L'individu,
la société
et l'état
Dialogue entre Véra (rouge) et
Sylvain
Reboul (vert)
Véra:
Par ailleurs, cher Sylvain, je souhaiterais vous faire part de la
réflexion
suivante que j’ai eu l’occasion d’émettre dans le cadre d’une
discussion
à propos du rôle de l’Etat dans la société,
et
dont je vous communique cet extrait collé-copié :
« « « Il faut se référer à la
notion
de système : Le monde comme un corps - système et
subjectivité.
« La conception moderne du système érige le sujet
en
fonction unifiante du divers. »
Je dirais simplement que dans le CORPS social l’Etat n’est qu’un ORGANE
ayant
une fonction de « régulation » du corps. Si chaque
individu
accepte, en qualité de citoyen, de se soumettre à la
discipline
dictée par l’organe régulateur (cf Rousseau - contrat
social)
c’est parce qu’il sait qu’il y va de son intérêt de
CELLULE
vivante à ce que le corps vivant fonctionne bien.
Alors il y a erreur à dire que l’individu est «
ontologiquement
» relié à l’organe Etat, car l’Etat n’est pas un
être.
Il n’a pas une vie ni d’existence ontologique, il n’a qu’une fonction.
Alors j’estime que l’individu CELLULE vivante ne peut être
ontologiquement
reliée qu’au CORPS SOCIAL, à la Nation ou
société
civile.
Philosophiquement, ontologiquement, tout se joue entre individu et
société.
L'Etat n'EST rien. » » »
Je souhaiterais avoir votre avis sur cette
remarque
qui relève de l’ontologie et de la métaphysique et que
vous
avez toute chance de maîtriser mieux que moi.
Je vous en remercie. A +
S.R
1) La notion de corps social est pour le moins
discutable
car il n’y a pas de programme biologique de la construction et de
fonctionnement
de ce « corps » qui reste à construire selon des
formes
de pouvoirs et de régulations diverses ;
2) Cette construction et son fonctionnement sont
toujours
l’effet de relations sociales et de rapports de domination et de forces
historiquement
déterminés.
3) Ces rapports de pouvoirs sont au centre de toutes
les
relations humaines et génèrent toujours des conflits
entre
intérêts contradictoires et c’est peut-être sur ce
point
central que nous divergeons : les contradictions et les conflits sont
gérables
mais non dépassables (Die Aufhebung selon le terme de Hegel, et
en
cela, je ne suis pas hégélien : je ne crois pas
à
la réconciliation des contraires ni de l’intérêt
privé
et de l’universel; je pense même que cette croyance est
dangereuse
pour les libertés individuelles), sauf en surface, par la
terreur
; il sont d’autant plus déterminants qu’ils opèrent sur
le
plan politique qui concerne le gestion des intérêts
généraux
et/ou mutuel indissociable d’une visée d’ordre public (je refuse
la
notion de bien commun appliquée à nos
sociétés
individualistes parce qu’anti-libérale en son fond)) de la
société
dont l’état est le cœur en tant qu’instrument de
régulation
central disposant de monopole de la définition et de l’usage de
la
loi et de force légitime auquel j’ajoute de l’éducation
des
individus sociaux et des citoyens, dans le cadre du service public
d’éducation
que réclamait déjà Aristote dans « les
politiques
» pour la cité. Je ne crois pas à la privatisation
de
l’école sauf à faire perdre à l’état son
rôle
et sa responsabilité centrale : instituer une conception
légitime
(admise par la majorité selon des procédures
acceptées)
de la justice et de la hiérarchie sociale qui fasse, que la
société
ne soit pas en proie à la guerre
généralisée
et hyper-violente des clans et des lobbys ; ce qui est indispensable
à
sa fonction régulatrice car toute instance de pouvoir qui n’est
pas
reconnue comme juste est perçue comme le pouvoir
illégitime
d’un clan contre les autres dont l’autorité est vécue
comme
une pure domination et suscite nécessairement la révolte
violente
des exclus du pouvoir central (=politique) dominant
4) L’état est donc plus qu’une fonction, il
est
une personne morale de droit public artificielle qui est partie, tout
à
la fois prise et prenante, des rapports de pouvoirs et des conflits
sociaux
qui structurent la société afin de leur donner une forme
moins
violente et donc plus légitime (au sens plus confirme à
l’intérêt
commun et :ou mutuel); ceci signifie que les conflits sociaux,
voire
les rapports toujours conflictuels entre les individus et les groupes
au
sein de la société civile (au sens de Hegel) dans nos
sociétés
sont indissociables de l’autorité de l’état, de
même
que les relations inter étatiques ne peuvent devenir moins
violentes
que par l’institution d’un droit et d'organisations internationales
politiquement
efficaces (société des nations). L’état est
toujours
déjà là pour donner forme et sens aux rapports
sociaux
et établir les conditions de possibilité du vivre avec
les
autres sans s’entre détruire….Encore faut-il qu’il soit
perçu
comme légitime….
