Voile intégral du visage et foulard.

Il ne faut pas tout confondre : le voile qui cache le visage n’est ni le foulard ni le cornette.

Cacher son visage c’est se dérober dans l’espace public au principe libéral de la responsabilité dès lors que celle-ci exige que chacun puisse se faire connaitre et reconnaître dans cet espace. Il n’ y a pas de liberté civile sans devoir et le premier devoir du citoyen est de répondre de soi dans la cité. L’identité est donc indissociable de ce principe de la responsabilité. C’est pourquoi un témoignage dans une procédure pénale et civile se fonde toujours sur ce principe de l’identité civile. En outre ce voile affirme le refus de faire de la femme une citoyenne au même titre que l’homme, il est par nature inégalitaire et politiquement discriminant. Il n’est donc ni libéral, ni égalitaire !

Sur le plan philosophique ou logique l’interdiction de ce type de voile cachant le visage est tout à fait conforme aux principes du droit libéral et citoyen. Au conseil constitutionnel de faire valoir les limites du droit de s’habiller à sa convenance, quitte, grâce au débat politique, à faire politiquement évoluer ce droit sur le plan national et européen. Il ne faut pas confondre un argument de droit actuel avec un débat politique portant sur la légitimité de celui-ci. Ce n'est pas un motif religieux qui permet de faire la différence entre un voile intégral  et un simple foulard ou une cornette, mais un motif citoyen: lier la liberté à la responsabilité personnelle dans l'espace public. Les seconds ne font qu'exprimer une opinion religieuse ou autre; ce qui est un droit  libéral, le premier nie ce droit dans son principe.

Ce débat se pose au niveau européen, ne le fermons pas avant même qu’il ne s’ouvre, sous le fallacieux prétexte qu’aucune évolution du droit constitutionnel existant n’est permise ; cet argument est par nature anti-démocratique.


"Regardons cette femme (qui voile intégralement son visage) avec courage, sans crainte, et posons sur elle aussi difficile que cela puisse nous paraitre, un regard humain." 

Le regard ne peut être humain que lorsque la totalité du visage est sans masque afin de pouvoir témoigner et d’une humanité réciproque et l’exprimer... à visage découvert...

Un masque ne peut générer que la méfiance et le fantasme de suspicion et de peur devant qui se dérobe à la responsabilité d’être reconnu dans l’espace public : l’identification du visage découvert c’est le prix de la liberté individuelle citoyenne.

En cela le voile intégral qui masque le visage n’a pas la même signification citoyenne qu’un simple foulard qui ne fait qu’exprimer une orientation religieuse, comme c’est de droit dans une république laïque ; cette confusion politique est aberrante, car elle entretient justement l’amalgame entre pratique religieuse licite et un comportement prétendument religieux illicite et sectaire.

Il est nécessaire que le débat se déroule au plus haut niveau de la république, si l’on prétend défendre les valeurs de liberté dans la responsabilité : Les lois anti-sectes doivent valoir dans ce cas comme dans les autres....

Pour penser la question du voile intégral il faut justement la distinguer de celle du foulard. Or cette distinction explique le fait que le premier, dans l'espace public, pose problème et fasse débat, au contraire du second (sauf à l'école publique qui est une institution de l'état destinée à former les futurs citoyens égaux de la république laïque).

Le voile intégral en effet nie un principe libéral: celui de la responsabilité vis-à-vis de tout acte ou activité libre dans l'espace public. Quiconque évolue dans cet espace doit pouvoir être reconnu ou reconnaissable pour être civilement responsable de ces actes; cela vaut pour le voile intégral comme pour la cagoule.

Un vêtement ne peut donc être admissible dans l'espace public, comme espace de responsabilité indissociable de celui de la liberté civique, que si le visage de celui qui le porte peut être identifié.

Là où je conteste l'interprétation de certains qui, au nom du libéralisme vestimentaire, accepteraient le voile intégral dans l'espace public , concerne la question de la liberté, dès lors qu'il semblent confondre la liberté privée de celle qui est, de fait et en droit, publique...Celle-ci est nécessairement règlementée ce qui exige de s'assurer de l'identité de la personne, comme cette identification, aux USA aussi, implique de devoir afficher la plaque minéralogique sur tout véhicule automobile utilisé sur la voie publique!

Je m'étonne que cela ne soit pas compris dans des  pays libéraux (ou qui se veulent tels) qui multiplient, au nom de l'impératif de sécurité,  les caméras de surveillance dans l'espace public.


