Mes articles 2014 sur Agoravox


Pour la légalisation et la généralisation à tous de la PMA et de la GPA
07 octobre
La France, l'Europe et le mythe du modèle allemand
24 Septembre
Comparaison n'est pas raison (à propos de la Crimée)
19 mars
Ecole et éducation (à propos des études du genre)
6 février
Mérite et richesse
21 janvier


Comparaison n’est pas raison

Il semble que les comparaisons avec la poltique hitlérienne de l'Anschluss soient en passe, dans l'affaire de la Crimée, de devenir des motifs d'aveuglement destinée à favoriser une entreprise concertée de désinformation de la part des pays occidentaux.

Si Poutine est un dictateur que personne en Occident, remarquons le, ne veut voir renversé ou avec lequel personne ne refuse de collaborer, cela ne doit pas nous faire oublier :

1) que la Crimée a été donnée à l'Ukraine sans consultation de la population, par une autre dictateur, plus dangereux encore à l'époque pour la paix mondiale, que Poutine aujourd'hui.

2) que la population de Crimée a voté à une majorité que personne ne conteste pour le retour de leur région dans la Russie historique.

3) qu'une annexion de territoire ne signifie en rien une occupation illégale dès lors que la population la demande, au nom du droit supérieur d'auto détermination des populations, reconnu pas l'ONU

4) qu'un tel droit aurait dû, en l’occurrence, être mis en œuvre par les instances internationales garantes de la sincérité du vote. Ce que les puissances occidentales ont refusé de faire, alors qu'elles l'ont fait au Kosovo et au Soudan du sud..

Il ne faudrait pas oublier que l'UE et les USA ont joué depuis de début avec le feu en prétendant imposer, sans concertation avec la Russie, un accord avec l'Ukraine mettant en cause la sécurité de ces deux pays et la stabilité en Europe. Les puissances occidentales ont donc fait le jeu de Poutine vis-à-vis de la population Russe, y compris en Crimée et en Ukraine. elles ne peuvent maintenant qu'avaliser le fait accompli derrière l'écran de fumée d'un discours fumeux.

Ecole et éducation

Quelles doivent être les valeurs d'une école qui se veut laïque ? Les valeurs de la rationalité critique (et il n'y a pas de savoir, même scolaire sans réflexion critique) et de la tolérance. Or, dès lors que l'intolérance doit être déconstruite, il faut faire du conflit des valeurs un enjeu éducatif à l'école, ce que cherche à faire l'ABC de l'éducation. Que cela ne plaise pas à tout le monde et surtout pas aux fanatiques et traditionalistes de tous bords est non pas seulement normal, mais nécessaire à l'éducation à la tolérance et à la liberté des futurs citoyens que sont les élèves.

1) Le conflit des valeurs est nécessaire à l'éducation de la liberté.

C'est bien à l'école laïque de le mettre en scène pédagogique. Si elle ne le faisait pas, pour faire plaisir aux fanatismes de tous bords, elle ne pourrait même plus enseigner quoi que ce soit (même pas la langage qui est tout sauf neutre, on le voit en ce qui concerne les stéréotypes sexuels). Parler de liberté c'est parler d'abord de celle des enfants qu'il ne faut surtout pas confiner dans les préjugés de leur milieu familial, social, générationnel ou médiatique. L'école seule peut faire ce travail. Aucune autre institution, la famille encore moins que toute autre, ne peut seule éduquer à la réflexion critique, y compris et surtout dans le domaine des valeurs. Ne pas le faire c'est laisser libre cours aux enfermements idéologiques et communautaristes et donc, à terme, aux croyances et aux fanatismes les plus irrationnels, générateurs de guerres civiles plus ou moins violentes et plus ou moins ouvertes et/ou latentes. En cela les enfants n'appartiennent ni à la famille, ni à l'école, ni à l'état, mais doivent apprendre à s' appartenir à eux-même.

2) Le rôle éducatif de l'école est indispensable.

Le rôle éducatif et non pas seulement d'enseignement est une constante dans toutes les sociétés du monde pour deux raisons simples : il n' y a pas d'enseignement des savoirs sans formation intellectuelle et éthique de la vérité rationnelle et critique. Dans une société démocratique et pluraliste, il n'y a pas de citoyenneté sans apprentissage des règles de l'argumentation et de la tolérance critiques. Dans une société libérale, il n'y a pas d'école libératrice sans apprentissage de l'usage des libertés et donc du respect des autres différents de soi. La seule question est de savoir selon quelles valeurs rationnelles et critiques, y compris sur le plan éthique et politique, et comment faut-il que l'école laïque éduque les enfants à leur liberté de penser, fondement de toute liberté individuelle.