5) Dernière remarque de principe qui justifie
ma
démarche et sans doute la distingue de la vôtre: Je refuse
le
point de vue de l’ontologie (science de l’être en soi ou absolu)
qui
ne peut que substituer l’idéalisme du concept à l’examen
patient
de la réalité et croire que les mots sont les choses pour
produire
des mon connaissance exploitables ; et ce refus est aussi
philosophique.
Ma position est celle de connaissance critique et toujours relative des
phénomènes
: je suis philosophiquement un pragmatique réaliste-critique et
donc
anti-métaphysicien. Je pense que toute pensée ontologique
est
nécessairement stérile sur le plan de la connaissance et
anti-libérale
sur le plan de l’action..
Véra
Bonjour cher Sylvain,
J’ai effectivement souhaité vous soumettre cette petite
réflexion
qui me fut inspirée au cours d’une discussion à propos de
la
Fraternité comme devise de la République. C’est moi, bien
sur,
qui en suis l’auteur. En fait je suis un peu « livrée
à
moi-même » comme simple amateur en philosophie, et je vous
ai
soumis ce texte car mes interlocuteurs n’avaient pas répondu
à
ce type d’arguments (sans les réfuter, en les acceptant
implicitement),
et je manque de « guide » en quelque sorte pour aller plus
loin
dans ma réflexion.
Il est bien certain que mes remarques sur le caractère organique
et
fonctionnel de l’Etat ne relèvent pas d’appréciations au
plan
habituel de science politique ou aspect juridique, mais relèvent
d’une
considération plus philosophique. Lorsque vous dites que l’Etat
a
la personnalité morale de droit public, vous placez cela sur le
plan
du droit, qui n’a donc aucun rapport de comparaison possible avec
l’approche
philosophique dans laquelle je me plaçais. Mais je ne crois pas
que
ma manière (originale ?) de considérer les choses puisse
faire
l’objet d’un quelconque refus sauf à pouvoir rejeter tout un
volet
important de la philosophie.
Comme vous l’avez remarqué, mon approche du rôle de l’Etat
comme
simple « organe » est effectivement de l’ordre «
ontologique
» avec visée « légèrement »
métaphysique.
Je suis, moi, au contraire très sensible à la
pensée
de Hegel. Mais je voudrais vous faire remarquer que je trouve qu’il y a
une
très importante différence entre un « pur »
idéalisme
dans la lignée de Platon qui plaide pour un caractère
intelligible
et inné des Idées, alors que l’idéalisme
hégélien,
lui, se situe dans une optique historique et totalisante (donc DANS le
temps)
c'est-à-dire selon l’évolution typiquement pragmatique et
temporelle
que parcourt l’humanité par le moyen des progrès
scientifiques.
Je ne comprends d’ailleurs pas très bien pourquoi Hegel est
classé
parmi les philosophes idéalistes alors que cette
différence
avec l’idéalisme pur, hors du cadre temporel, est fondamentale.
Je me range d’ailleurs aussi du côté de la pensée
de
Kant et de son optique plutôt matérialiste
développée
dans la « critique de la raison pure ». Mais cela ne me
semble
pas contradictoire avec la vision plus « métaphysique
»
de Hegel, Kant lui-même étant resté critique et
n’ayant
pas élucidé le caractère transcendantal des
à
priorités en jeu dans le processus cognitif (catégories
de
l’entendement, intuitions, concepts…). Je pense d’ailleurs qu’il ne
peut
y avoir de véritable philosophie sans extrapolations et
spéculations
vers ce qu’il reste d’inconnu et de mystérieux dans la nature,
à
la lumière toutefois des dernières découvertes
scientifiques.
