L'absolu, la religion et la politique.
Tout référence à l'absolu en politique tend à être une justification potentielle de l'absolutisation du pouvoir de l'état. Or cet accroissement de la puissance de l'état ne peut aller sans violence et domination. De même, celles-ci ont donc besoin de cette légitimité religieuse pour se faire accepter par les populations soumises, comme nécessaire à la paix civile.
Démonstration:
1)
Absolu est dit d'un principe, dans le domaine théorique, qui est
inconditionnellement vrai (dogme) en toutes conditions empiriques
et dans le domaine pratique qui est un commandement ou une
obligation qui valent quelles que soient les conditions empiriques
et donc auxquels on doit se soumettre sans condition (impératif
catégorique) , c'est à dire aveuglement..
2) Tout bien
absolu implique un mal absolu qu'il faut détruire absolument, dès
lors que ce Bien nous est imposé de l'extérieur par un Dieu
transcendant dont le pouvoir sans limite exige nécessairement que
l'on sacrifie sa vie et celle des autres pour Lui.
En effet,
un absolu qui n'impliquerait pas un pouvoir potentiellement violent
sur les autres, à savoir contre le mal et ceux qui l'incarnent,
serait conditionnel. Seule la violence extrême de et par la mort
est absolue, car absolument éliminatrice du mal. Ainsi tolérer le
mal absolu comme un bien relatif ou un moindre mal, c'est
compromettre le bien absolu en qu'il a d'absolu
Le Bien
absolu ne peut sans déchoir tolérer un quelconque compromis
pacificateur. Il ne s'agit pas de test empirique, mais d'implacable
logique .
Mais ne pourrait-on pas envisager un absolu
absolument tolérant qui transcenderait la violence dans l'amour
universel?
Peut-être mais cette tolérance absolue ou
non-violence absolue ne pourrait être vécue que par qui a rejeté
toutes les religions comme idolâtres et que donc dans un
dépassement du sacré qui exige nécessairement sacrifice donc
violence au service de l'absolu religieux (qui identifient et
distingue les bons croyants des mécréants) . Ce qui s'appelle la
sainteté, or il n'y a de sainteté possible qu'extrêmement
minoritaire, voire absolument solitaire et mystique, c'est à dire
irréligieuse, voire anti-religieuse, c'est à dire non-politique.
C'est,
au contraire, l'absorption de l'église dans l'état constitué en
pouvoir temporel et spirituel qui d'une part fait une religion
historiquement pérenne en tant que machine de pouvoir idéologique
collective dominante et stable et qui, d'autre part, est responsable
de la violence sans fin dite guerre de religion ou « guerre
des dieux » (M. Weber). Toute église comme machine de pouvoir
idéologique collectif vise, ne serait-ce que pour exister
durablement comme institution socialement dominante au service d'un
absolu prétendument universel, à devenir ou à se fondre (dans) un
pouvoir temporel potentiellement illimité, sauf à être réduite
instantanément à l'impuissance et en proie à la division et à
son extinction..
Par delà les conflits entre pouvoir de
l'église et pouvoir politique non-libéral, la question de
l'alliance nécessaire entre les deux relève de la seule
problématique de la domination conflictuelle de l'un sur
l'autre.
Ainsi, dans tous les cas -état dominant
l'église ou le contraire- le pouvoir politique despotique a besoin
de celui, plus absolu encore, de l'église (religion) pour légitimer
l'extrême violence nécessaire auprès d'une population qu'il
soumet absolument, comme une religion à besoins du pouvoir
politique pour se constituer en puissance idéologiquement dominante
au service d'un absolu sacralisé.
Seule la laïcité, ou séparation de l'état et des églises, peut garantir la fin de la guerre, par nature sans fin et potentiellement génocidaire, des dieux.
Le 31/01/10