La liberté la tolérance et le respect des autres ne sont pas des valeurs innées, c'est bien plutôt le mépris, la discrimination et la violence qui sont des comportements spontanés pour des motifs narcissiques parfaitement connus (« Vive moi, à bas les autres ! Tout est à moi, tant pis pour les autres ! Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est « négociable » ! »). L'éducation publique dans une société pluraliste et laïque et non pas seulement l'éducation familiale qui peut parfois et même souvent enfermer l'enfant dans des normes hiérarchiques établies, par exemple entre les genres, se doit de promouvoir dès le plus jeune âge ces valeurs. C'est ce que refusent tous ceux qui cherchent à établir des régimes théocratiques et/ou politico-religieux.

La contestation de la prétendue théorie des genres n'est, dans ces conditions, rien d'autre que l'expression du refus de l'égalité entre les filles et les garçons entre les hommes et les femmes. La résistance réactionnaire de ceux qui ont participé à la manif dite paradoxalement pour tous n'est donc pas le fait d'un malentendu mais d'un désir par certains de maintenir un système sexiste de domination dont l'origine est consciemment ou non traditionnel et religieux.

C'est un des points essentiels de la mission de l'école mixte et laïque de développer l'éducation à la valeur de l'égalité dans l'exercice des libertés civiques et privées dont celui de l'égalité des droits réels entre les hommes et les femmes. Le refus de l'éducation citoyenne par l'école de la liberté et de l'égalité est donc au fond l'expression d'un refus de la société démocratique laïque et pluraliste au nom de valeurs hiérarchiques théocratiques intangibles, contraire aux valeurs républicaines .


Mérite et richesse

Une manière courante, voire la seule, de justifier les inégalités de richesses est de ramener celles-ci aux mérites personnels comparés entre les riches et les pauvres. Les inégalité de richesse ne feraient que sanctionner les inégalités de mérite. Outre que l'on ne voit pas en quoi un écart mesurable et quantifié de richesses refléteraient un écart incommensurable purement qualitatif de mérite, il est clair que la notion de mérite est pour le moins ambiguë, voire paradoxale, dans l'usage qui en est fait pour prétendre justifier les inégalités de richesses.

Soit l'on entend par mérite la possesion de dons personnels d'intelligence de talent et de courage naturels et ces caractéristiques n'ont, en, eux-même, aucun sens éthique et donc ne sont pas particulièrement méritantes car il s'agit de données pour lesquelles le sujet n'a aucune part, ce qui ne justifie en rien qu'on le récompense pour cela. Soit l'on fait du mérite la cause morale et non plus seulement naturelle de ses efforts pour s'enrichir, mais l'on ne voit pas en quoi un escroc, voire un criminel, talentueux et laborieux, qui se serait enrichi par sa capacité éthique à déployer de telles qualités acquises par la force de sa volonté personnelle et les sacrifices qu'il aurait consenti , devrait être considéré il faut admettre que celui-ci est méritant et le récompenser à la mesure de ses crimes et délits du fait même d'avoir échappé à la punition par son courage et/ou sa maîtrise de soi et de la situation criminelle ou délictueuse, sa ruse et son intelligence. Ce qui serait pour le moins paradoxal : le crime parfait deviendrait un mérite qui devrait être récompensé par l'enrichissement criminel. Soit le richesse, au lieu d'être acquise, est héritée, mais alors il n'y a aucun mérite personnel pour qui est l'héritier. Soit enfin la richesse est l'effet d'un hasard heureux (loterie par exemple) ce qui n'engage pas le mérite du celui qui en bénéficie. Dans ces ce cas la notion de mérite ne peut servir à justifier la richesse.

En fait le mérite d'un individu ne peut provenir que du fait que ses ressources individuelles, quelles qu'elles soient, économiques ou intellectuelles, et quelle qu'en soit l'origine, naturelle ou acquise, sont volontairement et courageusement (ce qui implique un certain sacrifice des plaisirs immédiats) mises au service des autres et du bien public et non pas de ses seuls intérêts privés. C'est pourquoi Platon dans sa République refuse qu'un médecin travaille pour de l'argent car cela voudrait dire qu'il aurait intérêt à ce que ses patients soient et restent malades. Exercer la médecine et être commerçant sont, selon lui, deux métiers incompatibles. La médecin, au mieux, ne doit être rémunéré que lorsque le malade est guéri, donc au résultat et non à l'acte.