Kant d’ailleurs s’est aussi penché sur l’approche
téléologique
(faculté de juger) et je n’ai pas l’impression qu’il se soit
totalement
fermé à l’intérêt présenté par
la
spéculation métaphysique (je serais tentée de dire
méta
scientifique) qui à mon sens donne toute sa valeur à la
philosophie.
Extraits : la « Critique de la faculté de
juger
» est la théorie de la possibilité d'un mode de
pensée
légitime qui ne serait pas une connaissance mais qui donnerait
sens
à ce qui paraît ne pas en avoir (une
«légalité
du contingent» issue de la subjectivité transcendantale).
Elle porte sur le concept de finalité, étudié en
deux
sections comportant chacune une analytique et une dialectique, l'une
concernant
la faculté de juger esthétique, l'autre la faculté
de
juger téléologique.
Cet ouvrage est reconnu comme un des plus difficiles mais des plus
fondamentaux
de la philosophie.
Ou encore :
« Ce principe rationnel de la faculté de juger
réfléchissante
est subjectif ; comme tel, il est admis à s’accommoder de la
causalité
physico-mécanique. En revanche, pour se situer à
l’origine
de la théologie comme connaissance de l’être originaire et
suprasensible,
on ne confondra ni Dieu ni la physique (fût-elle physique de la
physique)
avec l’idée d’un grand système des fins. Car l’intention
inconnaissable
que présuppose la téléologie en postulant un
«
entendement architectonique » n’est qu’un mot ou une pure
idée
qui « ne signifie ici qu’un principe de la faculté de
juger
réfléchissante (ou régulatrice), et non de la
faculté
de juger déterminante » (ou constitutive). Ce principe est
critique
comme condition subjective de la pensée, et non dogmatique ou
objectif
; c’est là aussi l’occasion de rappeler l’homme au bon souvenir
de
son existence comme fin ultime de la création, laquelle suppose
dès
lors culture et discipline. »
Je suis rassurée d’apprendre que ces aspects de la pensée
kantienne
sont considérés comme des plus difficiles. Je me repenche
d’ailleurs
de temps en temps sur ces explications dont la portée n’est pas
des
plus accessibles et je ne suis pas encore parvenue à
maîtriser
totalement ces concepts « délicats ».
oOo
- J’apporte donc des précisions sur ce que je sous-entendais
dans
ce texte :
Me plaçant d’un point de vue ontologique, je considère
qu’en
qualité d’organismes vivants qui possèdent une autonomie
de
vie et de conscience, il existe d’une part l’individu (ou sujet)
titulaire
d’une autonomie propre, d’une identité et d’une mémoire,
être
qui naît puis qui meurt. Ceci est d’ailleurs vrai pour toute
forme
de vie « unitaire », depuis la plus petite ou la plus
simple
forme cellulaire, jusqu’à l’Homme, la forme la plus
élaborée.
Face à cette unicité, il y a une multiplicité de
vie
qui est la Société au sens large du terme, dans toute son
étendue
géographique dans l’espace et dans le temps historique, c’est
à
dire l’ensemble des êtres vivants dans le monde, depuis la
naissance
de l’Univers jusqu’à sa future supposée extinction ( ?).
A
son propos, on parle de conscience collective, de mémoire
collective,
etc...
Dans cette perspective, l’Etat n’a aucune existence « sensitive
»
(je disais n’EST rien) car il ne possède ni vie propre ni
conscience
propre. Il ne peut donc être considéré que comme un
«
organe » social par analogie au corps humain. Il est une «
subdivision
» au sein de la multiplicité sociale, chargée de
diverses
fonctions normatives ou régulatrices, tout comme peuvent
l’être
à diverses échelles tous groupes associatifs (qui ont
d’ailleurs
aussi juridiquement la personnalité « morale »,
comme
une SARL ou une association par ex.). Historiquement, l’Etat
n’apparaît
d’ailleurs en Occident qu’aux environs du 18 ème siècle,
donc
à un certain moment de l’Histoire.
Vous réfutez d’ailleurs ma conception de « corps »
social,
mais vous semblez ne pas complètement rejeter cette idée
puisque
vous attribuez à l’Etat la fonction de « cœur »,
organe
important certes, mais simple organe au sein de ce corps vivant social.
