1) Il y a théocratie lorsqu’une religion prétend régir d’une manière hégémonique le vie politique et morale d’une société considérée, à tort ou à raison, comme une communauté idéologiquement homogène.
2) C’est pourquoi nos sociétés modernes ne sont plus, car elles ne peuvent plus l’être, théocratiques: elles sont en effet pluralistes et individualistes sur la plan religieux ou philosophique (qui comprend l’athéisme) et laïque dans leur fonctionnement politique
3) Toute religion est dogmatique en cela qu’elle se réclame d’un vérité absolue révélée qui est dans ses principes fondamentaux incompréhensible par la raison (la double nature du Christ, la virginité de la vierge, le résurrection, l’infaillibilité pontificale, la transsubstantiation etc...pour ne prendre que des mystères catholiques); on parle alors de mystères qui relèvent d’une expérience supra-rationnelle: l’expérience mystique (extase ou sortie hors de soi dans le rencontre avec l’absolu). Celle-ci ne vaut que pour les croyants à savoir ceux qui croient en la vérité des témoignages de ceux qui ont vécu cette expérience , à l’exclusion de ceux qui pensent que ce ne sont que des fantaisies de leur imagination délirante.
4) C’est pourquoi dans son principe la démocratie qui tente de faire reposer plus ou moins directement la décision du juste et de l’injuste sur le vote et l’élection dans un société pluraliste fondée sur la liberté de penser, y compris contre les croyances religieuses, est incompatible avec la théocratie. Pour la démocratie la vérité politique vient d’en bas, pour la théocratie, elle vient d’en haut (de Dieu)
5) Donc même si une religion est majoritaire dans un pays démocratique il serait antidémocratique qu’elle impose aux minorités des décisions politiques qui ne seraient justifiées que par des arguments de foi, mais non justifiables sur un plan rationnel dans la perspective d’un droit et d’une justice universelle (valant pour tous, donc y compris les non croyants ou les croyants d’autre religions). Car la démocratie ne réside pas seulement dans le pouvoir de la majorité, mais dans la décision majoritaire en tant qu’elle est susceptible de faire droit aux libertés fondamentales et à des règles libérales valent pour tous qui constituent les condition de possibilités du jeu démocratique et qui, en tant que telles, ne doivent pas être soumises à la loi majoritaire, sauf à renverser la constitution elle-même dans ses principes régulateurs fondamentaux. Une majorité peut renverser la démocratie, elle devient alors une tyrannie majoritaire.
Conclusion:
Entre la théocratie, même et surtout majoritaire, et la démocratie
aucun compromis n’est logiquement possible. C’est pourquoi je ne suis
pas d’accord que l’on puisse dire, que la
démocratie aurait une origine religieuse; cela est, de plus, démenti
par l’histoire des rapports en Europe entre la politique et la
religion: La lutte pour la laïcité a été partout une lutte contre la
propention des religions dominantes à imposer leur loi au pouvoir
temporel. Nos démocraties se sont donc batties aussi contre elles car
celles-ci ont toutes, à tel ou tel moment de l’histoire, prétendu régir
les sociétés humaines.
"Certes, votre propos est cohérent dès lors
que vous définissez la théocratie comme vous le faites; mais dans un
sens plus profond, plus ouvert, reste la question de l’influence du
religieux sur les démocraties." En effet, cette
influence n’est pas négligeable, mais d’une part elle ne doit pas être
confondue avec un régime théocratique: il ne faut pas confondre pouvoir
formel (constitutionnel) et pouvoir d’influence (informel,
a-constitutionnel). D’autre part, cette influence ne
peut s’exprimer dans le débat public qu’en utilisant des arguments plus
rationnels que des appels de foi à l’autorité divine, à la révélation
et aux textes sacrés, car ils s’agit aussi de convaincre les
non-croyants (et convaincre n’est pas persuader). Ce qui fait que cette
influence se sécularise. Ce qui est un grand progrès démocratique. Enfin
on peut constater que cette influence est de moins en moins prégnante y
compris chez les croyants; ex: la contraception, l’avortement,
l’homosexualité, la masturbation, et même les expériences sur l’embryon
humain, le clonage thérapeutique etc; tout cela est condamné par
l’église catho dans un pays où les catholiques sont encore apparemment
majoritaire (tout dépend des critères que l’on retient), mais cette
condamnation est très peu approuvée et encore moins suivie chez les
cathos (tout dépend des critères de catholicité, mais si on les
maximalise alors il n’y a pas plus que 10% de cathos purs et durs en
France). Donc il n’ y a pas de nuance à apporter
quant à la contradiction logique entre théocratie et démocratie;
c’était là l’objet de mon commentaire; quant à la question de savoir en
quoi les églises, donc les religions (et pour moi il n’y a pas de
religion sans églises et il ne faut confondre foi personnelle et
croyance religieuse) ont contribuées historiquement à l’origine et à
l’essor de la démocratie, elle relève historiquement d’une réponse
globalement négative. Les philosophhes des Lumières tels Voltaire,
Diderot, d’Holbach, Helvétius, La Mettrie, Condorcet ont tous été en
rupture avec l’idée que la religion devait déterminer la politique et
se sont battus contre elle. Il ont préparé en cela le principe de la
laïcité qui a "consacré" le principe la séparation entre la religion et
la politique, c’est à dire entre l’église et l’état, condition de la
démocratie pluraliste. Je me prononce sur le droit
et non pas sur le fait que certains croyants seraient aussi démocrates;
c’est tout à fait possible, mais c’est leur problème, pas le mien.