En cela la notion de mérite est égalitariste, au sens où elle vise à refuser toute exploitation de l'homme par l'homme. Ainsi le mérite d'une infirmière, d'un enseignant et d'un médecin dévoués, vaut toujours plus que celui d'un financier ou d'un footballeur cupides. Les inégalités de richesses importantes peuvent très souvent être le résultat et l'effet de l'exploitation des moins favorisés par les plus favorisés, même légale et ce, au nom du sacro-saint principe de la propriété des biens de production et d'échange qui fait du travail humain une marchandise profitable pour qui achète ce travail grâce à sa richesse pour l'accroître sans limite ni mesure de droit opposable. La notion de mérite n'entretient aucun rapport de cause à effet et encore moins nécessaire avec les inégalités du rapport de force entre les riches et les pauvres. C'est bien parce que les écarts des richesses, dans nos sociétés capitalistes, ne sont en rien la récompense évidente des mérites de leurs détenteurs que les plus riches des entrepreneurs (Bill Gates, William Buffet, Georges Soros etc...) aux USA et ailleurs, pour (re)légitimer leur fortune par l'usage qu'ils en font, s'obligent à utiliser un part importante de leurs revenus par des donations dans des actions et des fondations humanitaires. Dans les faits, la notion de mérite permet de développer, sur le plan éthique, dans nos sociétés, une contestation plus ou moins radicale des inégalités exorbitantes de revenus et de richesses en les désignant comme injustes. Ce qui conduit les états démocratiques à vouloir les réduire par l'impôt et différentes formes de redistribution en faveur des moins favorisés.

Ainsi, contrairement à la richesse, le mérite doit toujours se mériter par la solidarité avec les autres qu'il met en œuvre. Contrairement à la richesse, Il n'est jamaisl'effet du hasard, des compétences au service de buts égoïstes, de la fortune, de l'injustice sociale qu'est l'héritage et de la cupidité. Il est l'expression de la volonté éthique d'aider les autres, plus faibles ou moins compétants et performants que soi.


La France, l'Europe, et le mythe du modèle allemand

Certains médias français sous influence politique de droite, y compris une certaine presse allemande de caniveau (Die Bild Zeitung), reprennent le couplet de la maladie française face à la bonne santé allemande qui ferait que l'Allemagne pourrait et devrait imposer à la France et à l'Europe une politique d'austérité et de réduction à 0% de sa dette publique aux dépens de la croissance. C'est méconnaître la réalité des rapports de force en Allemagne et en Europe aujourd'hui et prendre au pied de la lettre certains discours allemands pro-domo sans considération de cette réalité.

 

La commission européenne n'est plus ce qu'elle a été : le programme de nouveau président Junker est axé sur la croissance et sur la reprise, via les investissement publics (300 milliards), et non plus seulement sur la réduction des déficits publics, le chef de la BCE (Mario Draghi) est sur la même ligne, ainsi que le FMI et le président (Martin Schulz, social-démocrate) d'un parlement européen doté de pouvoirs renforcés. Le premier ministre du gouvernement italien (Matteo Renzi) et le commissaire européen à l'économie et aux affaires financières (Pierre Moscovici), ancien ministre de l'économie français, sont tous deux des socio-démocrates. Autant dire que la nouvelle commission européenne ressemble peu à celle présidée par Manuel Barroso. L'Allemagne ne détenant pour sa part aucun poste majeur.

Qu'en est-il justement de l'Allemagne ?

Madame Merkel elle-même, par l'adoption d'un SMIC en Allemagne, négocié avec son partenaire social-démocrate de la coalition, d'une part, et par la nécessité urgente de grands travaux en Allemagne où les infrastructures et autres services publics se sont très fortement dégradés, d'autre part, sait que son pays est contraint, du fait même de la relative stagnation de la croissance en Allemagne et de la réduction prévisible de certains marchés extérieurs (Asie et Russie), de se recentrer sur le marché intérieur (Adoption du SMIC qui va accroître considérablement le coût du travail) et sur le marché européen. La grande question de l'Allemagne estaussi celle de la transition énergétique, dès lors qu'elle cherche à sortir du nucléaire, mais cela se fait aux dépens de son indépendance énergétique vis-à-vis du gaz russe et de la baisse de production de CO2 , du fait de l'exploitation renforcée du charbon sur place.

