Pour une mort digne en fin de vie

La distinction qualitative entre euthanasie passive et euthanasie active est parfaitement imaginaire, dès lors qu’un produit anti-douleur administré à des doses suffisamment efficaces en fin de vie devient nécessairement létal  et que le simple fait de débrancher le malade provoque "activement " sa mort.

La seule différence quantitative est que ce que l’on appelle produit "passif" provoque la mort différée, à la différence du produit dit actif. Le premier prolonge l’agonie que le second raccourcit.

Ainsi si le produit passif soulage hypocritement la conscience et donc la mauvaise foi du médecin, elle ne tient aucun compte de la dignité au malade dans la mesure où sa volonté de mourir d’une mort inéluctable, en bénéficiant d’une courte agonie, n’est pas respectée.

La mort comme la vie nous appartient. Être libre c’est obtenir le droit de vivre et donc de mourir dans la dignité, sans  être la victime de la morale hypocrite d’un autre qui prétendrait décider de la valeur de notre vie et du moment de notre mort à la place du mourant.

Je constate, comme c’était le cas pour l’avortement, que les adversaires de l’ euthanasie soi-disant active, alors que l’euthanasie (euthanasie voulant dire bonne mort ou mort en douceur selon l'étymologie greque du terme) est toujours active même en ce qui concerne les soins dits palliatifs, prétendent décider pour les autres et au nom de leur morale ce qu’il doit en être de la dignité des personnes, y compris de celles qui ne partagent pas leur vision de la dignité.

Je rappelle qu’une telle loi qui autoriserait l’assistance au suicide en fin de vie n’interdirait en rien de prolonger la vie ou l’agonie de qui le demande et je ne vois au nom de quelle idée de la liberté individuelle cette liberté et ce choix des uns devraient être refusés à ceux qui, au motif que ces derniers ne seraient pas d’accord avec la morale particulière de ceux qui refusent pour eux-mêmes l’assistance au suicide, refusent de voir prolonger leur agonie et le spectacle, quand ce n’est pas le rôle , qu’ils considèrent comme indignes d’eux que cette agonie donne à leurs proches..

La liberté des uns doit impliquer la liberté des autres. Demander d’autoriser ne rend pas ce qui est autorisé obligatoire, par contre interdire fait d’une interdiction une obligation. Il n ’y a donc aucune symétrie, du point de vue des libertés, entre une interdiction et une autorisation.


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