai jamais entendu un seul collègue en 38 ans le revendiquer (ce qui ne veut pas dire qu’aucun enseignant ne transgresse jamais la règle de non-violence physique) , ne fait pas droit au sens juridique. Je ne comprends pas que vous ne compreniez pas ce principe fondamental du droit: "le fait ne fait pas droit" (Kant)

Mais je vous accorde tout à fait (et le l’ai dit ) que la procédure utilisée contre cet enseignant est exorbitante. Nous sommes donc d’accord sur l’essentiel.




Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Sylvain Reboul (IP:xxx.x95.55.245) le 4 février 2008 à 15H24


Je vous répète que ce droit de correction coutumier, n’implique en rien que cette correction doive être une gifle qui n’est en rien un geste anodin, car les conséquences directes ou indirectes peuvent être plus graves que vous ne le dites, comme tout coup porté à la tête et/ou au visage. (Ex: chute incontrôlée ou rupture d’anévrisme ou rupture du tympan ou ou lésion de l’oeil ou du nerf optique, trauma crânien ce qui interdit d’en faire un mode normal de correction). La coutume, comme il se doit, doit évoluer. avec ce que l’on sait en médecine des conséquences éventuelles d’une correction.

Le gifle sous le coup de la colère peut toujours entraîner un dommage irréversible, voire mortel. Il est donc absurde d’en faire un mode normal de sanction et c’est avec raison que cet acte dit de correction est interdit pas la fameuse circulaire de l’EN ainsi que pas le règlement intérieur des établissements scolaires

C’est pourquoi les enseignants et leurs syndicats ne revendiquent pas la gifle comme une sanction anodine et physiquement non-violente. Il y va de l’intérêt bien compris du personnel, des élèves et de la mission d’éducation.

Votre argument de défense est contraire à celui adopté avec raison par ce collègue et de son avocat qui admettent qu’il y a eu faute, mais qu’elle ne relevait pas de la justice externe.



> Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Paul Villach (IP:xxx.x01.235.203) le 4 février 2008 à 16H35


@ Sylvain Reboul,

Et moi je vous répète, si vous le permettez, que nous ne parlons pas de la même chose !

1- Je ne pérore pas sur les châtiments corporels in abstracto avec les conséquences gravissimes qu’ils peuvent avoir. J’en suis d’accord. Je les ai moi-même TOUJOURS exclus !

2- Le problème posé est un problème juridique !!!

Il se trouve qu’une jurisprudence reconnaît un droit coutumier de correction au professeur dans des limites strictes et mesurées qui n’engagent aucune conséquence pour la santé de l’enfant.

Puisque ce professeur est poursuivi pour avoir donné une gifle, le seul problème qui mérite d’être examiné est celui-ci: que dit la jurisprudence établie par une suite de jugements rendus dans des affaires de gifle comparables ? Voyez-vous même ces jugements. Il y en a plein !

J’en ai développé un sur ce fil: celui du TGI de Nancy du 1er juillet 1991 dans l’affaire du collège La Fontaine de LAXOU près de Nancy: le père a été tenu pour responsable du dommage causé par son fils, car preuve a été rapportée des carences de son éducation ! Voyez plus bas, je viens de compléter mon analyse d’une possible procédure civile sur la base de l’article 1384 du CC.

Que le professeur reconnaisse la gifle, c’est une chose, qu’il aille devant la justice en proclamant que c’est une "faute" de sa part de l’avoir donnée, ce n’est pas le problème ! Le problème est de savoir s’il a commis un délit, vu qu’il est poursuivi en correctionnel pour "violence aggravée sur mineur".

Mais c’est assurément une erreur stratégique d’agir ainsi: c’est ignorer la jurisprudence ! Les avocats ne sont pas tous versés dans ces subtilités. Il est encore le temps de la corriger. C’est à la justice seulement, puisqu’elle a été saisie, de dire si cette gifle relève ou non de ce droit de correction jurisprudentiel. Point à la ligne !

Le reste est hors-sujet dans ce cas d’espèce !!!

N’oubliez pas, enfin, que la protection statutaire devrait être accordée au professeur, s’il la demande. Mon article rappelle que ce n’est pas rien: les frais de justice sont pris en charge par la collectivité publique. Le prix d’un avocat n’a rien à voir avec un salaire d’enseignant !

Mais curieusement, personne n’en parle, et surtout pas les deux pétitions de pleureuses rédigées par deux syndicats. L’administration peut se frotter les mains ! Paul Villach


Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Sylvain Reboul

Une sanction physique prise sous le coup de la colère ne peut être qu’une violence au sens juridique du terme ; comme toute sanction, hors d’un jugement de droit ou de règles de droit précises, elle viole le droit et vous ne pouvez affirmer qu’une telle correction colérique est juste du fait même qu’elle est colérique et donc nécessairement injuste ; enfin une telle prétendue correction colérique n’est pas sans danger pour la santé d’un enfant , comme n’importe quel médecin peut vous le confirmer.