De plus il faut toujours voir dans la puissance et la compétitivité industrielles allemandes, le résultats de conditions très peu évoquées par la droite française (et pour cause) : la cogestion paritaire syndicat-patronat des grandes entreprises allemandes, l'importance de la collaboration entre les banques semi-publiques et régionales et les PMI-PME elles même largement soutenues par les grandes entreprises donneuses d'ordre sur le marché extérieur. Les précheurs français du modèle allemand se gardent bien de rappeler que deux conditions permettent en effet de de limiter la participation du capital étranger d'une part, au point que l'on peut parler d'un protectionnisme entrepreneurial allemand, et surtout une politique d'innovation et d'amélioration continue des produits en liaison avec une formation technique initiale et permanente dans les entreprises, sans équivalent en France. Quant au moindre chômage en Allemagne qu'en France, il ne faut pas oublier que l'Allemagne perd plus de 100000 actifs, au contraire de la France qui en gagne autant, du fait de la chute démographique et du fait qu'une bonne partie des femmes sont peu ou prou exclues du marché du travail, sans compter les mini-jobs à 450€ et/ou à 1€ de l'heure. Autant de facteurs qui font mécaniquement baisser le part du chômage dans les statistiques.

Croire que l'Allemagne, dans ces conditions, refuserait radicalement, par pur dogmatisme idéologique, toute évolution dans un sens keynésien relève d'un mythe entretenu par la droite en France pour justifier la baisse du coût du travail, lequel coût n'est pas si haut que cela par rapport à l'Allemagne et qui ne le sera plus du tout après l'adoption du SMIC généralisé dans ce pays...

Il est donc faux de dire :

  1. Que l'Allemagne refuserait toute politique de croissance et tout report de la réduction de la dette publique. Il faut, sur ce point, distinguer le discours de Madame Merkel (et de son ministre des finances,Wolfgang Schauble) à usage politique interne à son camp et face à la concurrence menaçante des adversaires de l'Europe (Afd) et la réalité de ses décisions politiques, qui, même avec retard, sont relativement souples et pragmatiques.

  2. Que Madame Merkel disposerait aujourd'hui du pouvoir absolu sur la commission et sur le parlement européens, voire sur la Banque européenne, si tant est qu'elle ait le désir qu'on lui prête d'imposer aujourd'hui à l'Europe une politique d'austérité dont l'Allemagne serait la première victime.

 

Parler, dans ces conditions, de l'échec de la visite de Manuel Valls en Allemagne, est donc pour le moins prématuré, pour ne pas dire tout à fait erroné.

 

Hildesheim


Pour la légalisation et la généralisation à tous de la PMA et de la GPA


Le conflit éthique concernant la GPA (gestation pour autrui) et dans une moindre mesure la PMA (procréation médicalement assistée) semble insoluble dès lors qu'il s'inscrit dans les valeurs de la démocratie et du féminisme. Les arguments pour et contre se réfèrent en effet aux mêmes principes que sont l'intérêt supérieur des enfants et la liberté des femmes. Or, précisément, en ce type de conflit, ce ce n'est à pas à l'état laïc de dire ce qui est moral ou non, sauf à se croire détenteur d'un pouvoir quasi-religieux sur les consciences et les comportements. C'est alors aux individus eux-même de décider ce qui est bon pour eux dès lors que cela ne nuit à personne. En tout cas pas à l'enfant né par GPA ou PMA et élevé pas ceux qui l'on désiré, sauf à faire intervenir des considérations anthropologiques éternelles qui pourraient aussi bien justifier l'interdiction du divorce, que celle de la GPA et de la PMA, ce que nul adversaires de ces dernières n'ose faire. Mais, en bonne logique, face au risque que dénoncent ceux-ci, il convient justement de légiférer, pour précisément réduire le danger de marchandisation systématique (comme dans le don d'organe), car, sans loi, le pire devient en effet possible, dès lors que la technique de la GPA est accessible ailleurs.