Je fais en outre remarquer que l’ensemble des êtres vivants dans
le
cosmos (ou plus restrictivement le « corps social » humain)
connaît,
depuis le début de l’Histoire terrestre, un processus de
développement
similaire à celui d’un fœtus dont les cellules simples au
début,
et très dissociées et désorganisées, se
rassemblent
peu à peu et s’organisent en laissant apparaître, au fur
et
à mesure de son évolution, différents organes qui
se
forment et se spécialisent, comme pour aboutir, à terme,
à
un corps achevé. Je fais sur ce point la relation avec
Montesquieu
et la séparation des pouvoirs en science politique.
J’avais d’ailleurs retrouvé une définition
encyclopédique
du concept de « système philosophique» qui
évoque
cette manière d’aborder les choses. En voici un extrait :
« « « 4- LE MONDE COMME CORPS
Mais si chez Kant, Hegel ou Schelling, le système n’est pas
qu’un
mode d’exposition, ni même seulement une classification des
sciences
distinguées, classées ordonnées et
hiérarchisées
(il ressortirait alors simplement de l’architectonique), c’est que,
plus
fondamentalement, il se réfère au modèle organique
:
le monde est conçu comme corps et si la philosophie comme
science,
ou si les sciences adoptent cette forme, c’est pour y correspondre.
L’érection
du modèle organique en modèle de tout ce qui est et sa
correspondance
dans le mode d’exposition de la philosophie est déjà
manifeste
chez Leibniz : l’« harmonie préétablie »
qu’il
nomme système (Théodicée, 59-61 ; Monadologie,
80-81)
constitue le mode d’être ensemble des monades. À partir de
Leibniz
et culminant dans l’idéalisme allemand, il existe donc un lien
étroit
entre le monde conçu comme système et la forme
systématique
de l’exposition de la philosophie.
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Et, pour répondre à certains autres points que vous
soulevez
:
- en ce qui concerne votre remarque sur les libertés : «
«
je ne suis pas hégélien : je ne crois pas à la
réconciliation
des contraires ni de l’intérêt privé et de
l’universel;
je pense même que cette croyance est dangereuse pour les
libertés
individuelles » ».
Je suis pourtant très convaincue de la nécessité
des
libertés individuelles dans l’organisation sociale, mais je
trouve
que l’hégélianisme n’est pas contradictoire avec le
respect
de celles-ci et que sa pensée cadre tout à fait à
la
doctrine du libéralisme. Dans une complexité, je vois
certes
l’utilité d’une coordination centrale, mais celle-ci doit
s’accompagner,
en parallèle, d’un regain d’autonomie pour les parties
inférieures
(aux individus ou associations à niveau local) ce qui
sous-entend
plus de libertés individuelles et locales. Les techniques
modernes
d’information et de communication sont d’ailleurs un des
éléments
structurants qui exigent des évolutions dans l’organisation.
- pour ce qui est de l’Education, je pense qu’il faut bien dissocier
l’idée
de DROIT à l’éducation que l’Etat doit garantir de
façon
égale à chacun (droit égal d’accès à
l’éducation),
de l’idée de GESTION de ce service qui doit au contraire
être
le plus efficace possible. Le caractère PUBLIC de ce service
n’oblige
pas du tout à ce qu’il soit directement géré par
l’Etat.
Il peut très bien être délégué ou
décentralisé
pour une meilleure efficacité. L’important c’est qu’il soit
gratuit
pour tout élève, de sorte à garantir son
accessibilité
pour tous, quel que soit le niveau social. L’Etat doit donc assurer ce
coût
et garantir cet accès, mais cela peut se faire sous forme de
subventions
à des établissements plus autonomes à gestion
locale
ou privée, la mission d’éducation (laïque) restant
d’intérêt
PUBLIC et donc contrôlée et réglementée par
l’Etat.
S.R
Je me méfie a priori de toute conception essentialiste de la
société
et de l’état pour une raison simple qui est que ce sont
des
constructions historiquement variables dans leurs rapports, leurs
structures
et leurs modes de fonctionnement. De plus je considère qu’une
vision
biologisante de la société renvoie : 1° A une
conception
discutable de ce qu’est un organisme dont l’unité est toujours
problématique
même si celle-ci est en partie programmée
génétiquement
2° A une vision de la société nécessairement
ordonnée
en vue d’une coopération sans conflits entre les individus et
les
groupes sous l’autorité centrale et fonctionnelle de
l’état.