Même une gifle sur un adulte en état d’arrestation est illégale dans un commissariat de police ! (Ce que le gendarme-père doit savoir). Le recours à la force, dans des limites de droit précises (sommation etc..) n’est permis que pour neutraliser un individu qui refuse une arrestation. Vous prétendez accorder aux profs ce que vous appelez un droit coutumier, une valeur juridique, alors même que le droit des enfants l’interdit explicitement. Ce que nulle organisation d’enseignants ne revendique, ni même le collègue concerné qui a reconnu qu’il avait commis une faute. Une gifle sous le coup de la colère relève non d’un droit, explicitement exclu par le règlement de l’EN et le droit des enfants à ne pas être maltraité physiquement et moralement, mais de la violence privée.

L’élève a commis une faute et doit être à ce titre sanctionné dans le cadre du droit positif et non pas coutumier, mais en répondant à une violence verbale par une violence physique l’enseignant en a commis une autre, alors qu’il se doit d’être plus responsable de ses actes en tant qu’adulte et enseignant qu’un élève de 11 ans qui lui est confié pour, entre autre, en faire un adulte responsable.

Il me semble que vous cherchez à mobiliser, au nom d’un droit coutumier, contre le droit positif qui interdit l’usage de la violence privée, y compris au sein de la famille en ce qui concerne particulièrement les enfants, à plus forte raison dans une institution publique d’état chargée aussi de leur éducation civique.


> Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Paul Villach

"Une sanction physique prise sous le coup de la colère ne peut être qu’une violence au sens juridique du terme"

Vous êtes amusant quand vous voulez faire du droit sans savoir ce que c’est ! Le droit, ce n’est pas l’humanitaire ! Vous vous trompez de porte !

Figurez-vous que les juges depuis 100 ans ne vous ont pas attendu pour définir un droit de correction mesuré qu’il ne faut pas confondre avec votre "violence au sens juridique du terme" !

Mais avez-vous pris la peine d’ouvrir un jurisclasseur pour répertorier les cas où un jugement est intervenu dans un conflit provoqué par des gifles ou des coups de pied aux fesses donnés sur mineurs par des éducateurs ? Non, mais ça ne vous empêche pas de pérorer ! Faites une dissertation philosophique pour sentir frémir votre coeur généreux, mais ne faites le juriste.

De grâce, défendez l’administration, mais intelligemment ! Appelez le service contentieux du ministère qu’il vous donne un argumentaire qui vous évite de dire des bêtises quand vous voulez faire du droit !

Quant à l’accusation de démagogie, c’est vous le démagogue qui n’osez pas prendre la défense d’un professeur lynché parce que son administration l’a jeté en pâture au public, en violation de la loi. Mais ça ne vous dérange pas !

Ignorant du droit et de la jurisprudence, alors que l’administration, elle, les connaît assez pour les violer avec exactitude, vous y êtes allé du coup de pied de l’âne ! Ce n’est pas très digne mais si ressemblant à la majorité de vos semblables qui nous ont conduits là où nous en sommes.

Les premiers ennemis du service public d’éducation, ce sont ceux qui prétendent le défendre en ignorant le droit pour y faire régner la violence de leur caprice: l’administration et ses courtisans s’y entendent pour le faire.

À propos, toujours rien sur le devoir de protection de la collectivité publique à fonctionnaire attaqué à l’occasion de ses fonctions ? Vous ne connaissez pas, évidemment ! Paul Villach

Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Sylvain Reboul



Donc, selon vous, il existerait un juste droit, établi par une jurisprudence ancienne permanente, justifiée pas un droit coutumier invariable, pour un enseignant de gifler un enfant, sous le coup d’une sainte colère, acte pourtant explicitement interdit par une circulaire officielle de l’EN et dont la dangerosité est très supérieure à un coup de pied aux fesses ( qui n’est pas du reste autorisé) ? Au même titre, probablement , que pour un policier ou un gendarme de se livrer à des voies de fait un inculpé récalcitrant ? Nous verrons bien si ce prétendu droit , comme vous le pensez est compatible avec le droit des enfants, à valeur aujourd’hui constitutionnelle, à ne pas être maltraité

En attendant ce collègue a reconnu sa faute et je doute que le tribunal l’en dédouane totalement aussi facilement que vous le dites. J’espère pour lui que lui seront accordées de larges circonstances atténuantes. Il aurait mieux valu que cette question soit traitée en interne, mais il est probable que le chef d’établissement ait profité de cette faute, reconnue comme telle par l’intéressé et le procureur qui n’ a pas classé l’affaire, afin de se se débarrasser de lui par la voie externe pour d’autres motifs plus difficiles à faire valoir par la voie interne.

