Civilisation et culture.
Monsieur
Claude Guéant confond, dans des propos récents, civilisation et
idéologie. Ce qui définit une civilisation c'est la multiplicité
des idéologies qui la traversent et l'animent.
Il est juste (cohérent) de dire que, du point de vue des droits de l'homme, l'idéologie nazie par exemple est méprisable, mais sauf à confondre le nazisme avec une civilisation, il faut admettre que le luthéranisme, par exemple, n'est pas concerné pas ce mépris et qu'il ne résume pas non plus la culture allemande. Pas plus que la catholicisme ne définit la culture française, l'idéologie nazie ne définit la culture allemande , sauf à affirmer que celle-ci serait uniquement « volkisch » ce qui reviendrait à valider la pseudo argumentation du nazisme, et encore moins la civilisation allemande qui n'existe pas en soi , la culture allemande est plutôt la contribution des allemands à la civilisation européenne.
ll ne faut pas, en effet, confondre culture et civilisation : celle-là est particulière dans ses références et celle-ci est animée par une exigence universaliste. Si une culture vaut comme civilisatrice c'est par sa capacité à participer au progrès historique de la civilisation et/ou de l'humanité dans le sens de valeurs universelles (ex: liberté, égalité, solidarité, droits des hommes (et des femmes), tolérance, vérité rationnelle etc..). C'est la cas de la civilisation européenne, tout autant alimentée par ses sources culturelles et linguistiques diverses voire contradictoires chrétiennes ainsi que celles de l'antiquité greco-latines et par les philosophes dits des lumières dont certains s'affirment anti-catholiques, voire anti-chrétiens au nom de la raison universelle !
Quant à la culture chrétienne, elle est elle-même traversée par des contradictions et évolutions telles que les droits de l'homme et surtout les droits de la femme ont eu et on encore du mal à s'imposer dans notre civilisation, droits du reste en grande partie issus de la philosophie des Lumières, elle même multiple, qui a obligé les églises dites chrétiennes à évoluer et à accepter, au moins en parole, l'idée de laïcité.
Donc parler de supériorité d'une civilisation sur une autre n'a strictement aucun sens, sauf à figer une civilisation dans le cadre d'une culture fermée sous l'autorité d'une église ou d'un état particulier qui prétendrait enfermer la culture dans un système de croyance, de mythes et de comportement sacralisés pour obtenir le soumission des individus ou des populations à un groupe identitaire imaginaire particulier, c'est à dire à ses dirigeants et/ou à son régime du moment.