Ce qui suppose une homogénéité idéologique
telle
que les rapports de pouvoirs qu’elle institue deviennent incontestables
et
qu’ils paraissent justes, y compris aux yeux des dominés. Or une
telle
vision est incompatible avec nos sociétés
démocratiques
et pluralistes et ne peut valoir que pour des sociétés
traditionnelles
théocratiques à forte prégnance religieuse
homogène,
indispensable à sa sacralisation. La notion de fraternité
est
du point de vue libéral doublement suspecte car
1) elle fonde la vie politique sur un sentiment fort
d’appartenance
à une même fratrie et ne fait pas place à
l’indifférence
ou l’hostilité, elle présuppose un lien social qui fait
l’économie
d’un libre choix
2) elle est exclusive et oublie que il n’y a de
frère
que par rapport à des étrangers, voire contre eux
La politique au sens libéral justement ne consiste pas à
administrer
la communauté des frères (contre les autres) mais
à
faire que des non-frères qui ne s’aiment pas
nécessairement
puissent vivre ensemble sans se faire violence et si possible
coopérer
objectivement au regard de leur intérêt non pas commun
mais
mutuel, ce qui suppose l’accord minimal sur un intérêt
général
comme condition de cette mutualisation de l’intérêt.
Quant à la position de Hegel ; si elle paraît
libérale
sur le plan économique, à la restriction près que
le
jeu des forces économiques et leur initiative sont
réglés
par un système de corporations très contraignant garanti
par
l’état, ne l’est pas du tout sur le plan politique : L’Etat est
toujours
rationnel, même si cet universel est animé par la
contradiction
du concept en vue de son dépassement nécessaire, et donc
a
nécessairement toujours raison contre les positions
particulières
: Il incarne l’universel en arme contre le jeu des visées
différentes
et opposées de la justice. Ainsi Hegel refuse le
démocratie
de la manière la plus radicale car elle menace l’autorité
de
l’universel par le libre jeu des visées particulières de
l’universel
dont, non seulement elle autorise l’expression politique, mais
dont
elle fait le fondement de l’autorité de l’état par le
bais
d’élections à majorité fluctuante. De plus il
refuse
l’idée de droits de l’homme séparés des droits du
citoyen.
Par exemple l’individu pour lui appartient à l’état et ne
peut
choisir d’émigrer ou de changer de nationalité ; Le
mariage
n’est pas un contrat librement consenti, car il n’a rien d’un acte
privé,
il est une institution non seulement sociale , mais politique et le
sentiment
ou désir privé des personnes n’est en rien une condition
suffisante
pour refuser de se marier : la famille en tant qu’institution
politico-sociale
est mieux à même de décider de la
nécessité
d’un mariage que les individus eux-même etc.…
On ne peut être hégélien et démocrate et du
reste
vous avez du mal, me semble-t-il, à concilier votre vision d’une
état
et d’une société organiques et idéaux « au
dessus
» de la société et de la politique réelles
(conflictuelles)
et celle d’un état émanation de celle-ci en tant
qu’organe
spécifique et conflictuel d’une auto-régulation toujours
problématique.
Je pense que la métaphysique a échoué à
produire
non seulement des vérités, mais des valeurs
éthiques
adaptables à la vie de nos sociétés pluralistes.
Je
conçois que toute société ait besoin de principes
régulateurs
mais que ceux-ci ne peuvent être que des artéfacts
pragmatiques
pour réduire le risque de violence (physique et psychologique)
dans
l’usage que les individus font de leurs droits (libertés) de
leurs
intérêts et désirs particuliers et des conflits
qu’ils
génèrent. Philosophie critique et réaliste contre
philosophie
qui prétend juger et agir au nom d’un idéal
métaphysique
essentiel tel est le choix de principe que chacun doit faire pour
penser
le monde et la vie et, pour ma part, seule la première me semble
efficace
dans nos sociétés modernes car elles sont nées de
la
fin des sociétés religieuses et que toute
métaphysique
est religieuse en cela qu’elle prétend juger de la
réalité,
du bien et du mal, du juste et de l’injuste, voire du vrai et du faux,
au
nom d’une vérité transcendante (et non pas
transcendantales
pragmatiques). De ce point de vue Il n’y a ni finalité ni
organisation
programmée dans le monde : le monde humain n’a pas d’autres sens
que
ceux que lui donnent « les » désirs humains.