Objection: En effet, cette
influence n’est pas négligeable, mais d’une part elle ne doit pas être
confondue avec un régime théocratique: il ne faut pas confondre pouvoir
formel (constitutionnel) et pouvoir d’influence (informel,
a-constitutionnel). D’autre part, cette influence ne
peut s’exprimer dans le débat public qu’en utilisant des arguments plus
rationnels que des appels de foi à l’autorité divine, à la révélation
et aux textes sacrés, car ils s’agit aussi de convaincre les
non-croyants (et convaincre n’est pas persuader). Ce qui fait que cette
influence se sécularise. Ce qui est un grand progrès démocratique. Enfin
on peut constater que cette influence est de moins en moins prégnante y
compris chez les croyants; ex: la contraception, l’avortement,
l’homosexualité, la masturbation, et même les expériences sur l’embryon
humain, le clonage thérapeutique etc; tout cela est condamné par
l’église catho dans un pays où les catholiques sont encore apparemment
majoritaire (tout dépend des critères que l’on retient), mais cette
condamnation est très peu approuvée et encore moins suivie chez les
cathos (tout dépend des critères de catholicité, mais si on les
maximalise alors il n’y a pas plus que 10% de cathos purs et durs en
France). Donc il n’ y a pas de nuance à apporter
quant à la contradiction logique entre théocratie et démocratie;
c’était là l’objet de mon commentaire; quant à la question de savoir en
quoi les églises, donc les religions (et pour moi il n’y a pas de
religion sans églises et il ne faut confondre foi personnelle et
croyance religieuse) ont contribuées historiquement à l’origine et à
l’essor de la démocratie, elle relève historiquement d’une réponse
globalement négative. Les philosophhes des Lumières tels Voltaire,
Diderot, d’Holbach, Helvétius, La Mettrie, Condorcet ont tous été en
rupture avec l’idée que la religion devait déterminer la politique et
se sont battus contre elle. Il ont préparé en cela le principe de la
laïcité qui a "consacré" le principe la séparation entre la religion et
la politique, c’est à dire entre l’église et l’état, condition de la
démocratie pluraliste. Je me prononce sur le droit
et non pas sur le fait que certains croyants seraient aussi démocrates;
c’est tout à fait possible, mais c’est leur problème, pas le mien.
"Certes, votre propos est cohérent dès lors
que vous définissez la théocratie comme vous le faites; mais dans un
sens plus profond, plus ouvert, reste la question de l’influence du
religieux sur les démocraties."
Alors
comment expliquez-vous que la laïcité et la
démocratie soient apparues au sein de la
chrétienté et nulle part ailleurs?
Seriez-vous un adepte rationaliste de la génération spontanée?
Je rappelle en outre que la démocratie, il est vraie aristocratique, à existé ailleurs que dans le chrétienté, par exemple à Athènes dans l’antiquité qui est une des source d’inspiration autrement plus importante de la démocratie moderne que l’église catholique dont nous savons qu’elle est une monarchie élective absolue (infaillibilité pontificale) et qu’elle a longtemps soutenu les monarchies de droit divin catholiques...
Je n’exclus
du reste pas qu’un pays anciennement musulman devienne démocratique et
abandonne la vision théocratique de la société; mais l’histoire n
’avance jamais au même rythme..Et celle des pays extra-européens n’est
pas la nôtre.
je ne parle pas seulement de la France
mais plutôt de l’Europe chrétienne et surtout mon raisonnement vaut
pour tout pays démocratique et je ne vois pas qu’une seule de mes
définitions et voire l’ensemble de mon argumentation conceptuelle ait
été contestées. La laïcité sous des formes différentes, s’est imposée
en Europe du fait même des guerre de religions, générées par la
théocratie, pour s’en sortir ex: la guerre de trente ans qui a fait
disparaître plus des 2/3 des populations germaniques. Il
est difficile, dans ces conditions, de dire que l’origine de la
démocratie est religieuse, car c’est la laïcité qui a été une condition
de la démocratie et non la religion et encore moins la catholique..
