Raison et désir

La relation entre la raison cognitive qui détermine les critères de choix et qui permet de conduire l’analyse critique des données en fonction de ces critères et les jeux du désir est complexe.

Je propose à cet égard plusieurs hypothèses en partie validées par les recherches neuro-cognitives pour expliquer ces résultats apparemment surprenants qui font que plus la décision est complexe moins la raison est efficace:

1) Nos prétendus "choix" sont toujours soutendus par des émotions et désirs plus ou moins en conflits qui nous meuvent en terme de recherche de la satisfaction. La raison ne fait que mettre ces désirs en perspective justificatrice en référence à des normes ou valeurs préétablies (quel est le meilleur désir, qu’est-ce qui est souhaitable) et assuré l’anticipation et le contrôle des conditions de leur réussite ou de leur échec (qu’est-ce qui est possible). Parfois d’ailleurs l’échec peut être gratifiant dès lors que le sujet affirme jusque dans le refus de tout compromis avec la réalité la force valorisante et donc psychologiquement positive de ses convictions contre l’adversité (position éthique gratifiante de la conviction comme modalité de confiance en soi ou de l’amour de soi)

2) Il est alors possible de supposer que plus les critères de choix sont complexes, plus la résolution des conflits de désirs pour établir des priorités entre ces critères normatifs est difficile voire impossible. La raison dans ces conditions ne peut que souligner notre irrésolution entre des jeux de désirs présentée par elle comme incompatibles ou impossibles à simplifier en vue d’une décision résolue et efficace. On en arrive alors

-soit au comportement qui consiste à réfléchir pour ne pas agir et à justifier indéfiniment l’inaction par un manque indéfini de réflexion et de connaissance;

-soit à celui qui consiste à agir tout en se disant que l’on a fait le mauvais choix; ce qui aboutit a ne pas tenir suffisamment longtemps une même ligne d’action cohérente.

Il va de soi aussi que cette difficulté à trancher lorsque l’on réfléchit d’une manière rationnelle en pesant le pour et le contre sur des choix multifactoriels s’aggrave chez qui n’en a pas l’habitude et ne dispose d’aucune méthode de classification quantitative et/ou cardinale à sa disposition. Mais si quelqu’un en a une, il a un avantage sur qui se décident en aveugle par simple intuition émotionnelle. Plus on a l’habitude de réfléchir avec méthode sur ce qui affectent nos désirs, mieux c’est pour bien choisir, c’est à dire choisir sur ce que nous désirons vraiment et en vue d’être plus efficace.

Le réflexion n’avantage que ceux qui savent et ont l’habitude de réfléchir et ce ne sont peut-être pas les plus nombreux


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