Le port du voile dit islamique "simple" n’est pas plus attentatoire à la république et à ses valeurs égalitaires que le port d’une robe ou autre jupe qui signalent la féminité de certain(e)s d’entre nous, transsexuels compris, ou que le port d’une cornette : soit l’on interdit tout signe de distinction symbolique distinctifs, religieux ou sexuels, soit on les autorise tous
Le port du voile intégral, par contre contredit par nature le principe de la reconnaissance indispensable à l’exigence de responsabilité individuelle que suppose une société libérale et égalitaire , au sens du droit et de la politique.
C’est l’unilatéralité de lois, déniées dans leur fondement universel, au nom d’une vision communautariste et ethnique de la nation identitaire qui, par des amalgames confus au regard du droit libéral, tel celui entre le voile simple et le voile intégral, et par des distinctions tout aussi anti-laïques telle celle entre clocher et minaret qui fait le jeu du FN et des intégristes musulmans.
Une interdiction contre toutes les mascarades du visage, prétendument religieuse ou non, s’impose donc dans l’espace public, mais pas le port d’un simple foulard qui découvre, voire souligne, les traits du visage.



La position que je défends est non pas seulement juridique mais politique : on ne peut en république interdire le port d’un vêtement dans l’espace public que si celui-ci contrevient, non à une esthétique communautaire qui n’existe pas dans une société pluraliste, mais à un principe fondamental : celui de l’identification des personnes comme citoyens libres et responsables de leurs actes, ce qui fait précisément la différence entre le simple foulard et le voile intégral.

Mais, qu’un mouvement politique musulman fasse un travail symbolique pour convaincre les femmes qui se réclament à tort ou à raison de cette religion (et ce n’est pas à moi d’en décider) pour renoncer volontairement au port du voile, dès lors que celui-ci peut être interpréter comme un refus du principe de la laïcité, est tout à fait licite. Mais vous savez comme moi qu’une loi ne peut interdire aux uns ce qu’elle autorise aux autres ; c’est pourquoi elle ne peut interdire aucun foulard qui dégage le visage, qu’il soit prétendument islamique ou effet de mode ou choix esthétique personnel d’une offre commerciale sortie tout droit de chez Hermès. Je vais même plus loin : le foulard simple est et peut être utilisé comme élément érotique de séduction ; contrairement à ce que prétendent par dénégation (façon d’affirmer ce que l’on fait en déniant ce que l’on affirme pour ne pas avoir à assumer ce que l’on fait) celles qui le portent : il suffit pour s’en convaincre de regarder l’usage qu’en font les iraniennes. Le meilleur argument anti-traditionaliste contre le foulard dit islamique est de dire la vérité symbolique de ce vêtement ; à savoir qu’il est un objet d’attraction vis-à-vis de certains hommes qui veulent des femmes prétendument vierges et soumises et/ou qu’il n’est qu’un moyen de protection contre d’éventuelles agressions machistes ou les deux.

C’est dire que règlementer, dans l’espace public, l’usage prétendument religieux du foulard simple dit islamique est un chose qui ne peut être traitée par la loi, mais par un travail politique au sein de cette religion (ce que vous tentez de faire et ce n’est pas à moi de juger de l’efficacité de votre travail) et ,mieux encore, dans le cadre d’un travail critique vis-à-vis de toute obligation religieuse qui refuserait les mêmes droits aux hommes et aux femmes, en tant qu’individus et que citoyens (et non en tant que membre d’une communauté), de porter le vêtement de leur choix (et je n’ai rien contre les hommes qui portent le foulard ou s’habillent en femme).

Quant au voile intégral, je suis pour une interdiction dans la mesure ou elle concerne aussi toute autre espèce de mascarade du visage en vue d’échapper à la possibilité de l’identification, laquelle est une exigence républicaine.
La position de J.F Copé, sur ce point, est juste.

Le 10/01/2010


Le voile intégral contre la démocratie

La démocratie peut-elle tolérer ce qui contrevient explicitement au principe de l'égalité entre les hommes et les femmes? Le réponse est non. Démonstration:

1) La fraternité ne vont pas sans l'égalité. Or l'exclusion d'une seule femme par le port d'un  voile intégral de l'espace public contrevient à cette égalité.  Sur ce point la position de "Ni putes, ni soumises" est inattaquable.

2) l'identification dans l'espace public est une condition de la fraternité confiante et surtout de la responsabilité qui découle de la liberté personnelle

3) Il n'y a donc pas de lien social de confiance durable possible sans montrer son visage.

Le voile intégral contrevient donc aux conditions même de la vie démocratique et ce n'est pas une question de nombre, pas plus que celle des délits et des crimes. Le voile intégral,  sur tous ces points, n'est pas le foulard, on a tort, et de les amalgamer, et de refuser que  la loi  interdise ce qui est explicitement  et sans autre interprétation possible contraire tout à la fois à l'amitié, à la fraternité, à la liberté et à l'égalité des hommes et des femmes.