Sauf à supposer que le christianisme a, dès l’origine, été démocratique
ce qui est pour moins contraire à toute l’histoire européenne. "Tout
pouvoir vient de Dieu" a dit Saint Paul qui est le véritable fondateur
du christianisme historique. Qui oserait affirmer que ce principe est
démocratique , que les croisades, que la monarchie de droit divin
etaient démocratiques ainsi que l’inquisition, que Pie IX était
démocrate etc..etc.. C’est Bush qui instrumentalise
une certaine idée de la religion chrétienne en en faisant le fer de
lance d’une croisade démocratique dont on voit où elle risque de
conduire: à la mise en cause des principes de la démocratie, à
Guantanamo ou ailleurs..
D’où vient la contestation de la théocratie dogmatique dans la chrétienté? Elle
vient de la renaissance qui a été un mouvement de retour à la culture
antique pré-chrétienne grecque et romaine (voir Rabelais, Montaigne,
etc) suite à l’obscurantisme d’une église qui refusait la raison...et
ce retour a d’abord été le fait des clercs qui savaient lire le latin
et le grec et qui étaient à peu près les seuls intellectuels à l’époque. Mais
il faut aussi admettre que la thomisme (XIIIème) y a été pour quelque
chose, car, comme on dit, quand on introduit le ver de la philosophie
aristotélicienne, (qui avait été détruite ou mise sous le boisseau pour
paganisme comme l’ensemble de la culture philosophique par l’église
chrétienne primitive suite aux premiers conciles) et de la culture
philosophique transmise par la culture islamique; (relire "Le nom de le
rose") dans le fruit donc de la liberté de penser, y compris pour
tenter de démontrer rationnellement la vérité religieuse irrationnelle
( je vous fait grace des mystères dont j’ai déjà parlé), menacée par ce
retour à la culture grecque, on n’en contrôle plus les effets
anti-dogmatiques. Le sacré par définition ne se discute pas, or ceux
qui ont voulu démontrer l’existence de Dieu contre les mécréants tentés
par la culture antique se sont plantés (St Anselme, St Thomas, etc..et
Descartes) et ont progressivement perdu le contrôle
idéologico-politique de la situation en ouvrant la porte à la possible
contestation des vérités irrationnelles de la religion. Cela a failli
aussi se produire dans l’islam sunnite mais a été déclarée la fin des
interprétatioin (au contraire de l’islam chiite); de plus l’église
catholique au plus haut niveau se comportait de telle sorte que son
message n’était plus crédible. Enfin les guerres de religions
(chrétiennes) dont j’ai parlé dont il a bien fallu se sortir pour
survivre. Vous
trouvez peut-être mes explications trop rapides, mais je ne peux
faire plus ici, elles sont corroborées par tous les bons
historiens.
Les dix commandements sont-ils au fondement de la démocratie? Citations des Trois premiers commandements (les plus importants hiérarchiquement du point de vue religieux) I -Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. II
Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque
des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la
terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te
prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi,
l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des
pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération
de ceux qui me haïssent, et qui fais miséricorde jusqu’en mille
générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements. III
Tu ne prendras point le nom de l’Eternel, ton Dieu, en vain; car
l’Eternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain. Qui
oserait affirmer que les trois premiers commandements bibliques
ci-dessus sont à l’origine de la démocratie pluraliste et de la
tolérance. En vérité ceux qui suivent ne valent que dans le cadre
principiel des premiers que je viens de recopier pour nous rafraichir
la mémoire. Les faits sont tétus (Lénine)...Et ces écrits (sacrés c’est
à dire indiscutables) ont fonctionné pendant des siècles pour justifier
les guerre de religions contre les hérétiques, musulmans ou chrétiens. Et
l’on prétend encore opposer la religion chrétienne pacifique à celle de
l’islam violente? C’est se moquer du monde: elle dérive toutes de la
même farine religieuse. Le foulard est aussi un commandement chrétien,
comme sont chrétiens les propos de St Paul contre les femmes! Comme on peut le voir DANS LES 10 COMMANDEMENTS, nous
sommes donc à l'opposé de l'esprit de la
démocratie et au plus près de la théocratie.