Les élections présidentielles et l'Europe
 
 
 

Un premier bilan des élections françaises montre , comme dans d'autres élections récentes en Europe (Autriche, Italie, Hollande etc..) qu'elles ont été le terrain d'expression privilégié des adversaires de l'Europe politique et de ce qu'il est convenu d'appeler la mondialisation: les 20% de l'extrême droite xénophobe et nationale populiste, sinon socialiste, les 10% de l'extrême gauche et les 5% de Chevènement font 35% .

Quant aux autres, mis à part François Bayrou, auquel il faut rendre hommage sur ce point, ils ont brillé par leur silence sur ce thème décisif pour notre avenir. Cette fuite devant la responsabilité qui aurait exiger de répondre par un projet européen audacieux et réaliste dans la mesure où il ne prétendrait pas substituer l'illusion d'une économie collectivement administrée à l'économie de marché qui maintiendrait l'essentiel des missions de service public (transport commun, éducation, santé) et socialement mobilisateur (Europe des droits de l'homme , Europe sociale, et Europe écologique ) a permis aux démagogues de tout poil d'exploiter la peur des changements par le repli frileux contre l'ouverture au monde, et cela au profit du pire. Elle a nourri  l'angoisse, devant l'inconnu d'un monde que beaucoup trop  d’européens subissent sans le comprendre, ceux qui, du fait de cette démission, voient dans un nationalisme de droite et/ou de gauche (et Chevènement a été particulièrement ambigu, voire ambivalent à ce sujet), la seule planche (pourrie) de salut en les incitant a refuser cette évolution vers un monde internationalement mieux régulé. Ainsi le rêve national-républicain de Chevènement  s'est brutalement transformé en une réalité lepeniste nationale-socialiste, dès lors que la démagogie dogmatique et frileuse des nationalistes "de gauche" a  rendu possible l'échec électoral de Jospin

Il est temps de faire de l'Europe sociale qui est aujourd'hui notre seul avenir politique positif possible dans un monde dans lequel les décisions économiques, culturelles et écologiques les plus urgentes concernent des problèmes  fondamentalement transnationaux,  le cœur d'un renouveau de la politique citoyenne à laquelle les jeunes qui manifestent, contre Le Pen  aujourd'hui, sont prêts à adhérer avec passion et raison, quitte à engager le dialogue sur ce point avec leurs parents et proches moins jeunes qui hésitent à quitter l’ancien monde mythique révolu des états-nations communautaires indépendants. Ne pas vouloir s'engager nettement sur l'Europe des droits de l'homme et de la justice sociale au nom  d'un purisme gauchiste extrémiste et irresponsable et/ou d'un nationalisme républicain obtus est suicidaire, pour toute les forces démocratiques de droite et de gauche. Si l'on comprend cela, alors il deviendra possible de transformer cet échec en puissance pour l'avenir et en désir de réduire les injustices chez nous et ailleurs . Esquiver la difficulté de faire campagne pour l’Europe sociale et politique, donc fédérale, c’est faire le lit du nationalisme agressif et xénophobe. Sur ce point, toute position nationaliste  de gauche, dans le monde intégré d’aujourd’hui, est condamné à servir l'extrémisme irresponsable et violent de droite et de gauche.

Si les frontières des partis ne correspondent plus aux enjeux de la période qui s’ouvre et si la question de la construction de l’Europe politique devient la plus importante et la plus urgente ; une recomposition politique s’impose : Pourquoi pas un axe Bayrou-Strauss-Kahn-Fabius ?


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