C’est mon explication de la conduite de l’administration et je n’en vois pas d’autres possibles ; ce qui n’est pas une raison suffisante pour la justifier, comme je l’ai déjà indiqué dans ma première intervention.

Seriez-vous d’accord pour que je mette en ligne notre débat, de bonne tenue, sur mon site "Le rasoir philosophique" sans autre commentaire ? Merci de votre réponse (adresse mail sur mon site)


Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Sylvain Reboul (IP:xxx.x95.7.81) le 5 février 2008 à 17H24


La positions des deux syndicats majoritaires dans l’établissement du collègue

SNES-FSU

..Au delà de cette affaire particulière, le SNES de Lille souhaite réagir fortement à cette indifférence devant la réalité quotidienne des établissements où les tensions peuvent amener à des réactions regrettables de collègues à bout de nerfs qui ne se sentent pas soutenus par leur administration. Plutôt que de chercher des boucs émissaires et les punir, les institutions se grandiraient à chercher à résoudre les problèmes de l’Ecole....

SGEN-CFDT:

..Le collègue qui donne une gifle parce qu’il a été insulté n’a pas forcément raison et son geste n’est certainement pas acceptable, mais sans doute est-il explicable et même compréhensible. Cet établissement fait partie de ces collèges où règne un contexte violent, où les rapports d’incidents, les rapports au procureur se comptent par dizaine. Les enseignants de ces établissements qui travaillent dans des conditions difficiles et croient à leur mission, s’occupent de tous les élèves mais sont épuisés par les gestes de mépris. Ces comportements sont insupportables, éprouvants.

Parmi ceux-ci, les insultes, véritables humiliations, les touchent au plus profond d’eux-mêmes. Les plus fragiles, les plus sensibles répondent parfois, n’en pouvant plus, se sentant méprisables car impuissants: c’est alors que peut survenir cette réponse inappropriée.

Cette réponse est-elle dans ce cas inadmissible ? Ce qui pour nous est inadmissible, c’est la violence verbale, physique entre élèves, entre les élèves et les adultes que l’administration continue der elativiser. Ce qui est inadmissible, c’est l’absence de respect. La gifle, si elle ne se défend pas, est un « geste de survie de l’estime de soi »...

Et le SGEN conclut et je suis d’accord avec cette conclusion:

...Nous ne voulons pas d’autoritarisme mais bien que cette affaire soit traitée avec humanité, avec circonspection – deux mots qui ont largement manqué jusqu’à présent. Nous demandons aussi que le collègue soit aidé par sa hiérarchie dans ses démarches tant sur le plan juridique que sur le plan humain. Nous demandons à ce qu’il soit fait preuve d’intelligence et de compréhension dans le traitement de ce dossier par vos services quant à l’avenir de ce collègue..."

Cette position me paraît équilibrée et la mieux à même de traiter correctement de cette affaire.







> Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction
par Paul Villach

Cher Sylvain Reboul, nous voilà revenus à plus d’urbanité après d’âpres échanges qu’explique tout ce que met en jeu - et fait resurgir en chacun - cette confrontation brutale entre un adulte et un enfant.

Je suis, bien sûr, d’accord pour que vous fassiez usage sur votre site de nos échanges, si AGORAVOX en est d’accord.

Vous avez pu prendre pour de l’insensibilité ou de "la sauvagerie éducative" mon cadrage juridique.

Je concède que pour qui ne supporte pas qu’on touche aux cheveux d’un enfant - et j’en suis, figurez-vous - l’idée même d’un droit coutumier de correction est révoltant.

Seulement, dans un contexte judiciaire, ce n’est pas avec des sentiments qu’on se bat, mais avec des arguments juridiques et la jurisprudence en est un, qu’elle plaise ou non.

Sans approuver la réaction impulsive de ce professeur, la seule attitude qui importait, puisque le conflit était porté devant la justice, était donc de savoir comment le défendre et non pas le condamner. Tout prévenu a droit à être défendu, d’autant qu’il peut être loin, lui-même, de connaître ses droits.

On aurait donc attendu de l’administration et a fortiori des syndicats qu’ils cadrent l’affaire juridiquement au lieu, pour l’une, de jeter en pâture un professeur attaqué à l’occasion de ses fonctions qu’elle se doit de protéger aux termes de la loi du 13 juillet 1983, et pour les autres, de jouer les pleureuses... Sans rancune et cordialement, Paul Villach




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