La France n'est pas un îlot protégé de l'évolution du monde et de l'éthique libérale constitutive de notre droit européen, et il est impensable, dans le cadre du droit supérieur des enfants, que des enfants conçus par GPA dont il faut légaliser les modalités pour éviter les abus éventuels, puissent être enlevés à leurs parents qui l'aiment et s'occupent de lui aussi bien que d'autres (et parfois mieux car désireux d'élever ces enfants) ou, presque aussi grave, puissent être considérés comme nuls et non advenus en tant que futurs citoyens français, en contradiction avec leur intérêt bien compris. Il serait inepte en droit libéral et éthiquement scandaleux de punir les enfants pour une prétendue faute d'un de ses parents biologiques

D'une part Ce que nous savons de l'expérience américaine de la GPA est que le sentiment négatif de la mère porteuse vis-à-vis de l'enfant qu'elle porte auxquels se réfèrent certains adversaires de la GPA pour dénoncer l'abandon d'enfant qui, selon eux, serait le fait de la mère porteuse et qui entraînerait un éventuel dommage pour le développement psychologique futur de l'enfant, sont ce que le degré d'acceptation de celle-ci de porter l'enfant aussi pour un(e) autre en fait. Cette acceptation, par la mère porteuse de l'enfant vaut pour tout sentiment maternel que peut éprouver une mère. Nous savons que, dans le cas d'un viol, la mère biologique peut refuser sa grossesse et détester l'enfant qui en est issu. L'amour de la mère porteuse pour l'enfant qu'elle porte dépend donc aussi et peut-être surtout en effet de l'affection que celle-ci porte pour la mère demandeuse et/ou en ce qui concerne la mère dont c'est l'enfant biologique , pour le père, biologique et/ou légal de cet enfant. C'est dire que l'amour par la mère porteuse ne relève pas d'un éventuel instinct maternel mais du sens qu'elle donne à sa grossesse dans le cadre des relations positive ou négatives qu'elle entretient avec son environnement humain. De plus, l'altruisme du sentiment de la mère porteuse, biologique ou non, ne passe pas nécessairement par la possession de l'enfant comme enfant exclusivement à soi et pour soi. Je dirais au contraire, dans l'intérêt futur de l'enfant qui ne devrait pas nécessairement pas être considéré comme appartenant exclusivement à sa mère biologique.

Rien, d'autre part, dans l'expérience américaine, n'interdit à la mère porteuse de prolonger une relation privilégiée, quasi-maternelle, avec l'enfant qu'elle a porté. Aux USA, le plus souvent, cela se passe même ainsi. L'enfant peut très bien comprendre qu'il a deux mères, c'est même l'expérience la plus courante dans certaines sociétés ou milieux sociaux (tantes, grand-mères etc..). Tout dépend donc de la relation entre ces "deux mères"...C'est pourquoi, la GPA doit rester de l'ordre du don et cela l'enfant peut très vite le comprendre. C'est pour qu'elle le reste que je me prononce, comme pour le don d'organe, pour une loi qui interdise la seule relation de marchandisation qui serait la conséquence inéluctable d'une interdiction que l'on ne peut pas faire respecter, sinon pour les femmes qui n'en ont pas les moyens. Il ne faut pas oublier aussi le rôle des deux pères dans le cas de l'enfant d'un couple homo-masculin dont l'un des membres a déjà un enfant ou qui décide d'avoir recours à la GPA. Celle-ci, à mon sens, introduit une mère porteuse dans le monde sensible de l'enfant à qui la loi doit logiquement reconnaître le droit de la connaître et donc de la reconnaître (au deux sens du mot reconnaissance).

Il serait absurde d'exiger plus de conditions pour élever des enfants des couples homos que l'on en exige des couples hétérosexuels, sauf à revenir sur le droit au divorce des hétéros, certainement plus perturbateur pour l'enfant encore lorsque la relation entre les parents se dégrade fortement, que le fait d'avoir deux mères ou deux pères ... qui s'aiment et se reconnaissent mutuellement (au sens de reconnaissance affective). Il n' y a aucune raison d'imposer un seul modèle de famille dit naturel comme le font les partisans de la prétendue manif pour tous. Toute famille est une construction, même celle que l'on dit naturelle. Il existe, depuis la légalisation du divorce (1810 !), de l'adoption, de la fécondation par donneur de sperme "étranger" anonyme et la réalité des familles monoparentales, sans même compter les familles dites homosexuelles, plusieurs types de famille. Je ne vois pas de quel droit on voudrait imposer un type de famille aux autres, dès lors que rien, dans le droit, ne vient limiter le droit à faire famille à la convenance de ceux qui refusent la GPA, La PMA et l'homoparentalité.