L'esclavage volontaire doit tout autant être interdit que l'esclavage contraint, car la liberté, dans l'égalité,  est un bien public et non pas seulement un désir privé.

Le 25/04/2010

Débat:

Bonjour Sylvain.
Je suis bien d'accord avec les arguments que tu développes....
Mais ce qui me gène, c'est que l'on fasse d'un usage somme toute marginal ( 2000 femmes concernées ) , une affaire de premier plan, un sujet à traiter d'urgence ... Il me semble que l'objectif est clair : il s'agit de mobilisr et m^me focaliser l'attention des français .. les détourner des problèmes qui se posent réellement. Avec l'histoire de la burqa, on en oublie ( presque) les discussions en cours sur les retraites, la montée du chômage, le trou de la sécu et celui des finances publiques ... tu ne crois pas?

Ma réponse 

Je ne pense pas que cette question oblitère, sauf pour ceux qui au fond récuse l'interdiction, les autres problèmes sociaux et économiques.
Je rappelle que la question de l'égalité entre les femmes et les hommes est aussi une question sociale de premier plan pour tous ceux qui militent à gauche et tolérer l'expression cette discrimination extrême, c'est envoyer un message à toutes les femmes: celui qu'il est possible de bafouer ouvertement (espace public) leurs droits publics, qu'il ne faut pas confondre avec leur désir privé, nécessairement aliéné,  de rejeter ces même droits. D'où ma conclusion: tout esclavage volontaire est liberticide; il peut être plus encore dangereux encore pour le progrès vers l'égalité que l'esclavage contraint! Ces femmes doivent être protéger par la loi, y compris contre leur propre désir (il en est ainsi aussi du désir de se suicider qui justifie un internement thérapeutique légal!).

Il est donc fallacieux et contre performant pour la gauche de s'en prendre à NS sur ce point, sauf  à donner l'impression que l'on cautionne ce genre de pratiques liberticides et inégalitaires

Précision:


On peut admettre comme signe religieux non-discriminant le simple foulard qui dégage, voire souligne l'expression du visage (y compris sur le plan érotique), dans la rue comme à l'école, quitte à en faire un objet d'étude critique dans ce qu'il implique du point de vue du mariage mixte par exemple dans son rapport à sa condition, l'autonomie personnelle.

Par contre on ne peut accepter une coutume machiste et ouvertement discriminante qui viserait à exclure de la sphère publique les femmes en tant que personnes reconnaissables, susceptibles d'exercer une fonction sociale libérale minimale et plus largement toute mascarade du visage dans l'espace public qui dénierait par principe et cela sans aucune ambiguïté possible, l'idée même de responsabilité personnelle indissociable de l'exigence de liberté individuelle et des droits égalitaires qu'elle implique .

Cette exigence civique de la liberté individuelle qu'il ne faut pas confondre avec un simple désir privé, conduit logiquement à interdire l'expression de tout signe de revendication en faveur d'un quelconque esclavage même consentant dans l'espace public, sauf à détruire celui-ci, outre des motifs de sécurité, comme espace égalitaire et/ou espace de citoyenneté qui sont au centre de la notion libérale d'ordre public.


S.R: Le 01/05/2010


Ce que montre le voile intégral  est que celles qui le portent  refusent de s'affirmer, consentantes ou non, comme des citoyennes à part entière et se mettent, volontairement ou non, hors de l'espace public de reconnaissance 


Ce que montre le voile intégral est que celles qui le portent  refusent à d'admettre le principe d'égalité et de non discrimination sexuelle qui passe par l'identité du visage comme condition de l'échange entre des personnes qui s'assument comme telles.

Ce que montrent, en cachant leur vrai mobile, ceux qui défendent le droit à vivre hors de l'espace public dans l'espace public que manifeste le voile intégral, c'est le droit d'exclure hors de la société civile une personne en raison de son sexe;  la religion n'a rien à faire la dedans. Il ne s'agit que d'une tradition dans société machiste qui ne doit pas être, sous prétexte de fausse tolérance, confondue avec la nôtre; une société dans laquelle  les femmes ne doivent, en tant que personnes, n' appartenir qu'à l'usage privé des hommes. Cette tradition est anti-démocratique et doit être combattue par la loi (de même que l'excision) , sauf à en faire l'objet et  se faire le complice d'une violence illégale. Là où la loi déserte, en effet le force privée règne sans partage.  Nous n'avons donc le choix qu'entre la force privée et donc violente et la force publique au service de la loi égale pour tous.
SR: le  31/05/2010


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