Quant à l'intérêt des enfants, dont se réclament les adversaires de la GPA , il est démontré par les cas existant à l'étranger et en France, qu'il dépend plus de l'entente que les parents qui les élèvent manifestent à leur égard que de leur sexe biologique et/ou de leur orientation sexuelle. Il n'y a pas lieu sur ce point de faire une différence entre les parents hétérosexuels et homosexuels et/ou entre des enfants dits naturels et les autres, sauf du fait de préjugés discriminants dorénavant illégaux, selon la loi européenne. Si l'on veut protéger à l'avance les enfants des dommages dus à une éducation défaillante il conviendrait alors de le faire aussi pour les familles hétérosexuelles qui peuvent aussi être lourdement handicapantes pour les enfants (haine réciproque, incestes qui, pour l'immense majorité, se déroulent dans la famille traditionnelle), mais ce danger n'est pas considéré comme une raison d'interdire ni le mariage, ni le divorce, ni l'hétéroparentalité... D'éventuels mauvais traitements dûment signalés ne peuvent faire l'objet que de mesures de justice après-coup. Je constate que personne, parmi les adversaires de la GPA et de la PMA, ne proposent d'interdire à leurs parents d'élever les enfants obtenus par PMA ou GPA et/ou dans le cadre de l'homoparentalité. C'est dire qu'ils sont inconséquents : s'ils pensaient que la GPA, la PMA, et l'homoparentalité mettent vraiment les enfants en danger, ils devraient exiger que ces enfants soient enlevés des familles qui les ont obtenus dans ces conditions, ce qu'il se gardent de faire

La GPA et la PMA sont un progrès technique, à certaines conditions légalisées pour éviter ou réduire les risques médicaux, pour les couples dits homosexuels-hommes et pour certains couples dits hétéros dont la femme ne peut porter l'enfant (ex : absence d'utérus) et dont l'homme veut que ses gamètes soient transmis. Ces couples existent, mariés ou non. Ils doivent aussi avoir la possibilité de faire famille, comme les couples hétéros mariés et féconds. Ce sont aussi un progrès social, à conditions de réduire par la loi le risque de marchandisation et d'exploitation du corps des femmes (ce qui soit dit en passant était souvent le cas dans le mariage dit traditionnel en l'absence du droit pour les femmes à la contraception et de l'avortement), car Il n' y a pas de motif , hors tradition et/ou religion qui ne sont jamais des raisons suffisantes, en nos société de droit libéral, de réserver un droit fondamental à certains et de le refuser à d'autres. De fait et en droit, le droit à l'enfant existe pour tous les couples hétéros mariés et même pour les femmes célibataires et/ou ne vivant pas en couple. Nul au nom de son droit ne peut et ne doit priver les autres du même droit ; c'est là un grand progrès dans le sens de l'universalité et de l'égalité des droits. Religion et tradition ne disposent d'aucune légitimité en droit supérieure au droit laïc dans les sociétés démocratiques et pluralistes ; c'est au contraire, le droit libéral et démocratique fondé sur l"universalité (ou égalité) des droits qui est supérieur au droit coutumier.

C'est là l'erreur commise par le gouvernement français, telle qu'elle s'exprime à travers les propos récents du premier ministre qui prétend interdire, sinon la PMA , du moins la GPA aux couples homosexuels, et sur ce point les adversaires du mariage homosexuels, de la PMA et de la GPA ont tout à fait raison : le droit à l'homoparentalité est impliqué par le mariage homosexuel, car il définit les même droits à la parentalité -ce qui est reconnu pour l'adoption- que le mariage hétérosexuel. La PMA est admise pour les femmes dans ce cadre hétérosexuel et même dans un cadre monoparental, on voit mal pourquoi elle pourrait être refusée ou interdite dans le cadre de couples, mariés ou non, dits homosexuels. Si l'on accorde aux femmes homosexuelles le recours à la PMA, on ne voit pas en quoi les hommes pourraient ne pas avoir le même droit à l'homoparentalité par la pratique de la GPA. Enfin, dès lors que la GPA peut être pratiquée ailleurs dans des conditions qui échappent à tout contrôle, il est vain de prétendre l'interdire totalement en France et cela sans même une menace de sanction et prétendre inciter, sinon, obliger les pays qui autorise cette pratique de l'interdire pour des français. Cela tient, soit du délire paranoïaque pur et simple, soit de l'enfumage tactique à courte vue.

Une interdiction inapplicable, dans le monde ouvert qui est le nôtre, est toujours pire qu'une légalisation. Il fait de l'illégalité (de l'avortement ou, de la PMA et GPA) un danger médical et social plus ravageur encore, pour les femmes, les hommes et aussi et surtout les enfants, lesquels devraient subir une punition absurde selon les droits de la personne, la non répercussion en droit de leur état civil français, pour une prétendue faute commise par leurs parents.



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